a écrit : Jedi
Où est le défaitisme révolutionnaire des travailleurs ?
a écrit :
Et où est l'unité entre les travailleurs par de là les frontières ?
L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs ?
Où est le défaitisme révolutionnaire des travailleurs ?
(Lutte Ouvrière n°2059 du 18 janvier 2008 a écrit :
Iran - Usa : provocations iraniennes... ou américaines
Dimanche 6 janvier, un incident naval a opposé trois navires américains et cinq vedettes iraniennes dans le détroit d'Ormuz, aux confins de l'Iran et de la péninsule arabique.
D'après Téhéran les vedettes iraniennes se seraient approchées des navires US pour lire leur immatriculation et leur demander les raisons de leur présence dans cette zone. D'après les Américains, les Iraniens auraient été provocants, un responsable du Pentagone expliquant, une vidéo à l'appui, que les Iraniens venus à moins de 200 mètres des navires US, auraient menacé, par radio, de les couler : « Je vais vous attaquer, vous allez exploser dans deux minutes. » Quant à George Bush, il a immédiatement grossi l'incident, en se disant prêt à utiliser « tous les moyens pour défendre l'Amérique et les amis de l'Amérique ».
Mais la presse américaine révèle maintenant que la vidéo présentée par le Pentagone serait un montage entre des images et une bande son dont rien ne permet de penser qu'elle correspond aux soi-disant menaces verbales proférées depuis les vedettes iraniennes. De plus, à voir les minuscules vedettes iraniennes, au contact des mastodontes américains, un croiseur, un destroyer et une frégate, on se demande bien qui pouvait couler qui ?
Dans le domaine des provocations navales, l'impérialisme américain a une déjà longue tradition. Ainsi, en août 1964, un prétendu incident survenu dans le golfe du Tonkin (dont on apprit par la suite qu'il avait été totalement inventé) entre des vedettes nord-vietnamiennes et deux destroyers américains avait été le signal du début des bombardements massifs de l'aviation américaine sur le Nord-Vietnam. L'incident du détroit d'Ormuz débouchera-t-il sur une situation comparable ? En tout cas, en faisant patrouiller une flotte puissante et armée jusqu'aux dents aux limites des eaux territoriales de plusieurs pays, l'impérialisme américain assume résolument le risque de tels incidents, quitte même à les provoquer, ou tout simplement à les inventer en cas de besoin.
Cédric DUVAL
(Lutte Ouvrière n°2134 du 27 juin 2009 a écrit :
Iran : Le régime n'en a pas fini avec la contestation
Mardi 23 juin, le Conseil des gardiens de la Constitution, l'instance dirigeante de la dictature islamiste iranienne, a confirmé qu'elle considère le président sortant Mahmoud Ahmadinejad comme élu, tandis que ses concurrents continuent à le contester et à dénoncer des fraudes électorales. Il n'est désormais même plus question pour le pouvoir de faire mine de recompter les voix. Le « Guide suprême » Ali Khamenei, qui est le véritable dirigeant du régime iranien, a signifié aux opposants que la question était tranchée et que, désormais, les manifestations seraient impitoyablement réprimées.
La police et les diverses forces de répression n'avaient d'ailleurs pas attendu pour intervenir violemment contre les manifestants, n'hésitant pas à matraquer et même à tirer, faisant dix morts et de nombreux blessés. De très nombreuses arrestations semblent également avoir eu lieu. Après une dernière démonstration massive le samedi 20 juin, il semble maintenant que les manifestations soient devenues très sporadiques et en tout cas beaucoup moins nombreuses, du moins pour autant qu'on puisse le savoir puisque les informations parviennent de plus en plus difficilement à l'extérieur.
La dictature qui règne à Téhéran en a-t-elle pour autant fini avec la contestation ? Rien n'est moins sûr, évidemment. Ces élections auront été l'occasion pour les différents clans du régime de se mesurer. Pour Mir Hossein Moussavi, cet ex-Premier ministre de l'ayatollah Khomeiny qui s'est montré capable lui aussi, à son époque, de mener une répression féroce contre les opposants, elles ont été l'occasion en affrontant Ahmadinejad de se donner l'image d'un opposant démocratique, partisan d'un assouplissement du régime. Il a trouvé incontestablement une audience auprès d'une partie de la population.
