chroniques de l'appareil d'Etat américain

[pelon]

Le cabinet de Dick Cheney accusé d'avoir autorisé la torture en Irak
LEMONDE.FR | 03.11.05 | 20h37  •  Mis à jour le 03.11.05 | 21h07

Le bureau du vice-président américain Dick Cheney est à l'origine des directives ayant conduit des militaires américains à torturer des prisonniers en Irak et en Afghanistan, a affirmé, jeudi, un ancien haut responsable du département d'Etat.

Le colonel Laurence Wilkerson, qui fut directeur de cabinet de l'ancien secrétaire d'Etat Colin Powell a déclaré, sur les ondes de la radio publique (NPR) qu'il avait trouvé trace d'une série de mémos et de directives autorisant la torture, adressés au département de la défense par les collaborateurs de Dick Cheney. Ces directives contredisaient une autre directive du président George W. Bush, ordonnant à l'armée américaine de respecter la convention de Genève qui interdit de telles pratiques.

"Il y a eu une trace visible allant de la vice-présidence jusqu'aux commandants sur le terrain, en passant par le secrétaire à la défense, pour autoriser la torture afin d'obtenir des renseignements sur le terrain", a affirmé le colonel Wilkerson. "Les directives, a-t-il indiqué, étaient rédigées en termes prudents, mais elles n'en donnaient pas moins aux commandants sur le terrain liberté d'agir, ce qui a abouti à de nombreux cas d'abus contre des prisonniers". Selon lui, "Si vous êtes militaire de carrière, vous savez que pareilles choses ne sont pas permises."

"AVOCAT RÉSOLU POUR LE RECOURS À LA TORTURE"

Il a ajouté que M. Powell, lorsqu'il était secrétaire d'Etat, lui avait demandé, après le scandale de la prison d'Abou Ghraïb, d'enquêter pour découvrir comment la torture était devenue un instrument de la politique américaine.

Le Washington Post avait révélé la semaine dernière que M. Cheney est intervenu récemment auprès du Sénat pour obtenir que la CIA soit exemptée de l'obligation de respecter un projet de loi interdisant l'usage de la torture à l'étranger.

Selon M. Wilkerson, le nouveau chef de cabinet de Dick Cheney, David Addington, qui était jusqu'ici conseiller juridique de la vice-présidence, a été un "avocat résolu" pour autoriser le recours à la torture. Il a aussi affirmé que M. Cheney avait créé un Conseil national de sécurité "bis" espionnant et sapant le travail effectué par le conseil national de sécurité du président Bush. Il a ajouté que les membres de ce conseil avaient cessé de recourir aux courriers électroniques en découvrant que les collaborateurs de M. Cheney épluchaient leurs messages.

Il a par ailleurs estimé que l'ancien chef de la CIA, George Tenet "n'avait pas eu le courage" d'informer les services de Dick Cheney de ses doutes sur l'existence d'armes de destruction massive en Irak ou sur les efforts de Saddam Hussein pour s'en doter.