Iran et arme atomique

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Message par Inna » 15 Nov 2006, 00:38

a écrit :L'Iran persiste à enrichir l'uranium sans vouloir coopérer, selon un rapport de l'AIEA

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 14.11.06 | 21h22

Malgré les menaces du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Iran poursuit son programme de production d'uranium enrichi et refuse de coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour la résolution de problèmes clés posés par ce programme, selon un rapport confidentiel de cette agence onusienne, dont plusieurs agences de presse ont néanmoins obtenu copie mardi 14 novembre.

"L'Agence restera dans l'incapacité de progresser dans ses efforts visant à vérifier l'absence en Iran de matériaux nucléaires et d'activités non déclarés tant que l'Iran (...) ne fournira pas la transparence nécessaire", peut-on lire dans ce rapport. "Ces progrès sont nécessaires à l'Agence pour qu'elle soit en mesure de confirmer la nature pacifique du programme nucléaire de l'Iran", poursuit ce texte.


Entre le 13 août dernier et le 2 novembre, l'Iran a fourni "un total d'environ 34 kg" de combustible d'uranium dans les centrifugeuses de son usine de Natanz, ce qui selon l'AIEA a permis de produire une petite quantité d'uranium enrichi. L'AIEA confirme que l'Iran a commencé à assembler une deuxième chaîne expérimentale de 164 centrifugeuses en cascade, un procédé qui permet d'enrichir l'uranium. Selon une source onusienne proche du dossier, l'Iran produit de l'uranium enrichi à moins de 5 %, nécessaire pour le combustible d'une centrale nucléaire. Les Occidentaux craignent que Téhéran augmente cet enrichissement à plus de 80 % en vue de se doter de l'arme nucléaire.

"CHOC RÉVÉLATEUR"

"Nous voulons produire du combustible [nucléaire], il faut donc aller jusqu'à 60 000 centrifugeuses, nous sommes au début du chemin", déclarait, un peu plus tôt dans la journée, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Il est ainsi allé plus loin que le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini, qui avait déclaré dimanche que son pays cherchait à "atteindre" l'objectif des 3 000 centrifugeuses d'ici à la fin de l'année. Selon Téhéran, ce nombre est nécessaire pour passer d'un stade de recherche à un stade industriel, dans la production de combustible pour les centrales nucléaires civiles.

Mais pour le porte-parole du département d'Etat américain, Sean McCormack, cet objectif de 60 000 centrifugeuses est la preuve que l'Iran cherche bien à de se doter de l'arme atomique ; le porte-parole, qui a exprimé le souhait que ce "choc révélateur" convainque l'ONU de la "nécessité d'une résolution pour envoyer un message fort aux Iraniens", a indiqué que la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice aborderait la question avec ses homologues russe et chinois au cours d'un déplacement, cette semaine, à Hanoï.

Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) et l'Allemagne débattent depuis trois semaines d'un projet de résolution, préparé par les Européens, visant à imposer des sanctions contre les programmes nucléaire et balistique de l'Iran. Mais les six pays peinent à s'entendre sur un texte en raison de l'opposition de la Russie et la Chine. Leurs ambassadeurs ont décidé lors d'une brève réunion lundi de laisser leurs experts clarifier certains aspects très techniques du projet. Ils doivent se retrouver mercredi.
Inna
 
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Message par John Connor » 17 Nov 2006, 11:40

Ce qui est frappant ce sont les déclarations récentes de Blair. Apparemment, il serait pour associer la Syrie et l'Iran à l'occuppation en Irak. De là à se dire que tout ce chantage sur l'arme atomique c'est pour leur forcer la main...

