mouvement populaire et répression à Mayotte

Dans le monde...

Message par com_71 » 29 Sep 2011, 20:16

a écrit :Heurts lors de manifs à Mayotte

AFP  Publié le 27/09/2011 à 19:37

Des incidents ont fait cinq blessés légers aujourd'hui en marge de manifestations qui ont réuni entre 900 et 3.500 personnes contre la vie chère à Mamoudzou, la capitale de Mayotte. Les syndicalistes ont dénoncé des provocations des forces de l'ordre qui, voulant à tout prix disperser la foule, ont lancé des fumigènes puis des gaz.

La police de son côté a indiqué avoir dû utiliser des bombes lacrymogènes à la suite de jets de pierre par des jeunes de Kaweni, un des quartiers sensibles de Mayotte.
Parmi les cinq blessés figure un agent de la brigade anti-criminalité (BAC).

Les manifestations ont rassemblé entre 900 personnes selon la préfecture, et 3.500 personnes, selon les organisations syndicales, en particulier le secrétaire général de la CGTMa Salim Naouda. Les organisations syndicales et les associations des consommateurs avaient lancé une grève générale contre la vie chère à partir de 07H30 locales. Deux manifestations, venant l'une du sud l'autre du nord de la capitale, se sont retrouvées au centre-ville, devant l'embarcadère de la barge en Grande Terre, après avoir ralenti la circulation sans vraiment la perturber ni la bloquer.

"Tous ensemble", comme on pouvait lire sur certains tee-shirts et banderoles, les différents groupes réunis ont déferlé ensuite vers Kaweni où se trouve notamment la zone industrielle, poumon des activités économiques et sociales de l'île. Les forces de l'ordre ayant reçu l'ordre de les en empêcher, la tension a monté de part et d'autre. "Ni la police, ni la préfecture n'étaient au courant de l'itinéraire de la manifestation. Les forces de l'ordre ont donc décidé de s'opposer à toute manoeuvre susceptible de paralyser la circulation", a déclaré à l'AFP le capitaine Charmane Chamassi, responsable de la communication de la police nationale. Les organisateurs ont décidé de reconduire leur mouvement mercredi.

Par ailleurs, des syndicats d'enseignants ont relayé le mot d'ordre national de protestation contre la suppression des postes. La CGT Educ'Action, Sud éducation et FNERC ont décidé d'associer leurs revendications à celles de la lutte contre la vie chère.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par iskra » 07 Oct 2011, 17:56

Les travailleurs du 101ème département de France (en théorie et pour longtemps à écouter les camarades mahorais) n'en peuvent plus de dépenser leur salaire en une semaine dans des produits de première nécessité pendant que s'engraissent de plus en plus de patrons ayant trouvé dans Mayotte un nouvel Edorado dans l'Outre-mer. Choses rarement vues dans une des populations les plus pacifiques qui soient, des enfants gazés dans les bras de leurs mères, des jeunes gens, pour la plupart mineurs, venus soutenir leurs ainés (en majorité syndiqués CGT), frappés et coursés au milieu des bidonvilles... sous l’œil quasi amusé d'un préfet dépassé, venant de demander l'aide de ses commensaux à la Réunion, puis en "métropole"... Mais c'était sans compter sur Marie-Luce PENCHARD (une vraie créole, avec des morceaux d'UMP dedans, qui s'y connait en "îles sinistrées"... l'était à bonne école - pour ceusses qui connaissent pas : sa maman n'est autre que Lucette Michaux-Chevry, égérie de Chirac à une période pas si éloignée que ça...) La sous-ministre déclarant hier bien vouloir distribuer le RSA dans le morceau d'rchipel en guise d'apaisement... En voilà une nouvelle pour les camarades qui depuis plus de quinze jours se font casser la gueule dans leur lutte pour l'augmentation des salaires et la baisse des prix...
...
Dans la presse réunionnaise, les seuls à ne pas écrire "'émeutiers" et "casseurs" en parlant des manifestants se trouvent (encore heureux) à Témoignages (quotidien du Parti Communiste Réunionnais), dans lequel on trouve l'article suivant...

".....
Explosion sociale à Mayotte
Les Mahorais se lèvent contre la vie chère

Touchés par la crise économique et financière, les Mahorais ont décidé de descendre dans la rue afin de dénoncer la hausse du coût de la vie. Le mouvement de protestation contre la vie chère a débuté le 27 septembre, et réunit des milliers de Mahorais pour une grève illimitée.