Quant à celle-ci, quant aux centaines de milliers de personnes qui ont manifesté dans les rues et aux millions qui les ont approuvées, peuvent-elles continuer à accepter pendant des années ce régime de mollahs réactionnaires qui imposent à tous, et en particulier aux femmes, leur ordre moral ? L'avenir le dira, bien sûr, et montrera dans quelle mesure l'opposition au régime reste limitée à des couches citadines relativement aisées, et dans quelle mesure elle atteint les couches plus populaires, particulièrement touchées par la dégradation de la situation économique.
En tout cas, il est probable que les luttes de clans dans les sphères dirigeantes continueront, et en même temps les calculs des uns et des autres pour tenter d'utiliser à leur profit le mécontentement suscité par le régime. Au fond, c'est bien ce qu'ont fait il y a trente ans les religieux chiites en se portant à la tête de la lutte contre le régime honni du chah. Cette lutte avait été ponctuée d'une succession de manifestations massives, réprimées de façon sanglante par le régime, avant d'entraîner sa chute. Une victoire populaire qui, malheureusement, avait été suivie rapidement de l'instauration d'une nouvelle dictature, celle de la République islamique.
Les enseignements de cette expérience ont certainement été appris par bien des dignitaires de cette république elle-même. Il faut souhaiter que, au sein de la population et des couches laborieuses, bien d'autres en aient tiré les enseignements, mais d'une autre façon.
Jacques FONTENOY
a écrit :RFI - 12 septembre 2009
La menace d’une solution militaire contre Téhéran grandit
« La fenêtre entre une résolution de ce conflit et une attaque se réduit peu à peu ». En quelques mots, le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Mike Mullen a relancé les spéculations sur l'éventualité d'un recours à la force contre l'Iran.
Pour l'heure, il est inconcevable d'envisager que le président Obama donne son feu vert à une intervention militaire américaine. Mais le refus réaffirmé par les dirigeants iraniens de renoncer à l'enrichissement d'uranium complique la tâche d'un président qui attend toujours une réponse à son offre de dialogue bilatéral.
D'autant que parallèlement l'Etat hébreu évoque, par la voix d'anciens responsables militaires, sa certitude que l'option diplomatique conduira à un échec. Une manière de souligner qu'Israël est prêt à toute éventualité. Ce que confirme l'ancien secrétaire à la Défense de Bill Clinton. William Cohen assure que les Israéliens ne resterons pas les bras croisés alors que l'Iran « poursuit ses tentatives de se doter de l'arme atomique ». Mais l'Etat hébreu devra obtenir au minimum un assentiment du gouvernement américain pour se lancer dans une offensive militaire même limitée.
Pour l'heure, Barack Obama semble vouloir continuer à croire à un dialogue avec le régime iranien. Mais cette volonté pourrait rapidement disparaitre en l'absence d'un compromis iranien sur la question de l'enrichissement d'uranium.
a écrit :AFP - RFI - 10 oct. 2009
Iran: Premières condamnations à mort
Trois personnes qui comparaissaient pour leur rôle dans les incidents post-électoraux ont été condamnées à mort par le Tribunal révolutionnaire de Téhéran, a indiqué l'agence de presse iranienne Isna, en citant un porte-parole du ministère de la Justice, Zahed Bashiri Rad.
Ce sont les premières condamnations rendues publiques depuis les manifestations et les procès qui ont suivi.
"Dix-huit prévenus ont fait appel de leurs peines", a ajouté le porte-parole sans toutefois préciser ces verdicts, ni l'identité des accusés. "Ces appels seront bientôt examinés par la cour d'appel de Téhéran".
A ce jour, cinq grands procès collectifs ont eu lieu, hors du regard des médias internationaux ; des audiences durant lesquelles les inculpés auraient prononcé des « aveux » et parfois des « excuses », selon les comptes rendus officiels ; des audiences qualifiées de « spectacles » par la mouvance réformatrice iranienne.
A la suite de ces procès, certains prévenus ont été libérés sous caution. C'est le cas notamment de la jeune Française Clotilde Reiss, désormais hébergée à l'ambassade de France à Téhéran, sans pouvoir quitter le pays.
Les journées qui ont suivi l'élection du 12 juin ont été marquées par des manifestations de grande ampleur, rapidement réprimées par les forces de l'ordre.
