les différentes 4

Dans le monde...

Message par quijote » 05 Avr 2004, 00:31

En fait , s 'il y a une telle division , c 'est la faiblesse même des Trotskistes qui l' explique : aucun groupe n'était capable de démontrer par la pratique qu 'il avait raison , ils avaient donc tous également tort ou raison : tout dépend comment on se place. Il suffit de voir ce qui se passe chez nous : nous n 'en sommes encore qu ' essayer de démontrer chacun de notre côté que nos méthodes , nos vues sont les meilleures . ça reste encore des hypothèses de travail . Et pourtant nous ne sommes pas les plus mal lotis et bien des groupes à l 'étranger souhaitent obtenir la petite audience que nous avons en France . mais par ailleurs , n ' oublions pas les fautes lourdes de certains camarades trotskystes autrefois : je pense parti trotskiste vietnamien et à l 'absence de méfiance de Tha thu tau , vis à vis des Staliniens et à la répression qui s 'en suivit . ceci dit , nous devons militer pour l 'unité des révolutionnaires mais sur une base saine afin d 'éviter qu 'elle ne vole en éclat au premier tournant comme ce fut toujours le cas ; une base saine , c 'est se mettre d 'accord sur une action , des actions concrètes : ce sera cela le véritable critère , la "base programmatique' véritable come disent certains trotskistes et pas un simple projet théorique . " un pas en avant vaut mieux que dix programmes "
quijote
 
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Message par artza » 05 Avr 2004, 10:04

a écrit :prendre les choses dans leur développement c'est à dire de la fondation de la 4 en 1938 et la réorganisation au sortir de la guerre


Oui sans doute. Le moins que l'on puisse constater c'est que le choc de la guerre a été terrible aussi pour les militants et les groupes de la 4. Les contacts entre les différents groupes nationaux rompus. Des groupes numériquement faibles avec peu de moyens matériels, jeunes souvent de peu d'expérience et de fait extérieur à la classe ouvrière. Les errances politiques, les "révisionnismes " et les opportunismes de tout poil les ont souvent frappé. Au sortir de la guerre la question de l'implantation au sein de la classe ouvrière et par là de la construction du (des) parti(s) restait posé. Les questions posées alors par Barta et les quelques réponses qu'il a apporté me semble pertinentes. La reproclamation de l'après guerre c'est faite sur des bases opportunistes et impressionnistes. Aucun bilan critique sur les politiques des uns et des autres au cours du conflit mondial. Une amnistie générale auto-satisfaite et voilà.

a écrit :qui a un rapport avec la 4...et qui ursurpent...


Des ursurpateurs? Se réclamer de la 4 aujourd'hui n'ouvre pas beaucoup de portes et impressionne peu de monde, de surcroit tenir à toute force à faire admettre qu'on est la SEULE peut provoquer bien des rires. D'ailleurs beaucoup on préféré renoncer à cette étiquette croyant ainsi se faciliter la vie. Se réclamer de la 4 c'est se réclamer d'un drapeau, d'un programme, de la révolution prolétarienne et du commnisme. Tous ceux qui s'en réclament sont donc bien méritants et je ne vois pas "d'ursurpateurs" là-dedans. Je ne sais pas qui Wolf visent en parlant d'ursurpateurs ni comment il entend s'y prendre pour les démasquer. Je crains que si jamais il entreprend cette tâche de cette manière il ne donne que des fruits rachitiques, amers et stériles
artza
 
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Message par Nestor Cerpa » 05 Avr 2004, 10:31

Ce prétendre de la 4 est pour certain une façon de ce définir politiquement. En gros si je met le 4 c'est que je me réclame de l'idée originel de Trotsky.
Après il va de soit que personne ne peut prétendre numériquement et qualitativement être une internationale ouvrière ce réclamant des valeurs de notre courrant.

Alors oui il n'existe aucune internationale digne de ce nom.

Ce reclamer d'une internationale à 5 parti de 30 personnes dans le monde est tous simplement ridicule. Ce réclamer d'une internationale trotskyte quand on a qu'une seule section qui commande les autres ne représente nullement dans notre logique les valeurs de la 4 (ce qui pourtant est souvent le cas)....

Aujourd'hui il existe à mon avis que très regroupement internationaux numériquement faible mais qui existe partiellement. Même si dans les 3 cas ils reprennent les pb des véritables sections ou du partie majeur fixant la ligne.
Les 3: Le SU, le CWI et le SI.

