Haiti, le règne des bandes armées

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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par Charly13 » 22 Juin 2023, 15:08

Dramatique ...
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 09 Fév 2024, 14:09

Le mensuel de l'OTR (Haiti), février 2024 :
https://www.union-communiste.org/sites/ ... 313-vf.pdf
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par Gayraud de Mazars » 11 Mars 2024, 18:47

Salut camarades,

Nous appuyons la lutte pour une Haïti libre et indépendante, sans gangs ni troupes d’occupation
Par UIT-CI (Unité Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale)
6 mars 2024

https://uit-ci.org/index.php/2024/03/06 ... n/?lang=fr

La violence entre les gangs armés et la police s’est intensifiée la semaine dernière à Port-au-Prince, parallèlement à l’intensification des efforts de l’impérialisme américain pour obtenir l’envoi de troupes d’occupation en Haïti en application de la résolution 2699 du Conseil de Sécurité d’octobre 2023. Les principaux gangs du pays, qui contrôlent plus de 80 % de la capitale, ont attaqué le Palais National, l’aéroport de la capitale Toussaint Louverture et la principale prison du pays, libérant quelque 3 000 prisonniers. Cette offensive militaire a lieu alors que le Premier ministre de facto, Ariel Henry, désavoué par la majorité du peuple haïtien mais soutenu par l’impérialisme américain, effectue une tournée internationale pour obtenir un soutien à l’occupation militaire étrangère.

Fin février, M. Henry a rencontré en Guyane les chefs d’État de la CARICOM, puis s’est rendu au Kenya qui, en échange d’une aide militaire américaine de 100 millions de dollars, s’est engagé à envoyer 1 000 soldats en Haïti. La plus haute cour du Kenya a interrompu le déploiement des troupes, mais le gouvernement continue de manœuvrer pour les envoyer.

Le sommet de la CELAC, qui a réuni les gouvernements d’Amérique latine et des Caraïbes au début du mois de mars, a également publié une déclaration soutenant la résolution 2699 et l’occupation militaire d’Haïti. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, était présent pour faire pression en faveur de l’intervention.

Dans le cadre de ses efforts pour légitimer l’occupation militaire étrangère, Ariel Henry s’est engagé, lors de la réunion de la CARICOM, à organiser des élections avant le 31 août 2025. Mais il n’a pas honoré ses promesses antérieures d’organiser des élections avant février 2024. Il convient de rappeler que sa nomination au poste de Premier ministre en 2021, à la suite de l’assassinat du président de l’époque, Jovenel Moïse, a été décidée par le Core Group, composé des ambassadeurs des gouvernements des États-Unis, du Canada, de la France, du Brésil, de l’Etat espagnol et de l’Allemagne, ainsi que de représentants de l’Union européenne, de l’ONU et de l’OEA. Sous son mandat, la détérioration accélérée du pays qui a caractérisé les gouvernements de droite de Martelly et de Moïse du PHTK, également soutenus par l’impérialisme américain et européen, s’est poursuivie.

Les forces répressives kenyanes ont un long passé de crimes contre leur propre peuple. En juillet 2023, face aux manifestations contre les mesures économiques anti-peuple du gouvernement de William Ruto, la répression policière a fait plus de 20 morts. D’autres gouvernements des Caraïbes et d’Afrique ont également été soudoyés par l’impérialisme américain pour faire partie du contingent d’occupation en Haïti, notamment les Bahamas, la Jamaïque, le Sénégal, le Belize, le Burundi, le Tchad et le Bénin. Ils tentent de rééditer l’expérience ratée de la MINUSTAH, dirigée par les troupes brésiliennes envoyées par Lula da Silva entre 2004 et 2017, rejointes par des troupes d’autres gouvernements prétendument progressistes de la région, tels que l’Argentine, l’Équateur, la Bolivie, l’Uruguay et le Chili. Ces troupes ont commis de graves crimes contre le peuple haïtien, généré une épidémie de choléra qui a tué des milliers de personnes et ont été coresponsables de la création des conditions dans lesquelles les mafias criminelles ont prospéré, soutenant le régime issu du coup d’État de 2004 et ses gouvernements antipopulaires au service de la bourgeoisie haïtienne.

