Voilà ce qui alimentent les discussions à la Réunion ces temps-ci... Dans un pays où l'histoire du peuplement est tellement synonyme de brassage ethnique c'est le genre de sujet qui ne pouvait être remué que par un être aussi inculte et creux que ce petit ministre de Baroin venu dans le coin carresser le sentiment néo-xénophobe anti-mahorais-comoriens alimenté depuis quelques années par les populistes du coin (occupant l'éventail gauche-droite sans distinction possible) ...
vous trouverez ci-après un article paru dans la feuille de choux du PCR, "Témoignages" ,timidement diffusée et rarement lue par la population...
".... En proposant de débattre d’une éventuelle réforme du droit du sol en Outre-mer, Jean-François Baroin ne pensait sans doute pas ouvrir une véritable boîte à pandore.
En formulant sa proposition, le ministre reconnaissait implicitement l’échec de toutes les politiques menées pour freiner, notamment à Mayotte, une immigration considérée comme clandestine. Les moyens utilisés - nouvelle politique de santé, “plan lagon” renforçant les moyens de surveillance nautique, installation de radars, reconduites aux frontières, réforme de l’état civil, création de fichiers de “clandestins”, mise en place de la carte nationale d’identité sécurisée, sécurisation des passeports et des titres de transports, réduction volontaire de la construction de logements sociaux, etc.) n’ont pas freiné la venue d’immigrés constitués essentiellement d’Anjouanais. C’est en effet d’Anjouan, île la plus proche de Mamoudzou, que partent les flots d’immigrants. Quand on pense, comme le rappelle le dernier communiqué du PCR, que soutenue par des responsables politiques de La Réunion et de France, Anjouan a failli redevenir territoire français, on peut se demander comment on aurait régler aujourd’hui et dans quels termes, la venue massive d’Anjouanais à Mayotte. Ibrahim Dindar aurait-il osé demandé l’usage de tests ADN pour déterminer la paternité - et la nationalité - d’enfants nés à Mayotte ou ceux issus de l’immigration et installés à La Réunion ?
Une rupture historique
Car, insensiblement, les données du problème ont changé de terrain. Il n’est plus question de contrôler seulement l’immigration dite clandestine à Mayotte mais de revoir les conditions dans lesquelles s’installent à La Réunion des personnes en provenance de l’île au lagon tout en soupçonnant une partie d’entre elle d’entrer frauduleusement. En même temps, on fait porter à cette immigration prise globalement la responsabilité d’un certain nombre de maux réunionnais, à commencer par celui du manque de logements sociaux.
Or, la proposition ministérielle constitue une rupture avec l’histoire et les traditions de nombreux territoires de l’Outre-mer.
En effet, la majorité d’entre eux ont été de véritables terres d’accueil, parfois forcés lorsqu’on y faisait venir des esclaves ou des engagés comme à La Réunion. Pendant longtemps, Mayotte a commercé, échangé avec les autres îles de l’archipel comorien. Notre pays, pour sa part, a reçu des populations venues d’Europe, d’Afrique, d’Asie, de l’océan Indien. Si le principe que propose le ministre de l’Outre-mer avait été appliqué depuis que l’île a commencé à recevoir des habitants, ceux d’entre nous dont les ancêtres sont venus d’Afrique, de Madagascar, de Chine, d’Inde ou des Comores ne seraient jamais devenus citoyens français. Pire : ils n’auraient jamais pu naître et vivre dans ce pays !
Déjà, exclue des accords de Schengen - une situation de fait qui limite considérablement l’immigration - notre île serait, si la proposition de François Baroin s’appliquait, contrainte de ne recevoir que des citoyens français sinon, en raison de son appartenance à l’UE, que des Européens. Après trois siècles d’ouverture sur plusieurs continents, La Réunion serait condamnée à une seule relation obligée avec la France et l’Europe.
Il n’a pas fallu attendre deux semaines
En second lieu, la proposition de François Baroin comportait, dès le départ, des risques de dérives.
Il n’a pas fallu attendre deux semaines pour qu’à Mayotte des voix s’élèvent pour dire leur refus d’accueillir “toute la misère du monde” - comme si Anjouan concentrée à elle seule toute cette misère - et pour réclamer pour les seuls autochtones les bienfaits de l’aide française. On a très vite mis un trait et passé sous silence les milliers de personnes morts dans les “kwassa-kwassa” mais aussi la part importante prise par ces mêmes clandestins dans l’économie locale.
Au cours de ces dernières années, se sont multiplié dans les villages mahorais, les assassinats de clandestins, les expéditions punitives, les scènes de bastonnade ou les humiliations publiques. Sous les arbres à palabres des villages mahorais, on se raconte encore cette traversée à pied, il y a deux ou trois ans, de Saada à Mamoudzou, des centaines de clandestins enchaînés les uns aux autres sous la conduite de gendarmes en voiture.