Les organisateurs dénonçaient alors la présence policière et les dispersions au gaz lacrymogène comme de « véritables provocations » venant du préfet, Thomas Degos. La tension persiste et les négociations entre les associations de consommateurs accompagnées des organisations syndicales, et les pouvoirs publics stagnent.

La charité au détriment du développement

Les représentants des organisations sociales des salariés ont dénoncé depuis le début de la grève, le « vampirisme économique ». « Ce système irresponsable qui sous l’attraction du bas coût, exploite les fonds et les bénéfices engrangés sur notre territoire, au détriment du développement local », a déclaré la CGPME. Le syndicat a également dénoncé « cette pratique menée, tant par nos administrations, nos institutions, ainsi que par de grandes sociétés de la place, des entreprises « boites noires » et associations n’ayant pour seul objectif d’injecter leurs gains hors de notre territoire à des fins de profits personnels. Une situation qui tend à encourager les malversations, à appauvrir le marché de l’emploi mahorais et surtout, à tuer le dynamisme économique du 101e département de France ».
Préférant botter en touche, la ministre de l’Outremer, Marie-Luce Penchard, a promis le RSA au lieu d’une politique économique et sociale de fond destiné à sortir Mayotte de la crise, après la départementalisation qui vient de se faire. Cette dernière en a « appelé à la responsabilité de tous pour que le climat s’apaise », dans un message diffusé à la télévision, celle-ci assuré que "comme prévu", le RSA serait bien mis en place dans l’archipel le 1er janvier 2012.

Une économie en berne

Symbole du ras-le-bol des Mahorais, le prix des ailes de poulet est l’un des enjeux des négociations, en effet, 10 kg d’ailes de poulet, les Mabawa, valent 26,90 euros, alors que le salaire moyen à Mayotte est inférieur à 1.000 euros. Les syndicats veulent aussi des baisses du prix du gaz (31 euros la bouteille de 13 kg), de la farine, des sardines, du riz. Au cours des négociations, les syndicats ont qualifié d’exorbitantes les marges réalisées par les distributeurs, rappelle l’AFP.
La zone industrielle de Kaweni, à Mamoudzou, qui regroupe l’essentiel des entreprises est devenue une zone morte a indiqué l’AFP. En effet, des centaines de salariés ont été au chômage technique, depuis le début de la crise. La CGPME a indiqué dans un communiqué de presse que « la situation qui se présente aujourd’hui à Mayotte est le résultat d’une économie de marché sans concurrence et organisée principalement par le marché ».
Fustigeant la naïveté et l’échec des mesures gouvernementales, la CGPME a rappelé que les prix des produits alimentaires ne pouvaient baisser car en même temps les Mahorais constatent dans l’indifférence étatique la hausse des prix des carburants et autres produits pétroliers, de l’électricité. De plus, les montants de la location d’entrepôt, magasin, bureau sont intouchables, les tarifs douaniers pour d’autres produits nécessaires pour les Mahorais ont augmenté (cas des véhicules, autres produits alimentaires, vêtement, meubles...), le prix du fret qu’il soit maritime qu’aérien s’élève chaque année, et enfin les normes draconiennes imposées aux produits importés à Mayotte obligent les importateurs à se fournir à des prix trop élevés, a dénoncé le syndicat.

Céline Tabou

La répression à Mayotte va-t-elle s’amplifier ?

En grève illimitée depuis le 27 septembre, des milliers de Mahorais foulent les rues du territoire pour dénoncer la cherté de la vie. Des heurts ont éclaté et ont gagné l’ensemble du territoire poussant le préfet à demander l’aide de la police nationale à La Réunion. Des militaires se sont rendus à Mamoudzou, la semaine dernière et jeudi 6 octobre, ce sont des policiers réunionnais qui se sont envolés pour renforcer les équipes sur place.
La semaine dernière, des affrontements avaient éclaté suite aux manifestations, Mamoudzou avait été bloquée par des barrages dans toute la ville. À ce moment, les forces de l’ordre avaient renforcé leur dispositif et procédé à plusieurs interpellations pour agression et rébellion.
La grève illimitée et justifiée des Mahorais s’est par la suite transformée en rébellion, pour reprendre les termes de certains médias réunionnais. Cependant, l’Intersyndicale a à plusieurs reprises dénoncé les violences faites par les forces de l’ordre sur les manifestants. Aujourd’hui, la situation reste tendue et les manifestants sont décidés à faire entendre leur voix pour que ces hausses cessent.

Les Mahorais veulent l’égalité maintenant, pas dans 50 ans

Depuis cette année, Mayotte est devenue le 101ème département. Cette intégration dans la République amène de nouveaux droits, c’est-à-dire l’égalité avec les autres citoyens de la République.
Le 19 mars 1946, La Réunion devient un département. Selon la loi, l’égalité doit être appliquée le 1er janvier 1947. Dans les faits, les Réunionnais durent lutter pendant 50 ans pour que les lois sociales de la France s’appliquent à La Réunion.
Paris refuse aux Mahorais cette égalité, et veut imposer un rattrapage progressif. Le RSA, ce ne sera pas avant le 1er janvier, et il sera inférieur au RSA perçu en France et à La Réunion.
Cette inégalité porte en elle les ferments de l’explosion sociale. Plutôt que la répression, le gouvernement doit répondre positivement aux revendications en appliquant l’égalité..."
iskra
 
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Message par yannalan » 08 Oct 2011, 10:29

On peut pas demander à être une colonie et en refuser les conséquences inéluctables. Faut choisir.
yannalan
 
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Message par iskra » 08 Oct 2011, 20:51

Yanalan..
Soit moins lapidaire... Tu veux dire que la population mahoraise dans sa majorité a réclamé la départementalisation ? C'est vrai... Mais elle n'a jamais réclamé la "colonie"... Ya quand même des différences... Ça fait longtemps que ce morceau de l'archipel des Comores est colonisé (plus d'un siècle et demi) par la France. Les mahorais ne l'on pas demandé. Ils ont subis comme ils subissent aujourd'hui encore le poids de la France néo-coloniale chez eux.
La départementalisation n'est certes pas un véhicule révolutionnaire ou d'émancipation pour les mahorais mais c'est pour eux une manière de revendiquer les mêmes droits que les "français de France", puisque la France elle-même s'acharne à dire que leur île est Française (Ce que réfute l'ONU).
iskra
 
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Message par Vania » 08 Oct 2011, 21:51

Un communiqué des militants réunionnais de Lutte Ouvrière sur les luttes en cours à Mayotte.

a écrit :SOUTIEN À LA POPULATION MAHORAISE

Lutte Ouvrière est solidaire avec les travailleurs et la population mahoraise qui manifestent contre la vie chère à Mayotte et réclament la baisse de certains produits de consommation courante. Lutte Ouvrière dénonce également l’emploi de la force contre les manifestants.

En quatre ans le coût de la vie a augmenté de 60 % à Mayotte, alors qu’il a officiellement augmenté de 15 % à la Réunion et de 5 % en France métropolitaine.

Cette situation scandaleuse, et catastrophique pour la population mahoraise, est non seulement due aux prix exorbitants pratiqués par les capitalistes de la distribution, notamment ceux des grandes enseignes, mais aussi à la politique de l’État français qui applique un régime spécial en matière de droits sociaux à ce 101ème département français.

Il est en effet injuste que le smic mahorais soit inférieur de 15% au smic français pour une même durée de travail hebdomadaire et que des prestations sociales ne soient toujours pas appliquées dans leur intégralité.

La population mahoraise a donc mille fois raison de se battre pour l’augmentation de son pouvoir d’achat. Et elle doit avoir notre total soutien.

Jean-Yves PAYET


Le lien : http://www.lutte-ouvriere.org/en-regions/l...ation-mahoraise

Pour la réponse d'Iskra, entièrement d'accord. Que les travailleurs de Mayotte réclament les mêmes droits que leurs frères exploités de la métropole, c'est la moindre des choses.
Vania
 
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Message par artza » 08 Oct 2011, 22:14

(yannalan @ samedi 8 octobre 2011 à 11:29 a écrit :On peut pas demander à être une colonie et en refuser les conséquences inéluctables. Faut choisir.

Les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes.

Ils ont donc droit à l'indépendance et à leur propre Etat si ils le désirent.

Mais ça n'implique pas l'obligation d'indépendance, comme le droit au divorce n'implique l'obligation de divorcer...C'était grosso-modo la position de Lénine et celle de l'Inter. communiste.

La population mahoraise a sans doute crue tirée le gros lot en s'imaginant accéder par ce moyen au niveau de vie européen et échapper au niveau de vie malgache!

Ils se sont fait rouler dans la farine, ils s'en rendent compte et revendiquent, c'est très bien.

Pour mémoire bien des "indépendances" africaines du Sénégal au Congo concoctées par De Gaulle furent (et sont) aussi autant de roulades dans la farine.

Départementalisation, autonomie, indépendance, c'est comme toutes les gamelles.
Il faut lever le couvercle pour juger du contenu.
artza
 
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Message par yannalan » 09 Oct 2011, 10:40

Ils en ont le droit, mais c'est aussi la moindre des choses de mesurer les conséquences.On a un gouvernement qui achète des populations et leurs votes à coups de primes et d'allocs, qui les formate à la métro, j'en passe et des meilleures.
Faire de la départementalisation une revendication quasiment progressiste, c'est complètement tiré par les cheveux.
Maintenant , bien sûr qu'il faut lutter.
yannalan
 
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Message par isao » 09 Oct 2011, 10:40

Infos mises en ligne sur le site de la tendance CLAIRE du NPA http://tendanceclaire.npa.free.fr

[B]Grève générale à Mayotte : les travailleurs imposent leur volonté aux bureaucrates
Brève publiée le 09 octobre 2011

A Mayotte, une grève générale contre la vie chère paralyse le pays depuis 10 jours : ma


A Mayotte, une grève générale contre la vie chère paralyse le pays depuis 10 jours : manifestations, affrontements avec la police coloniale. La population est déterminée à obtenir satisfaction. Les bureaucrates syndicaux qui font tout mettre fin à la grève ont été contraints de faire marche arrière. Ci dessous quelques articles de presse.

http://www.malango-actualite.fr/article/ma...lation-7874.htm

Les représentants syndicaux et associatifs sont sortis vers midi d'une nouvelle séance de négociations pour présenter le projet de protocole qu'ils venaient de rédiger avec les représentants de l'état, du conseil général et les distributeurs. C'est non.

Au terme d'une nouvelle matinée de négociations, les représentants des syndicats et associations de consommateurs ayant déclenché la grève illimitée qui paralysie Mayotte depuis plus d'une semaine ont présenté le projet de protocole qu'ils venaient de rédiger à la population venue en masse sur la place de la République (parvis du comité du tourisme).

Devant le refus sans appel de la population des propositions qui leur étaient faites, les syndicalistes ont changé leur fusil d'épaule et ont, finalement, refusé également de signer le protocole qui avait reçu l'approbation de tous les participants.

Les pourparlers reprennent cet après-midi à 14h30 alors qu'une manifestation s'est immédiatement mise en place, dans le calme.

http://www.malango-actualite.fr/article/ma..._greve-7876.htm

A trop vouloir jouer avec le feu, on se brûle… C’est la leçon du jour que vont pouvoir méditer les syndicalistes. Car après avoir plus que mollement géré un mouvement dont l’ampleur les a servi pour donner du poids aux négociations, les leaders syndicaux n’arrivent plus à reprendre la main : après 22 heures de négociations avec le patronat et les représentants de l’Etat (préfecture et DIECCTE), une proposition dont ils étaient plutôt satisfaits en matinée a été rejetée par le millier de manifestants massés sur la place de la République.

Sans avoir ni dormi ni mangé, les leaders syndicaux, épuisés ont commenté à leur base, de manière factuelle, trop sans doute, les propositions nées de la concertation de la veille. Un tel investissement humain, tant de leur côté que de celui du patronat ou de l'État aurait mérité une plus large défense des avancées, et non une obéissance immédiate dès que quelques uns d’entre eux eurent levé le poing « on veut plus d’effort du côté de la grande distribution ». Boinali Said Toumbou (Cisma CFDT), bien qu’exténué, parvint pourtant à faire rassoir la foule de plus de 1000 manifestants qui écoutèrent de nouveau en silence, mais ne défendit pas assez vigoureusement certains prix qui pourtant ont bien baissé.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2011...84235_3224.html

Mamoudzou, envoyé spécial - Les négociations ont été suspendues à Mamoudzou, vendredi 7 octobre, entre les représentants des manifestants et une dizaine de chefs d'entreprises de la grande distribution, après 26 heures non-stop, sous la houlette du préfet Thomas Degos.

Les avancées obtenues - la proposition de baisse des prix d'une dizaine de produits jugés de première nécessité comme le poulet, le riz, la farine, le lait, l'huile, mais aussi le sable, le ciment, le gaz, l'électricité… - n'ont pas suffit aux centaines de personnes rassemblées sur la place de la République, ainsi nommée lors de la création du 101ème département le 31 mars dernier.

Depuis la 1ère manifestation contre la vie chère du 21 septembre, à l'appel de l'intersyndicale composée de la CGT, CFDT, FO et deux associations de consommateurs, les rues de Mamoudzou, puis désormais de toute l'île sont paralysées. Les négociations ont été entamées le 29 septembre, après des échauffourées la veille, et depuis se poursuivent à un rythme intense, sans succès. Les barrages paralysent désormais toute l'île.

LE POIDS DU SECTEUR PUBLIC

Car le problème est plus profond. Dans ce nouveau département, le salaire minimum a doublé en 7 ans, pour atteindre 80 % du smig net, tandis que les prix ont augmenté de "seulement" 40 % sur cette période. Mais seules 30 000 personnes travaillent, sur plus de 200 000, et seuls 4 "revenus sociaux" sur 22 sont en place, avec le RSA prévu à 25 % seulement à partir du 1er janvier 2012.

Un "ancien" vit avec 150 à 300 euros par mois, les handicapés sont encore à l'abandon, un chômeur ne perçoit aucune allocation et chaque travailleur doit faire vivre plus de six personnes. Sur ce point, le jeune président du conseil général Daniel Zaïdani (centre-gauche) élu en mars dernier a encore demandé vendredi soir au gouvernement, lors d'une allocution télévisée très suivie sur les télévisions locales, que le taux de RSA versé à partir du 1er janvier prochain soit passé des 25 % prévus à 50 % du montant alloué en métropole.

A Mayotte, le secteur public occupe par ailleurs la moitié des salariés, mais les agents des collectivités locales sont à 80 % des agents de catégorie C. Ils ont été essentiellement embauchés pour des raisons familiales ou politiques, souvent à chaque élection, et ne sont pas capables d'assurer leurs missions. Cette situation a été assumée par les élus qui revendiquaient ces "embauches sociales", à défaut de toute autre prise en charge.

Le souci est que ces agents ont été intégrés dans la fonction publique territoriale lors du passage au département, la charge salariale a alors augmenté de 30 %. Le conseil général, les mairies et autres syndicats intercommunaux se retrouvent avec 80 % de leurs budgets en moyenne qui doivent servir aux frais de fonctionnement, essentiellement les salaires. Certains n'ont même plus assez de recettes pour couvrir leurs dépenses obligatoires. Ces instances ont alors sabré dans toutes les dépenses d'investissement, mais aussi tous les soutiens aux associations d'insertion, sportives, sociales, les activités culturelles, les aides à l'économie, d'où une raison de plus à la grogne actuelle.

LES COMMUNES SANS MOYENS

Le conseil général a ainsi renvoyé le Cirad et le Conservatoire national des arts et métiers ces derniers mois, faute de pouvoir assumer sa légère participation. Sur les dix-sept communes de l'île, une dizaine est actuellement sous tutelle, suite aux décisions de la Chambre régionale des comptes, et surtout le conseil général, dont le budget 2011 a été arrêté par le préfet il y a à peine deux mois et qui a accumulé un déficit qui se monte désormais à 65 millions d'euros.

Mayotte vit une transition, un changement de société, voulu par la population et rappelé lors du référendum de 2009 pour le département où le "oui" l'avait emporté à 95,2 %. Mais à défaut de fiscalité locale, les communes n'ont pas de moyens,. L'an passé, 46 millions d'euros d'investissements prévus n'ont même pas pu être réalisés, faute de compétences dans les services : 59 % des agents ont un niveau d'école primaire avait révélé une récente étude du CNFPT.

"Il faut qu'il y ait des agents de catégorie A et B qui amènent une expertise financière et juridique", s'était même permis le préfet. L'investissement public est devenu très limité et les collectivités publiques ne peuvent même plus honorer les dizaines de millions d'euros de dettes qu'elles ont contractées auprès des entreprises locales, qui souffrent jusqu'à fermer. La situation est donc très difficile pour le nouveau département.

Un vrai plan de développement économique, avec un appui à la production locale, a bien été intégré dans les négociations, mais faute de moyens cet espoir risque de rester lettre morte. Le fonds de développement économique et social de 30 millions d'euros sur 3 ans, déjà prévu en 2001, devrait bien voir le jour, mais sera-t-il à la hauteur des espoirs du nouveau département qui a vraiment besoin d'un soutien fort de l'Etat ?

Le Pacte pour la départementalisation, transmis à tous les Mahorais par Nicolas Sarkozy, prévoit bien une mise à niveau "sur 25 ans", mais les Mahorais attendent un geste concret.L es négociations reprendront samedi, mais l'approvisionnement en carburant et en nourriture commence à poser de sérieux problèmes aux familles. Combien de temps l'île pourra-t-elle tenir ?
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Message par isao » 12 Oct 2011, 01:29

MAMOUDZOU (France), 11 oct 2011 (AFP) - De nouvelles manifestations, dont l'une a réuni dans l'après-midi 1.500 à 2.000 personnes, se sont déroulées mardi à Mamoudzou, à la troisième semaine d'un mouvement de protestation contre la vie chère à Mayotte, alors qu'un gendarme, auteur d'un tir de flash-ball qui a provoqué la perte d'un oeil d'un enfant, a été mis en examen.

Une centaine de personnes ont quitté la manifestation de l'après-midi, qui se déroulait dans le calme, pour piller l'entrepôt d'une grande surface dans la zone industrielle de Kawéni. Les gendarmes sont intervenus et il n'y a pas eu blessés.

Dans la matinée, un cortège d'environ 500 manifestants avait déjà sillonné les rues de Mamoudzou sans que les forces de l'ordre n'interviennent.

A Paris, la ministre de l'outre-mer Marie-Luce Penchard a assuré que "tout était fait pour établir le dialogue" alors que "le conflit est (dans) une impasse", et a "des conséquences désastreuses sur l'économie mahoraise".

La ministre a aussi dénoncé "une violence inacceptable de ceux qui en profitent pour casser".

"Nous étions presque arrivés à un accord puisque le protocole préparé avec les organisations syndicales devait être signé vendredi dernier", a dit Mme Penchard devant l'Assemblée nationale. "Visiblement d'autres éléments plus politiques sont entrés en ligne de compte, qui s'éloignent de la revendication initiale", a-t-elle ajouté, sans donner de précision.

De son côté, le président du conseil général de Mayotte, Daniel Zaïdani (DVG), a demandé "solennellement" à Nicolas Sarkozy d'"intervenir" pour que l'Etat apporte "des réponses claires", "avant qu'il ne soit trop tard".

Soulignant que Mayotte était "le territoire de la République où les revenus moyens par habitant sont les plus bas et les prix les plus hauts", il a déploré que les moyens de la transition de ce nouveau département (le 101e depuis mars, ndlr) "ne (soient) aujourd'hui ni mis en oeuvre ni prévus".

M. Zaïdani a sollicité également un entretien avec M. Sarkozy, "afin de dessiner ensemble les voies d'un dialogue apaisé et dans l'intérêt de tous".

Le président du groupe socialiste du Sénat, François Rebsamen, a demandé de son côté au gouvernement de cesser de considérer Mayotte "comme un département au rabais".

La mise en examen lundi soir d'un gendarme soupçonné d'être l'auteur d'un tir de flash-ball ayant occasionné la perte d'un oeil d'un garçon de 9 ans, a été révélée mardi, de source judiciaire.

Le militaire, placé en garde à vue lundi, a été mis en examen pour "violences avec arme, sur mineur de 15 ans, par personne dépositaire de l'autorité publique, dans l'exercice de ses fonctions", a précisé la même source, ajoutant qu'il avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

L'enfant, transféré au CHR de La Réunion, "a perdu l'usage d'un oeil", avait précisé lundi le procureur de Mamoudzou, Philippe Faisandier.

Le mouvement contre la vie chère à Mayotte, qui a commencé il y a trois semaines, est accompagné de manifestations plus ou moins violentes. De nombreux barrages routiers paralysent la circulation.
isao
 
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Message par com_71 » 12 Oct 2011, 13:38

(yannalan @ samedi 8 octobre 2011 à 11:29 a écrit : On peut pas demander à être une colonie et en refuser les conséquences inéluctables. Faut choisir.
On a le droit de préférer le drapeau rouge à celui de Frantz Fanon et de Lumumba.

D'ailleurs les peuples ont fait l'expérience de l'indépendance sous la direction de la bourgeoisie et, s'il faut choisir, on ne peut pas leur jeter la pierre d'avoir pour certains choisi la départementalisation.
Ce qui leur a, n'en déplaise à Yannalan, permis de récupérer une - petite - partie de ce qui leur avait été volé par le colonialisme.

Les nationalistes sans état ne s'en remettent pas, et en ont tiré comme leçon qu'il leur fallait ne pas être en retard pour picorer dans la mangeoire.

Yannalan, comme d'habitude, ton "trotskysme traditionnel" t'amène à te détourner sentencieusement de ceux qui entrent en lutte.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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