À l’instar des gangs d’Amérique centrale ou des cartels de la drogue mexicains, les gangs haïtiens sont approvisionnés en armes par les États-Unis et financés par le trafic de drogue et l’extorsion, en concluant des accords avec des politiciens et des hommes d’affaires. Les affrontements entre les gangs et leurs actions contre la population ont fait environ 4 000 morts et 3 000 kidnappés en 2023, tandis que plus de 300 000 personnes ont été déplacées de force. La production agricole a été endommagée par les attaques des gangs contre la paysannerie.

L’État haïtien compte près de 10 000 policiers dans un pays d’environ 11 millions d’habitants. Au cours de l’année écoulée, on estime que plus de 1 000 policiers ont émigré aux États-Unis. Des gangs ont également infiltré la police. L’impérialisme entend compenser le déficit répressif de la bourgeoisie haïtienne par une occupation étrangère afin de perpétuer la soumission du peuple haïtien à des gouvernements illégitimes, corrompus et serviles dans l’intérêt des États-Unis et des puissances européennes.

Il est très grave que dans une situation d’asphyxie économique et sociale, avec un salaire minimum journalier qui équivaut à moins de 4 dollars et un taux d’inflation annualisé de plus de 20%, alors que la faim augmente, le gouvernement de facto d’Ariel Henry ait versé fin février 500 millions de dollars au gouvernement vénézuélien pour les dettes Petrocaribe. En 2018, des milliers de personnes se sont mobilisées contre la corruption dans la gestion de ce fonds. Les gouvernements ont reçu environ quatre milliards de dollars grâce au système de financement Petrocaribe, dont la majeure partie a été détournée. Tout paiement lié à cette dette aurait dû provenir uniquement de l’argent des corrompus et des oligarques qui se sont enrichis grâce à Petrocaribe, et non des fonds publics nécessaires pour répondre aux besoins urgents en matière d’alimentation, de santé, d’éducation et d’accès à l’eau et à l’électricité. Nous exigeons que les termes de la négociation de la dette Petrocaribe soient rendus publics.

Malgré les terribles difficultés, la mobilisation du peuple haïtien contre le gouvernement d’Ariel Henry et la récente mobilisation pour la défense du canal d’irrigation de Ouanaminthe montrent que le mouvement de masse a encore un grand potentiel. Il y a également eu des tentatives d’auto-organisation communautaire pour affronter et expulser les gangs des quartiers populaires. Le défi est, au milieu des énormes difficultés que présente la situation, de faire des pas vers l’unité de ceux qui, à gauche, misent sur un gouvernement de la classe ouvrière et des communautés populaires et paysannes, ainsi que de la jeunesse, afin de rendre visible une alternative politique différente des organisations de la bourgeoisie et des mafias, tant sur le terrain de la mobilisation que dans un éventuel processus électoral.

Dans toute l’Amérique latine et les Caraïbes, nous devons nous mobiliser en solidarité avec le peuple haïtien. Dans les pays des Caraïbes et d’Afrique dont les gouvernements s’apprêtent à envoyer des troupes, nous devons nous opposer à ces plans au service de l’impérialisme américain et européen. Dans les pays dont les gouvernements sont membres du Core Group, exiger la dissolution de cet instrument d’asservissement politique qui viole le droit du peuple haïtien à l’autodétermination, en particulier face aux gouvernements qui se prétendent démocratiques ou même de gauche, comme celui de Lula au Brésil. Nous appuyons l’exigence du peuple haïtien de voir partir le gouvernement illégitime et antipopulaire d’Ariel Henry, soutenu par l’impérialisme. Nous soutenons la lutte contre les gangs criminels qui cherchent à terroriser les communautés urbaines et rurales. Pas de troupes d’occupation et pas de gangs. Toute la dette extérieure doit être annulée et les États-Unis et la France doivent payer des réparations pour leurs crimes historiques contre Haïti. Pour l’unité des travailleurs haïtiens afin qu’ils prennent leur destin en main et qu’ils surmontent la crise actuelle.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par Zorglub » 11 Mars 2024, 19:30

...
Dans toute l’Amérique latine et les Caraïbes, nous devons nous mobiliser en solidarité avec le peuple haïtien. Dans les pays des Caraïbes et d’Afrique dont les gouvernements s’apprêtent à envoyer des troupes, nous devons nous opposer à ces plans au service de l’impérialisme américain et européen. Dans les pays dont les gouvernements sont membres du Core Group, exiger la dissolution de cet instrument d’asservissement politique qui viole le droit du peuple haïtien à l’autodétermination, en particulier face aux gouvernements qui se prétendent démocratiques ou même de gauche, comme celui de Lula au Brésil. Nous appuyons l’exigence du peuple haïtien de voir partir le gouvernement illégitime et antipopulaire d’Ariel Henry, soutenu par l’impérialisme. Nous soutenons la lutte contre les gangs criminels qui cherchent à terroriser les communautés urbaines et rurales. Pas de troupes d’occupation et pas de gangs. Toute la dette extérieure doit être annulée et les États-Unis et la France doivent payer des réparations pour leurs crimes historiques contre Haïti. Pour l’unité des travailleurs haïtiens afin qu’ils prennent leur destin en main et qu’ils surmontent la crise actuelle.

Exigeons, dissolvons, yakafokon.

Et de là-bas (VDT de février dernier) :
ORGANISONS LE CAMP DES TRAVAILLEURS !
Ariel Henry et son gouvernement sont fragilisés après l’arrêt du processus de déploiement des soldats et militaires de la force multinationale en Haïti à partir du mois de février. Tous les états-majors des groupes politiques, les chancelleries qui sont au chevet d’Haïti se préparent à cette nouvelle donne politique à l’approche du 7 février 2024. Qu’en est-il de la classe ouvrière, des masses exploitées qui sont les principales victimes de cette situation ?

Dans les quartiers où elles subissent la violence quotidienne des bandits, dans les camps de déplacés où elles s’évertuent à vivre, dans les usines où elles triment péniblement pour boucler une journée de travail, dans les marchés publics, dans les rues, sur les trottoirs, la lutte instantanée et individuelle pour se procurer un morceau de pain pour vivre et faire vivre leur famille est constante. Mais la colère, la révolte et le désespoir qui les habitent ont reflué au plus profond de leur subconscient pour l’instant.
Pourtant ce sont eux, les faiseurs de révolution. Seules les luttes conscientes et organisées de la classe ouvrière, des paysans
pauvres et des masses exploitées sont en mesure d’enlever le contrôle économique et politique du pays des griffes des capitalistes, de socialiser les moyens de production puis de les développer sous la conduite de la dictature du prolétariat pour
satisfaire les besoins de la population. Cela passe par l’existence au sein de la classe ouvrière d’un parti révolutionnaire des travailleurs et des paysans pauvres qui se donnera pour tâche d’organiser leurs luttes pour les mener à la victoire.
Pas plus aujourd’hui qu’hier, aucun groupe politique n’a cherché à éveiller cette conscience de classe, voire à l’organiser au sein
de la classe ouvrière. Les quelques rares qui ont tenté, l’ont fait au nom du nationalisme, c’est-à-dire en soumettant les intérêts des travailleurs à ceux de la bourgeoisie, en soumettant les luttes des exploités à celles des politiciens bourgeois pour accéder au pouvoir.
Depuis la chute de la dictature des Duvalier, les luttes des masses exploitées ont favorisé l’accession au pouvoir des petits bourgeois nationalistes, des démagogues flirtant avec les idées d’extrême droite, des défroqués. Mais leur situation n’a jamais cessé de se détériorer. Autant essayer autre chose !
Chacun sait qu’il faut s’organiser pour mener à bien la chose la plus simple. La classe ouvrière et les classes populaires ne peuvent défendre leurs intérêts que si elles s’organisent c’est-à-dire qu’elles se dotent d’organisations pour le faire. Issu des éléments les plus conscients en leur sein, le parti des travailleurs est l’organe qui se chargera de tout planifier au nom des millions de travailleurs et paysans pauvres à travers le pays et au-delà.
C’est en prenant la direction des luttes politiques et économiques, en se regroupant sous la bannière de leurs propres organisations que les travailleurs se donneront une chance de vaincre la bourgeoisie et ses scélérats. Pour celles et ceux qui se
revendiquent d’une telle politique, attelons-nous à la mobilisation des travailleurs, attelons-nous à la construction du parti des travailleurs révolutionnaires.
Zorglub
 
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 01 Mai 2024, 22:15

La Voix des Travailleurs, numéro de mai, est paru :
https://www.union-communiste.org/sites/ ... -04_vf.pdf
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 05 Mai 2024, 09:39

lutte ouvrière Belgique sur facebook :
Les premiers voyous
Tractebel, filiale du groupe Engie et ancienne multinationale belge, a écopé en 2021 d'une sanction de la part de la Banque interaméricaine de développement suite à la découverte de « pratiques frauduleuses et de corruption ».
Pour obtenir un contrat de 1,35 million pour la supervision d'une ligne de haute tension de 55 km en Haïti, Tractebel a, entre autres, promis, par l'intermédiaire de son sous-traitant, des emplois bien rémunérés aux fonctionnaires du service d'électricité d'Haïti, dont son ex-directeur général. A peine le contrat obtenu, ces fonctionnaires auraient été engagés par le sous-traitant de Tractebel, bConstruct, pour des emplois à hauteur de 15.000 et 16.000 dollars par mois.
Ce genre de pratique frauduleuse est commun dans le fonctionnement capitaliste et ne concerne pas que Tractebel. En Europe aussi, régulièrement, des scandales éclatent car on découvre des ententes similaires entre entreprises et hauts fonctionnaires politiques. Et encore, ce n'est que la partie visible.
Mais quand on connaît la situation de pauvreté extrême et de violence à Haïti, où le salaire moyen, quand il est payé, ne dépasse pas 130 dollars, on ne peut être que doublement écoeuré par ces pratiques de voyou !
L'Europe et les USA viennent régulièrement faire la morale aux pays pauvres, leur reprochant entre autres la corruption au sein de l'appareil d'Etat. Mais derrière les politiciens corrompus, il y a les corrupteurs qui sont souvent les grandes multinationales européennes et américaines elles-mêmes et qui n’ont aucun scrupule à se faire du fric sur le dos des travailleurs haïtiens ! Ce sont eux les vrais criminels !

Image : Siège de Tractebel à Bruxelles
Pièces jointes
tractbel.jpg
tractbel.jpg (140.6 Kio) Consulté 9239 fois
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 17 Juin 2024, 19:35

Combat Ouvrier N°1329 (15 juin 2024) a écrit :Haïti – Avec ou sans intervention extérieure, les masses pauvres doivent préparer leur propre bataille

Lundi 3 juin, le conseil présidentiel a installé Gary Conille comme premier ministre pour diriger le nouveau gouvernement de transition. Ce poste, il l’a déjà occupé pendant six mois entre 2011 et 2012, après le séisme de 2010.

Dans le pays dévasté par le tremblement de terre, la population choquée continuait à vivre sous les tentes dans un dénuement total. Le gouvernement Martely-Conille a alors montré le peu d’intérêt qu’il avait pour les pauvres qui survivaient dans les camps de fortune.

Ce conseil présidentiel, sans se soucier de l’état de la population laborieuse, attend l’intervention des troupes kényanes pour mater les gangs et reprendre un pouvoir qui aujourd’hui échappe aux possédants.

La population laborieuse courbe la tête sous les armes des gangs. Parmi elle il y a cependant des militants comme nos camarades de l’OTR (Organisation des Travailleurs Révolutionnaires) qui mènent le combat à son côté. Nous publions ici la traduction d’un article de leur bulletin « Pawòl Travayè » du mois de juin.


Avec ou sans intervention extérieure, les masses pauvres doivent préparer leur propre bataille.

Depuis plusieurs semaines, de nombreuses images de l’aéroport de Port-au-Prince montrent de gros avions qui débarquent des masses de matériel militaire. Les informations laissent entendre que beaucoup de soldats américains sont déjà sur place et préparent l’arrivée de la « Mission Multinationale de Soutien et de Sécurité » (MMS), force destinée à combattre les gangs.

Plusieurs chefs de gang ont réagi en augmentant la pression sur la population des zones qu’ils occupent pour les obliger à manifester contre l’arrivée de cette force. Ces criminels ont multiplié les exactions et ont déclaré qu’ils écraseront tous les pauvres qui soutiendraient cette force étrangère.

Beaucoup de gens pensent que la présence de soldats étrangers dans le pays peut être un stimulant pour mobiliser la population contre les gangs. Certains disent qu’ils préparent déjà des armes pour contrer les bandits.

Les gangs et les classes riches sont les deux faces d’une même médaille. Un conflit entre les deux pourrait ouvrir des possibilités de répliques pour les masses exploitées. Mais rien ne dit que les soldats étrangers viennent combattre les gangs pour protéger la vie des travailleurs et de la population pauvre. Depuis 1994, plusieurs forces étrangères sont intervenues dans le pays et au final les gangs ont prospéré au lieu de disparaitre.

L’intervention des forces étrangères a pour objectif de créer les conditions pour que les classes riches continuent à engranger des richesses comme elle le font depuis longtemps. Si nécessaire, ces forces dégageront les routes pour que les marchandises et autres puissent circuler.