Après c'est de la rigolade, et tient plus du pb de mastubartion intellectuel qu'autre chose
Nestor Cerpa
 
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Message par Gaby » 05 Avr 2004, 10:34

Et la vocation de l'organisation doit-elle être (ou sera-t-elle) la coordination d'efforts Trotskistes, ou doit-elle ratisser plus large (à voir dans le futur car il est vrai qu'aujourd'hui le bolchévisme est omniprésent dans les petites forces militantes) ?
Aujourd'hui, seuls les Trotskistes appellent de leur voeux la 4ème, ce qui tombe sous le sens...

Histoire d'ouvrir un peu le sujet.
Gaby
 
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Message par Gaby » 05 Avr 2004, 10:54

Entièrement d'accord... Ca fait bien plaisir de le lire d'ailleurs.
a écrit :l'essentiel pour les courants internationaux ou nationauxexistants se réclamant de l'héritage bolchevik et trotskiste, c'est d'accepter qu'ils ne sont que des tendances de cette future internationale et de ne pas rejeter les autres courants à priori comme des rénégats, des traitres ou des usurpateurs.

Ouf !
Ca change des accusations à la "tu es victime de la pensée bourgeoise [à plus ou moins forte dose], tu n'es pas communiste" :smile:

Pour en revenir à la future Internationale, le problème des libertaires se pose aussi. Perso', je ne pense pas qu'on puisse s'allier avec les anarchistes, mais il y a de nombreuses déclinaisons de l'ultragauche. Ca va pas être évident de régler ça et de désigner les membres de l'Inter' (remarque, c'est pas nouveau, cf. Bakounine). Peut-être ils se choisiront d'eux-même mais j'en doute...
Gaby
 
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Message par com_71 » 06 Avr 2004, 00:13

(quijote @ lundi 5 avril 2004 à 01:31 a écrit : n'oublions pas les fautes lourdes de certains camarades trotskystes autrefois : je pense parti trotskiste vietnamien et à l 'absence de méfiance de Tha thu tau , vis à vis des Staliniens et à la répression qui s'en suivit.
Quelques mots sur cette remarque : il est tentant d'attribuer les défaites à des faiblesses des révolutionnaires (l'explication par la puissance de nos ennemis n'en est pas une). Il faudrait quand même se garder d'être trop tranchés à ce propos, en avons nous le droit ? Sommes nous certains de pouvoir faire mieux dans des circonstances analogues ? Comment prévoir la violence d'une répression? l'ampleur d'une vague d'assassinats? que veut dire la préparation à la clandestinité dans un pays essentiellement rural?
Savons-nous ce qu'auraient pu faire les dirigeants trotskystes vietnamiens et qu'ils n'ont pas fait?
Et puis dans la même voie on pourrait reprocher leur propre mort à Luxembourg et Liebknecht, et aux oppositionnels russes leur liquidation par Staline...
Oui nous avons à apprendre de l'histoire de notre propre courant, mais cela suppose une certaine modestie...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Barnabé » 06 Avr 2004, 08:30

(com_71 @ mardi 6 avril 2004 à 01:13 a écrit :
(quijote @ lundi 5 avril 2004 à 01:31 a écrit : n'oublions pas les fautes lourdes de certains camarades trotskystes autrefois : je pense parti trotskiste  vietnamien et à l 'absence de méfiance de Tha thu tau , vis à vis des Staliniens et à la répression qui s'en suivit.

Quelques mots sur cette remarque : il est tentant d'attribuer les défaites à des faiblesses des révolutionnaires (l'explication par la puissance de nos ennemis n'en est pas une). Il faudrait quand même se garder d'être trop tranchés à ce propos, en avons nous le droit ? Sommes nous certains de pouvoir faire mieux dans des circonstances analogues ? Comment prévoir la violence d'une répression? l'ampleur d'une vague d'assassinats? que veut dire la préparation à la clandestinité dans un pays essentiellement rural?
Savons-nous ce qu'auraient pu faire les dirigeants trotskystes vietnamiens et qu'ils n'ont pas fait?
Et puis dans la même voie on pourrait reprocher leur propre mort à Luxembourg et Liebknecht, et aux oppositionnels russes leur liquidation par Staline...
Oui nous avons à apprendre de l'histoire de notre propre courant, mais cela suppose une certaine modestie...
Je suis d'accord avec cela, mais justement, notre devoir est d'essayer de tirer les leçons des expériences passées des révolutionnaires. Bien sûr cela ne signifie pas se poser en donneurs de leçons. Mais quand par exemple Lénine discute de la commune, il ne dit pas simplement "est-ce qu'on aurait pu faire mieux? Comment auraient-ils pu prévoir la violence de la répression? etc.", il en tire des enseignements. C'est justement parce que nous ne sommes pas de simples commentateurs, parceque l'on se place dans le même camps que ces camarades, que l'on doit étudier l'histoire du mouvement révolutionnaire, y compris en essayant de voir les insuffisances politiques (en sachant que cela ne nous prémunira certes pas de faire nous aussi des erreurs).