Parfois concurrents, parfois alliés des garnds pays capitalistes, le projet des islamistes n'est décidemment pas anti-impérialiste !
John Connor
 
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Message par piemme » 21 Nov 2006, 22:26

Traduction de la première partie de l'article paru dans le New Yorker (sur le site legrandsoir.info)
a écrit :20 novembre 2006.
Un mois avant les élections de novembre, le vice-président américain Dick Cheney participait à une table ronde sur la sécurité nationale dans l’Executive Office Building. La conversation prit un tour politique : que se passerait-il si les démocrates l’emportaient à la fois à la Chambre et au Sénat ? Comment les décisions concernant l’Iran, dont on pense qu’il est sur le point de devenir une puissance nucléaire, en seraient-elles affectées ? C’est alors que, d’après une source bien informée, Cheney commença à évoquer l’époque où, au début des années 1960, en tant qu’employé d’une compagnie électrique du Wyoming, il travaillait à la pose et à l’entretien des lignes. Le fil de cuivre coûtait cher, et les employés avaient pour consigne de ramener tous les tronçons mesurant plus d’un mètre. Étant donné que personne ne voulait se charger de la paperasserie afférente, raconta Cheney, lui et ses collègues avaient trouvé une solution : « raccourcir » le fil de cuivre, c’est-à-dire le découper en petits morceaux que l’on jetait à la fin de la journée. Si les démocrates l’emportaient le 7 novembre, dit le vice-président, cette victoire n’empêcherait pas son administration d’opter pour l’option militaire en Iran. La Maison Blanche n’aurait qu’à « raccourcir » les éventuelles limitations législatives, dit Cheney, ce qui empêcherait le Congrès de lui mettre des bâtons dans les roues.

La Maison Blanche ne craignait pas que les démocrates lui coupent les vivres pour la guerre en Irak, mais qu’ils votent des lois qui interdiraient au gouvernement de financer des opérations visant à renverser ou à déstabiliser le gouvernement iranien pour l’empêcher de se doter de la bombe atomique. « Ils ont peur que le Congrès ne vote une résolution contraignante qui empêcherait de frapper l’Iran, comme cela s’était passé dans le cas du Nicaragua, » m’a confié un officier des services secrets.

Fin 1982, Edward P. Boland, député démocrate, avait déposé le premier d’une série d’amendements, connus sous le nom d’amendements Boland, restreignant le soutien que l’administration Reagan avait le droit d’apporter aux contras qui tentaient de renverser les sandinistes, le gouvernement de gauche du Nicaragua. Les amendements Boland conduisirent les occupants de la Maison Blanche à orchestrer un financement illégal des contras, dont fit partie la vente d’armes américaines à l’Iran par l’intermédiaire d’Israël. Il en résulta le scandale de l’Irangate au milieu des années 1980. L’anecdote qu’a raconté Cheney, d’après ma source, signifie que quelles que soient les mesures limitant l’autorité présidentielle qu’un Congrès démocrate pourrait adopter l’an prochain, l’administration trouverait une façon de passer outre. (En réponse à une demande de commentaire, le cabinet du vice-président a répondu qu’il n’avait pas trace de la discussion en question.)

Au cours de divers entretiens, les membres passés et présents de l’administration ont tous insisté sur une question : Cheney jouirait-il, au cours des deux dernières années du mandat de George W. Bush, d’autant d’influence que durant les six premières ? Cheney est formel au sujet de l’Irak. Fin octobre, il a déclaré à Time : « je sais ce que le président pense » à propos de l’Irak. « Je sais ce que je pense. Et nous ne sommes pas à la recherche d’une stratégie de retrait. Nous sommes à la recherche de la victoire. » Il a également dit, de manière claire, qu’en cas de nécessité l’administration emploierait la force contre l’Iran. « Les États-Unis n’écartent aucune option face à la conduite irresponsable de ce régime », a-t-il déclaré à des représentants d’un lobby israélien au début de l’année. « Et nous nous joignons à d’autres nations pour envoyer à ce régime un message clair : nous ne permettrons pas à l’Iran d’avoir des armes nucléaires. »

