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La situation politique en Europe, l'élargissement à l'Europe orientale et les travaux de la Convention présidée par Giscard d'Estaing, les menaces de guerre impérialiste et la nécessité d'une véritable alternative à gauche en Europe : tels sont les principaux thèmes débattus par la Conférence de la gauche anticapitaliste européenne à laquelle participe la LCR qui s'est tenue en décembre dernier à Copenhague. Nous publions les principaux extraits des conclusions de cette réunion.
De 1998 à 2001, les partis sociaux-démocrates ont dirigé douze des quinze états membres de l'Union européenne (UE). Mais ils n'ont pas utilisé leur position de pouvoir pour rompre avec les politiques néolibérales, rendant quasiment impossible pour les gens ordinaires de faire la différence entre social-démocratie et politique bourgeoise. En fait, les réponses des gouvernements européens à la récession, c'est plus de dérégulation, plus de privatisations et plus de solutions néo-libérales. Cette politique frappe la classe ouvrière et plonge des millions de travailleurs et de jeunes dans l'insécurité, la misère et le désespoir, d'où le développement de la xénophobie et du racisme dans les classes moyennes, la classe ouvrière et la jeunesse. Les partis sociaux-démocrates sont également les principaux responsables du retour des gouvernements de droite dans de nombreux pays européens.
Le mouvement altermondialisation
"Pour la première fois depuis vingt ans, l'offensive de la classe dominante se heurte à un nouveau mouvement social significatif, à une nouvelle génération de jeunes. Ce mouvement est global, internationaliste, à l'offensive et opposé au système. Depuis deux ans, à des rythmes différents selon les pays, une jonction est en cours entre la classe ouvrière et le mouvement altermondialiste. Le Forum social européen de Florence a permis de tester cette convergence.
"Les directives européennes sont basées sur le plus petit commun dénominateur. Cette politique a signifié que compagnies de télécommunication, compagnies ferroviaires, services postaux et énergie ont été privatisées ou sont sur le point de l'être. Ces services sont devenus plus coûteux, plus polluants et moins sûrs, avec une augmentation de la consommation énergétique, une augmentation de la pression sur l'environnement et la dégradation des services aux citoyens, en particulier dans les banlieues.
Nous plaçons les êtres humains avant le profit. Nous luttons de façon unie à l'échelon européen pour les meilleures règles sociales afin de dépasser la concurrence systématique entre les classes ouvrières des différents Etats membres et d'empêcher les multinationales de spéculer contre nos salaires et nos conditions de travail.
L'élargissement de l'UE
"Avec l'entrée des pays candidats dans l'UE, la gauche est confrontée à de nouveaux défis. La division ne se fera plus entre les pays appartenant à l'UE et ceux qui sont dehors mais à l'intérieur de l'UE elle-même, entre états membres de première classe, les anciens, et ceux de seconde classe, les nouveaux arrivants, et entre les classes ouvrières d'Europe de l'Ouest et de l'Est. Cela offrira au grand capital européen un réservoir considérable de travail bon marché, prêt à la surexploitation, sans traditions de lutte, ni droits sociaux étendus, ni organisations syndicales puissantes. D'où la nécessité d'un combat commun pour des revendications communes dans des organisations sociales communes, pour dépasser ces conditions sociales inégales. La gauche anticapitaliste européenne s'oppose aux termes inacceptables des négociations sur l'élargissement.
"Concernant la Turquie, nous soutenons toutes les forces progressistes qui, dans ce pays toujours dominé par la caste militaire, luttent pour des changements radicaux du droit, des droits de l'Homme et de la démocratie politique. Nous affirmons notre solidarité avec le peuple kurde qui lutte pour ses droits nationaux et démocratiques, politiques et culturels.
"Le capitalisme néolibéral crée des tensions et des divisions entre les pauvres, autochtones ou nouvellement arrivés. Nous sommes favorables à l'ouverture des frontières, articulée avec un "plan Marshall" élevant immédiatement et spectaculairement le niveau de vie des couches les plus pauvres de la population afin de mettre fin à la "guerre des pauvres", entre ceux qui sont "déjà sur place" et ceux qui "arrivent". Sinon, cela créera un terreau fertile pour les partis d'extrême droite et pour les partis fascistes.
Non à la guerre
"Bush veut une guerre contre l'Irak. Son objectif : sécuriser les intérêts économiques et politiques américains. Et mettre à la disposition de l'économie américaine et occidentale les ressources pétrolières irakiennes.
"La gauche anticapitaliste européenne s'oppose à cette guerre impérialiste qui n'aidera pas, bien au contraire, le peuple irakien à réaliser la démocratie et la justice.
Un "non" à la guerre contre l'Irak sous direction étasunienne ne signifie pas un "oui" à la dictature de Saddam Hussein. Un "non" à la guerre ne signifie pas accepter la possession par Saddam Hussein d'armes de destruction massive, chimiques ou autres. Nous nous engageons à construire, à l'échelle de toute l'Europe, une journée d'action contre la guerre, le 15 février prochain.
"Les structures de l'UE sont despotiques, très en dessous du niveau de démocratie parlementaire bourgeoise qui existe encore dans les états membres.
"La Convention est une parodie de démocratie : ni débat public, ni représentants mandatés, ni espace démocratique.
"Cet appareil d'Etat ne peut être réformé. Il doit être renversé pour ouvrir la voie à un processus démocratique radical qui parte de la base. C'est aux peuples de décider dans quel genre d'Europe ils veulent vivre.
"Nous nous opposons à l'Union européenne, à ses institutions et à ses politiques, non pas pour défendre nos propres Etats capitalistes, mais pour créer une Europe différente, fondée sur la solidarité. Nous combattons pour une société socialiste, démocratique, sans exploitation du travail, ni oppression des femmes, basée sur le développement soutenable et le socialisme autogéré.