Maintenant sur les diférents regroupements internationaux, il serait trop long de détailler l'origine des uns et des autres, les différentes scissions, regroupements, rescissions etc.
Ce qui est sûr c'est qu'il n'existe pas une véritable internationale révolutionnaires. Même le choix des 3 que fait Nestor Cerpa est discutable. Dans ces trois cas (SU, SI et CWI) il s'agit surtout d'une section qui a un peu de poids (genre la ligue ou le SWP anglais) et de plus ou moins petits groupes qui y sont liés. Mais c'est à un niveau le cas de tous ces regroupements (la LIT autour du PSTU, la 4 replocamée autour du CCI du PT, la LFI (ex-LICR) autour de worker's Power, etc.). Cela ne me pose pas de problème de parler de regroupements internationaux à ce niveau là (et de même par exemple de l'UCI), il s'agit de groupes ou de militants défendant la même politique dans plusieurs pays, ni plus ni moins. Ce qui devient de la "rigolade" (pas forcément si drôle que ça) c'est quand l'un de ces groupes se prétend LA 4ème internationale (et c'est aussi ridicule quand c'est le SU que quand c'est le groupe d'Altamira).
Pour le reste, je ne peux que souscrire à la conclusion de Canardos:
a écrit :  sachons nous considerer tous comme les membres du futur parti révolutionnaire et de la future internationale
Barnabé
 
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Message par pelon » 06 Avr 2004, 23:53

Un texte de juillet 86 :
a écrit :

Sur la situation actuelle
du mouvement trotskyste 7/86


Nous reproduisons ici l’intervention du camarade représentant no-
tre courant international (Combat Ouvrier - Lutte Ouvrière - Spark
et UATCI) qui ouvrit le débat qui s’est déroulé le 18 mai 1986, lors
de la fête de Lutte Ouvrière, entre notre courant, le Secrétariat Uni-
fié et la Ligue Internationale des Travailleurs.