Or, il faut à Mayotte compter avec les clandestins.
Sur le terrain est en train de se développer un véritable apartheid social à trois niveaux : en haut de l’échelle, les métropolitains, puis les Mahorais et enfin les Anjouanais. Ces derniers occupent les emplois de dernier niveau quand ils peuvent travailler. Sinon ils vivent d’expédients voire de délinquance. Il n’en reste pas moins que certains vont jusqu’à affirmer que seuls les immigrants anjouanais sont encore capables à Mayotte de construire des “bangas”, ces cases traditionnelles de l’archipel.
10.000 manifestants
Le 1er mai 2000, se mettait en place l’ordonnance du 26 avril 2000 relative aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers à Mayotte. Une décision qui s’inscrivait dans le cadre de l’Accord sur l’avenir de Mayotte, signé à Paris le 27 janvier 2000 et qui prévoyait la mise en place de procédures de maintien en zone d’attente, d’expulsion et d’interdiction du territoire ainsi qu’un arsenal de sanctions pénales. Elle a été suivie d’une manifestation monstre de plus de 10.000 Anjouanais à Mamoudzou, dont de nombreuses femmes. Ce mouvement de colère et sa signification, n’ont pas encore été effacés des mémoires.
Il n’a pas fallu quinze jours pour que, à La Réunion, la proposition ministérielle ne soit transformée, avant même qu’elle ne soit adoptée, en un mot d’ordre implicite : “Comores dehors !”.
En attendant, sans doute qu’on écrive sur nos murs : “Malgaches dehors !”, “Zorey dehors !”. Ou encore : “libérez nos cases !”. Le mécanisme est en tout cas lancé.
Nous n’osons pas pensé que le ministre l’avait prévu. En tout cas, aujourd’hui, ce sont des enfants d’anciens colonisés qui s’opposent entre eux, se critiquent, se dénoncent et s’injurient. Nous assistons à ce spectacle lamentable et indigne d’un Jean-Paul Virapoullé et d’un Ibrahim Dindar de dire haut et fort ce que n’osent faire les dirigeants nationaux de l’UMP : “étrangers dehors !”. Il s’agit de deux hommes dont les ancêtres viennent de l’Inde !
Que se passera-t-il après 2010 ?
Certains diront qu’Ibrahim Dindar et Jean-Paul Virapoullé expriment tout haut ce que pensent tout bas une grande partie de l’opinion réunionnaise. C’est sans doute une tentative pour faire oublier la part respective de responsabilité qu’ils portent dans l’émergence de la situation actuelle. Mais abonder dans la même direction que l’opinion, la caresser dans le sens du poil plutôt que de l’éclairer et de l’aider à comprendre et à réagir est chose facile et irresponsable.
Si en 2010, avec le soutien des responsables politiques français, Mayotte et sa population confirmaient leur volonté de rester un territoire français quel que soit son statut, il faudra une nouvelle fois régler des problèmes d’ordre diplomatique avec la République comorienne. Il faudra, plus que jamais, tisser avec Anjouan des relations économiques et humaines qui régularisent les flux migratoires. Sinon - et la proposition de François Baroin y pousse de manière incidente - on y feraient renaître des velléités de cession ainsi que la revendication de refaire de l’île un territoire français. En tout cas, La Réunion devra s’accommoder de cette situation et y faire face. Les discours démagogiques fortement teintées de racisme de Virapoullé et de Dindar ne contribuent pas à cela.
Ils ont, en commun, avec la proposition du ministre, de ne pas répondre à la question de fond : comment développer Mayotte et contribuer à son intégration dans son environnement régional.
Certes, au cours de ces dernières années, l’île au lagon a connu une forte croissance. On y construit des écoles - pour contrer le système des écoles coraniques - on y installe un système routier. Mais si les activités du port de Longoni se développe au point d’entraîner son agrandissement, c’est essentiellement pour recevoir une masse de plus en plus grande de produits importés dont... des voitures ! L’île qui connaissait un système d’échanges essentiellement par mer est en train de subir un développement du tout-automobile catastrophique ! D’une manière plus générale, on ne voit pas se développer les moyens de production locale de richesses alors que de réelles potentialités existent.
J.M.
Des citoyens français stigmatisés
Les flux migratoires que connaissent Mayotte et La Réunion participent d’un phénomène général et mondial. À La Réunion, certains pensent qu’on peut y faire face en montrant du doigt une population et en faisant des Mahorais des fraudeurs potentiels. Le Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, partisan d’un contrôle de l’immigration, est-il pour la généralisation des tests ADN pour maîtriser l’arriver de Mahorais à La Réunion ?
Tant que Mayotte se trouvait intégrée à l’archipel comorien, les flux migratoires entre l’île au lagon et ses voisines étaient, dans les deux sens, relativement normales et avaient un caractère strictement internes.
