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Dans le monde...

Message par meichler » 08 Déc 2010, 18:41

Ouais, enfin il faudrait surtout ne pas oublier qu'il y eut le pouvoir croissant de la bureaucratie qui porta Staline au sommet du pouvoir à partir de 1923, puis la dictature de plus en plus sanglante et absolue de ce dernier, et dès la fin des années vingt son pouvoir écrasant et totalitaire, qui vida "les soviets" de leur contenu prolétarien et révolutionnaire. Dès lors la diplomatie en question n'eut plus rien à voir avec la révolution, sinon pour l'écraser partout où elle le put dans le monde.

Alors "les règles" et "les exceptions", surtout "sur le terrain de la diplomatie"... (par nature un des terrains de l'ennemi de classe, en plus).

C'est surtout la situation historique concrète à chaque moment qu'il faut savoir apprécier et analyser, en relation avec les principes du programme communiste.
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Message par sylvestre » 09 Déc 2010, 11:00

A mon avis ce qui est intéressant c'est de voir la question du point de vue inverse : comment la situation internationale a permis la montée en puissance de la bureaucratie. De ce point de vue l'analyse détaillée de la diplomatie soviétique est un angle utile, notamment en lien avec ce qui allait devenir le débat sur "le socialisme dans un seul pays". En 1922, aucun dirigeant bolchevik, pas même Staline ni Boukharine qui allait devenir le théoricien numéro un de cette orientation ne la défendaient. Ce qui était posé objectivement du fait de l'échec qu'on pouvait penser encore temporaires des révolutions à l'ouest, c'est la survie de la russie soviétique, et donc la nécessité de passer des accords au moins partiels et au moins avec certaines puissances impérialistes. En l'occurence ce fut l'Allemagne, qui était l'autre paria de l'Europe d'après 1918 du point de vue des puissances dominantes. Ce n'était cependant pas évident du point de vue du KPD d'expliquer le traité de Rapallo, même si du point de vue des intérêts de la révolution internationale, on comprend bien que la survie de la Russie soviétique nécessitait de passer des accords avec des puissances bourgeoises.
Encore une fois, à ce moment-là survie du régime en Russie et les intérêts de la révolution internationale ne s'opposent que de manière très partielle, il s'agit simplement de passer des compromis provisoires, mais on peut y déceler le germe d'une contradiction allant croissant au cours des années 20 entre survie du régime russe et intérêts de la révolution internationale et on comprend d'autant mieux que des révolutionnaires exemplaires comme Boukharine se soient fourvoyés dans la défense de la thèse du "socialisme dans un seul pays".

Un chapitre de Broué sur le traité de Rapallo : http://www.marxists.org/francais/broue/wor...roue_all_30.htm
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Message par artza » 09 Déc 2010, 15:04

(sylvestre @ jeudi 9 décembre 2010 à 11:00 a écrit :A mon avis ce qui est intéressant c'est de voir la question du point de vue inverse : comment la situation internationale a permis la montée en puissance de la bureaucratie.


Ben oui, en d'autres termes pas de révolution prolétarienne victorieuse à l'ouest sinon c'est l'isolement de la révolution mondiale dans la seule Russie problème vu et pesé par Lénine dès le début...la suite est connue même si Lénine et les autres ne la connaissaient pas.
Ensuite Trotsky n'a pas arrété de tourner autour de ça.

La question est-elle là?
A mon avis non.

Un état ouvrier comme n'importe quelle organisation ouvrière ne peut pas ne pas passer de compromis avec l'ennemi y compris le couteau sous la gorge.
De même il faut bien commercer.
Je sais pas moi, acheter du papier, imprimer une affiche, louer une camionnette.
Pour la Russie soviétique ça a commencé tout de suite dès Brest-Litovsk qui pour certains qui n'ont pas changé d'avis depuis fut le signe que les bolcheviks étaient passés de l'autre côté de la barricade.

On ne peut pas parler de tout ça uniquement en regardant ce que c'est devenu, et surtout pas avec le regard d'un démocrate français de 2010.
A ce compte là le Congrès de Tours et la formation de la CGT étaient de belles conneries.

La preuve on a pas fini de les digérer.
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Message par meichler » 10 Déc 2010, 18:59

(artza @ jeudi 9 décembre 2010 à 14:04 a écrit : On ne peut pas parler de tout ça uniquement en regardant ce que c'est devenu, et surtout pas avec le regard d'un démocrate français de 2010.
A ce compte là le Congrès de Tours et la formation de la CGT étaient de belles conneries.