Le pouvoir reconnaît que 36 personnes ont perdu la vie lors des affrontements, l'opposition parle du double. De source officielle iranienne, on admet l'arrestation de 4 000 manifestants dont 140 ont été renvoyés devant la justice.
Jusqu'ici, aucun verdict n'avait été prononcé. Les premiers à être rendus publics sont donc des condamnations à la peine capitale, pour participations aux troubles post-électoraux, mais aussi pour liens avec des organisations interdites : royaliste ou Moudjahidine du peuple.
a écrit :Iran en lutte - oct 2009
Iran: Vague d'exécutions ces dernières semaines
La République Islamique d'Iran a pendu quatorze prisonniers ces deux dernières semaines (du 27 septembre au 11 octobre). Trois victimes sont des femmes.
Six prisonniers, dont deux femmes, ont été pendus le 6 octobre à la prison Karoon à Ahwaz, au sud-est du pays, rapporte mardi le journal lié à l'Etat Kayhan. Ces personnes exécutées sont identifiées comme étant Abdullah J., Khadijeh J., Fozieh J. et Karim A. Deux autres prisonniers, Oday B. et Saad B., ont été envoyés à échafaud le 8 octobre dans la même prison rapporte le même journal.
En plus, Rahim Mohamamdi a été pendu le 6 octobre à Tabriz. Dans les villes du nord-est de Taybad et Sarakh, cinq hommes et une femmes ont été pendus les 27 et 29 septembre.
L'exécution le 11 octobre à la prison Evin de Teheran de Behnood Shojaee, âgé de 21 ans, et accusé d'un crime (une bagarre qui a mal tourné) alors qu'il n'avait que 17 ans au moment des faits, a provoqué l'indignation en Iran et dans de nombreux pays.
Selon certains rapports, huit autres jeunes, dont trois: Safar Angooti, Mohammad Reza Haddadi et Amir Amrollahi, condamnés pour des crimes qu’ils ont commis alors qu’ils étaient mineurs, devraient aussi être pendus la semaine prochaine. Certaines familles de victimes ont accepté de donner leur pardon en échange d’une compensation financière.
Par ailleurs, Nemat Safavi, reconnu coupable «d'actes sexuels non admis» (homosexualité), a été condamné par le tribunal d’Ardabil, en Azerbaidjan iranien, à la peine de mort. Détenu depuis plus de trois ans, il attend désormais que la cour suprême valide la sentence et aucune information n’est donnée par la justice sur son sort.
Les condamnations à mort de participants aux manifestations qui ont fait suite à l'éléction présidentielle du mois de juin s'élèvent maintenant à quatre : Hamed Rouhinejad, Arash Rahmanpour, Naser Abdolhosseini et Mohammad-Reza Zamani-Pour.
Pour deux d'entre eux, on a déjà par le biais de militants pour les Droits Humains en Iran des témoignages qui montrent à quel point les procès ont été montés de toutes pièces et les accusations sont bidons. L'un d'eux, Hamed Rouhinejad, était déjà en prison avant l'élection présidentielle.
On remarque que deux des condamnés à mort sont issus des quartiers sud (pauvres) de la capitale. Le régime prend des gens au hasard pour leur faire avouer tout et n'importe quoi et les condamner à mort pour terroriser la population.
La République Islamique espère que cette vague de répression et d'exécutions créera une atmosphère de peur et de terreur afin de mettre fin au soulèvement populaire.
a écrit :Les ouvriers d’Ahvaz Pipe (Khuzestan) en grêve alors depuis plus d'une semaine ont manifesté pour obtenir le paiement d’une dizaine de mois de salaire en retard. C'est ce qu'indique un communiqué du Parti Communiste-Ouvrier d'Iran daté du 25 octobre.
Des milliers de personnes ont participé à cette manifestation, malgré les tentatives des forces de répression d’empêcher la population de la ville de rejoindre la manifestation. Des agents des forces de sécurité du régime ont néanmoins pu confisquer des téléphones portables de gens qui tentaient de prendre des photos ou de filmer la manifestation. Cette manifestation a été l'occasion pour la population de scander des slogans hostiles au régime comme “mort au dictateur”, “mort aux capitalistes”, “la vie humaine est notre droit inaliénable”.
