(Combat Ouvrier cette semaine a écrit :
Epidémie de dengue:
insuffisance des moyens de prévention
L’épidémie de Dengue ne cesse de progresser, avec quelques 6000 cas recensés. De nombreuses personnes, souvent des enfants et des personnes âgées, sont hospitalisées. Les pouvoirs publics s’en inquiètent à juste titre, mais comme c’est souvent le cas, avec retard et un certain affolement qui donne l’impression qu’ils ne savent pas trop quoi faire d’efficace. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’une telle épidémie frappe la Guadeloupe. En 1995, la direction de la DSDS (Direction de la Santé et du Développement Social) avait fait preuve de son manque d’efficacité, lié principalement au manque de moyens matériels et de personnel. A l’époque, les agents de la DSDS et leur syndicat CGTG avaient dénoncé les problèmes et mis en garde contre une récidive de plus grande ampleur. Le problème s’est également posé à la Réunion, de façon encore plus grave, avec l’épidémie de Chikungunya.
Mais une fois l’épidémie enrayée, il semble que le problème ait été oublié par la direction jusqu’à nouvel ordre, puisque qu’il resurgit à l’identique douze ans plus tard. L’épidémie est cette fois-ci encore plus importante, et les erreurs sont les mêmes. Entre temps, l’éducation pour la santé de la population a été laissée en suspens, alors que chacun sait que les habitudes en la matière sont longues à s’implanter et nécessitent un effort sur une longue durée pour modifier les comportements. Par ailleurs, les campagnes de démoustication par pulvérisations sont épisodiques et interviennent principalement en période d’épidémie. On semble avoir régressé en la matière: il y a plusieurs dizaines d’années, les passages étaient réguliers, tout comme les interventions des agents de la DSDS chez les particuliers, avec destruction des gîtes larvaires et distribution de produits à placer dans les pots à fleurs par exemple. Les carcasses de voitures qui bordent les routes sont incriminées par la DSDS comme étant des gîtes de reproduction pour les moustiques. Mais jusqu’ici, le problème de leur enlèvement n’a pas été résolu.
A la base de ces insuffisances, il y a bien sûr le manque de moyens matériels et humains: le nombre d’agents chargé de la prévention est en régression, ils ne sont pas assez nombreux pour faire le travail nécessaire et ne disposent pas de matériel suffisant. Actuellement, 7 véhicules sont fonctionnels pour la Grande Terre, et les agents estiment qu’il en faudrait 2 de plus, ainsi qu’un véhicule supplémentaire à Marie Galante et un à Baillif pour pouvoir faire le travail en profondeur. De même concernant les agents eux mêmes: ils sont aujourd’hui 58, dont 4 sont en congé de longue maladie, donc 54 opérationnels. Il y a quelques années, ils étaient 122! La situation en Martinique est encore plus critique, avec 32 agents. A la Réunion, les agents qui étaient dans le passé 177, se sont retrouvés à seulement 45 au moment de l’épidémie de Chicungunya. Il est prévu d’augmenter leur nombre à la Réunion, avec 19 puis 45 recrutements, mais rien n’est prévu pour l’instant en Guadeloupe et en Martinique. La politique d’économie de l’Etat sur les services publics a des conséquences très graves, puisqu’elle met en danger des vies. Mais la santé de la population n’est pas une priorité pour les pouvoirs publics, et quand les problèmes deviennent graves, la direction de la DSDS avoue son impuissance en s’en remettant aux pompiers et à l’armée, et en culpabilisant la population. Les agents de la DSDS ont tenu une conférence de presse au local de la CGTG le mercredi 14 novembre pour tenir la population informée de la situation critique et dénoncer le manque de moyens.