Pour bien comprendre l'intervention des Etats

Dans le monde...

Message par Vérié » 05 Oct 2008, 18:02

[quote=" (Puig Antich @ dimanche 5 octobre 2008 à 18:42"]

Comment a évolué la théorie marxiste au moment de la déconnexion entre l'or et la monnaie, c'est à dire finalement au moment où toute la monnaie semble s'être transformée en simple crédit alloué sur de potentielles richesses à venir, et dont l'injection en quantité ne dépend plus pour ainsi dire du travail humain mais de décisions prises centralement ? Marx répond un peu, dans le post de Barnabé, mais il y avait à cette époque, et jusqu'au milieu du vingtieme siecle, un lien évident entre l'or et la valeur de la monnaie.
Peut-être un forumeur savant te répondra-t-il sur l'évolution de la théorie marxiste de la monnaie...

Une chose est certaine, cette "déconnexion" a été prise en compte par nombre de théoriciens marxistes. Voici par exemple un extrait d'un texte de Jean-Luc Dallemagne issu de Critique de l'économie politique. L'inflation. Ed Maspero 1975 :

" Les concepts mis en oeuvre et la distinction d'entre les niveaux où l'on peut les saisir implique de situer la relation contradictoire entre les phénomènes monétaires et les phénomènes de production. Procédant des deux formes de la valeur que sont l'argent et la marchadise, ils sont évidemment articulés l'un à l'autre. Mais on ne peut pour autant les confondre, ni subordonner étroitement le fait monétaire au fait de production. Celui-là dispose d'une autonomie relative à l'égard de celui-ci.

C'est un fait que le marché de l'argent peut avoir aussi ses propres crises, pour lesquelles les perturbations se produisant directement dans l'industrie ne jouent qu'un rôle subordonné ou ne jouent aucun rôle. Il est donc mutilant de ne vouloirs faire des phénomènes monétaires que le reflet des phénomènes de production, bien que ceux-ci dépendent, en dernière instance, des lois qui régissent ceux-ci.




Les passages en gras ont été soulignés par l'auteur.

Depuis 1975, il est clair que l'autonomie du monétaire, même si elle reste "relative" est devenue beaucoup plus grande...
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par Vérié » 15 Oct 2008, 15:41

LES BANQUES VONT SE DISTRIBUER LE FRIC ET SE CONTROLER ELLES-MEMES !

La presse nous apporte maintenant des précisions sur le génial plan de sauvetage de Sarko voté par l'assemblée. Joli tour de passe-passe : les prises de participations de l'Etat dans les banques (recapitalisation pour 40 Mrd€) vont être gérés par un organisme fiancier spécial mis en place à cet effet. Mais cet organisme sera majoritairement composé... de banquiers !
Le seul "controle" sera exercé par la présence d'un représentant de l'Etat qui aura un droit de véto. Mais on peut supposer que ce représentant de l'Etat sera un "spécialiste", ex banquier, proche des banquiers etc qui ne leur refusera pas grand chose. Comme cela se passe pour le plan Paulson aux Etats-unis où le responsable de l'application du plan, c'est à dire de la distribution de la manne financière est... un ancien banquier de la Golden Sachs dont le premier geste a été d'embauché pour l'aider d'autres anciens de la meme banque.

Théoriquement, cet organisme financier devrait "vérifier" que "les lignes de crédit"
(320 Mrd€) ou plus exactement les garanties de ces crédits ne s'appliquent qu'à des crédits à des entreprises et des particuliers, pas pour spéculer. Mais rien ne précise que les memes banques ne pourront pas continuer à spéculer avec leurs "autres" fonds non garantis, ni qu'elles ne pourront pas jouer à des tours de passe-passe électronique entre ces différents "investissements".

