Article dans le dernier numéro de LO
a écrit :
LEUR SOCIETE
65 milliards pour les banques : n'en jetez plus, les coffres sont pleins !
Pour les banquiers, c'est Noël en octobre. Quasiment chaque jour le gouvernement sort de sa hotte une poignée de milliards d'euros dont il fait gentiment cadeau aux banques.
Cinq milliards d'euros début octobre, puis 8 milliards le 15 octobre, enfin un versement de 9 milliards le 21, pour arriver à remplir la cagnotte de 22 milliards, présentée comme « aides aux PME », mais qui sont versés à des banques d'investissement. Par ailleurs, le 20 octobre, 10,5 milliards étaient versés, à valoir sur les 40 destinés, eux, ouvertement à « aider les banques ». Cela donne déjà le vertige, mais ce n'est qu'un début. Car restent encore à venir deux versements, l'un de 30 milliards pour les aides directes aux banques, et l'autre de 2,5 milliards annoncé, lui, comme « aides aux collectivités locales ». On arrive ainsi à 65 milliards qui auront été mis sur les comptes des banques en l'espace de quelques jours.
Il ne s'agit pas là d'argent « virtuel », mais de sommes bien réelles données par l'État, dont les banquiers disposeront, de fait, à leur guise.
Ainsi les 22 milliards, prétendument réservés pour « aider les PME », auront été versés en totalité le 21 octobre. C'est la Caisse des dépôts et consignation, la CDC, qui en assure le versement. Et elle ne verse pas aux PME mais aux banques, sans qu'aucun délai, ni condition ne soient fixés pour que ces dernières redistribuent cet argent si vite donné. Le ministre, interrogé sur cette façon de remplir les caisses des banques, a répondu avec le sourire : « Dans le climat actuel, cela ne peut pas faire de mal ».
Quant aux 40 milliards prévus dans le cadre du plan global de 360 milliards mis au point par Sarkozy, et annoncé sans détour comme un plan d'aide aux banques, un premier versement de 10,5 milliards a donc été effectué dès le 20 octobre. 2,55 milliards sont allés à BNP-Paribas ; 1,7 milliard à la Société Générale, 3 milliards au Crédit Agricole, 1,2 milliard au Crédit Mutuel. Enfin, 0,950 milliard est allé aux Banques populaires et 1,1 aux Caisses d'épargne. Le complément de 30 milliards ne devrait pas tarder.
Enfin les 5 milliards d'aides ont été annoncés pour faciliter les emprunts éventuels des collectivités locales. La moitié, soit 2,5 milliards, commenceront par suivre le même chemin, c'est-à-dire, là encore, celui des coffres des banques.
Le gouvernement leur offre ainsi à « coffre ouvert », pourrait-on dire, les deniers publics tandis que 2,5 milliards seront versés par la Caisse des dépôts aux banques, avec un cynisme tranquille.
Ces 65 milliards mis à disposition en quelques jours, représentent près du cinquième du budget total annuel de l'État. Pour les financer, l'État devra creuser ses déficits et recourir soit à des emprunts, soit à la création de monnaie et à l'inflation, soit aux deux, tandis qu'il procédera à des coupes dramatiques dans tous les budgets publics vitaux pour la population. Car c'est aux salariés, aux retraités, aux chômeurs, à toute la population laborieuse qu'on va demander des sacrifices pour... permettre à ces prédateurs capitalistes de reprendre leurs affaires, en toute irresponsabilité.
Et on voudrait que la population accepte tranquillement de payer les frasques de ce gouvernement au service des riches ?
Paul SOREL
C'est juste de dénoncer le fameux "plan de sauvetage", mais ce texte n'est tout de meme pas tout à fait exact. En effet, l'Etat ne "donne" pas aux banques, il leur prête et prend des parts de leur capital ("recapitalisation"). Ce n'est tout de meme pas la meme chose.
Ce qui est vrai, c'est que cette prise de participation ne s'accompagne d'aucun controle sérieux (voir le post précédent). Donc que rien n'indique que les banques preteront ces sommes aux PME et aux particuliers, rien ne les empêche de continuer à spéculer comme avant.
Dire que l'argent n'est pas "virtuel" mais "bien réel" n'a pas grande signification.
(On en a déjà longuement discuté.) Ce qui est sur, c'est que la forme la plus inflationniste de "création" ou d'"injection" de monnaie/liquidités est leur création par la BCE. Mais il se crée de l'argent et il s'en détruit quand les prets sont remboursés. C'est d'ailleurs l'argument des partisans du "plan de sauvetage" qui prétendent que l'opération sera "neutre" au bout du compte. Si les banques remboursaient tout et rachetaient ultérieurement les actions de l'Etat (avec intéret), l'opération serait neutre en effet. L'Etat y gagnerait meme. Mais il y a de gros risques évidemment que les banques ne remboursent jamais.
Toutefois, on ne peut pas affirmer non plus que les 65 milliards (et encore moins les 360) sont pris "dans la poche du contribuable" ou "dans la poche des travailleurs."
Pour conclure, il me semble que dans des articles d'explications, on doit être exact et précis. Evidemment dans un tract d'agitation ou dans un slogan, on est amené à beaucoup simplifié. Mais il est important d'apporter des explications précises et exactes, dans une période où, premièrement, beaucoup de gens s'intéressent ; deuxièmement, la propagande gouvernementale va dénoncer les erreurs de ceux qui critiquent ces mesures.