Le 24 octobre dans la matinée, (toujours selon le PCOI) des travailleurs de la cité industrielle d’Alborz, dans les environs de la ville de Qazvin, ont eux aussi protesté pour obtenir le paiement de quatre mois de salaire en retard en bloquant la route principale menant à la cité industrielle.
De leur côté, les travailleurs du métro de Téhéran ont débrayé pendant une demi-heure. Ce débrayage était considéré comme une grève d’avertissement pour demander le règlement de plusieurs mois d’allocations non-payés. La direction, suite à ce débrayage, a promis de verser les sommes dues dans les jours qui viennent. Les travailleurs ont quant à eux déclaré que si la direction ne tient pas ses promesses, ils se remettraient en grève.
On signale de nombreux mouvements de grèves spontanés dans les entreprises.
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Un mouvement de colére s’est emparé des facs et universités iraniennes. Il est en train de grandir dans tout le pays.
Protestation étudiante à la branche centrale de l’université Azad de Téhéran le 20 octobre : “les caméras de vidéosurveillances ne font plus effet”.
Protestation étudiante à l’université technologique de Téhéran le 19 octobre. Alors que des représentants du régime doivent prendre la parole, ils sont accueillis par des lancers de chaussures et par le slogan “meurtriers dehors !” qui visait une fois de plus les miliciens et les assassins Bassij’s en civil.
Il y a des vidéos qui sont mises en ligne sur youtube. Elles ne dépassent pas une dizaine de secondes. Par souci de sécurité, elles montrent essentiellement des jambes, mais laissent entendre des slogans hostiles au régime.
Vague de graffitis et de tags sans précedent contre le régime dans tout le pays.
Les étudiant(e)s montrent constamment leur opposition et leur résistance par des graffitis sur les murs de l’université. La plupart des bassidji sont occupés à repeindre ou à nettoyer les murs pour effacer les slogans qui s’en prennent au “leader suprême Khamenei”. S’en prendre à Khamenei, c’est s’en prendre au régime lui-même. Et les slogans contre lui fleurissent sur les murs, les chaises, dans les cabines téléphoniques et ailleurs.
Le graffiti le plus populaire qui est inscrit sur plein de murs contre le régime de Ahmadinejad et Khamenei est « nous devons finir la révolution de 1979 et chasser le Dictateur ».
Les billets de banque servent aussi a véhiculer la contestation :
Les Iranien(nes) qui sont trés inventif(ves) pour véhiculer sur tout les supports possibles ne ratent pas une occasion de protester contre le régime des mollahs. Une manière très originale consiste à utiliser les billets de banque pour faire passer des slogans. Les autorités prises de court et de panique par l’ampleur du mouvement n’ont rien trouvé de mieux que demander à la population de … ne plus utiliser ces billets que les commerçants dans leur majorité ne refusent pas.
De nouvelles mobilisations sont prévues a travers tout le pays a la fin du mois d’octobre et le 4 novembre.
Tous les samedis depuis la fin juin, les mères des victimes de la répression et des femmes solidaires se rassemblent au Parc Laleh de Téhéran pour commémorer leurs enfants tués ou emprisonnés par les forces de sécurité du régime et dénoncer la répression.
Ce 17 octobre, elles y étaient plus de 200. Des jeunes et des passants sont venus grossir leur groupe.
Des agents en civil ont leur ont confisqué des films et des photos pour créer un climat de peur, promettant de convoquer les manifestants identifiés. Pour finir, ils n’ont pu s’empêcher de tirer des gaz lacrymogènes pour disperser le cortège.
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Les dernières mesures prises au sein du Corps des Gardiens de la Révolution islamique:
– Création d'une cyber-armée avec la complicitè de Nokia et Siemens
Voulant réagir à une « attaque de l’étranger » qui cherche à instiguer une « révolution de velours » par les réseaux téléphoniques et internet, le régime a créé un « commandement de cyber défense des gardiens de la révolution » avec la complicité des sociétés Nokia et Siemens qui ont livré au régime des logiciels des serveurs, des infrastructures et des moyens de filtrage énorme pour tenter de censurer le net iranien.