Bref, l'Etat aligne le fric et les ganranties et les banques peuvent continuer comme avant. Même dans le cadre du discours officiel de "moralisation", pas le moindre geste, pas la moindre obligation pour les banques... sauf la recommandation de Parisot sur les parachutes dorés.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par Vérié » 25 Oct 2008, 12:43

Article dans le dernier numéro de LO

a écrit :
LEUR SOCIETE
65 milliards pour les banques : n'en jetez plus, les coffres sont pleins !

Pour les banquiers, c'est Noël en octobre. Quasiment chaque jour le gouvernement sort de sa hotte une poignée de milliards d'euros dont il fait gentiment cadeau aux banques.

Cinq milliards d'euros début octobre, puis 8 milliards le 15 octobre, enfin un versement de 9 milliards le 21, pour arriver à remplir la cagnotte de 22 milliards, présentée comme « aides aux PME », mais qui sont versés à des banques d'investissement. Par ailleurs, le 20 octobre, 10,5 milliards étaient versés, à valoir sur les 40 destinés, eux, ouvertement à « aider les banques ». Cela donne déjà le vertige, mais ce n'est qu'un début. Car restent encore à venir deux versements, l'un de 30 milliards pour les aides directes aux banques, et l'autre de 2,5 milliards annoncé, lui, comme « aides aux collectivités locales ». On arrive ainsi à 65 milliards qui auront été mis sur les comptes des banques en l'espace de quelques jours.

Il ne s'agit pas là d'argent « virtuel », mais de sommes bien réelles données par l'État, dont les banquiers disposeront, de fait, à leur guise.

Ainsi les 22 milliards, prétendument réservés pour « aider les PME », auront été versés en totalité le 21 octobre. C'est la Caisse des dépôts et consignation, la CDC, qui en assure le versement. Et elle ne verse pas aux PME mais aux banques, sans qu'aucun délai, ni condition ne soient fixés pour que ces dernières redistribuent cet argent si vite donné. Le ministre, interrogé sur cette façon de remplir les caisses des banques, a répondu avec le sourire : « Dans le climat actuel, cela ne peut pas faire de mal ».

Quant aux 40 milliards prévus dans le cadre du plan global de 360 milliards mis au point par Sarkozy, et annoncé sans détour comme un plan d'aide aux banques, un premier versement de 10,5 milliards a donc été effectué dès le 20 octobre. 2,55 milliards sont allés à BNP-Paribas ; 1,7 milliard à la Société Générale, 3 milliards au Crédit Agricole, 1,2 milliard au Crédit Mutuel. Enfin, 0,950 milliard est allé aux Banques populaires et 1,1 aux Caisses d'épargne. Le complément de 30 milliards ne devrait pas tarder.

Enfin les 5 milliards d'aides ont été annoncés pour faciliter les emprunts éventuels des collectivités locales. La moitié, soit 2,5 milliards, commenceront par suivre le même chemin, c'est-à-dire, là encore, celui des coffres des banques.

Le gouvernement leur offre ainsi à « coffre ouvert », pourrait-on dire, les deniers publics tandis que 2,5 milliards seront versés par la Caisse des dépôts aux banques, avec un cynisme tranquille.

Ces 65 milliards mis à disposition en quelques jours, représentent près du cinquième du budget total annuel de l'État. Pour les financer, l'État devra creuser ses déficits et recourir soit à des emprunts, soit à la création de monnaie et à l'inflation, soit aux deux, tandis qu'il procédera à des coupes dramatiques dans tous les budgets publics vitaux pour la population. Car c'est aux salariés, aux retraités, aux chômeurs, à toute la population laborieuse qu'on va demander des sacrifices pour... permettre à ces prédateurs capitalistes de reprendre leurs affaires, en toute irresponsabilité.

Et on voudrait que la population accepte tranquillement de payer les frasques de ce gouvernement au service des riches ?