Au-delà de tous jugements de valeur, c’est la sortie de Mayotte de la vie interne à l’ensemble comorien, sa transformation progressive en une “collectivité départementale” de la République française et l’accompagnement social de cette évolution qui ont contribué à augmenter naturellement les flux migratoires des autres îles vers Mamoudzou.
Car, Mayotte n’échappe pas à un phénomène général et planétaire où des populations appauvries et dépourvues de ressources se déplacent vers des territoires plus riches pour y chercher de quoi survivre. Toutes proportions gardées, l’immigration massive que subit l’île au lagon correspond aux mouvements de population entre le Mexique et les États ou entre l’Afrique et l’Europe et encore, entre l’Est et l’Ouest européens, pour ne citer que ces exemples.
Peut-on espérer régler, dans le cadre étroit des relations entre Mayotte et le reste de l’archipel comorien, d’une part et entre les mêmes et La Réunion, d’autre part, un problème global et quasi-insoluble à l’échelle de la planète ?
On veut brider l’entrée à La Réunion de citoyens français
Un peu partout où le phénomène existe, on met en œuvre des solutions pour freiner ce que l’on considère être une immigration clandestine. On pourrait ici discuter de ces pratiques, de leur efficacité ou encore de ce qu’elles comportent souvent d’atteintes aux droits de l’homme. Mais, en proposant, comme le font certains, d’étendre à La Réunion le principe d’un contrôle de l’immigration en provenance de Mamoudzou - y compris en usant de test ADN - c’est de fait l’arrivée chez nous de Mahorais qu’on veut maîtriser. Autrement dit, c’est l’entrée sur le territoire réunionnais de citoyens français - ce que sont aujourd’hui les Mahorais - qu’on veut brider.
À partir des années 60, et durant les années 70, une forte émigration de Réunionnais et Réunionnaises vers la Métropole a été organisée. Aurait-on accepté de leur faire subir différents tests - celui de l’ADN existant depuis peu - pour vérifier s’ils étaient bien de nationalité française ?
Aurait-on accepté qu’on leur refuse toute entrée sur le territoire métropolitain sous prétexte qu’ils viennent y aggraver la crise du logement ou de l’emploi ?
Par voie d’extension, peut-on imaginer un jour de faire subir aux métropolitains arrivants à La Réunion des tests pour vérifier s’ils sont bien de nationalité française ?
Ils veulent une “loi-péi”
On pourrait débattre encore longuement de tout cela et faire la démonstration du caractère fallacieux et dangereux des propositions de Jean-Paul Virapoullé et d’Ibrahim Dindar.
Rappelons-nous simplement une polémique récente, celle qui a eu lieu lors de la révision constitutionnelle de 2002 où, par amendement, Jean-Paul Virapoullé et toute la droite réunionnaise ont obtenu qu’il n’y ait pas de “loi péi”. Ils ont milité pour que la situation réunionnaise se retrouve, sur le plan législatif, à l’identique de la situation métropolitaine. Or, avec leurs propositions d’"humaniser” toute réforme du droit du sol et de lui permettre de régler des problématiques réunionnaises, ne sont-ils pas en train de contourner le principe qu’ils ont défendu ? Ne sont-ils pas en train de préconiser des mesures spéciales à La Réunion ?
Sarkozy pour des tests ADN ?
Comme Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur doit visiter bientôt notre île et qu’il est un partisan affirmé du contrôle de l’immigration, nous aimerions bien connaître son opinion. Le président de l’UMP est-il pour la mise en œuvre des tests ADN pour contrôler le flux migratoire entre Mayotte et La Réunion ? Et lorsque l’île au lagon aura 500.000 habitants, dans 20 à 25 ans et que, sans doute, sa population conservera la pleine et entière citoyenneté française, multipliera-t-on les test ADN ?
D’ores et déjà, on fait passer tous les Mahorais pour des fraudeurs potentiels. On les présente comme des trafiquants de cartes d’identité, voire de paternité. On les voit comme des occupants irréguliers, au détriment des réunionnais, de logements sociaux. Jamais on aura autant stigmatisé une population..."
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Bon... maintenant faut savoir certaines choses... Du PCR à la doite classique, les partis à la tête des mairies font tout pour regrouper "en silence" ces populations dans des getthos innommables... le temps bien souvent de leur procurer "en silence"une carte d'électeur... après oust... livrées aux marchands de sommeil ces personnes se retrouvent "parquées" dans ce qui convient d'appeller des bidonvilles... sous le regard d'une population réunionnaise qui dans son ensemble, de plus en plus sensible au discours identitaire ambigu (français de la Réunion - Réunionnais dans la France) ambiant, les prend de plus en plus à partie (notamment sur les ondes d'une radio locale (FreeDom) qui ouvre son antenne quasiment à longueur de journée à la frange la plus aboyeuse de son auditorat... une sorte de radio des milles collines en somme...)
Iskra
:lenine: