Mozambique : cyclone Idai

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Mozambique : cyclone Idai

Message par Plestin » 22 Mars 2019, 12:53

Le centre du Mozambique a été la proie d'un violent cyclone qui, survenant dans une région particulièrement pauvre et démunie d'infrastructures, a fait de très nombreux morts et détruit en grande partie la 2ème ville du pays, Beira. Les campagnes alentour sont noyées. Les pluies diluviennes ont également fait des dégâts dans le sud du Malawi (où un barrage menace de céder) et l'est du Zimbabwe.

Ici, un article de TV5 Monde du 21 mars 2019 :


https://information.tv5monde.com/afriqu ... one-291287

Au Mozambique, le grand hôpital de Beira à l'agonie après le passage du cyclone


En bottes, il déambule lentement, comme anéanti, dans les couloirs inondés de l'hôpital de Beira, au Mozambique, dévasté la semaine dernière par un cyclone. Le toit est éventré, des lits trempés, des murs craquelés, l'odeur nauséabonde.

"On n'a pas d'autre choix, explique l'administrateur de l'hôpital Abu Julio. Soit on envoie les malades chez eux, soit ils restent ici dans ces conditions", ajoute-t-il en traversant des chambres occupées.

Situé à une centaine de mètres du front de mer, l'hôpital de Beira, deuxième ville du Mozambique, a pris de plein fouet les vents de près de 200 km/h qui se sont abattus sur la région, dans la nuit du 14 au 15 mars.

Plus de 60% de l'hôpital a été totalement ou partiellement détruit, estime Abu Julio.

Plusieurs bâtiments de l'établissement en dur sont éventrés. Des tôles tordues gisent dans la cour boueuse de l'hôpital à la façade jaune paille.

La réserve de sang a été détruite aux trois-quarts. "C'est un énorme problème, puisque l'hôpital central de Beira fournit également du sang aux autre hôpitaux de la région", prévient Ana Tambo, directrice de l'établissement.

Dans les bureaux, les ordinateurs sont détruits, les dossiers trempés.

"Toutes les pièces sont inondées. On ne devrait pas opérer car les conditions minimales ne sont pas requises", explique le chirurgien Carlos Quittino.

Pourtant, l'hôpital pratique encore des césariennes. "Les risques d'infection sont élevés", admet le médecin. Mais il n'y a pas d'autres options.

- Pas d'électricité -

Toutes les consultations externes ont été annulées pour se concentrer sur les blessés du cyclone, plus de 1.400 selon un dernier bilan officiel.

Idai a fait au moins 242 morts, et 15.000 personnes doivent encore être secourues de toute urgence, selon les autorités.

"On est très inquiets car on reçoit des blessés des zones inondées" dans un hôpital inadapté, explique Ana Tambo.

Mercredi, l'hôpital a accueilli 48 patients de Buzi, l'un des districts les plus affectés. "Sur une période de cinq jours, on table sur l'arrivée de plus de 1.000 patients", ajoute-t-elle.

"C'est compliqué. On n'a plus d'électricité depuis le cyclone. On a cinq générateurs, mais ce n'est pas suffisant (...) et nos réserves de carburant sont au plus bas."

Mercredi, "on a reçu 1.000 litres de la Croix-Rouge, mais tout a disparu en une journée. On a besoin de plus pour sauver des vies", demande la directrice.

L'école d'infirmières et des laborantins, située dans l'enceinte de l'hôpital, n'a pas non plus été épargnée. Seule sa bibliothèque a survécu miraculeusement.

Une centaine d'étudiants devaient être diplômés en juillet. Le cyclone chamboule tout.

"Ca va poser un sérieux problème non seulement pour la ville de Beira, mais aussi pour l'ensemble de la province car des hôpitaux locaux attendent des gens que l'on forme ici", prévient le directeur de l'école, Kizito Comissario.

Dans Beira, les rescapés pleurent leurs morts et des familles enterrent leurs proches.

Des hommes et des femmes, pieds nus, chaussures à la main, se fraient un passage dans un cimetière inondé aux arbres mutilés. Au soleil couchant, ils mettent en terre un cercueil noir et plantent une croix de bois clouée à la hâte.

Par Joaquim NHAMIRRE




Ici, un reportage de CNN en images ; la grande majorité des destructions de maisons concerne l'habitat précaire :

https://edition.cnn.com/videos/world/20 ... n-orig.cnn

Sur cette vue (panoramique) de Beira sur Google Maps, on distingue au fond une vaste zone d'habitat précaire, autrement dit des bidonvilles :

https://www.google.com/maps/@-19.818830 ... 000!8i7000

Sur cette autre vue panoramique, prise sur la côte au Nord de Beira, on voit bien qu'il s'agit d'une côte basse et marécageuse en temps normal, très exposée aux intempéries qui viendraient de la mer :

https://www.google.com/maps/@-19.788631 ... 000!8i7000
Plestin
 
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Re: Mozambique : cyclone Idai

Message par Plestin » 24 Mars 2019, 11:44

Pour l'instant, 417 morts et 1.528 blessés au Mozambique selon le ministre de l'environnement. Au Zimbabwe voisin, 259 morts et près de 200 disparus. Les autorités et les ONG dans les deux pays s'accordent pour dire que le bilan final sera bien plus élevé, car de vastes régions rurales ont été touchées (sur 3.000 km2 au Mozambique).

Il y a eu beaucoup de blessures causées par les plaques de tôle servant aux habitations des bidonvilles, qui ont été soulevées par le vent.

Autour de Beira, il y a 380.000 sinistrés et c'est désormais la crise alimentaire et les épidémies qui menacent.

Ici, un reportage de TV5 Monde sur la situation au Mozambique et au Zimbabwe :

https://information.tv5monde.com/video/ ... u-zimbabwe
Plestin
 
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Re: Mozambique : cyclone Idai

Message par Plestin » 26 Mars 2019, 14:05

TV5Monde Info du 26 mars 2019 :

Au Mozambique, les petits paysans dévastés après la destruction de leurs récoltes

Par Nicolas DELAUNAY
AFP


Le soleil tombe sur le village de Begaja, dans le centre du Mozambique. Ruca Mutana arpente une nouvelle fois, comme incrédule, ses champs, en quête de rares épis de maïs ayant survécu au cyclone Idai et aux inondations qui l'ont suivi.

De part et d'autre du chemin qui le ramène chez lui, les plants de maïs s'étendent à perte de vue, dans des terrains boueux, mais plus aucun ne tient debout.

Tous sont au sol, orientés dans la même direction, celle du vent lorsque qu'Idai a balayé dans la nuit du 14 au 15 mars cette région du centre du Mozambique faisant au moins 446 morts.

"Il y a d'abord eu le cyclone, qui a fait plier les maïs, mais ce n'est pas tout", explique Ruca Mutana, 50 ans, casquette bleue sur la tête. "Il y a ensuite eu les inondations qui ont tué ce qui restait".

Plus loin, des cannes à sucre ont subi le même sort. Un peu plus loin encore, du sorgho. Même constat accablant.

"On devait récolter le maïs dans quelques semaines, mais tout a été détruit, je ne sais pas ce qu'on va pouvoir manger dans les prochains mois", se lamente Ruca Mutana.

Le cyclone Idai ne pouvait pas plus mal tomber. Rica Mutana devait récolter son maïs en avril.

Au total, environ 400.000 hectares de récoltes ont été détruits par les inondations dans le seul Mozambique, pays très pauvre d'Afrique australe.

"Le cyclone s'est produit juste avant la saison des récoltes", explique Gerald Bourke, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM).

"C'est particulièrement difficile pour ce pays qui a un taux de malnutrition très élevé. 42% des enfants sont constamment mal nourris", ajoute-t-il à l'AFP.

A Begaja, les arbres plantés dans les champs témoignent de l'ampleur de la crue. Des herbes et plantations emportées par les eaux sont accrochées aux branches, jusqu'à trois mètres parfois de hauteur.

Les poteaux électriques et les câbles alimentant le village sont désormais au sol, tutoyant les plants de maïs.

- "Comment on va faire ? " -

Selon des images satellite, les inondations ont formé au Mozambique un "océan intérieur" de 125 km de long sur 25 km de large, encore plus grand que la superficie du Luxembourg, selon le PAM.

Mais après plusieurs journées sèches, les rivières rentrent désormais dans leur lit et l'heure est au constat.

"Ici, il n'y a qu'une récolte par an, et ce sera pour l'année prochaine", prévient Ernesto Roberto Matsine, 42 ans, poussant péniblement son vélo dans le chemin boueux qui mène à Begaja.

"En attendant, je ne sais pas comment on va faire."

En pleine soudure, la pilule est dure à avaler dans cette région agricole.

En dehors des zones proches des rivières, aux sols suffisamment humides pour permettre deux récoltes par an, c'est la saison des pluies qui dicte le rythme auquel on mange.

Jorge Majuta, 37 ans, a réussi à sauver une trentaine d'épis. "Mais ils ne sont pas mûrs. Et de toute façon, ce n'est pas cela qui va nous nourrir très longtemps."

"Les besoins vont être énormes entre maintenant et la prochaine récolte en 2020", prévient le PAM, l'agence de l'ONU qui distribue actuellement de la nourriture à plus de 115.000 personnes affectées par les inondations au Mozambique.

Mais à plus long terme, les cultures vont devoir être repensées, ajoute Gerald Bourke.

"De plus en plus, les pluies vont être erratiques et les conditions climatiques extrêmes. Dans les dix à quinze prochaines années, les scientifiques estiment que les terres où sont actuellement cultivées du maïs en Afrique sud-saharienne ne pourront plus accueillir cette céréale", explique-t-il. "Il fait trop chaud, c'est trop sec."

Par Nicolas DELAUNAY
Plestin
 
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Re: Mozambique : cyclone Idai

Message par Plestin » 28 Mars 2019, 09:15

Cinq cas de choléra déjà détectés, l'épidémie est présentée par le gouvernement et les ONG comme "inévitable", 1 million de doses de vaccin sont attendues pour le week end prochain. Risques élevés également pour une recrudescence du typhus et du paludisme.

On en est à 468 morts au Mozambique mais il y a encore des centaines de disparus et certains villages ont carrément été rayés de la carte.
Plestin
 
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