Le 8 novembre, au lendemain de la défaite des républicains qui perdaient à la fois la Chambre et le Sénat, Bush annonça la démission du ministre de la Défense Donald Rumsfeld, et nomma son successeur, Robert Gates, ancien directeur de la CIA. Ce changement fut interprété par la plupart comme un aveu que la Maison Blanche payait, sur le plan politique, le prix de la débâcle en Irak. Gates a fait partie du Groupe d’Étude sur l’Irak - dirigé par l’ancien secrétaire d’État américain James Baker ainsi que par Lee Hamilton, ancien congressiste démocrate - chargé d’étudier de nouvelles orientations, et cela fait plus d’un an qu’il appelle publiquement les États-Unis à engager des négociations directes avec l’Iran. La décision de Bush de s’en remettre à Gates indique le « désespoir » de la Maison Blanche, m’a dit un ancien haut responsable de la CIA, qui a collaboré avec la Maison Blanche au lendemain du 11 Septembre. Rumsfeld était, au sein de l’actuelle administration, une des personnes les plus proches de Cheney et certains républicains ont vu dans la nomination de Gates un signe clair de la perte d’influence du vice-président à la Maison Blanche. Gates n’a accepté cette nomination, après avoir refusé de reprendre la tête de la CIA, que « sur les instances du père du président, et sur celles de Brent Scowcroft et de James Baker », ( deux anciens conseillers du premier président Bush), a affirmé l’ancien responsable de la CIA « et le président a finalement été obligé d’accepter la surveillance d’un adulte ».

Des décisions critiques vont se prendre au cours des prochains mois, a-t-il également affirmé. « Bush a suivi les conseils de Cheney pendant six ans, et il faut se demander s’il continuera de préférer les conseils de Cheney à ceux de son père. Nous le saurons bientôt ». (La Maison Blanche et le Pentagone n’ont pas daigné répondre à des requêtes précises leur demandant de commenter le présent article, se contentant de dire qu’il contenait des inexactitudes non-spécifiées.)

Un général quatre étoiles en retraite, proche collaborateur de la première administration Bush, m’a dit que la nomination de Gates signifie que, pour Scowcroft, Baker, et Bush père et fils, « une victoire électorale en 2008 compte plus que les [préférences] personnelles. Pour eux, le plus important est désormais de servir les buts du Parti républicain. La Vieille Garde veut isoler Cheney et donner sa chance à sa dauphine, Condoleezza Rice » - la secrétaire d’État. Scowcroft, Baker, et Bush père unissent leurs forces, a ajouté le général, et cette union « est assez puissante pour lutter contre Cheney. Un seul homme n’y suffirait pas. »

Richard Armitage, secrétaire d’État adjoint pendant le premier mandat de Bush, m’a confié que selon lui la victoire des démocrates, suivie du renvoi de Rumsfeld, indiquait de la part de l’administration Bush un « relâchement » de son rythme de préparation d’une campagne militaire contre l’Iran. Gates et les autres responsables disposeraient désormais de plus de temps afin d’imposer un règlement diplomatique de la crise iranienne et de traiter d’autres dossiers, que l’on pourrait juger autrement urgents. « La situation est, en Irak, aussi mauvaise qu’il y paraît, et en Afghanistan, pire qu’il n’y paraît », a déclaré Armitage. « Il y a un an, les Taliban nous combattaient en unités de huit à douze hommes, désormais les groupes sont de la taille d’une compagnie, voire plus. » Bombarder l’Iran et s’attendre à ce que la population iranienne « se soulève » et renverse son gouvernement, conformément aux prévisions de certains responsables de la Maison Blanche, a ajouté Armitage, est « voué à l’échec. »