Paul SOREL


C'est juste de dénoncer le fameux "plan de sauvetage", mais ce texte n'est tout de meme pas tout à fait exact. En effet, l'Etat ne "donne" pas aux banques, il leur prête et prend des parts de leur capital ("recapitalisation"). Ce n'est tout de meme pas la meme chose.

Ce qui est vrai, c'est que cette prise de participation ne s'accompagne d'aucun controle sérieux (voir le post précédent). Donc que rien n'indique que les banques preteront ces sommes aux PME et aux particuliers, rien ne les empêche de continuer à spéculer comme avant.

Dire que l'argent n'est pas "virtuel" mais "bien réel" n'a pas grande signification.
(On en a déjà longuement discuté.) Ce qui est sur, c'est que la forme la plus inflationniste de "création" ou d'"injection" de monnaie/liquidités est leur création par la BCE. Mais il se crée de l'argent et il s'en détruit quand les prets sont remboursés. C'est d'ailleurs l'argument des partisans du "plan de sauvetage" qui prétendent que l'opération sera "neutre" au bout du compte. Si les banques remboursaient tout et rachetaient ultérieurement les actions de l'Etat (avec intéret), l'opération serait neutre en effet. L'Etat y gagnerait meme. Mais il y a de gros risques évidemment que les banques ne remboursent jamais.

Toutefois, on ne peut pas affirmer non plus que les 65 milliards (et encore moins les 360) sont pris "dans la poche du contribuable" ou "dans la poche des travailleurs."

Pour conclure, il me semble que dans des articles d'explications, on doit être exact et précis. Evidemment dans un tract d'agitation ou dans un slogan, on est amené à beaucoup simplifié. Mais il est important d'apporter des explications précises et exactes, dans une période où, premièrement, beaucoup de gens s'intéressent ; deuxièmement, la propagande gouvernementale va dénoncer les erreurs de ceux qui critiquent ces mesures.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par com_71 » 25 Oct 2008, 12:53

(Vérié @ samedi 25 octobre 2008 à 13:43 a écrit : [le] texte n'est tout de meme pas tout à fait exact. En effet, l'Etat ne "donne" pas aux banques, il leur prête et prend des parts de leur capital ("recapitalisation"). Ce n'est tout de meme pas la meme chose.

...Mais il y a de gros risques évidemment que les banques ne remboursent jamais...

:roll:
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6402
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Message par Vérié » 25 Oct 2008, 14:59

(com_71 @ samedi 25 octobre 2008 à 13:53 a écrit :
(Vérié @ samedi 25 octobre 2008 à 13:43 a écrit : [le] texte n'est tout de meme pas tout à fait exact. En effet, l'Etat ne "donne" pas aux banques, il leur prête et prend des parts de leur capital ("recapitalisation"). Ce n'est tout de meme pas la meme chose.

...Mais il y a de gros risques évidemment que les banques ne remboursent jamais...

:roll:

Ca te fait rigoler...

LO est pourtant une organisation qui s'est longtemps targuée de sa rigueur, qui s'efforçait de vérifier avant de balancer une info, un écho du bulletin de boîte. Et c'est une qualité incontestable quand tant de gens, y compris fort bien intentionnés, racontent n'importe quoi.

Alors, ça coûterait quoi de publier un article exact et précis, au lieu de se contenter d'une dénonciation dont nos adversaires pourront facilement pointer le caractère un peu démagogique ? (1) Un mini effort de sérieux et un peu de recherche en plus pour l'auteur de l'article, un peu de temps donc, pas grand chose tout de meme, et ça lui permettrait de mieux comprendre lui-même le sujet qu'il traite.