Mais les masses populaires peuvent se préparer dès maintenant à exploiter toutes les possibilités d’entrer dans la bataille elles aussi. Ce sont elles seules qui ont intérêt et qui sont capables de bloquer tous les criminels armés qui se cachent dans les quartiers populaires pour terroriser la population.

La classe dominante manœuvre pour résoudre ses problèmes avec les gangs armés. La population doit se montrer consciente pendant qu’elle prend aussi des dispositions pour se mobiliser et pour se défendre, défendre sa vie, ses revendications et ses intérêts. Aucun autre groupe social ne le fera pour elle.

Pawòl Travayè OTR-UCI,

Mercredi 5 juin 2024

Comptons sur nos propres forces !

le texte original a écrit :PAWÒL TRAVAYÈ
Avèk oubyen san entèvansyon, mas pòv yo dwe prepare pwòp batay yo !

Depi plizyè semen, plizye imaj ki soti nan ayewopò pòtoprens la montre gwo avyon ameriken kap debake materyèl militè. Anpil
enfòmasyon fè kwè gen anpil sòlda ameriken ki deja nan peyi a pou prepare rantre fòs “Misyon Milti nasyonal Soutyen ak Sekirite”, MMSS kap
gen pou konbat gang kriminèl yo.
Sanble anpil chèf bandi panike. Yo met gwo presyon pou fòse popilasyon zòn kote yo okipe yo patisipe nan manifestasyon kont fòs sa a.
Atoufè sa yo miltipliye anpil lòt demagoji e yo deklare yap pase sou fyèl tout malere malerèz ki ta soutni fòs etranje sa a.
Anpil moun nan popilasyon an panse prezans sòlda etranje nan peyi a kapab sèvi boustè pou yo mobilize kont gang yo. Gen moun ki di yo
deja ap prepare zam yo pou yo kwape bandi.
Gang yo ak klas rich yo se pwason kraze nan bouyon. Yon konfli nan mitan yo tap ka ouvè kèk posiblite batay pou mas eksplwate yo. Men
pa gen anyen ki di sòlda etranje yo ap vin konbat gang pou pwoteje lavi travayè ak popilasyon pòv la. Depi lane 1994, gen plizyè fòs etranje ki
entèvni nan peyi a men olye gang yo disparèt, yo miltipliye.
Entèvansyon fòs etranje yo ap gen pou objektif kreye kondisyon pou klas rich yo kontinye fè richès yo menm jan sa te konn fèt avan. Si yo
kapab, yap degaje wout yo pou machandiz yo ka sikile, elatriye
Men mas popilè yo kapab prepare yo depi koulye a pou yo eksplwate tout posiblite kap louvri devan yo pou yo rantre nan batay la tou. Se
yo menm sèl ki gen enterè e ki kapab kwape tout kriminèl ame ki kache nan katye popilè yo pou teworize popilasyon an.
Klas dominant la ap fè mannèv pou rezoud pwoblèm li ak gang ame yo. Klas travayè ak pòv yo dwe montre yo entèlijan pandan yap pran
dispozisyon tou pou yo mobilize pou defann tèt yo, lavi yo, pou defann revandikasyon ak enterè yo. Okenn lòt gwoup sosyal pap fè l pou yo.
OTR-UCI – Jedi 6 jen 2024
An nou konte sou fòs nou !
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 10 Juil 2024, 23:40

Voix des Travailleurs, 15 juin 2024 a écrit :LA VIE DANS UN TERRITOIRE CONTRÔLÉ PAR LES GANGS
Des familles continuent de vivre
dans les quartiers occupés par les gangs
armés comme Carrefour-Feuilles, Canaan,
Bas-Delmas, Sarthe, Simon Pélé, etc.
Certains restent de leur plein gré tout en
étant conscients du risque, d’autres n’ont pas
vraiment le choix. Tous les jours, ils côtoient
ces malfrats, quelques-uns osent même les
regarder dans les yeux.
À la Croix-des-Bouquets, malgré
l’apparence déserte de la zone, de Marassa à
Meyer en passant par le centre de la
commune, certaines personnes ne quittent
pas chez elles. Dans cette commune où les
gangs armés ont détruit tout symbole d’autorité
étatique et occupent les artères du centre-ville,
les passants sont très rares. Mais ça ne veut pas
dire qu’il n’y ait pas de monde. Les gens
s’isolent autant qu’ils le peuvent. Ils sortent très
peu de chez eux.
Certains pensent que tous ceux qui
vivent dans les zones occupées par des gangs
sont des bandits ou les complices de ces
derniers. Ils vont même jusqu’à suggérer de les
éliminer sans procès. Une idée absurde.
Comme ce policier cagoulé qui a déclaré dans
un récent reportage de France 24 que les gens
qui se trouvent dans les zones occupées par les
bandits devraient être tués.
Il est facile d’accuser de complicité des
pauvres qui se font maltraiter, violenter au
quotidien par des gangs quand on a la possibilité
et le privilège d’habiter dans un beau quartier,
quand on ne connaît pas l’angoisse de vivre
sous la terreur des bandits ou tout simplement
quand on peut voyager. C’est juste du mépris de
classe...
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 10 Juil 2024, 23:43