«  L’Irak, c’est le désastre dont il nous faut nous débarrasser ; l’Iran, c’est le désastre qu’il nous faut éviter », a déclaré Joseph Cirincione, vice-président du département sécurité nationale du Centre libéral pour le Progrès Américain (Center for American Progress). Gates sera d’avis de négocier avec l’Iran et de consulter les chefs d’état-major interarmes, cependant les néo-conservateurs sont toujours dans la place » - à la Maison Blanche - « et pensent toujours que le chaos, ce serait peu cher payé pour se débarrasser de cette menace. On court le risque de voir Gates se transformer en nouveau Colin Powell, celui qui est opposé à une décision mais qui se retrouve en train de l’annoncer au Congrès et de la soutenir publiquement. » D’autres sources proches de la famille Bush ont affirmé que derrière la démission de Rumsfeld et la nomination de Gates se cachaient des arrangements complexes, et que le triomphe apparent de la Vieille Garde était peut-être illusoire. L’ancien haut responsable des services de renseignement, qui a travaillé en collaboration directe avec Gates et le père du président, a dit que Bush et ses proches conseillers de la Maison Blanche avaient compris dès la mi-octobre que Rumsfeld se verrait dans l’obligation de démissionner si les élections de mi-mandat se soldaient par un échec retentissant. Avant les élections, Rumsfeld a discuté, avec Cheney, Gates, et le président, de la programmation de son départ, affirme l’ancien haut responsable des services secrets. Ceux qui critiquent cette décision, demandant pourquoi on ne s’est pas débarrassé plus tôt de Rumsfeld, alors que son éviction aurait pu inciter certains électeurs à voter républicain, sont à côté de la question. « Il y a encore une semaine, avant les élections, les républicains affirmaient qu’une victoire démocrate contiendrait en germe une reculade américaine, et aujourd’hui Bush et Cheney changeraient leur politique en matière de sécurité nationale ? » interroge l’ancien haut responsable des services de renseignement. « Cheney avait prévu le coup. La démission de Rummy après les élections passait pour un geste conciliatoire - "vous avez raison, mesdames et messieurs les démocrates. Voici un homme nouveau ; nous envisageons toutes les possibilités. Nous n’écartons d’office aucune solution." » Néanmoins, aucun réel changement d’orientation ne suivrait ce geste conciliatoire ; plutôt, la Maison Blanche considérerait que la crédibilité de Gates lui permet de maintenir le cap à propos de l’Iran et en Irak. Gates serait également un atout face au Congrès. Si l’administration voulait prouver que le programme d’armements iranien constitue une menace imminente, Gates serait en meilleure position pour défendre ce point de vue que quelqu’un dont le nom serait associé aux faux renseignements sur l’Irak. L’ancien officier des services de renseignement a déclaré : « Ce n’est pas lui, le gars qui nous a raconté que l’Irak possédait des armes de destruction massive, et le Congrès le prendra au sérieux. »

Une fois Gates installé au Pentagone, il lui faudra se colleter avec l’Iran, l’Irak, l’Afghanistan, l’héritage de Rumsfeld - et aussi avec Dick Cheney. Un ancien haut responsable de l’administration Bush, qui a également travaillé avec Gates, m’a dit que Gates avait pleinement conscience des écueils auxquels l’exposent ses nouvelles fonctions. Il a ajouté que Gates ne se contenterait pas de reprendre à son compte les choix de l’administration et de dire « "allons-y, allons-y" en agitant le drapeau » en particulier au risque de ternir sa propre réputation. « Il ne veut pas jeter aux orties trente-cinq années au service du gouvernement, » a affirmé l’ancien haut responsable. Cependant, lorsque je lui ai demandé si Gates tiendrait activement tête à Cheney, il a reconnu, après une hésitation qu’ « [il] n’en [savait] rien. »

Un autre dossier épineux dont Gates hérite est celui du nombre croissant d’opérations clandestines de renseignement que le Pentagone s’efforce de mener à l’étranger. Ce type d’activité relève traditionnellement de la CIA, mais, à l’instigation obstinée de Rumsfeld, l’armée américaine conduit de plus en plus d’opérations secrètes. Ces six derniers mois, Israël et les États-Unis ont œuvré de concert et soutenu un groupe de résistants kurdes appelé Parti pour une Vie Libre au Kurdistan. Ce groupe s’est livré à des incursions clandestines en Iran, m’a dit un conseiller du gouvernement proche du commandement civil du Pentagone, « dans le cadre d’un programme qui teste de nouveaux moyens de mettre l’Iran sous pression. » (Le Pentagone est secrètement en rapport avec des tribus kurdes, azéries et baloutches, et les encourage à saper l’autorité du gouvernement iranien au nord et au sud-est du pays). Le conseiller du gouvernement affirme qu’Israël fournit au groupe kurde « équipement et entraînement. » Une « liste de cibles iraniennes intéressant les États-Unis » lui ont été également désignées. (Un porte-parole du gouvernement israélien a nié toute implication de son pays.)