-en 2007 ce service est chargé d’évaluer les délits organisés en terme de terrorisme, d’espionnage, économiques et sociaux sur la toile » en Iran comme dans le monde, en coopération avec la batterie d’organes de renseignement et de contrôle qui prolifèrent sous ce régime. L’existence de ce centre a été rendue publique le 19 mars 2009 avec l’annonce d’ «arrestations massives et exceptionnelles de membres du plus grand site de diffusion de corruption comme cadeau de Nouvel an (le 21 mars en Iran) ». L’Agence officielle Irna ajoutait le 8 octobre dernier que plusieurs « autres groupes qui portaient atteintes aux valeurs du système et diffusaient des idées et menaient des activités déviantes vis-à-vis de la révolution » ont été arrêtés et condamnés.
- Modification de la structure militaire et politique du Corps des Gardiens de la Révolution (CGR) dans chaque province qui a été dotée d’un corps indépendant. La capitale s’est vu attribuer un corps spécial, distinct de celui du secteur du Grand Téhéran. En tout, on dénombre 31 CGR provinciaux.
- Charger le CGR de la sécurité du Golfe Persique et l’implanter dans le Golfe d’Aden.
Le commandant en chef du CGR, l'amiral Safar a déclaré que désormais « la principale zone d’action de la marine du CGR était le Golfe persique et le détroit d’Hormouz et pour lutter contre la piraterie, elle a dû étendre ses activités au golfe d’Aden. »
a écrit :Le Monde - 05 dec. 2009
L'avenir de l'Iran se décidera-t-il dans la rue ?
par Mirza Bozorg, universitaire iranien.
Le 7 décembre/16 azar, célébration de la Journée de l'étudiant, les Iraniens sortiront à nouveau dans la rue pour clamer leur rejet du pouvoir illégitime en place et relancer leur lutte démocratique contre la junte et l'islam milicien d'Ahmadinejad. Depuis l'historique journée de protestation nationale du 15 juin 2009 – où des millions de citoyens vinrent spontanément dans les avenues de la capitale pour dire merde à Ahmadinejad et à la clique de tricheurs qui tenaient à imposer cet "illuminé" à la présidence – , la majorité des citadins et le mouvement des Verts viennent régulièrement dans la rue pour manifester à la barbe des forces répressives leur opposition au régime putschiste.
Même si comparaison n'est pas raison, on se rappellera que le renversement de la monarchie en 1979 fut préparé par une succession de protestations populaires qui obligèrent le chah à céder à la pression de la rue en moins d'un an.
D'ailleurs, ce processus semble bien caractériser la logique des régimes totalitaires : ne pouvant satisfaire les revendications légitimes du citoyen, ceux-ci tentent de bloquer les canaux d'expression de la volonté populaire, de réprimer les droits fondamentaux des gens, dont leur liberté de parole et, par conséquent, la vox populi n'a donc plus qu'un choix pour se faire entendre : c'est de descendre dans la rue !
Depuis plus de cinq mois, c'est ce que fait courageusement la majorité des Iraniens, malgré les violences de la milice islamique, les emprisonnements et les procès arbitraires. La teneur des slogans du mouvement démocratique a maintenant changé car il ne s'agit plus de protester contre les élections frauduleuses ou de conspuer vivement chaque soir Ahmadinejad, le mini-dictateur.
Aujourd'hui, la récente manifestation du 4 novembre/13 aban l'a montré – des effigies du guide Khamenei ont été déchirées puis piétinées –, c'est bien le régime islamique qui est visé ! L'islam politique instauré en 1979 par Khomeyni et militarisé par la junte putschiste actuelle n'est plus l'aspiration nationale. On peut avancer que les trois quarts de la population veulent un système de gouvernement autre que ladite gouvernance du légiste (velayat-e faghih). Les conditions de possibilité de ce changement semblent se réunir vu que le gouvernement milicien d'Ahmadinejad ne dispose plus d'assise sociale solide et se doit d'imposer par la force ou la menace ses objectifs. On peut parler de son isolement croissant :
– à l'intérieur, où les dissensions au sein du bloc au pouvoir (entre ultra-conservateurs, junte du Sépah et entourage de Khamenei) s'accentuent, comme l'indique la politique sans queue ni tête du pouvoir dans tous les domaines : aussi bien sur les questions économiques, le dossier nucléaire, que l'emploi modulé de la répression contre l'opposition réformiste, les propos des dirigeants et des parlementaires s'opposent à ceux des militaires du Sepah (Gardiens de la révolution) qui n'ont pas peur même de contredire le guide Khamenei. Cette confusion tous azimuts se retrouve aussi dans les allégations officielles concernant la subite disparition de Kordan – l'ex- ministre de l'intérieur qui avait acheté des titres universitaires bidon, vient de mourir d'un cancer ?! – ou le suicide inattendu du malheureux médecin de la prison de Kahrizak – en juillet, nombre de jeunes y ont été violés, battus ou assassinés –, brusques décès qui prêtent à des rumeurs contradictoires et font penser que les autorités ne se gênent
pas avec les personnes jugées gênantes ! Ajoutons le dernier boniment de cette semaine : le porte-parole du gouvernement est venu annoncer, sans peur du ridicule, que le blocage du compte personnel du Prix Nobel de la paix, Chirine Ebadi, a été décidé parce qu'elle n'avait pas payé ses impôts !