Contrairement au SU et à la LIT, nous ne nous sommes jamais proclamés une direction
internationale et encore moins la IV e Internationale. Nous sommes cependant une
tendance internationale trotskyste exactement au même titre que les tendances représentées
ici par ces camarades. ( ... )
Malgré une longue existence séparée, nous nous sommes développés en restant toujours
sur le terrain du trotskysme et nous nous sommes toujours revendiqués de la IV e
Internationale. Et nous avons toujours formé nos camarades, nos militants en ayant
pour objectif de militer pour la IV e Internationale, c’est-à-dire pour un parti mondial de la
révolution socialiste.
C’est dire que le débat autour de la construction de la IV e Internationale nous con-cerne
autant que toutes les autres tendances
u mouvement trotskyste, et quand je
parle de débat, je ne parle évidemment pas du débat ici ce soir, mais du débat virtuel qui
existe en permanence entre les différents courants de la IV e Internationale et du mouvement
trotskyste. ( ... )
Le mouvement trotskyste, et le mouvement trotskyste dans son ensemble, malgré
ses faiblesses, a au moins une qualité, c’est celle de durer. Depuis la fondation de la IV e
Internationale, il y a toujours un peu partout dans le monde des militants qui continuent à
militer en se revendiquant du trotskysme c’est-à-dire des idées communistes révolutionnaires
que bien d’autres tendances ont abandonnées depuis longtemps, lorsque ce ne
sont pas ces tendances elles-mêmes qui ont disparu.
Mais le problème politique majeur, c’est qu’aucun groupe trotskyste, dans aucun
pays, n’a pu ou n’a su, jouer un rôle politique dirigeant au nom précisément de ces idées
communistes révolutionnaires. ( ... )
(Or cela n’a été réalisé nulle part, cela n’a même pas été approché, pendant ces 40
ans d’existence du mouvement trotskyste. Il y a eubien des soulèvements, bien des vagues
révolutionnaires, où les travailleurs, ( ... ) étaient en général physiquement présents.
Et dans bien des circonstances, les travailleurs constituaient même la majorité
des combattants. Mais chaque fois, leurs luttes ont dé dirigées par des organisations se
plaçant sous une forme ou sous une autre, sur le terrain de la bourgeoisie, pour la plu-part
des organisations nationalistes. ( ... )
Mais ce que nous discutons aujourd’hui, se situe malheureusement à un niveau bien
inférieur. Parce que, pour notre part, nous ne considérons pas qu’il existe aujourd’hui de
IV e Internationale, ni politiquement, ni organisationnellement, pas même au niveau où il
en existait une au temps de Trotsky, où il existait au moins une direction politique dont
l’autorité était incontestable. ( ... )
Sur le Pan politique sur le Pan de sa compétence, de sa capacité à orienter l’activité
des militants trotskystes, la IV e Internationale à notre avis, a cessé d’exister durant et
après la Seconde Guerre mondiale. Et à notre avis, c’est précisément ses erreurs politiques,
cette incapacité d’avoir une direction politique valable, qui ont fini par se traduire
sur le plan organisationnel, par l’éclatement des organisations de la IV e Internationale
en une multitude de fractions.
Bien entendu, cette analyse est la nôtre, et nous savons qu’elle n’est pas partagée
par une bonne partie, sinon la majorité du mouvement trotskyste. Mais nous sommes
convaincus que c’est une des choses qui doit se discuter au sein du mouvement
trotskyste.
Mais indépendamment de cette analyse, ce qui est incontestable, c’est que le mouvement
trotskyste est aujourd’hui éparpillé, divisé, dispersé en un grand nombre de tendances
plus ou moins importantes, plus ou moins militantes et plus ou moins sérieuses
sur le plan politique. A notre avis, la raison principale de cette division du mouvement
trotskyste international, c’est que depuis quatre décennies, aucune direction internationale
digne de ce nom n’a su se sélectionner, se former et se faire admettre par la majorité,
sinon par la totalité des militants trotskystes de par le monde. Et que, au lieu de
trouver les voies et les moyens d’en sélectionner une, la politique et la pratique des directions
internationales auto-proclamées en ferment au contraire la voie et la possibilité.
De toutes ces tendances, c’est sans doute celle représentée par le SU qui est numériquement
la plus importante. C’est le SU qui a hérité de l’organisation internationale laissée
par Trotsky, du moins ce qui en est resté après un certain nombre de scissions.
Cela lui vaut une sorte de représentativité internationale, et nous reconnaissons volontiers
que c’est grâce à lui qu’un certain nombre d’organisations de par le monde se sont
maintenues en se réclamant du trotskysme.
Mai les scissions qui ont secoué régulièrement et à de nombreuses reprises depuis
40 ans, d’abord l’organisation de la IV e Internationale alors unique puis le SU, confirment
que même en son propre sein, le SU n’est pas reconnu comme une direction inter-nationale
valable, c’est-à-dire une direction à qui on fait confiance, à qui chaque section
nationale fait plus confiance sur le plan politique qu’à elle-même ou à sa propre
direction.
Eh bien, depuis 40 ans, à chaque fois qu’une organisation nationale a pris un peu de
force et s’est montrée capable de faire surgir en son sein une direction tant soit peu capable
à son niveau, cette direction ne reconnaît pas la prétendue direction internationale,
et entre en conflit et finalement en lutte avec elle. Et ces fractions qui ont
scissionné du SU finissent par se déclarer elles-mêmes une direction internationale, ou
franchement de nouveau, une IV e Internationale, «la» IV e Internationale, et vont
chacune, à notre avis de façon irresponsable, raccoler des militants trotskystes de par le
monde pour créer artificiellement de prétendues sections bien incapables souvent
d’exister de façon autonome sur le plan strictement militant.
Aujourd’hui, il existe à l’échelle mondiale moins d’une dizaine d’organisations
trotskystes dépassant sensiblement un millier de militants, et un millier de militants, c’est
vraiment petit et c’est vraiment peu. Pour ces organisations, en l’occurence, la LCR, le
PCI, LO, ici en France, le MAS en Argentine, le groupe Militant en Angleterre ou le SWP
aux Etats-Unis, chacune en réalité constitue sa propre tendance internationale qui ne
reconnaît l’autorité d’aucune autre direction que la sienne propre. C’est vrai même pour
le SWP qui fait formellement partie du SU, mais qui mène une politique indépendante.
Voilà les faits.
Alors on peut choisir de les ignorer, comme l’a fait pendant longtemps très clairement
le SU, en se proclamant la seule IV e Internationale, ou comme il continue à le faire de façon
plus enveloppée aujourd’hui, mais c’est une réalité indéniable.
Une des difficultés dans la tâche de construire la IV e Internationale a toujourss été la
prétention affirmée ou non des regroupements existants d’être a priori la direction inter-nationale
– alors que tout le problème est que celle-ci reste à forger – et de vouloir en
plus imposer aux autres l’entrée dans le cadre de leur regroupement et l’observation de
la discipline de celui-ci comme condition de relations et de coopération. Et c’est bien ça
le problème, et c’est précisément cette tendance des directions internationales à. s’autoproclamer
ou alors pour le SU, à maintenir la fiction que c’est lui la seule direction internationale,
qui finalement bloque la possibilité d’une évolution des choses. Parce que
l’attitude de tous les regroupements internationaux consiste à dire à tous ceux qui n’en
font pas partie: c’est, ou vous entrez chez nous, ou nous vous ignorons.
Et l’expérience montre depuis 40 ans que les groupes qui font partie des regroupement
internationaux, préfèrent en sortir. Et on recommence tout. Alors donc, le problème
est d’avoir sur ce plan-là une attitude responsable, et nous avons toujours
considéré que l’attitude du SU n’est pas une attitude responsable, et nous avons aussi
considéré que l’attitude des regroupements internationaux qui en sont issus par voie de
scission, et qui se sont à leur tour proclamés direction internationale avec moins de raisons
encore souvent que le SU, n’étaient pas responsables non plus.
Parce que pour reconstruire la IV e Internationale, il faut une politique. Et cette politique
ne peut certainement pas consister à considérer le problème résolu avant même de
l’avoir posé. C’est-à-dire se proclamer comme IV e Internationale soi-même en déclarant
que tous les autres ne sont pas trotskystes, ou alors quand on leur reconnaît la qualité
de trotskystes, on proclame qu’ils ne sont pas internationalistes.
Pour notre part, nous, nous militons, oui, pour une Internationale centralisée et disciplinée.
Et nous pensons d’ailleurs qu’il ne peut pas y avoir d’autre Internationale que
celle-là. Une Internationale, ça commence lorsqu’il existe entre les différentes sections
des relations de confiance, des relations politiques telles que l’ensemble puisse fonctionner
comme le parti mondial de la révolution. C’était cela le projet de Trotsky. Mais
pour créer un parti mondial de la révolution socialiste, cela implique d’abord un accord
programmatique, et nous n’entendons pas par accord programmatique une simple référence
polie au Programme de Transition, avec autant de lectures et autant
d’interprétations qu’il y a detendances, et nous n’appelons pas non plus accord programmatique
un texte de compromis qui masque les divergences sans les résoudre.
Il nous suffit d’avoir vu vivre les Internationales autoproclamées pour être convaincus