La preuve on a pas fini de les digérer.
D'accord avec "Artza" là-dessus.

Il faut s'efforcer d'analyser la situation concrète, telle qu'elle se présente à chaque moment concrêt.

Je ne dis pas que c'est ce que tu veux dire, "Sylvestre", mais cela peut être entendu comme : la dictature bureaucratique était au fond inévitable, de même que l'échec, en fin de compte de la Russie des soviets.

En réalité c'est la lutte vivante, où la situation objective se combine avec le combat des forces sociales et politiques, en fonction de leur réalité et de leur histoire, qui décide en fin de compte. Aucun "déterminisme" abstrait.

Je voulais seulement dire que la diplomatie c'est toujours le terrain de l'ennemi, certes, mais un Etat ouvrier est bien forcé d'y mettre les pieds. Et d'autre part le vrai critère sur ce terrain comme sur les autres, est : quelle classe, quel groupe social a le pouvoir. De ce point de vue, ce qu'il faut distinguer c'est : l'Etat ouvrier russe assiégé, étranglé, avant le pouvoir absolu de la bureaucratie (en gros jusqu'à la fin des années vingt) d'une part, et après d'autre part, c'est-à-dire lorsque le pouvoir Staline, au compte de la bureaucratie parasitaire, fut devenu total sur l'Etat ouvrier (à partir de la fin des années vingt), enfin à partir de 1933, autre étape : la bureaucratie devient force de contre-révolution partout dans le monde.

Les distinctions sont d'abord POLITIQUES. le terrain de la diplomatie est une affaire technique, et comme telle subordonnée, tout comme le commerce, la production, l'urbanisme, etc... Ce qui est déterminant c'est la politique, à commencer par : quelle classe ou caste dirige, et donc quel programme est mis en oeuvre ? Celui de la révolution ou celui de la contre-révolution ?
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Message par abounouwas » 16 Déc 2010, 15:18

si en effet on n'apprend pas grand chose sur le mépris que diplomates et politiciens bourgeois cultivent dans leur milieu pourri, on lit en revanche avec plus d'intérêt les petits papiers qui donnent à voir les groupes "tapis" derrière les puissances impérialistes, comme le Français Bouygues :

a écrit :
WikiLeaks : le paradis turkmène de Bouygues
LEMONDE | 12.12.10 | 22h50  •  Mis à jour le 14.12.10 | 08h59

Le groupe Bouygues a un paradis : le Turkménistan. Dans cette dictature hermétique d'Asie centrale de type sultaniste, où le président Saparmourat Niazov avait développé un culte de la personnalité ahurissant, l'architecture grandiose est un outil de propagande. Après la mort de Niazov en 2006, l'arrivée au pouvoir de Gourbanguly Berdymoukhamedov n'a guère changé la donne.

L'ambassade américaine à Achgabat évoque, dans les télégrammes diplomatiques américains obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde, le statut privilégié de Bouygues. Frappé par la crise économique, le groupe industriel a même relocalisé un nombre important de ses employés au Turkménistan.

Selon un cadre de Bouygues cité dans un câble du 4 janvier 2010, "la plupart des opérations internationales de la société française" ont fermé ou fortement réduit leurs effectifs, citant les Caraïbes et la Russie. Reste le Turkménistan et sa "demande insatiable" de chantiers, qui réclamerait un million de m² de marbre par an. Selon ce cadre, "la plupart des 450 expatriés français de Bouygues sont arrivés récemment, au cours des neuf mois précédents".

UN ACCÈS PRIVILÉGIÉ

Dans un remarquable ouvrage, Turkménistan (CNRS éditions, 2010), le chercheur Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, qui a été en poste à l'ambassade de France à Achgabat, explique qu'"entre 1994 et 2010, Bouygues a réalisé une cinquantaine d'ouvrages pour un montant de plus de 2 milliards d'euros". Ce groupe et son concurrent turc Polimeks se partagent presque tous les grands chantiers au Turkménistan, sans appels d'offres. Chaque ministère doit utiliser ses revenus pour lancer ses chantiers. "On est obligé de se demander pourquoi autant d'argent est dépensé dans la construction, d'autant que de nombreux immeubles demeurent largement inoccupés, écrit l'ambassade des Etats-Unis. De grosses sommes d'argent doivent tomber au travers des échafaudages des projets de construction dans toute la ville."

