6000 mineurs meurent chaque année en Chine

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Message par logan » 17 Juil 2006, 19:32

a écrit :Au moins 64 mineurs tués en une journée en Chine
LEMONDE.FR | 17.07.06

Coups de grisou et inondations ont fait au moins 64 morts et 25 disparus dans des mines de charbon en Chine pour la seule journée du samedi 15 juillet, lors de trois accidents successifs. C'est le bilan le plus lourd depuis un accident qui avait fait 55 victimes en mai. Cinquante morts ont été dénombrés après une explosion survenue dans une mine illégale du Shanxi (nord), dont les dirigeants ont été arrêtés. D'autres mineurs sont portés disparus ou ont été noyés dans des mines inondées, au Guizhou (sud-ouest) et au Hunan (centre).

Ce dernier accident est l'une des conséquences de la tempête tropicale Bilis qui a atteint, vendredi 14 juillet, la côte chinoise avant de gagner l'intérieur des terres. Les intempéries ont déjà coûté la vie à 170 personnes, détruit des dizaines de milliers de maison et ont forcé les autorités à évacuer des centaines de milliers d'habitants de différentes provinces.

LUTTER CONTRE L'INSÉCURITÉ DANS LES MINES

Les autorités chinoises se sont pourtant engagées à lutter contre l'insécurité dans les mines de charbon, qui coûte la vie à environ 6 000 mineurs par an, un record mondial – mais l'organisation non gouvernementale Labour China, basée à Hongkong, estime que le chiffre réel est plus proche de 20 000. En décembre 2005, le gouvernement a annoncé un renforcement de la législation, en particulier à l'égard des mines privées qui se sont multipliées avec l'explosion de la demande d'énergie consommée par la croissance économique chinoise : 70 % de l'électricité produite en Chine l'est dans des centrales à charbon.

Officiellement, 2 400 mines ont été fermées pour raisons de sécurité en 2005. Mais Pékin a reconnu qu'une partie seulement des milliers de mines qui devaient cesser leur activité au premier semestre 2006 l'ont fait, les autorités locales fermant souvent les yeux sur la poursuite illégale de leur exploitation, afin de répondre à la demande.

Les autorités chinoises se sont pourtant engagées à lutter contre l'insécurité dans les mines de charbon, qui coûte la vie à environ 6 000 mineurs par an, un record mondial – mais l'organisation non gouvernementale Labour China, basée à Hongkong, estime que le chiffre réel est plus proche de 20 000. En décembre 2005, le gouvernement a annoncé un renforcement de la législation, en particulier à l'égard des mines privées qui se sont multipliées avec l'explosion de la demande d'énergie consommée par la croissance économique chinoise : 70 % de l'électricité produite en Chine l'est dans des centrales à charbon.

Officiellement, 2 400 mines ont été fermées pour raisons de sécurité en 2005. Mais Pékin a reconnu qu'une partie seulement des milliers de mines qui devaient cesser leur activité au premier semestre 2006 l'ont fait, les autorités locales fermant souvent les yeux sur la poursuite illégale de leur exploitation, afin de répondre à la demande.
logan
 
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Message par canardos » 11 Déc 2006, 16:44

a écrit :

Les sacrifiés du charbon chinois


LE MONDE | 11.12.06 |
PÉKIN CORRESPONDANT


Les "gueules noires" d'une Chine toujours plus assoiffée d'énergie continuent de payer de leurs vies le prix de la croissance. On assiste ici à une accumulation de tragédies en sous-sol, à un rythme d'environ 6 000 mineurs tués par an ces dernières années, selon les sources officielles, sans doute beaucoup plus si l'on tient compte du fait que de nombreux responsables locaux et des patrons de mines privées minimisent ou ne signalent pas nombre d'accidents.

Les derniers mois de 2006 ont été meurtriers : rien que durant la dernière semaine de novembre, on a dénombré au moins 86 morts dans quatre mines situées d'un bout à l'autre du pays, de l'extrême Nord-Est mandchou jusqu'à la province tropicale du Yunnan (sud-ouest), en passant par les franges tibétaines.

Souvent, en ces temps de flux rapide de la diffusion d'informations sur Internet, lors de catastrophes dont l'ampleur ne peut plus être passée sous silence, les familles des victimes protestent et conspuent les autorités locales, demandant justice et réparation.

Même dans cet empire sous contrôle, le régime est bien obligé de prendre la mesure des réalités, ne serait-ce que pour enrayer un flot toujours grandissant de manifestations plus ou moins violentes contre les carences de l'Etat. Le gouvernement central a choisi de durcir son attitude contre les patrons véreux de mines souvent illégales, ainsi qu'à l'égard des responsables d'entreprises d'Etat.