que ce genre d’accord formel ne conduit qu’à la scission ultérieure ou alors, lorsqu’il n’y
a pas scission, c’est que l’Internationale ne joue aucun rôle, elle laisse les sections vivre
complètement leur vie, c’est-à-dire qu’elle n’est pas la direction internationale dont elle
se revendique.
En ce qui nous concerne, nous n’avons d’accord programmatique suffisant avec aucune
autre des principales tendances trotskystes, qui permette d’imaginer à une
échéance prévisible que nous puissions fonctionner sur la base du centralisme démocratique,
sans éclater à la première difficulté.
Alors, en ce qui concerne nos divergences, nous allons commencer en disant quelques
mots de nos divergences avec le SU. En résumé, et nous avons eu l’occasion de le
dire bien souvent, et de le redire au SU, c’est que nous pensons qu’il avait trop souvent
dans le passé, abandonné même formellement, toute politique visant l’organisation in-dépendante
du prolétariat par rapport aux autres classes sociales. Nous reprochons politiquement
au SU d’avoir trop souvent dans le passé cherché des substituts au rôle du
prolétariat conscient et organisé, et nous lui reprochons de s’être aligné sur des forces
étrangères, voire ouvertement et clairement hostiles au prolétariat. Nous considérons
comme une erreur, et une erreur grave, le fait que le SU et ses prédécesseurs se soient
identifiés, successivement ou simultanément, au titisme, au FLN algérien, au FNL vietnamien,
au castrisme et aujourd’hui au sandinisme. C’est-à-dire, à toutes sortes de courants
radicaux sans doute, révolutionnaires parfois, mais dont aucun ne se plaçait sur le
terrain de la révolution prolétarienne et a fortiori de la révolution prolétarienne mondiale.
Alors bien sûr, Algérie, la Yougoslavie, c’est le passé. Mais chaque fois que l’occasion
se présente, on recommence la même attitude, et il se passe la même chose aujourd’hui,
vis-à-vis du Nicaragua.
Nous avons eu l’occasion de préciser bien des fois qu’il ne s’agît pas du tout de la solidarité
nécessaire, normale vis-à-vis du peuple du Nicaragua. Ce n’est pas de cela qu’il
s’agit mais il s’agit d’attribuer à la direction sandiniste des vertus prolétariennes qu’elle
n’a pas, et d’ailleurs qu’elle ne prétend même pas avoir. Et nous ne rentrons pas dans le
détail de la discussion sur ce plan là, et nous pouvons toujours ergoter sur ce que la direction
sandiniste aurait pu faire ou ne pas faire, mais le simple fait qu’elle ne se pré-tende
pas internationaliste, qu’elle ne se revendique pas de l’internationalisme
prolétarien, suffit pour dire qu’il est nécessaire qu’il y ait des organisations qui représentent
ce point de vue-là, qui combattent au nom de ce point de vue-là aussi bien au Nicaragua
que dans les pays alentour.
Bien que nous soyons en accord avec elle sur ce point précis, nous avons également
des divergences avec la LIT. La LIT partage un long passé avec le SU, et ce passé commun
a profondément marqué ses analyses et sa démarche, même aujourd’hui. C’est en
effet pendant cette période de vie commune que, dans la quasi totalité des tendances
trotskystes actuellement existantes, hormis la nôtre, s’est élaborée l’analyse de la nature
de classe des Etats du glacis soviétique, celle de l’Etat chinois, et nos désaccords
sur ces questions ne sont pas qu’une simple question d’étiquette.
Le problème, c’est qu’en introduisant à propos des Démocraties Populaires et à propos
de la Chine la notion d’Etat ouvrier déformé, cela impliquait qu’on attribuait à l’Armée
rouge, ou encore à une révolte paysanne, c’est-à-dire à d’autres. forces que le
prolétariat révolutionnaire, la capacité de créer un Etat ouvrier. Bien des divergences ultérieures
sont en germe dans cette divergence-là.
Nous avons aussi des divergences avec le SU et avec la LIT même sur nos démarches,
sur notre façon de nous adresser au prolétariat, sur notre façon de nous implanter.
Et je dirai qu’il y a même des divergences que, tout en les ressentant, nous avons du
mal à mesurer, parce que des pratiques politiques différentes, une longue existence séparée,
ont fait que bien souvent, nous ne mettons pas le même contenu dans les mots
que nous utilisons. Nous ne nous posons pas en donneurs de leçons. Mais nous avons
l’intention de vérifier notre politique sur la base de nos analyses, et de la vérifier jusqu’au
bout.
Alors bien sûr, chaque regroupement international mène la politique qu’il veut. Mais
ce que nous proposons, c’est d’avoir une attitude qui permette aux différentes tendances
internationales de coopérer, compte-tenu de ces divergences qui rendent un fonctionnement
centraliste impossible ou alors tout à fait formel, ce qui revient absolument
au même.
Les désaccords, même importants, ne doivent pas à notre avis empêcher la collabo-ration.
Pendant de longues années, les tendances bolchévique et menchévique ont coopéré
très étroitement, tout en menant des politiques très différentes. Une coopération
permettant des confrontations vivantes entre nos analyses et nos expériences politiques
respectives, nos perspectives, nos réussites et nos échecs, serait, nous le pensons,
utile à tous. Parce que je ne voudrais vexer personne, mais même ceux qui se prétendent
une Internationale, ne sont que des groupuscules. Et ce n’est pas méprisant, parce
qu’un groupuscule, nous en sommes un aussi, mais cela ne nous gêne pas de le dire.
Il est extrêmement difficile de former et de sélectionner des cadres et des dirigeants à
partir de l’expérience d’un seul groupe, avec la quantité limitée et peu diversifiée des expériences
que cela suppose. On peut toujours parler de révolution, mais diriger des lut-tes,
cela suppose une expérience, des habitudes, des pratiques justes, avant d’être à
même de diriger ces luttes. Dés pratiques, des idées qui doivent être confrontées à une
multitude d’expériences, avant d’être certains d’en avoir fait le tour. Eh bien, cela, malheureusement,
dans le cadre des petits groupes que nous sommes les uns et les autres,
y compris les petits groupes qui se baptisent «Internationale» il n’y a pas de base
pour cette expérience-là.
Il y en aura peut-être un jour, mais en attendant, nous pourrions au moins faire en
sorte que les expériences diverses que l’on peut réaliser dans les différents groupes,
puissent au moins être confrontées et comparées. Et pour nous, l’internationalisme,
c’est d’abord cela. Nous devrions avoir le sérieux de mettre en commun le peu que nous
avons, et faire en sorte que le maximum de cadres des uns et des autres, puissent se
former au travers des expériences des organisations réellement existantes.
Nous sommes prêts à collaborer avec toutes les organisations trotskystes, appartenant
à un regroupement international ou non. Nous ne leur demandons pas de changer
leurs idées politiques et leurs démarches, comme nous n’acceptons pas de changer les
nôtres, mais nous sommes prêts, avec toutes ces organisations, à former nos militants à
leur contact, et à permettre de former les leurs au nôtre. Nous voulons échanger avec
eux nos façons de mener nos politiques afin que nos militants respectifs bénéficient d’un
peu d’expérience, d’un peu d’air, d’un peu d’ouverture sur d’autres pays et sur d’autres
démarches. Et nous sommes partisans que nos politiques respectives puissent se mener
librement, indépendamment les unes des autres, tout en se confrontant fraternelle-ment.
Et à notre avis, c’est le seul moyen de permettre de sélectionner à l’échelle
internationale, des cadres d’un niveau suffisant pour former une direction internationale
reconnue par tous. Il n’est d’ailleurs même pas certain que même sur la base du nombre
de militants trotskystes existant dans le monde, il y ait une base humaine et une expérience
politique suffisantes pour sélectionner et former de tels cadres nationaux et
internationaux.
Cela signifie donc que nous proposons aussi bien au SU qu’à la LIT, que d’ailleurs à
d’autres tendances qui le veulent bien, de mettre fin à l’isolement et à la rivalité entre
sectes, de confronter nos propres expériences, et pour cela de créer un cadre où la discipline
pourrait n’être que librement acceptée, mais où elle pourrait évoluer au fur et à
mesure que les différents groupes font connaissance, et commencent à se respecter
mutuellement.
Et à notre avis, et je vais conclure là-dessus, c’est le seul moyen à notre portée dans
l’immédiat, pour travailler, pour oeuvrer dans le sens de la construction de la IV e Internationale.
A moins évidemment que l’une des organisations débouche au moins dans un
pays.
Alors bien sûr, on peut penser qu’il faut attendre cette situation, et qu’une Internationale
se constituera lorsqu’une direction émergera simplement parce qu’une section
dans un pays, ou dans plusieurs pays, aura réussi à diriger des luttes valables, et en tirera
une compétence, une autorité reconnues partout le monde. C’est ce qu’évidemment
chacune des tendances espère, mais c’est ce qui ne s’est pas fait jusqu’à
maintenant.
C’est pourquoi nous pensons aussi qu’en attendant que quelqu’un fasse réellement
ses preuves, eh bien, l’attitude la plus sérieuse, l’attitude la plus correcte, consiste à ne
pas jouer à l’Internationale lorsqu’on ne l’est pas. Et à chercher la coopération avec les
autres tendances trotskystes, à chercher à confronter ses expériences avec elles, à
chercher à trouver un cadre où bénéficier de ce que nous avons les uns et les autres de
richesses politiques, de richesses militantes, et c’est cela que nous proposons aux autres
tendances qui sont présentes ici.



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