Ce type d’activités, pourvu qu’on les considère comme des opérations militaires et non pas comme des opérations de renseignement, ne nécessitent pas l’aval du Congrès. Pour une opération similaire menée par la CIA, la loi ferait obligation au président de présenter un rapport en bonne et due forme prouvant la nécessité de la mission, et à l’administration d’en informer les hauts responsables de la Chambre des représentants et du Sénat. Cette absence de consultation a contrarié certains membres du Congrès. Il m’a été rapporté que cet automne, un député du Wisconsin David Obey, le démocrate le plus influent de la sous-commission, dépendant de la Commission budgétaire de la Chambre, chargée de budgéter les opérations militaires secrètes, avait instamment demandé, au cours d’une réunion à huis-clos de membres des deux chambres, si « quiconque les avait informés des projets de l’administration concernant des opérations militaires en Iran ». Il lui a été répondu par la négative. (Un porte-parole d’Obey a confirmé ces faits.)

La victoire des démocrates ce mois-ci a incité beaucoup de gens à demander à ce que la Maison Blanche engage des pourparlers directs avec l’Iran, en partie afin d’obtenir son aide dans la résolution du conflit irakien. Le Premier ministre britannique Tony Blair a pris ses distances par rapport au président Bush à la suite de l’élection, déclarant que l’Iran devrait se voir offrir un « choix stratégique clair » qui pourrait inclure un « nouveau partenariat » avec l’Occident. Néanmoins, nombreux sont ceux qui, à la Maison Blanche et au Pentagone, affirment avec insistance qu’employer la manière forte avec l’Iran est la seule manière de se sortir du bourbier irakien. « C’est un exemple classique de "fuite en avant" » dit un expert du Pentagone. « Ils espèrent qu’en reversant [le gouvernement iranien] ils compenseront leurs pertes en Irak,comme une sorte de quitte ou double. Ils tenteraient, grâce à la création d’un nouvel état modèle. de redonner vie à l’idée qu’ils répandent la démocratie au Moyen-Orient. »

Condoleezza Rice a soutenu qu’il existe un lien entre l’Iran et l’Irak, déclarant le mois dernier qu’« il fallait réellement que l’Iran comprenne qu’entretenir l’instabilité en Irak n’allait pas améliorer sa propre situation, » ; le président Bush également, lorsqu’en août il a accusé l’Iran « [de soutenir] des groupes armés dans l’espoir d’empêcher l’instauration de la démocratie » en Irak. L’expert du gouvernement me l’a dit, « de plus en plus de gens voient dans un affaiblissement de l’Iran la seule manière de sauver l’Irak. »

L’expert a ajouté que pour certains partisans d’une intervention militaire, « le but visé en Iran n’est pas de provoquer un changement de régime, mais de frapper un coup qui fasse comprendre que l’Amérique est toujours capable d’atteindre les buts qu’elle se fixe. Même si [une telle intervention] ne détruit pas l’infrastructure nucléaire iranienne, nombreux sont ceux qui pensent que bombarder l’Iran pendant trente-six heures est la seule manière de rappeler aux Iraniens que tenter de construire une bombe, et soutenir Moqtada al-Sadr et sa mouvance pro-iranienne en Irak, coûte très cher. » (Sadr, qui est à la tête d’une milice chiite, entretient des liens religieux avec l’Iran.)