Ces choses-là, dans la période actuelle, ne sont pas sans importance. Si nous voulons que les militants soient armés pour répondre aux arguments, l'exactitude est préférable à l'à peu près.
___
1) Ca rappelle un peu le fameux article d'Yvan Lemaître dans Rouge, où Yvan expliquait doctement que la Société Générale aurait mieux fait de répartir les 4 milliards perdus aux employés de la banque. On n'a pas encore lu ça à propos des 600 millions perdus par les Caisses d'Epargne et c'est tant mieux.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par Vérié » 25 Oct 2008, 16:39

Non, je regrette, dire les choses "en militants", ça n'implique pas de les déformer, voire de les falsifier. Nous ne sommes certes pas des économistes, mais nous sommes capables de nous informer et de comprendre. J'ignore évidemment si le rédacteur de l'article et ceux qui l'ont relu savent ou non ces choses avec précision. Ce n'est pas si sûr que ça, à en juger par un certain nombre de discussions. Et il n'y a rien de déshonorant à ne pas les savoir, mais on peut faire l'effort de s'informer.

Donc, à t'écouter, ça n'aurait aucune importance que l'Etat "donne" ce fric, le crée, l'emprunte, le pique dans les fonds de la Caisse des dépots et consignations. Tout ça, c'est pareil. Foin de détail et d'exactitude, on a raison parce qu'on est des militants, on dénonce tout et n'importe quoi n'importe comment sans se soucier des faits. Les faits, on les laisse à nos adversaires qui cherchent à nous embrouiller, voilà ce que tu nous expliques. Et toute tentative d'apporter des précisions, ce serait fair ele jeu nos adversaires...

Eh bien non ! Toute dénonciation sérieuse - et militante - doit partir des faits exacts. Prêter de l'argent à 8 % (chiffre donné par un lecteur du Monde aujourd'hui, qui reste à vérifier), ce n'est pas la meme chose que de le donner.
Si on te prete du fric à 8 % pour acheter ta voiture ou la TV, ce n'est pas la meme chose que si on te le donne. Et prendre une participation, recapitaliser, ce n'est pas non plus la meme chose que de donner les fonds. Ce ne sont pas des subtilités d'"économistes".

Dans ta boîte, je suis certain que tu ne déformerais pas la politique salariale de ton patron, que tu t'appliquerais à dénoncer avec précision les nouvelles conditions de travail, sinon tu te ferais rentrer dedans par tes collègues et le patron pourrait te ridiculiser à peu de frais. La déformation grossière, la falsification, c'est en définitive du mépris pour le lecteur et pour les travailleurs. Surtout dans un article qui a tout de meme pour vocation d'expliquer.

La politique de Sarkozy est suffisamment caricaturale pour qu'on n'ait pas besoin de la caricaturer et d'en rajouter.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par malaka » 25 Oct 2008, 20:53

(El convidado de piedra @ samedi 25 octobre 2008 à 19:06 a écrit :
Cet aprem j'étais dans une fête d'école et ça ne discutait que de la crise au milieu des gamins qui  jouaient.

Les gens sont très bien informés et se méfient comme de la peste des racontars des ministres, experts et présidents. Ils cherchent des explications. Un a parlé ainsi" si cette crise m'empêche de nourrir ma famille, je sort dans la rue et je casse tout!"
D'autres racontaient les licenciements décidés ou qui se préparent. Personne était indifférent, personne essayait de parler d'autre chose.

Dans la même veine !
Premiers cours d'intro sur les nombres relatifs (prof de math eh oui !) à des gamins d'onze, douze ans. Normalement, les plus dégourdis se rappellent avoir vu un truc qui ressemble, à la météo, et vraiment pour le "top of the pop" UN élève pensera aux ascenceurs !
Cette fois-ci premières interventions : "C'est quand on est à découvert !" "quand on a plus d'argent", "c'est la crise, le bourse elle s'casse la gueule" et la dernière : "Sarko c'est un voleur, un menteur, c'est mon père qui l'a dit !"
Et 25 paires de yeux qui se tournent en souriant vers moi pour savoir ce que j'en pense ! :roll:
malaka
 
Message(s) : 0
Inscription : 20 Déc 2005, 20:30

PrécédentSuivant

Retour vers Actualités internationales

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité