a écrit :Plus de 100.000 manifestants à Mexico pour Lopez Obrador
LE CANDIDAT LOPEZ OBRADOR MOBILISE PLUS DE 100.000 MANIFESTANTS À MEXICO
MEXICO (Reuters) - Plus de 100.000 manifestants ont répondu samedi soir à l'appel d'Andres Manuel Lopez Obrador, le candidat de la gauche mexicaine battu d'extrême justesse à la présidentielle, en se massant sur le Zocalo, la plus grande place de Mexico.
Aux cris de "Fraude, fraude" et dans une atmosphère saturée de coups de sifflets, les sympathisants de gauche ont entendu le chef de file du Parti de la révolution démocratique (PRD) se dire victime de fraudes électorales lors du scrutin de dimanche dernier.
"Nous allons défendre la démocratie", leur a promis Lopez Obrador, qui entend contester les résultats proclamés du scrutin du 2 juillet devant le Tribunal fédéral électoral (TRIFE).
Après vérification des procès-verbaux des bureaux de vote de l'ensemble du pays, l'Institut fédéral des élections (IFE) a déclaré Felipe Calderon vainqueur de l'élection.
Le candidat du Parti d'action nationale (PAN, droite) et héritier du président sortant est crédité de 35,89% des voix, contre 35,31% pour Lopez Obrador. Au final, à peine plus de 240.000 suffrages séparent les deux hommes dans un pays comptant quelque 71 millions d'électeurs.
"Nous allons réclamer un nouveau décompte de tous les votes, voix par voix, bureau de vote par bureau de vote. Toutes les urnes doivent être ouvertes, parce qu'il existe de solides preuves établissant que l'on a écarté des bulletins pour favoriser le candidat de la droite", a poursuivi "Amlo".
L'ancien maire de Mexico, qui se présente comme le candidat des pauvres, a promis de maintenir la pression sur les autorités.
"Nous avons affaire à un cas typique de fraude électorale au Mexique", avait-il dit peu avant la manifestation, affirmant être victime d'une manipulation du système informatique. "Nous sommes sûrs d'avoir gagné l'élection. Je vais défendre notre victoire."
Le verdict du tribunal fédéral est attendu pour le 31 août au plus tard. Le nom du vainqueur doit être annoncé avant le 6 septembre. Sans attendre, le président américain George Bush et le président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero ont d'ores et déjà félicité Calderon.
Et l'équipe de juristes de Lopez Obrador devra faire la preuve que le scrutin a été entaché d'irrégularités alors que les observateurs de l'Union européenne ont estimé vendredi qu'aucune fraude ou irrégularité majeure n'avait perturbé le scrutin.
"Nous sommes mathématiquement en mesure de prouver comment la manipulation a été menée", a assuré le candidat de la gauche.
RESISTANCE CIVILE
Depuis jeudi matin, Lopez Obrador s'était fait plutôt discret et demandait à ses partisans de faire preuve de sérénité. Les militants de gauche se souviennent de l'élection présidentielle de 1988, durant laquelle, selon eux, les fraudes imputées au Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) auraient probablement privé leur candidat, Cuauthemoc Cardenas, d'une victoire.
Pour Lopez Obrador, le parti de Calderon et de Fox a "vite appris" les manoeuvres dont le PRI s'était servi pour se maintenir au pouvoir 71 ans, jusqu'à la victoire de Fox au scrutin présidentiel de 2000.
Slogan en vogue samedi soir sur le Zocalo: "S'il n'y pas de solution, ce sera la révolution."
L'entourage de Lopez Obrador insiste pourtant sur le refus de recourir à la violence. "Nous suivons la voie légale et pacifique", a martelé Gerardo Fernandez, le porte-parole du PRD.
La gauche demande un nouveau décompte bulletin par bulletin au lieu du simple recompte des feuilles de résultats effectué cette semaine, même si la loi mexicaine ne le prévoit pas.
Dans les années 1980 et 1990, Lopez Obrador avait utilisé à plusieurs reprises la résistance civile pour protester contre ce qu'il estimait être des irrégularités. En 1994, il avait marché 900 km jusqu'à Mexico, s'estimant victime de fraude lors de l'élection pour le poste de gouverneur de l'Etat de Tabasco. Il avait également persuadé des dizaines de milliers de foyers de ne plus payer leurs factures d'électricité.