– à l'extérieur, tant sur le plan régional qu'à l'échelle internationale, l'élection contestée du président Ahmadinejad et la répression brutale des manifestations ont discrédité encore plus le régime islamique, dont l'image était déjà bien terne. Au sein du monde occidental ou arabe, il affiche un profil bas, compte tenu de ses ingérences au Yémen ou ailleurs, de ses divers essais de missiles de longue portée, et de son double jeu dans la question du nucléaire (le site caché de Qom dénoncé par l'Agence internationale de l'énergie). Après pas mal de tractations et de gages réciproques, Obama a pu convaincre les Russes et les Chinois du danger de laisser cette junte agressive, prônant une idéologie islamique extrémiste, disposer d'un arsenal atomique.
Si les nouvelles sanctions des grandes puissances se trouvent vite avalisées par le Conseil [de sécurité] des Nations unies, elles auront des répercussions notables sur l'économie du pays et sur le panier de la ménagère et, cet hiver, la junte au pouvoir aura bien du mal à fermer l'œil car des réactions sociales d'envergure peuvent éclater.
Isolé de plus en plus à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, objet d'une double pression au niveau national et international, qui va probablement s'amplifier au cours des mois suivants, que va faire le gouvernement milicien d'Ahmadinejad face à cet étau qui se resserre ?
En fait, lorsqu'un pouvoir ne sait plus où donner de la tête, quand il se trouve acculé sur divers fronts, généralement il sombre dans la fuite en avant et la politique du pire. Aussi, il faut s'attendre à ce que la junte islamique intensifie sa répression contre l'opposition populaire et son hostilité à l'égard de l'Occident et des institutions internationales, d'autant plus que les régimes de ce type croient trouver dans la violence, la confrontation ou la guerre une solution provisoire à leurs contradictions.
De toute façon, à tous les échelons, la bataille intérieure se développe contre l'islam milicien d'Ahmadinejad, comme le confirme l'annonce du retrait de l'éminent ayatollah Javadi Amoli, qui vient d'abandonner ses responsabilités à Qom. Ainsi, on voit que le clergé se distancie progressivement du pouvoir actuel car, à ses yeux, la junte militariste du Sepah est en train d'anéantir l'islam chiite traditionnel pour instaurer la religiosité extrémiste et messianique prônée par la secte hojjatiyé, minorité dénoncée au début de la révolution par le le fondateur de la République islamique, Khomeyni. Cette idéologie style Ben Laden défend l'islamisation à outrance des institutions et des âmes.
D'ailleurs cette semaine, le guide décrié Khamenei a chargé Haddad, l'universitaire honni des étudiants, du projet d'islamisation des sciences sociales. Un truc dans la foulée des Khmers rouges, qui, rappelons-le, haïssaient aussi bien les sciences sociales que le monde urbain et moderne ! Mais après près de trente ans de khomeynisme, l’islamisation forcée du pays n'a aucun sens. Les étudiants, les jeunes et tous les Iraniens qui vont descendre dans la rue le 7 décembre puis les mois prochains (Achoura, commémoration du martyre de l'imam Hosseyn ; 22 bahman/11 février, anniversaire de la révolution) ne manqueront pas de clamer à la clique d'Ahmadinejad qu'ils ne veulent rien d'autre qu'un nouvel avenir.
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