Dans le dernier numéro du magazine Foreign Policy, Joshua Muravchik, un chef de file néo-conservateur, affirmait que l’administration américaine n’avait guère le choix. « C’est une certitude : le président Bush devra bombarder les installations nucléaires iraniennes avant la fin de son mandat » écrit-il. Le président, en cas d’attaque préventive de l’Iran, ferait l’objet de sévères critiques, dit Muravchik, c’est pourquoi les néo-conservateurs « doivent aujourd’hui lui préparer le terrain sur le plan intellectuel et s’apprêter à défendre [le bien-fondé de] l’opération le moment venu. »

Le principal spécialiste du Moyen-Orient dans l’équipe du vice-président s’appelle David Wurmser, un néo-conservateur qui a défendu à cors et à cris l’invasion de l’Irak et le renversement de Saddam Hussein. Comme nombre de gens à Washington, Wurmser « pense que, jusqu’à présent, personne n’a précisé quel prix l’Iran doit payer ses tentatives dans le domaine du nucléaire et l’agitation et les interventions continuelles à laquelle il se livre en Irak » dit l’expert. Cependant, contrairement aux partisans de frappes limitées, Murmser et d’autres membres du cabinet de Cheney « veulent mettre fin au régime [actuel] » déclare-t-il. « Ils affirment qu’il ne peut y avoir de règlement du conflit en Irak sans changement de régime en Iran. »
(...)
Fin de la première partie
Traduction : Catherine-Françoise Karaguézian
piemme
 
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Message par azadi » 30 Nov 2006, 22:30

a écrit :D'après un ancien responsable du renseignement, cité par le journaliste, "nous aurons les Syriens, les Iraniens, le Hamas et le Hezbollah en guerre contre nous (...). Pour la première fois depuis le Califat, le Moyen-Orient sera uni autour d'une cause commune" qui impliquerait tant les sunnites que les chiites.


On parle beaucoup de l'axe Chi'ite, il y a de la réalité et du fantasme. Les E.U. n'ont aucun intérêt à un affrontement direct avec l'Iran, ... l'Iran non plus.

En dehors de l'axe Hizbollah-Damas-Armée du Mahdi-Téhéran, les cartes géopolitiques jouent en faveur de l'Iran : des minorités chi'ites actives sont présentes à Barhein, en Afghanistan (nord), etc ... Les bases américaines au Moyen Orient sont toutes à la portée des derniers missiles Sha'ab, sans compter les attaques armées qui ne manqueraient pas d'avoir lieu (je ne donne pas cher d'une base américaine à Barhein à ce sujet). De plus l'Iran n'est pas l'Irak : 70 millions d'habitants avec une économie qui manque de dynamisme mais qui a des bases solides (industrie lourde, mécanique, ...).

L'erreur de l'analyse ci dessus est de penser qu'il y aurait une cause commune sunnites-chi'ites contre les E.U. C'est méconnaître la situation sur place : les sunnites arabes ne feront jamais cause commune avec les Chi'ites. Les sunnites persanophones (Ouzbékistan, ....) peut être mais ils représentent une place négligeable dans la géopolitique de l'Asie centrale.

C'est d'ailleurs sur les arabes sunnites (du sud) et les azéris non persanophones (au nord) que les EU comptent pour déstabiliser l'Iran en cas de conflit. Et c'est vraiment le talon d'Achille du pays. Ensuite ? Je me souviens il y a deux ans dans un car à Yazd, je parlais politique avec un type, on était seuls au fond, il m'a clairement dit que l'époque du Shah c'était bien ... j'ai été très surpris d'entendre ça : je dis bien "entendre" car je sais très bien qu'une (forte?) minorité d'Iraniens le pense, mais jamais je n'aurai cru l'entendre un jour : ce sont surtout des jeunes imbéciles qui n'ont pas connus la période de la dictature, mais pas seulement ... La position de la population "civile" reste une inconnue mais, malgé cette anecdote, les pro-américains sont très minoritaires (sauf dans la diaspora bien sûr) et le large éventail des positions politiques en Iran dans la population (des athées communistes aux nationalistes nostalgiques de Mossadegh en passant par les différents courants "islamistes") est en bloc anti-américain.
azadi
 
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