Le 29 novembre, le directeur et l'adjoint d'une mine de la province du Shaanxi, région du nord de la Chine située au sud-ouest de Pékin, ont été condamnés à cinq ans de prison. Deux ans auparavant, presque exactement jour pour jour, le 28 novembre 2004, la plus grave catastrophe minière en quarante-quatre ans avait endeuillé le pays : 166 mineurs avaient trouvé la mort dans un coup de grisou ayant provoqué une grave explosion dans cette mine d'Etat de Chenjiashan, qui produisait 2,6 millions de tonnes de charbon par an. Un cas emblématique d'une tragédie nationale quand on sait le nombre de paysans, de miséreux partis des campagnes, d'ouvriers au chômage désormais prêts à aller risquer leur vie "au fond" pour empocher les 150 euros mensuels d'un salaire enviable dans un pays où les inégalités sociales sont grandissantes.

Ce jour-là, un journaliste d'un quotidien régional est le premier reporter à arriver sur les lieux de la tragédie. Dans le blog qu'il a récemment créé, il relate l'événement. Il raconte d'abord que le coup de grisou s'est produit à l'aube, alors que 293 ouvriers se trouvaient au fond du puits.

A son arrivée, vers 10 heures, une foule d'un demi-millier de personnes, des familles de mineurs, est massée devant les portes de la mine. Une femme hurle : "Laissez-moi entrer ! Je veux voir mon mari !" Des ambulances entrent et sortent à toute vitesse, ne laissant à personne le loisir de voir le visage des victimes. Le va-et-vient des sauveteurs et des ambulances commence ensuite à se tarir, laissant supposer que, pour l'instant, d'autres survivants - ou d'autres cadavres - n'ont pas été remontés.

En début d'après-midi, se souvient le journaliste, les policiers qui font barrage devant l'entrée du puits éprouvent les plus grandes difficultés à contenir la foule. Une jeune femme, mariée depuis un an avec l'un des disparus, s'effondre. Elle hurle qu'elle regrette d'avoir reproché à son homme de trop boire. "Oui, maintenant je sais, crie-t-elle, boire est pour les mineurs un moyen de conjurer la peur, le noir et le froid au fond du trou !"

Elle entre dans une transe pendant laquelle elle s'adresse à lui : "Reviens, mon amour ! Fume tant que tu veux, bois tant que tu veux ! Je ne t'obligerai plus jamais à redescendre dans le puits. Reviens-moi !..." A ses côtés, une vieille femme s'agenouille devant les forces de l'ordre dans une posture de supplication. Un policier lui répond, les larmes aux yeux : "Grand-mère, je suis aussi triste que vous, mais les sauveteurs ne pourront plus continuer à faire leur travail si tout le monde se presse autour de l'entrée du puits."

Peu avant minuit, dans un froid glacial, des centaines de personnes attendent toujours. Une autre femme, qui a perdu son mari dans un accident similaire en 2001, attend désespérément son fils, disparu dans le coup de grisou du matin. Elle demande qu'on lui laisse préparer pour lui un bol de nouilles. Elle finit par tomber, épuisée, avant d'être emmenée en ambulance. Un homme, Cheng Zensheng, explique être sans nouvelles de ses quatre frères et du mari de sa soeur. "Douze enfants ont peut-être perdu leur père aujourd'hui", dit-il.

Quelques jours après le désastre, le quotidien anglophone et gouvernemental China Daily estimait déjà qu'à l'évidence, il n'y avait aucune chance de retrouver la centaine de mineurs encore "portés disparus" : "Après l'explosion de gaz, les températures à l'intérieur du puits s'élèvent jusqu'à 2 000 degrés et la pression atmosphérique est dix fois plus forte qu'en surface..."

Des experts chinois ont par la suite souligné que la "structure géologique" de ce genre de mine est complexe, dans la mesure où l'on y trouve à la fois du charbon, du pétrole et du gaz, le tout formant un mélange détonant. "La densité de gaz étant très élevée, les risques d'incendies et d'explosion sont donc très fortes", précisaient-ils.

Le 1er janvier 2005, désireux de montrer que le gouvernement central se soucie de la condition des mineurs, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, s'était rendu sur les lieux du drame. Le chef du gouvernement s'était recueilli dans une salle dédiée au souvenir des morts, avait déposé une gerbe et s'était incliné en mémoire des victimes.