Un responsable de Bouygues ne dit pas autre chose aux Américains, le 18 janvier 2009. Il explique, relate le câble, que "170 employés vont travailler dans le nouveau ministère de la communication, qui contient 15 000 m² d'espace de bureaux".

Le 27 février 2009, l'ambassade américaine s'interroge sur la façon dont Bouygues et Polimeks ont obtenu les faveurs du pouvoir. Selon le câble, "les sociétés étrangères voulant se lancer dans les affaires dans le pays ont deux façons pour mettre un pied dans la porte : au travers de relations personnelles avec des individus qui ont accès au président ou quelqu'un au sommet, ou bien via des contacts gouvernementaux officiels, bilatéraux, au nom de l'entreprise". Cet accès privilégié a un prix, bien sûr, "sous forme de cadeaux", souligne l'ambassade.

Dans un télégramme du 14 décembre 2007, l'ambassade notait que "la corruption et le népotisme demeurent des problèmes au Turkménistan, et les sociétés turque et Bouygues ont particulièrement réussi dans l'industrie lucrative de la construction car ils ont maîtrisé l'environnement local des affaires".

UNE "AMBASSADE SÉPARÉE"

Un diplomate étranger très bien informé, explique l'ambassade américaine, assure que certains entrepreneurs étrangers payent pour être présentés au président. Selon lui, ce prix "a augmenté de 10 % à 15 % depuis la mort de Niazov". "Il a aussi affirmé que les prix des contrats de construction sont très élevés car les entreprises de construction doivent ajouter 20 à 30 % à leurs offres juste pour assurer les pots-de-vin", du sommet de l'Etat jusqu'au dernier sous-traitant. Selon ce diplomate, le président Berdymoukhamedov multiplie les chantiers "pour amasser des richesses personnelles".

L'attitude des autorités françaises au Turkménistan paraît ambiguë aux Américains. Dans un câble du 17 avril 2006 sont rapportés les propos d'un diplomate français. Celui-ci confie que Bouygues constitue à Achgabat une "ambassade séparée", illustrant ainsi, selon le télégramme, "la façon dont l'ambassade française se distancie de Bouygues, quand ça lui convient. D'un autre côté, l'ambassade de France ne s'engage pas sur les questions de liberté religieuse ou des droits de l'homme, pour ne pas compromettre [les contrats de] Bouygues".

Toutefois, le paradis turkmène n'est pas toujours commode. En janvier 2010, un cadre de Bouygues confie aux diplomates américains sa "frustration" devant le "manque d'apport saisissant", côté turkmène : les clients n'ont pas d'avis esthétique et pratique, ni d'exigences précises.

Exemple : le nouveau complexe universitaire. Bouygues s'est renseigné auprès de campus européens, pour étudier la disposition des équipements, des salles, des résidences étudiantes. Hélas, les traditions locales demeurent puissantes. Malgré l'ouverture de cuisines ultramodernes, explique le cadre de Bouygues, "les Turkmènes vont et cuisinent dans la cour dans leurs kazans traditionnels, comme ils l'ont toujours fait".

"TANT QUE L'ARGENT COULERA"

Autre difficulté : les visites effectuées sur les chantiers par le président Berdymoukhamedov. A chaque fois, une demi-journée de perdue, au bas mot. Les ouvriers doivent être invisibles et les grues repositionnées, pour qu'"aucun sniper ne puisse les utiliser" comme poste de tir.

L'ambassade américaine surveille de près l'entreprise française. Elle s'enquiert de ses projets, parle à ses employés, guette un essoufflement en raison de la crise. Le 20 avril 2009, un expatrié lui rapporte qu'une "ambiance terrible" règne au sein de la société, après le renvoi d'un employé. Cette tension, selon les Américains, est compréhensible. Le risque pris par Bouygues "est très élevé au Turkménistan, car il n'a qu'un seul client : le gouvernement". Un simple retard de paiement peut provoquer un problème de liquidités.

D'autant que, rapporte en janvier 2009 un responsable de Bouygues aux Américains, "de plus en plus de ministres [turkmènes] développent une aversion contre l'entreprise".

Malgré ces difficultés, Bouygues continuera ses chantiers monumentaux, "tant que l'argent coulera", estime l'ambassade américaine.
Piotr Smolar
Article paru dans l'édition du 14.12.10


En 2005 à Ashgabat, le président turkmène Saparmourat Niazov et Martin Bouygues.



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