Voix des Travailleurs, 15 juin 2024 a écrit :LES TERRITOIRES CONTRÔLÉS DES GANGS
Emmelie Prophète, la ministre du gouvernement d’Ariel Henry les appelle « territoires perdus ». La situation de ces quartiers ou
communes varie suivant le mode de conquête des bandes criminelles. D’abord, il y a les quartiers où les gangs ont pris naissance qui sont
les bases arrière de leurs opérations, puis il y a ceux qu’ils ont conquis par la violence sans point d’appui et pour finir les zones qui sont
leurs prochaines cibles pour boucler la conquête totale du département de l’Ouest et de la capitale.
Les principaux chefs de gangs qui
sévissent dans la capitale viennent du milieu
populaire. Certains d’entre eux ont fait des
études. Celui le plus en vue, Jimmy
Cherisier dit Barbecue, est un ancien
policier. Leur aventure a commencé
au milieu des quartiers déshérités où ils ont
pris naissance en se faisant les relais auprès
de leur communauté avec des politiciens lors
des élections, des membres du
gouvernement ou d’ONG dans l’exécution
de « petits projets de développement » dans
ces zones gangrénées par la misère. Ainsi,
ils ont acquis un peu d’argent et des
« relations » qui leur confèrent une autorité
et une influence sur leurs quartiers.
Alimentée par la concurrence des
politiciens, quand la guerre a débuté entre
les têtes de pont pour des motifs divers,
chacun de ces chefs se présente en sauveur
de la population de sa zone et en même
temps en criminel pour ses voisins. C’est de
là que les horreurs, massacres, viols et
incendies des maisons, etc. ont débuté
également.
Tous ceux qui en avaient la possibilité
ont fui ces zones devenues encore plus
dangereuses qu’elles l’avaient été auparavant.
Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde.
D’autres par manque de perspectives sont
contraints d’y rester. C’est autour de ces gens
devenus prisonniers ou boucliers humains que
les gangs construisent leur royaume. Là, le
chef est le maître absolu et influence toute la
vie des habitants. Ce sont aussi les bases
d’opérations d’où partent les raids vers le
centre-ville, où sont gardées les personnes
kidnappées, où sont stockés les camions de
marchandises saisis sur les routes.
Partant de la périphérie, le long du
littoral ou des collines, les gangs avancent
méticuleusement de territoire en territoire.
Hors de leurs bases, ils essaient de gagner
d’autres territoires par le biais des bases
préalablement mises en place, d’autres fois ils
envahissent ces quartiers en tirant en l’air
pendant plusieurs jours pour faire fuir la
population. Une fois conquis, ces territoires
deviennent fantomatiques et sont aménagés en
terrains d’affrontement avec les gangs rivaux
ou la police. Une grande partie du département
de l’Ouest est vidée de sa population. Des lieux
où les gens se bousculaient hier pour se frayer
un chemin, même à pied du matin jusqu’au soir,
deviennent des endroits lugubres qui font peur.
Puis, il y a les endroits non encore
conquis mais qui risquent de l’être lors des
prochaines attaques des bandits. Vivant dans
l’angoisse et la peur, les habitants tentent de
parer aux déferlements des malfrats en
barricadant leurs quartiers. Certaines fois, ils
montent des petits comités de surveillance.
C’est dans ces zones où viennent s’attrouper
ceux qui fuient les zones occupées. Stations de
bus, de motos, de taxis, marchés publics,
laveurs d’autos, cireurs de chaussures, tous
grouillent et cherchent de quoi subsister dans
quelques rues.
De conquête en conquête, seule
l’intervention de la population avec l’opération
« Bwa kale » avait stoppé les bandits mais
depuis le fléchissement de ce mouvement, ils
sont repartis en avant. Cent fois sur le métier,
remettez votre ouvrage, les masses savent à quoi
s’en tenir.

