Niger = Areva-Land

Dans le monde...

Message par Antigone » 25 Juil 2009, 20:55

Depuis plusieurs mois, le Niger s'enfonce dans une crise politique dont il est difficile de pronostiquer l'issue: dictature autocratique ? coup d'Etat militaire ? soulèvement populaire ? guerre civile ? catastrophe écologique et humanitaire ? Tout est possible.
La situation au Niger est intéressante à plus d'un titre. Elle est caractéristique du type de relation que le Nord entretient avec le Sud, de la guerre sans merci que se livrent la France et la Chine pour exploiter les richesses dont le sous-sol regorge, mais aussi de l'immaturité politique des peuples africains et du chemin qui leur reste à parcourir pour s'affranchir de l'emprise des bourgeoisies locales.

Quel est le pays le plus pauvre du monde ? Le Niger... ou presque.
Classé 172 ème pays sur 173 selon l’indicateur de développement humain du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). Plus de 60% de sa population vit sous ce qu'on appelle pudiquement dans les bureaux le "seuil de pauvreté".

Quel est le pays le plus riche du monde: Areva-Land !... ou presque.
Il pourrait bientôt concurrencer le Canada à la place de premier producteur mondial d'uranium.
Areva, par l'intermédiaire de la Cogema qui est devenue sa filiale, est présente au Niger depuis 1968. Elle est présentée comme le fleuron de l'industrie française. C'est le leader mondial du nucléaire. Preuve de l'intérêt stratégique qu'il y accorde, l'Etat français en détient 93% des parts. Pour les tenants du tout-nucléaire, l'uranium, c'est le pétrole du XXIe siècle. La Chine ne s'y trompe pas...

PETITE HISTOIRE DU NIGER

Le Niger est un débris de l'Empire colonial français, la défunte AOF.
Après son indépendance en 1960, le Niger est devenu une dictature oubliée, banale, mais conforme aux attentes et aux intérêts de la France-à-Fric. Dès 1961, la France s'était empressée de signer avec les gérants de cette nouvelle succursalle une série d'accords dont un, particulèrement stratégique, permettait un accès exclusif à l'uranium à un prix ridiculement bas.

En mars 1974, le président Hamani Diori commet une petite erreur. Enhardi par une quinzaine d'années au pouvoir, il se permet de discuter les prix et les quantités de minerai extraites du sous sol. On essaie de lui faire entendre raison... Mais voila que Pompidou meurt. La barbouzerie Foccard profite alors du vide politique et de la campagne présidentielle pour débarquer Diori ni vu ni connu et le remplacer par une junte militaire conduite par le colonel Seyni Kountché.

A la mort du colonel en 1987, l'armée fait le choix de libéraliser prudemment le régime, d'autoriser le multi-partisme, les mouvements civiques, des journaux moins dépendants du pouvoir. Il fait aboutir la signature d'un accord de paix avec les rebellions touaregue et touboue. En 1992, une nouvelle constitution est promulguée, largement inspirée de notre Ve République avec éléction pour 5 ans au suffrage universel d'un Président qui nomme un Premier Ministre etc.
Ce lent processus conduit en 1996 à des éléctions qui, après qu'elles aient été truquées dans un premier temps, ne permettent pas de dégager une majorité. Mince alors !
Si la démocratie doit rendre le pays ingouvernable, autant revenir aux méthodes qui ont fait leurs preuves... Un coup d'Etat porte alors au pouvoir le colonel Ibrahim Baré. Des journalistes et des dirigeants de l'opposition sont alors arrêtés (classique, pas de quoi s'affoler) mais quand le colonel se met à rechercher l'aide de son voisin lybien, cela ne va pas plaire du tout, mais alors pas du tout du tout à l'éxécutif chiraquien.
En 1999, par un heureux concours de circonstances... (hum), Baré est assassiné par un sous-fifre et la constitution de 1992 est rétablie. Cette fois, les élections permettent la victoire d'une coalition. Mamadou Tandja, un ancien colonel chef du MNSD (Mouvement National pour une Société Développée), devient Président de la République et Mahamane Ousmane, à la tête de la CDS (Convention Démocratique et Sociale), est élu Président de l'Assemblée Nationale. Les élections de 2004 confirmeront ces dirigeants à leurs fonctions.

Comme la Constitution prévoit que le président ne peut pas exercer plus de deux mandats, Tandja devrait céder son fauteuil en décembre 2009, Mais voila, il n'a pas l'intention de partir. Il a donc décidé d'arranger la Constitution a sa façon afin de pouvoir se représenter et se maintenir au pouvoir indéfiniment.
Le parlement s'y oppose ? Qu'à cela ne tienne: il le dissout. La Cour constitutionnelle l'empêche d'organiser un référendum ? il le dissout également. Après avoir fait le vide autour de lui, il s'octroie les "pouvoirs exceptionnels" qui lui permettent de gouverner par décrets et ordonnances. Pour aller au bout de son projet autocratique, il espère s'appuyer sur les chefferies traditionnelles, mais rien est acquis.

LES ODEURS D'URANIUM

Il se trouve, par une étrange coincidence (décidément !), que cette crise politique est survenue quelques jours après l'inauguration du complexe uranifère de Imouranen, le plus grand projet industriel du Niger, la plus grande mine d'uranium du monde, en présence de Anne Lauvergeon, présidente d'Areva. Quelques semaines plus tôt, Sarkozy avait supervisé un accord extrèmement important signé au mois de janvier par Areva et les autorités de Niamey.
Désormais avec le début de l'exploitation de ce gisement colossal, avec une production portée à 5 000 tonnes par an assurées pendant plus de 35 ans, Areva est à l'abri d'une rupture de stock. En 2012, la moitié du combustible des centrales nucléaires françaises viendra du Niger.

Marché "gagnant-gagnant" assure-t-on de part et d'autre.
Areva accepte d'augmenter de 50% le prix d'achat de l'uranium en provenance des gisements de Arlit... ce qui place encore ce prix très en deça des cours du marché international.
Elle consent également à "partager" les revenus de l'exploitation de Imouranen en laissant 33% à l'Etat nigérien, en échange de quoi, Niamey garantirait la sécurité de la région, aurait le cas échéant le feu vert de Paris pour entreprendre des actions punitives contre la rébellion touarègue dans le Nord du pays, des exactions que l'ONU a eu plusieurs fois l'occasion de condamner (l'Elysée faisant la sourde oreille).
Il se pourrait même que Areva ait aidé à négocier le silence de la France pour les "manquements constitutionnels" qui se sont produits depuis. La proximité des faits peut le laisser penser.

Plus d'un milliard d'euros d'investissement contre quelques milliers d'emplois...
Pour un pays aussi pauvre que le Niger, ce contrat qui engage les trente prochaines années, même s'il n'est pas équitable, est l’assurance de recettes budgétaires importantes. Car de l'argent a été mis sur la table, beaucoup d'argent, ce qui exacerbe les appétits et les ambitions.
L'argent venant d'Areva, même s'il ne représente que 33% d'un tout, ne devrait pas seulement servir à réprimer les touaregs et museler l'opposition, il permettra aussi de remplir les comptes bancaires de Tandja, de sa famille et de son entourage de confiance qu'il a pris le temps d'installer aux postes clés. Sa première épouse est impliquée dans des négociations sur les concessions de permis miniers. Leur fils négocie les ventes d'uranium à la Chine depuis Shanghai. Au Niger, tous les tripatouillages puent l'uranium.

Pendant ce temps, un pays se meurt.
Areva promettait progrès, développement et amélioration des conditions de vie. 40 ans après, le bilan parle de lui-même.
Non seulement l'entreprise française exproprie les tribus nomades de leurs terres, fait expulser les populations pauvres de leurs villages par le concours et la brutalité de l'armée nigérienne, mais elle pollue irréversiblement.

Les études de la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) réalisées sur le site de Arlit jusqu'en 2005 (c'est-à-dire tant que Areva les tolérait) ont démontrées que la contamination de l'eau était jusqu'à 100 fois supérieure aux recommandations de l'OMS.
Les déchets et les boues radioactives génèrent des poussières et des gaz qui se répandent et sont absorbés par la population, les ouvriers qui sont embauchés sans rien connaitre des risques, et le bétail.
Par ailleurs, comme l'exploitation des mines nécessite une surconsommation d'eau, Areva se sert directement dans les nappes phréatiques, asséchant les réserves en eau de toute une région qui en manque déjà cruellement: il ne pleut que un à deux jours par an...
Les conditions existantes sur le site à ciel ouvert de Arlit vont se reproduire sur celui de Imouranen dans des proportions encore plus importantes, et créer des conditions sanitaires encore plus désastreuses pour les populations qui vivent dans l'immédiate périphérie.

La rebellion touarègue, quant à elle, a repris ses opérations depuis 2007, mais elle condamne à peine cette situation. Elle essaie de monnayer ses trèves auprès du gouvernement en échange, pour les populations locales, d'une part conséquente des bénéfices tirés de l’exploitation de l’uranium. En réalité, les chefs touaregs sont prêts à se remplir les poches pour peu qu'on leur en fournisse l'opportunité. Leur pression sur le gouvernement de Niamey n'a pas d'autre but.

LE DERNIER TANGO A NIAMEY

L'attribution des pleins pouvoirs par Tandja fait l'unanimité de toutes les forces politiques contre lui, à commencer par le principal parti d'opposition, le PNDS (Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme) dirigé par Mahamadou Issoufou. Sa principale revendication est l'ouverture d'une commission d'enquête sur les concessions minières qui si elle aboutissait devrait mettre en accusation la coalition qui a dirigé le pays ces huit dernières années.

Le 5 juillet, des dizaines de milliers de personnes manifestaient dans les rues de Niamey contre le tazartché (la continuité). Quelques jours auparavant, les syndicats avaient organisé une grêve générale, la première depuis 1999. Opération ville morte. Le calme avant la tempète annonçait-on. Mais ces derniers jours, Tandja a pris une ordonnance qui permet de sanctionner les médias qui diffuseraient "des informations de nature à porter atteinte à la sécurité de l'Etat ou à l'ordre public". La grêve générale appelée pour s'y opposer a été déclarée illégale.
Bref, le ton se durcit un peu plus tous les jours, à moins de deux semaines du référendum censé modifier la Constitution. Pour le moment, le jusqu'au-boutisme de Tandja renforce a contrario le légalisme des opposants et tend à les désarmer un peu plus... mais jusqu'à quand ?

Les odeurs d'uranium empêchent l'Eysée de trop désapprouver cette dérive sous peine de laisser la Chine, bien plus disposée à fermer les yeux sur la légitimité du pouvoir, avancer ses pions et s'octroyer les largesses de Tandja.
Actuellement, tous les regards se tournent vers l'armée qui, jusqu'à présent, laisse faire et garde le silence. Il ne resterait qu’à décréter l’Etat d’urgence après la farce du référendum pour couronner le tout.

L'été à Niamey cette année pourrait être plus chaud que d'ordinaire.
Exceptée RFI, la presse passe sous silence les derniers événements au Niger. (mais qui écoute RFI ?)
Y a-t-il des manifestations prévues en France contre l'Areva-Land ?
L'Afrique intéresse-t-elle les révolutionnaires ?
Antigone
 
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Message par pelon » 25 Juil 2009, 21:46

C'est ton texte ou il est tiré de la presse ? Quand tu écris que l'été pourrait être chaud, tu veux parler de réactions de la population ?
Les derniers textes sur le Niger dans la LO :
1
2
3
4
pelon
 
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Message par Antigone » 26 Juil 2009, 12:56

a écrit :C'est ton texte ou il est tiré de la presse ?

Je l'ai écrit.

a écrit :Quand tu écris que l'été pourrait être chaud, tu veux parler de réactions de la population ?

Oui. Après le 4 août, il va forcément se passer quelque chose. Tout est envisageable.
Antigone
 
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Message par Antigone » 23 Août 2009, 20:13

Le référendum n'aura été qu'une formalité pour le pouvoir en place. Celui-ci avait pris soin de faire voter les militaires la veille afin qu'ils prennent position devant les bureaux. Précaution inutile, aucun incident n'a été constaté. Les rues de Niamey sont restées assoupies toute la journée après le passage toutes sirénes hurlantes du cortège présidentiel accompagné des dignitaires.
D'habitude, quand les gens se déplaçaient, on enregistrait entre 30 et 40% de participation. Cette fois, tous les records officiels de bourrage d'urnes ont été battus avec 68%. En réalité, pour l'opposition qui avait appelé au boycott, la participation n'aurait pas dépassé 5%.

Comme la presse française fait silence sur les événements de ses dernières semaines au Niger, voici une vidéo d'un reportage de France24 réalisé juste avant le référendum.
http://www.france24.com/fr/20090814-niger-...dent-referendum

Evidemment, Tandja n'a pas perdu de temps pour annoncer son triomphe. Fort de 92% de oui, il a promulgué une nouvelle constitution qui fixe la tenue d'élections législatives pour le 20 octobre. L'opposition qui dénonce un coup d'Etat a fait savoir qu'elle les boycotterait comme elle l'a fait pour le référendum.

Depuis le mois de mai, la crise politique s'est transformée en déni de démocratie. Mais alors que Tandja s'arrogeait tous les pouvoirs y compris militaires et judiciaires sans la moindre gêne, sans se soucier le moins du monde de la légalité, pour rester au pouvoir aussi longtemps qu'il le souhaitera, l'opposition utilisait tous les recours permis par la loi et s'empêtrait dans un légalisme qui l'amène aujourd'hui à se référer à l'ancienne constitution devenue caduque mais transformée en incarnation de la vraie démocratie.

Le 9 juillet, l'ensemble des forces politiques d'opposition rassemblées dans le FUSAD (Front Uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques) publiait une déclaration qui refusait de reconnaitre le résultat de la mascarade référendaire ainsi que le régime né de la nouvelle constitution. Communiqué envoyé à 23h. Le lendemain à 6h, son président Marou Amadou était arrêté. Il est actuellement détenu à la prison de haute sécurité de Koutoukalé, à une quarantaine de kilomètres de Niamey.

D'ici la fin du mois, plusieurs manifestations sont annoncées. Ce samedi 20 août, la CFDR (Coordination des forces démocratiques pour la république), qui réunit les syndicats et des ONG, organisait des meetings dans tout le pays. Les syndicats ont appelé à une grêve générale de 72 heures à partir du 26 août.
Pour nuancer le propos, je rappelerais que l'opposition actuelle a soutenu Tandja pendant les huit premières années de son mandat, a participé à son gouvernement et en a profité pour bien se remplir les poches pour certains, au nom d'une démocratie qui remplit bien son rôle d'écran de fumée en faisant oublier beaucoup de misère.

L'Etat français soucieux de ne pas laisser le champs libre aux appetits de la Chine (qui vient de signer un accord mirobolant de 3 milliards d'euros pour l'exploitation du pétrôle) a repris un langage conciliant qui se démarque des récentes déclarations des responsables de l'Union Européenne mais aussi de l'administration américaine qui ne reconnait plus ce régime. Le porte-parole du Quai d'Orsay a déclaré: « Nous serons très attentifs à l’organisation prochaine d’élections législatives qui doivent être transparentes justes et démocratiques ». Cette déclaration a fait bondir le petit peuple à Niamey parce que dans la situation actuelle du Niger, on ne parle plus de démocratie. La réaction des autorités françaises ressemblent à un blanc seing donné à Mamadou Tandja. Et les observateurs de rappeler que la célèbre phrase de De Gaulle « la France n’a pas d’amis mais que des intérêts » reste plus que jamais d'actualité.

La classe ouvrière nigérienne est faible, sans droits, souvent illétrée, cantonnée aux sites d'exploitation des richesses du pays. Raison de plus pour affirmer une solidarité. On attend toujours celle des syndicats d'Areva en France.
Antigone
 
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Message par Antigone » 25 Août 2009, 20:42

Samedi, des manifestations et des actions de désobéissance civile étaient organisées dans les principales villes du pays.
A Niamey, Tahoua et Tillabery, les rassemblements ont été dispersés à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. Il n'y aurait pas de mort mais plusieurs blesses. En tout 38 personnes ont été arrêtées avant tabassage parmi lesquelles le secrétaire général du FUSAD. Elles ont été placées sous mandat de dépôt.
Elles sont accusées de « participation à une manifestation illégale » ; acte puni par l’article 98 du Code pénal qui stipule que : « sera puni d’un emprisonnement de deux mois à un an toute personne non armée qui, faisant partie d’un attroupement armé ou non armé, ne l’aura pas abandonné après la première sommation. L’emprisonnement sera de six mois à trois ans si la personne non armée a continué à faire volontairement partie d’un attroupement ne s’étant dissipé que devant l’usage de la force».

C'est demain 26 août que doit commencer la grêve générale (interdite) de 72 heures...
Antigone
 
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Message par Antigone » 29 Août 2009, 20:20

Arrestation et emprisonnement d'un opposant, Morou Amadou, le 10 août dernier.

lu sur le web:
a écrit :
MOROU EN BASTILLE

Chaque despotisme a besoin d’une Bastille. Le Maroc de Hassan II eut Tazmamart, la Guinée de Sékou Touré eut le Camp Boiro, la terrible autocratie des Tsars et de Joseph Staline eut les goulags de la Sibérie, et, lorsqu’elle entra en conflit avec ses propres principes, la démocratie américaine usa de Guantanamo. Le despotisme naissant du Niger a, déjà tout préparée, la « Maison de Haute Sécurité de Koutou Kalé », aménagée sous le gouvernement pourtant apparemment civilisé de la 5ème République. A vrai dire, la Bastille de Koutou Kalé n’est pas très impressionnante, comparée aux exemples cités. C’est encore une prison assez civile, dont le régisseur (comme nous le verrons tout à l’heure) tient au respect des formes légales et cultive un sens de l’Etat devenu spectral au gouvernail du Niger. Il s’agit d’un vaste domaine ceint d’un mur de pierre de 1m50 environ de hauteur, au centre duquel se trouve une bâtisse construite dans le même matériau. Cette bâtisse contient sept chambrées plutôt étroites (3m² environ) dans chacune desquelles sont entassés une vingtaine de détenus. Elle contient également une douzaine de cellullettes de la taille environ d’une guérite de faction, qui sont destinées aux individus que les personnes au pouvoir souhaitent traiter avec une inhumanité particulière, c'est-à-dire les prisonniers politiques. Initialement programmée comme une simple prison civile située sur le fleuve, la « Maison » de Koutou Kalé a finalement été conçue comme un instrument d’oppression.

Son isolement sur un terrain ouvert sur un 1 km à la ronde, à l’écart du village de Koutou Kalé et de la route de Tillabéry, est le signe d’un dessein sinistre, que l’on ne doit du reste pas au nouveau dictateur nigérien, Tandja Mamadou, mais (selon toutes apparences) à son ancien ami et partenaire, Hama Amadou.
C’est dans cette plaisante résidence que Morou Amadou, activiste des droits humains et patriote nigérien, a été assigné, après quelques tumultueux événements que nous portons ici à la connaissance du lecteur, car ils soulignent la nature du système de gouvernement qu’on prépare pour les Nigériens.

Les tribulations de Morou ont commencé le dimanche 9 août. C’était le jour anniversaire de la Constitution de la 5ème République, et Morou le célébra en lisant une éloquente déclaration publique d’adhésion à cette constitution, à la démocratie représentative et à l’Etat de droit. C’était au Centre de Documentation de l’Association Nigérienne de Défense des Droits de l’Homme (ANDDH), à dix heures tapantes.
Le lendemain matin (lundi 10), à six heures du matin, Morou Amadou est arrêté pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et retenu à la Police Judiciaire, où il passe la nuit. Lorsqu’il comparaît le mardi 11, devant le tribunal de première instance de Niamey, le chef d’accusation est assez mystérieusement devenu « propagande ethno-régionaliste ». Les avocats de Morou n’eurent guère de mal à mettre en épingle les vices de procédure dont toute l’opération était entachée, et le juge prononça sa relaxe, vers 13h, après deux heures de débats d’audience.

Tout aurait dû s’arrêter là, dans le Niger normal d’avant. Morou devait simplement être conduit à la prison civile de Niamey pour une procédure banale et rapide, la signature des documents de levée d’écrou. Ces documents s’avérèrent cependant « introuvables ». Morou de prendre donc racine à la prison civile, tandis que (comme on s’en doute) l’entourage du dictateur s’enfiévrait pour trouver un moyen plus ou moins malin de le « chauffer ». Durant ce laps de temps, il ne lui fit même pas permis de se sustenter, en dehors de deux bouteilles d’eau minérale consommées au tribunal. En fin de compte, vers 16h, comme Morou sortait pour faire ses ablutions, des 4X4 chargés de FNIS déboulèrent devant la prison et quelques éléments en bondirent pour se saisir de sa personne, devant ses amis et des membres de sa famille éberlués.

L’un de ses amis appelle aussitôt Me Le Bihan pour le prévenir de ce qui se passait, et l’avocat eut le temps de rappliquer tandis que les FNIS s’efforçaient de disperser la foule, tout en chargeant un matelas à l’arrière d’une des 4X4. Me Le Bihan demanda aussitôt aux FNIS : « Où est-ce que vous m’amenez mon client ? » Mais ces derniers l’ignorèrent superbement, et, plaçant Morou à l’arrière d’un de leurs véhicules, démarrèrent en trombe. La scène put être photographiée et filmée, Dieu merci. Me Le Bihan (ah ! le brave homme !) sauta dans sa propre automobile et poursuivit les 4X4 des FNIS, mais ceux-ci réussirent à le semer dans la circulation, au niveau de la place de l’Assemblée. Peine perdue d’ailleurs :

Morou étant maintenant une célébrité, le pouvoir ne faisant pas dans la dentelle et la téléphonie cellulaire étant répandue, une personne de Yantala qui vit passer le convoi sur la route de Tillabéry appela les amis de Morou pour signaler le fait. On put conclure que les FNIS qui avaient enlevé l’activiste l’amenaient à la « Maison » de Koutou Kalé.
Et là, il se produisit quelque chose de fort intéressant.
Il est certain que, dans l’esprit de ceux qui règnent aujourd’hui au Niger, la loi et les règlements ne comptent plus que pour du beurre, et les Nigériens doivent s’accoutumer à vivre dans une sorte de jungle où ceux qui ont le contrôle du plus grand nombre de gros bras et de fusils peuvent n’en faire qu’à leur tête. On peut voir en tout cas que si tel n’est pas encore tout à fait le cas, tel est bien le plat amer et malodorant qui est préparé aux Nigériens. Pour l’heure, ce jour mardi 11 août, en milieu d’après midi, le sens de l’ordre et du point de principe apparut brusquement dans la personne du régisseur de la prison de Koutou Kalé, qui déclara aux FNIS ne pas pouvoir prendre un prisonnier sans ordre écrit (mandat de dépôt) du juge. Waw !
Retour du coup des 4X4 à Niamey, attente encore. Puis les FNIS sont contactés par la nébuleuse autoritaire, avec ordre de retourner à Koutou Kalé, le régisseur ayant, semble-t-il, été dûment chapitré. Néanmoins, lorsque les 4X4 reviennent à la « Maison », le régisseur s’étonne qu’ils n’aient toujours pas de papier, et refuse derechef de prendre livraison du paquet. Re-waw!
Alors, encore, retour à Niamey où, à 22h, à la prison civil, un Morou éreinté signe le document de levée d’écrou miraculeusement retrouvé, et peut appeler un de ses amis pour venir le prendre à la sortie de cet établissement. Sauf que ce qui l’attendait dehors, c’était cette fois un véhicule de la Police Judiciaire, avec ordre d’embarquement et d’interrogatoire.

Morou fait remarquer à l’inspecteur de police que 22h n’était pas, à sa connaissance, une heure légale d’arrestation, mais l’agent lui rétorque qu’il avait reçu des ordres fermes et le supplie de ne pas lui compliquer la tâche. Morou se laisse donc embarquer. Néanmoins, devant son évident état d’épuisement physique, l’inspecteur de police (encore une de ces surprenantes îles d’humanité dans un océan de barbarie) juge plus prudent de surseoir à l’interrogatoire, et décide de faire examiner Morou par un médecin. Le médecin appelé à cet effet prescrit des calmants et un repos complet, et Morou peut enfin voir la fin d’un interminable Golgotha. Au moins pour ce jour là…

Le lendemain, en effet, on lui annonce (surprise !) un nouveau chef d’accusation assez pittoresque, et fleurant bon la mauvaise foi confite : « administration d’organisation non reconnue ». Voilà bien, en effet, de quoi mobiliser la PJ, mettre des FNIS en branle et enfermer quelqu’un dans une prison de haute sécurité. Il nous avait échappé que le FUSAD était une organisation terroriste, ou peut-être une association de malfaiteurs ? Non, dites-vous, il s’agit d’une simple association de défense des droits humains ? Mince alors ! Je ne savais pas que la défense des droits humains était chose si atroce. Ah oui ! Nous sommes en « 6ème République », j’oubliais. Les droits humains n’y ont pas cour, passez votre chemin.

Pour en revenir à notre ami Morou, il passe donc la journée à la PJ, en attendant de comparaître une nouvelle fois au tribunal. Cette fois, cependant, le coup est mieux préparé. Le doyen des juges (poste politique) en personne va entendre le jeune activiste, et décide d’ouvrir une « enquête judiciaire », procédure qui permet de détenir une personne un certain temps de de la façon la plus formellement légale sans rendre justice (c’est ainsi, me dit-on en tout cas). Il faut noter que l’audience au tribunal étant prévue à 9h, une foule considérable se rassembla devant le palais de justice pour assister au procès (Vive Niamey !).

Afin de la décourager, l’heure d’arrivée de Morou fut reculée d’heure en heure jusqu’à 17h ! Néanmoins, à 17h encore il y avait foule (Ouais, décidément : vive Niamey !), et lorsque Morou descendit du véhicule de police, il répondit aux acclamations par des slogans anti-dictature clamés haut et fort. On a pu remarquer que les deux fameuses 4X4 des FNIS étaient déjà présentes sur les lieux, comme des molosses à l’attente. Signe patent que, la décision étant déjà prise à l’avance, le procès était une simple formalité. Le juge fit donc semblant d’entendre Morou et ses avocats puis ordonna son transfert à Koutou Kalé en attendant un « complément d’enquête ». Les FNIS purent repartir avec enfin ce fameux mandat de dépôt.

Le juge avait signifié à Morou qu’il devait de nouveau comparaître le 21 août. Ce jour venu donc, une grosse foule s’était de nouveau rassemblée devant le palais de justice de Niamey – à la grande fureur de la nébuleuse autoritaire. Alors, alors qu’arriva-t-il ? Eh bien, voici M. le juge qui prend sa bagnole et hop ! se rend à Koutou Kalé pour entendre Morou dans sa prison. C’est tout de même sensationnel ! Morou Amadou, grain de sable dans le moteur du rouleau compresseur de la dictature : c’est manifeste.
Ceux qui l’ont vu m’écrivent qu’il est bien traité. Il n’a pas été mis en guérite. Les prisonniers et les gardes de la prison le respectent. Ces derniers accueillent même de façon très hospitalière ses visiteurs.

Certes, il n’a pas droit au traitement de prestige réservé à Hama Amadou en son temps, mais son sort n’est pas comparable à celui d’un autre prisonnier politique moins connu, et arrêté dans des circonstances similaires, Elhadj Alassane Karfi, militant du PNDS, qui a subi des traitements abusifs et dégradants dans sa geôle.
Chaque jour qui passe rend Morou plus populaire à Niamey. Les échos me rapportent qu’il n’est bruit que de lui au Grand Marché, et avant son arrestation, des villageois venaient de la campagne pour le saluer et le remercier de sa bravoure. A l’ambassade de France – dont une bonne partie du personnel n’approuve pas le soutien apporté par Nicolas Sarkozy à la dictature nigérienne, sans oser le faire savoir publiquement – on trouve des affiches « Libérez Morou ».

En dehors du régime, les seuls adversaires qu’il rencontre sont des intellectuels nigériens qui, avec la mesquinerie qui caractérise souvent cette classe dans les petits pays d’Afrique, le jalousent et supposent qu’il « fait tout cela » pour un « poste international » ou des « gros sous ». J’ai bien envie de dire « Et même ? Et alors ? Ce sont les résultats qui comptent ! » En tout cas, c’est bien cet état d’esprit, cette absence de principes et de générosité au niveau de ceux qui pensent être « l’élite », qui expliquent la faiblesse de la résistance nigérienne à la dictature, et risquent de prolonger outre-mesure les épreuves du Niger.

M. Komé
Antigone
 
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Message par Antigone » 30 Août 2009, 20:00

La crise nigérienne prend l'allure d'un affrontement constitutionnel entre les partisans de la nouvelle république, celle instaurée autoritairement par Tandja, et les partisans de l'ancienne qui ne reconnaissent pas le nouveau pouvoir.

Le 24 août à Niamey, l'opposition, toujours plus légaliste, avaient réhabilité l'Assemblée Nationale dissoute au mois de mai. lors d’une manifestation publique réunissant plusieurs milliers de militants devant le siège du Bureau de la Délégation Régionale CDS, devenu par la force des choses le QG de la CFDR, à défaut d'avoir accès aux places publiques.

Ce dimanche, lorsque 67 députés (sur les 113 que comptait le parlement) escortés par plusieurs milliers de partisans se sont rendus vers le siège du parlement où ils comptaient se "réinstaller", ils en ont été empêche par les forces de l'ordre qui ont tenté de les disperser à coups de matraques. Des échauffourées ont alors acommencé qui se sont rapidement étendues au quartier Poudrière, dans le centre-ville.
D'après l'AFP, les affrontements ont été "particulièrement violents", grenades de gaz lacrymogènes contre jets de pierres et cocktails molotov. Plusieurs personnes auraient été sévèrement blessées.

Pendant ce temps, le pouvoir tente d'acheter la pacification aux chefs MNJ de la rebellion touarègue dont les troupes seraient à une douzaine de kilomètres d'Agadez. Il est en effet important pour les autorités d'ouvrir cette région au tourisme afin de bénéficier d'un apport financier qui compenserait en partie la suspension de l'aide internationale.

Pendant ce temps, l'Etat français observe tout cela de haut, en espérant que la dégradation de la situation ne viendra pas altérer ses intérêts stratégiques au délà d'une limite qu'il a déjà dû se fixer. Pendant ce temps, les rédactions continuent de mettre à la poubelle les dépêches en provenance de Niamey.
Antigone
 
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Message par Antigone » 13 Sep 2009, 11:23

Pour en finir définitivement avec la Ve République et permettre à la VIe de s'exercer dans les meilleures conditions après les prochaines législatives, Tandja a décidé de faire le vide dans le personnel politique. Il vient de s'en prendre aux députés de l'assemblée, aujourd'hui dissoute, qui le 22 décembre 2008 avaient refusé de lui accorder le droit de se représenter.
Depuis le 10 septembre, ces députés sont interdits de sortie du territoire.
Tous les élus sont concernés et non plus seulement la trentaine de parlementaires interpelés au début du mois, soupçonnés d'avoir détourné des deniers publics. Certains ont déjà été inculpés et placés sous mandat de dépôt pour délit de favoritisme dans des dossiers d'attribution de faux marchés publics, ou pour s'être accordés de faux frais de mission.

Parmi les députés visés, d'anciens députés de l'opposition mais aussi de la majorité présidentielle, ainsi que des fonctionnaires de l'ancienne Assemblée et des commerçants. Leur point commun est d'avoir occupé des postes à responsabilité au Parlement, ces dix dernières années. C'est à ce titre que le parquet de Niamey aurait ouvert une enquête sur les indemnités parlementaires, à la suite d'un rapport d'inspection commandé par le chef de l'État, qui révèlerait, ô surprise, des irrégularités.

Plus de 150 autres personnes devraient être entendues au cours des prochains jours dans cette affaire de détournements qui porterait sur 18 milliards de francs CFA environ (27 millions d'euros). Mais comme au Niger, tous les politiciens ont de près ou de loin participé au système mis en place par Tandja ces dernières années, il n'y a pas besoin de creuser profondément pour découvrir des preuves de corruption.
Tandja a beau jeu de préparer des procès contre des moins corrompus, des moins enrichis que lui. Cela lui fournit l'occasion de se débarrasser à bon compte de quelques uns de ses opposants... et de mettre également sur la touche quelques amis qui s'étaient jusqu'alors montrés loyaux, mais qui auraient pu devenir embarassants. Cela va surtout lui permettre d'apparaitre aux yeux de la population comme l'homme de la vertu et du juste droit. Pour cela, il peut déjà compter sur le soutien de Télé Sahel, la chaîne de télévision nationale, et des médias publics tout acquis à sa cause. Il est habile, le monsieur !

De son côté, l'opposition rassemblée dans la Coordination des Forces pour la Démocratie et la République (CFDR) peut dénoncer "une chasse aux sorcières", accuser le président de "détourner les moyens de répression de l'État à des fins de règlement de comptes politiques" et en appeller à la "résistance", ces appels ont de grandes chances de rester lettre morte. D'autant que, ne participant pas aux législatives du 20 octobre pour ne pas légitimer le coup d'Etat référendaire, elle ne semble pas avoir d'autre atout à faire valoir. Cette politique de la chaise vide n'empêchera pas ces élections d'accoucher d'une Assemblée qui ne sera qu'une chambre d'enregistrement des décisions présidentielles. Chacun parait déjà s'y résigner.

Dans les forums de discussion pourtant, des voix s'élèvent pour mettre en cause cette démocratie importée d'Europe qui ne propose qu'une autre manière d'aboutir à la même case prison. D'autres voix appellent à changer de stratégie, à abandonner les manifestations types estudiantines pour se mettre dans la logique d'une lutte politique qui s'inspirerait de celle de l'ANC pendant l'apartheid, et ne pas reculer devant des risques d'affrontements qui pourraient causer des victimes.
Ainsi cet intervenant: « je trouve ridicule qu’à chaque petite charge de la police que les manifestants fuient pour se cacher et se présenter à la fin devant les caméras de la Télé Dounia pour présenter quelques égratignures et pleurnicher en disant que la répression a été violente ! Les téléspectateurs sont habitués à voir les images des pays ou on réprime violemment ; par exemple en Guinée ou le bilan d’une journée peut s’élever à plus de 100 morts. Il faut en organisant une manifestation se dire qu’il y aura une partie qui va laisser sa vie; c’est de cette manière seulement qu’on aura la victoire sur les forces de répression ».

A quelques milliers de kilomètres plus au Sud, au Gabon, un autre pays où les habitants vivent dans une misère sans nom en dépit des fabuleuses richesses de leur "émirat", l'élection présidentielle aura servi de paravent à un coup d'Etat légal qui, comme on pouvait s'y attendre, aura permis à Bongo fils de succéder à feu Bongo père.
Une mascarade de plus... Courrier International du 11.09.09 rapporte l'exemple d'un bureau à Libreville, la capitale, avec 400 inscrits, 165 votants mais 550 enveloppes !
Les incidents qui ont suivi l'annonce des résultats auraient fait officiellement 3 morts, 15 d'après l'opposition, mais des témoignages indiqueraient que des hélicoptères de l'armée auraient jeté des cadavres par dizaines dans la mer.

En réclamant le recompte des bulletins, une vérification des p.v. et en annonçant trois journées de "ville morte" sur toute l'étendue du territoire, l'opposition gabonaise reprend les mêmes moyens de défense légalistes de l'opposition nigérienne qui ont donné les résultats que l'on sait.
Quant aux intérets français, ils ont à peine été écornés. A Port-Gentil, des installations de Total ont été prises pour cibles par les manifestants, mais rien de sérieux. Ouf de soulagement dans les rédactions.

A Airlit, les mines d'Areva ont été peu affectées par les pluies torrentielles qui se sont abattues dans la nuit du 1er au 2 septembre sur une zone touchant le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Par contre à Agadez, la digue située en amont a cédé, causant l'écroulement de quelques 3500 maisons. Plusieurs personnes, des enfants pour la plupart, ont été emportées par les eaux.
Mais au Niger, la situation est telle qu'en demandant de l'aide, on se demande si elle ne sera pas détournée avant d'avoir la moindre chance de parvenir aux populations à secourir. De plus, les routes environnantes restent peu sures en raison de la présence des forces rebelles ce qui contribue à l'enchèrissement des produits de première nécessité.
Enfin, du fait que Tandja ait reconduit pour trois mois l’état de "mise en garde" qui donne pleins pouvoirs à l’armée et à la police, on en est à espèrer que l'idée ne viendra pas à l'armée nigérienne de s'en mêler pour ne pas venir piller le peu que les habitants auront pu sauver.

Ainsi va l'Afrique...
Antigone
 
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Message par Antigone » 16 Sep 2009, 17:57

a écrit :Liberation.fr + Youphil - 15 sept. 2009

AREVA AU NIGER: LES ASSOCIATIONS DEBOUTEES

Le tribunal correctionnel de Paris a jugé mardi irrecevable l'action engagée par les Touaregs du Niger contre le leader mondial de l'industrie nucléaire civile Areva. Le directeur de la protection du patrimoine et des personnes, l'ancien amiral Thierry d'Arbonneau, ainsi qu'Areva en tant que personne morale avaient été assignés par l'association Alhak-en-Akal, défendant la société civile touareg du Niger, ainsi que par l'ONG allemande Menschenrechte 3.000.

M. d'Arbonneau était accusé de «provocation à la discrimination, à la haine et à la violence raciale» pour avoir appelé le gouvernement français à aider le Niger à «mater la rébellion des touaregs, ces hommes en bleu qui font rêver les hommes et chavirer le cœur des femmes, mais ne sont qu’une illusion », lors d'un colloque sur la "sécurité économique" organisé par le Medef à Paris, le 21 octobre 2008. Ses propos avaient été rapportés par Le Canard enchaîné du 5 novembre 2008.
Lors du procès, qui s’est déroulé en juin dernier, le responsable d’Areva s’était défendu de les avoir tenus.

Mais dans un jugement rendu mardi, la 17e chambre a considéré que les associations, enregistrées pour l'une au Niger et pour l'autre en Allemagne, n'avaient pas la légitimité nécessaire (avoir au moins 5 ans d'existence) pour pouvoir prétendre à une telle poursuite.

Joint par Libération.fr à son retour d'audience, l'avocat des plaignants, Me Jérôme Bouquet-Elkaïm, ne compte pourtant pas faire appel car il juge la décision positive : «l'irrecevabilité n'est pas une surprise, elle correspond à la jurisprudence. En revanche, Areva n'a pas obtenu les indemnités qu'elle réclamait pour procédure abusive, ce qui peut être interprété comme une reconnaissance des faits.»

D'autres actions à venir:
Il précise en outre qu'une action de plus grande ampleur est en cours contre l'Etat Français, actionnaire majoritaire d'Areva, auprès du Comité pour l'élimination des discriminations raciales, qui dépend des Nations Unies. Y sont notamment évoqués «la méconnaissance du consentement préalable des populations, leurs droits fonciers, ainsi que les déplacements forcés et la contamination radioactive du sous-sol.»

Me Bouquet-Elkaïm s'insurge d'autre part du procès en diffamation intenté contre lui par l'entreprise suite à l'article «Le lobying d'Areva pour l'uranium du Niger» publié par l'hebdomadaire Charlie Hebdo le 29 avril 2009. Dans une motion de soutien, le barreau de Rennes, dont il est membre, a dénoncé «une mesure de représailles et de déstabilisation dépourvue de substances». Contactés par Libération.fr, les représentants d'Areva n'ont pas souhaité s'exprimer.

Premier employeur privé du Niger, l'industriel français exploite dans ce pays plusieurs gisements d'uranium. Depuis début 2007, les autorités du troisième producteur mondial d'uranium sont confrontées aux actions de la rébellion touareg qui réclame une meilleure redistribution pour les populations locales des bénéfices tirés de cette exploitation. Y.L.
Antigone
 
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Message par Antigone » 13 Fév 2010, 12:41

a écrit :Challenges - 09 fev 2010

L'Elysée s'inquiète pour les positions d'Areva au Niger

Nicolas Sarkozy veut dissuader ce pays riche en uranium, où le groupe français investit 1,2 milliard d'euros dans un nouveau gisement, de se rapprocher des Chinois et des Iraniens
L'Elysée s'inquiète de la pérennité du "partenariat durable" entre Areva et le Niger, un pays riche en uranium où le groupe français investit 1,2 milliard d'euros dans un nouveau gisement.
Nicolas Sarkozy ne devrait pas se rendre à Niamey lors de son voyage en Afrique fin février qui l'amènera au Gabon et au Rwanda. Mais il y dépêchera le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner ou le ministre de l'Industrie Christian Estrosi afin de dissuader le président Mamadou Tandja de se rapprocher des Chinois et des Iraniens.


RFI - 07 fev 2010

Le Niger menacé par une crise alimentaire

En raison de l’insuffisance des pluies, Quelque 2,7 millions de personnes sont menacées par une crise alimentaire au Niger. Pour éviter la catastrophe, le gouvernement envisage la distribution gratuite sous condition des vivres aux personnes les plus vulnérables. Mais des critiques se font entendre sur la gestion de ce problème par les autorités.

Le 18 janvier 2010, le conseil des ministres a discuté des mesures à prendre pour prévenir une crise alimentaire. Depuis lors les points de presse se sont multipliés. Le porte-parole du gouvernement a ouvert le ban en annonçant le déblocage de 6 millions de francs CFA, pour l’achat de céréales. Quelques jours plus tard, c’est le ministre du Commerce qui s’exprime devant micros et caméras. « Les Nigériens, dit-il, sont assurés qu’ils ne seront pas confrontés à une pénurie alimentaire. Le stock des vivres prévues couvrira largement les besoins », explique le ministre.

Le patron du «Système d’alerte précoce gestion des catastrophes», anime à son tour un autre point de presse. Il annonce, dès février, le début d’une opération cash for work : les personnes vulnérables peuvent effectuer des travaux d’intérêt général et gagner en contrepartie de l’argent pour s’acheter des vivres. Une vente de céréales à prix réduits est prévue en mars. Et des distributions gratuites de vivres auront également lieu.

Mais la presse et les milieux associatifs accusent les autorités de cacher la souffrance des populations en évitant de faire appel à l’aide internationale.
Antigone
 
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