Si ce n'est pas clairement affirmé, c'est parce que c'est pas notre position.
Pourquoi ne pas comparer la position de LO et de la LCR?
a écrit :Editorial
Pour qui résonnent les sirènes?
On ne peut que ressentir un immense sentiment d'indignation devant les images venues du Liban, montrant ces cadavres d'enfants écrasés par des bombes israéliennes dans la cave où ils avaient cru trouver un abri; du moins quand on n'a pas le plus profond mépris pour la vie humaine.
Ce n'est évidemment pas le cas du Premier ministre israélien qui, après avoir exprimé quelques vagues regrets, a déclaré qu'il «n'était pas pressé d'arriver à un cessez-le-feu», et a osé prétendre que l'armée israélienne n'était pas responsable, puisqu'elle avait demandé à la population civile d'évacuer le Sud-Liban. Comme si c'était si facile quand les routes sont mitraillées en permanence, les ponts détruits, et plus encore quand on est pauvre et sans aucun moyen de transport.
Mais les dirigeants des grandes puissances qui, non seulement ne sont pas prêts à intervenir, mais n'ont même pas voté à l'ONU un texte condamnant ce massacre, ne valent pas mieux. Il est vrai qu'ils n'ont pas voté non plus, quelques jours auparavant, la condamnation du raid qui avait entraîné la mort de quatre de leurs observateurs. Certes, de telles condamnations n'auraient rien changé. Mais le fait de s'y refuser montre bien qu'Israël bénéficie du soutien de toutes les grandes puissances impérialistes. Des États-Unis et de la Grande-Bretagne, bien sûr, qui ont soutenu sans réserves les opérations menées au Liban depuis trois semaines. Mais aussi de pays, qui comme la France, ne réclament l'application des résolutions de l'ONU que lorsqu'elles vont dans le sens des intérêts israéliens, et se gardent bien de parler de celles qui demandaient l'évacuation par Israël des territoires palestiniens occupés depuis trente-neuf ans.
Chirac, comme le gouvernement des USA, se prononce pour le désarmement des milices du Hezbollah, comme si c'était cela qui pouvait régler les problèmes du Proche-Orient. Mais tout parallèle entre les bombardements israéliens et les roquettes tirées par le Hezbollah relève d'une parfaite hypocrisie.
Lancer des fusées sur les villes israéliennes, y tuer des civils, des femmes, des enfants, est certes une politique qui peut satisfaire le désir de vengeance de ceux qui se trouvent sous les bombardements israéliens. Mais c'est malgré tout une politique contraire aux intérêts des populations libanaises comme palestiniennes, parce que cela ne peut qu'amener la population israélienne à se ranger derrière son gouvernement (tout comme la politique du gouvernement israélien ne fait qu'amener une fraction toujours plus grande des peuples arabes à se tourner vers les islamistes).
Mais quand bien même le voudraient-ils, les dirigeants du Hezbollah ne peuvent pas se montrer aussi odieux que les dirigeants israéliens: ils n'en ont pas les moyens. Ils sont peut-être aidés par l'Iran et la Syrie, mais ce n'est rien à côté de l'aide massive, politique et matérielle, que le gouvernement israélien reçoit des grandes puissances impérialistes et en particulier des USA, qui comptent sur eux pour jouer le rôle de gendarme de l'impérialisme dans cette partie du monde.
Le Proche-Orient représente pour l'impérialisme américain un enjeu politique et économique considérable. Pour y imposer sa loi, il a déjà créé en Irak une situation explosive, dont nul ne voit l'issue. Que l'intervention israélienne au Liban ait été téléguidée par les USA, ou que ceux-ci se soient contentés d'appuyer une initiative israélienne, importe peu. La politique des frappes militaires a sa logique, qui peut entraîner ses partisans bien plus loin qu'ils ne souhaitaient aller au départ. Les menaces formulées depuis des mois par Bush contre l'Iran et la Syrie peuvent préluder à un embrasement de toute la région.
«Le capitalisme porte la guerre en lui comme la nuée porte l'orage», disait Jaurès il y a déjà longtemps. Les faits ne l'ont pas démenti, bien au contraire.
Ne nous réjouissons pas que les sirènes ne résonnent aujourd'hui qu'au Liban ou à Gaza. Elles pourraient bien retentir demain beaucoup plus près de nous.
Arlette LAGUILLER
a écrit :Déclaration LCR-PCL
Halte à l’agresssion israélienne, soutien à la résistance
Déclaration commune de la LCR et du PCL
L’État d’Israël a engagé une agression de grande envergure contre le Liban. On dénombre déjà des centaines de morts et des milliers de blessés, tandis que l’infrastructure du pays se trouve complètement anéantie.
La communauté internationale (notamment le Conseil de sécurité, les Etats-Unis et l’Union européenne) justifie cette agression barbare en vertu d’un droit de « légitime défense » d’Israël. Des délégations internationales se succèdent même à Beyrouth pour tenter d’imposer au gouvernement libanais, outre la libération des soldats israéliens capturés par la résistance libanaise, le déploiement d’une force militaire internationale au sud du Liban et l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité.