Emmelie Prophète, citée ci-dessus, est maintenant ministre. Elle avait cependant fait paraître, en 2021, un petit roman-témoignage, sur la vie quotidienne de gens très pauvres, dans des quartiers pressurés, à tous points de vue, par des gangs. Ce livre mérite d'être lu : Emmelie Prophète, les villages de Dieu, Mémoire d'Encrier.
la 4ème de couverture a écrit :Retranchées dans des cités qui tirent leur nom de la légende biblique – Puissance Divine, Bethléem – des gangs de bandits pillent, violent et assassinent, en toute impunité. Celia, adolescente, cherche à survivre, tantôt en se prostituant, tantôt en faisant la chronique des femmes de la cité sur les réseaux sociaux, où elle devient influenceuse. Les villages de Dieu dit l’effondrement et la banalité du mal dans cette ville de Port-au-Prince livrée à ses démons.
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 11 Juil 2024, 00:01

éditorial de Voix des Travailleurs, 15 juin 2024 a écrit :IMPOSONS UN RAPPORT DE
FORCE FAVORABLE AUX
MASSES EXPLOITÉES

Par l’installation d’un nouveau gouvernement et en préparant l’arrivée de la Mission
Multinationale de Soutien à la Sécurité, l’impérialisme américain et la classe riche haïtienne
cherchent à inverser le rapport de force avec des gangs. Les masses exploitées doivent se préparer à
la lutte pour imposer leur propre rapport de force car ceux des gangs et de l’impérialisme leur sont
préjudiciables.


Dans de nombreux quartiers populaires, la
population exprime son soutien à l’arrivée des
soldats étrangers. Découragée, elle y voit un
moyen de faire fléchir les gangs et une
circonstance favorable qui faciliterait son entrée
en lutte. On est loin de l’opération «bwa kale»
contre les gangs l’année dernière quand les
manifestants dénonçaient l’intervention militaire
de l’impérialisme américain comme un appui aux
classes riches et aux gangs contre lesquels ils se
battaient dans les rues à juste titre.
L’impérialisme ne fait pas débarquer son
matériel militaire en soutien aux revendications
de la classe ouvrière, pas plus qu’il ne vient pour
reconstruire les maisons détruites dans les
quartiers populaires, les hôpitaux publics…etc. Il
vient pour rétablir l’ordre capitaliste orthodoxe
mis à mal par les gangs armés en remettant en
selle la même vieille classe politique corrompue,
la même classe bourgeoise rapace.
S’il doit engager la bataille contre les
gangs, l’impérialisme tolérera peut-être de la
population le déchouquage de quelques bandits.
Mais si ses revendications débordent ce cadre
restreint et se dirigent contre les intérêts des
classes possédantes et contre le système
capitaliste, nul doute que ces mêmes matériaux
seront utilisés contre les classes populaires.
Telle sera la nouvelle réalité qui se dressera
devant tous ceux qui se réclament du camp des
travailleurs. La Mission multinationale de soutien à
la sécurité sera objectivement, en cas de révolte des
masses populaires contre le système capitaliste qui a
créé les gangs, un nouveau groupe armé à long terme
qui se dressera contre leurs intérêts.
Loin de faire peur, une claire analyse des
forces sur le terrain enlèvera toute illusion dans la
tête des masses populaires dans la conduite claire de
leurs luttes.
Le contrôle du pays par les gangs a plongé les
classes populaires dans une situation catastrophique.
Leur situation n’était déjà pas enviable avant. Contre
la classe dominante et contre les gangs, les classes
exploitées doivent se battre pour imposer un rapport
de force qui pourra leur permettre d’obtenir la
satisfaction de leurs revendications.
Les masses esclaves l’avaient fait pour
arracher leur liberté en 1794 en imposant un rapport
de force avec les métropoles esclavagistes de la
France, de l’Espagne, de l’Angleterre. Elles l’ont
refait une dizaine d’année plus tard pour arracher
l’indépendance du pays des griffes de la France.
Elles peuvent le faire en mieux aujourd’hui pour
arracher la liberté de la classe ouvrière.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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com_71
 
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