Après avoir serré les mains des parents des mineurs morts, il avait déclaré : "Il nous faut tirer les leçons d'un accident payé au prix du sang. Il faudra à l'avenir faire plus attention aux conditions de sécurité afin qu'un pareil événement ne se produise à nouveau. Nous serons tenus responsables devant les mineurs, leurs familles et leurs enfants." Et dans un geste amplement diffusé à l'époque dans les médias, Wen Jiabao était descendu au fond d'une mine voisine et avait partagé le repas du premier jour de l'année 2005 avec les mineurs.

En 2004, 5 900 "gueules noires" ont péri, selon les sources officielles, au fond des puits chinois. Début 2005, les autorités ont déclaré que l'objectif pour l'année était de réduire ce chiffre à... 5 730. Même s'il ne faut pas se fier aux statistiques de la République populaire, il apparaît que ce but aussi précis que modeste a été manqué : avec près de 6 000 morts officiellement répertoriés, la tragédie chinoise en sous-sol s'est poursuivie.

Bruno Philip



a écrit :

Des milliers de mines privées sont exploitées en toute illégalité


LE MONDE | 11.12.06 |
PÉKIN CORRESPONDANT

La Chine a produit 1,95 milliard de tonnes de charbon en 2004. En 2006, le chiffre devrait être de 2,4 milliards de tonnes. En 2010, au rythme de sa croissance actuelle, et même si celle-ci se réduit afin d'éviter les risques d'une dangereuse surchauffe économique, elle devrait en produire 2,7 milliards de tonnes...

A eux seuls, ces chiffres indiquent à quel point le premier producteur mondial de charbon est pris dans la nasse de sa propre contradiction : d'un côté, il lui faut produire ou acquérir toujours davantage d'énergie pour assurer ses besoins ; de l'autre, au nom du nouveau concept d'"harmonie sociale" vanté par le régime pour réduire les inégalités, il lui faut traiter sérieusement les questions de sécurité des mineurs.

Fin novembre, après un mois particulièrement meurtrier qui a vu 86 mineurs perdre la vie dans différentes mines de charbon du pays, le responsable du "département de l'administration d'Etat pour la sécurité du travail", Li Yizhong, a poussé un "coup de gueule" relayé par les agences de presse et les médias. Pour une raison simple : trois des quatre mines (privées) dans lesquelles se sont produites les dernières tragédies n'avaient tout bonnement plus de permis d'exploitation...

Le courroux de M. Li s'est alors porté contre les administrateurs locaux. S'adressant au responsable du comté de Fuyuan, dans la province du Yunnan (sud-ouest du pays), où 32 mineurs ont été tués dans un coup de grisou le 25 novembre, il s'est vu répliquer que, oui, cette mine aurait dû être fermée, que d'ailleurs oui, on l'avait fermée, mais que, hélas !, elle avait continué de produire...

DIALOGUE TENDU

Une dépêche de l'agence de presse Chine nouvelle décline ainsi le dialogue pour le moins tendu entre le responsable local et M. Li, qui hurle : "Si vous aviez pris les mesures nécessaires, cet accident n'aurait pas eu lieu !..." Et le même M. Li d'ajouter : "Avec l'appui en coulisse des gouvernements locaux, des patrons de mines peu scrupuleux continuent d'opérer dans la plus parfaite inégalité !"

Les autorités chinoises affirment être en train de prendre toute une série de mesures destinées à enrayer l'hécatombe récurrente dans les puits de mines de leur pays.

Huang Yi, porte-parole du département de la sécurité du travail, souligne que "la plupart des accidents sérieux se produisent dans les mines privées opérant illégalement".

Dans un bureau immaculé du building flambant neuf de cette administration, M. Yi assure que "6 000 petites mines d'une capacité de production de moins de 90 000 tonnes de charbon par an ont déjà été fermées depuis 2005" et que "4 600 de plus le seront d'ici à la fin du troisième semestre de 2007".

Ces "petites" mines sont en effet connues pour faire fi des conditions de sécurité imposées, ce qui est moins le cas dans les mines d'Etat. "Il reste environ 17 000 mines appartenant à cette catégorie ; le but est d'en fermer 13 000 d'ici à 2010", ajoute-t-il.

D'autres mesures sont à l'ordre du jour : envoi d'équipes de surveillance dans les principales provinces de production houillère, attribution d'une enveloppe de 300 millions d'euros par le gouvernement central pour investir dans les systèmes de sécurité, l'ensemble des provinces concernées devant débloquer pour leur part un budget de 3,8 milliards d'euros...

M. Huang, qui était lui-même mineur avant de devenir porte-parole, et se souvient d'avoir été personnellement témoin de catastrophes minières, affirme être sûr d'une chose : "Sur le plan de la sécurité du travail, la Chine devrait se hisser au niveau des pays développés d'ici à 2020."

Bruno Philip

canardos
 
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