Or, que préconise la résolution 1559 ? Elle exige le désarmement de toutes les « milices libanaises » (terme dont on baptise les mouvements de résistance libanais), le désarmement de toutes les organisations palestiniennes au Liban et le déploiement de l’armée libanaise officielle dans le sud du pays. Ce que ce texte, en revanche, ne mentionne pas, ce sont les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba toujours occupées par Israël, les détenus libanais dans les prisons israéliennes (dont Samir Quntar emprisonné depuis 28 ans), ou le droit de retour des réfugiés palestiniens (droit pourtant garanti par les résolutions 194 et 242 des Nations unies).
En conditionnant tout cessez-le-feu à l’application de la résolution 1559, les dirigeants israéliens, l’administration américaine et les principaux gouvernements de l’Union européenne révèlent l’objectif véritable de l’agression en cours contre le Liban. Ils veulent imposer l’arrêt définitif de toute forme de résistance face à Israël, forcer le peuple libanais à renoncer aux territoires qu’Israël occupe toujours, faire oublier les détenus dans les prisons israéliennes
C’est dans ce cadre que se dessine le projet de déploiement d’une force militaire internationale, sur une bande de 30 kilomètres environ, à l’intérieur des territoires libanais uniquement ! Cette force serait en réalité une « armée » internationale dont les véritables objectifs ne seraient pas de faire cesser l’offensive israélienne, mais d’éliminer la capacité de riposte de la résistance libanaise face aux agressions israéliennes en mettant le nord d’Israël hors de portée des roquettes du Hezbollah, ce dernier devant être désarmé une fois les contingents internationaux déployés sur le terrain.
La Ligue Communiste Révolutionnaire et le Parti Communiste Libanais exigent un arrêt immédiat de l’invasion terrestre israélienne et un arrêt des bombardements sur les populations libanaises. Ils exigent l’arrêt immédiat des bombardements et des agressions israéliennes contre le peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie Ils réclament une médiation internationale permettant l’échange des prisonniers. Ils réaffirment que seul le respect du droit des peuples de la région à déterminer librement leur destin est la condition d’une paix durable dans la région. Ils se prononcent ainsi pour le retrait de l’armée israélienne de la totalité des territoires occupés en 1967 et le démantèlement de toutes les colonies établies sur le territoire palestinien, l’évacuation des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba, des négociations incluant le partage de Jérusalem, la libération de tous les prisonniers, le droit au retour des réfugiés. Ils refusent tout déploiement d’une force internationale, dans les conditions déjà citées, et ils affirment leur refus de l’application par la force de la résolution 1559.
Ligue Communiste Révolutionnaire - Parti Communiste Libanais
Article paru dans LO :
a écrit :[B]Le Hezbollah
Le Hezbollah, ou «Parti de Dieu», est né du regroupement de différents mouvements chiites libanais qui s'est opéré sur la base de la résistance à l'occupation israélienne du Liban de juin 1982. Il s'est formé avec l'appui du régime islamique d'Iran dirigé par l'ayatollah Khomeiny, ainsi que celui de la Syrie. Mais ce n'est qu'à la fin de 1983 qu'il verra formellement le jour, et il publiera un programme politique en 1985.
Le Hezbollah est apparu pendant la guerre civile libanaise, où les partis représentant les différentes communautés confessionnelles avaient leur milice. La plupart étaient tolérées, voire encouragées, par les grandes puissances dès l'instant où elles s'en prenaient aux milices palestiniennes qui s'étaient formées dans les camps de réfugiés, soutenues par la population libanaise des quartiers pauvres. C'est ainsi que la Syrie, avec l'aval des grandes puissances, intervint en 1976 pour repousser les milices «palestino-progressistes» et laisser celles d'extrême droite opérer un massacre dans le camp de Tell Al-Zaatar. Il en fut de même en 1982, quand Israël laissa faire les massacres des camps de Sabra et Chatila.
Les affrontements entre les diverses milices palestiniennes et libanaises se poursuivirent jusqu'en fin 1989, où les accords de Taëf, qui marquent la fin de la guerre civile, prévoyaient le désarmement de toutes les milices qui devaient céder la place à une armée libanaise. Mais le Hezbollah, implanté dans le sud et donc proche de la frontière avec l'État d'Israël, conserva cependant ses milices et continua à mener des actions militaires que l'État libanais était bien incapable d'empêcher.
Cette intransigeance envers Israël, mais surtout son action au travers d'organismes d'aide à la population ou d'enseignement, plus que son programme politique réactionnaire fondé sur l'intégrisme islamiste, lui ont permis d'acquérir le soutien de la population pauvre du Sud-Liban. Dans un État où le pouvoir est basé sur la répartition des postes entre les différentes communautés religieuses, le Hezbollah a obtenu 14 députés (sur 128) lors des élections du printemps 2005 ainsi qu'un poste de ministre dans le gouvernement.
Marianne LAMIRAL