Elections au Nepal

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Message par redsamourai » 25 Mai 2008, 18:42

il me semble que personne ne nie effectivement qu'il y ait des "étapes" dans la lutte pour le pouvoir. Le débat se situe plutot autour de l'assimilation entre le PCN-M et la classe ouvrière.

et sauf vot' respect, je ne vois pas vraiment - ou bien ma mémoire défaille - quel argument tu as apporté pour démontrer qu'effectivement le PCN-M est un parti implanté dans la classe ouvrière et/ou donnant la priorité à son développement dans le prolétariat.

C'est normal, vu l'état des informations dont on dispose, mais dans ces conditions j'ai dû mal à comprendre que tu accuses des contradicteurs de s'appuyer sur des oui-dires : toi-même ne semble pas disposer de beaucoup d'argument pour montrer que le PCN-M dirige son activité avant tout vers la classe ouvriere (et pourtant c'est encore moins que le minimum pour un parti "communiste").

ça ne veut pas dire qu'il ne faudra pas défendre le PCN-M contre les menaces dont il pourra faire l'objet du fait de l'impérialisme, évidemment.
redsamourai
 
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Message par redsamourai » 25 Mai 2008, 19:33

avoir déposé le roi, d'accord.

mais mise en difficulté des impérialistes? je n'ai pas eu cette impression:
- si j'ai bien compris, ils se refusent à toucher à la propriété privée des entreprises et vont devoir donner des gages aux capitalistes étrangers.
- pour ce qui est de la réforme agraire, je crois qu'on n'a rien vu (pas encore diras-tu? et bien justement!) ni rien entendu sur le sujet, en tout cas pas même dans les déclarations des leaders qui ont été mises en ligne ici.

penser que le PCN-M n'est pas en situation de menacer en danger sa bourgeoisie nationale, c'est une chose (et c'est contestable). Mais pourquoi dans ce cas en rajouter en disant qu'ils sont une menace pour l'impérialisme?

On a le droit et le devoir de réfléchir sur des actes, pas sur des sigles, et ce n'est pas avoir une attitude contre-révolutionnaire ou gauchiste que de chercher à juger sur pièce.

Pour l'instant, la seule pièce que nous ayons c'est la réforme constitutionnelle: c'est à dire un républicanisme fédéral. Des intentions d'alphabétisation aussi. Mais pour ce qui est de "balayer le féodalisme", si on se refuse à toucher à la structure de la propriété, ben c'est pas très conséquent.

Comme pas mal de camarades, je préfère rester dans la minorité et défendre un programme qui s'attaque à ce qui fait réellement la force d'une classe sociale: la propriété, plutot que d'être majoritaire pour refourguer des vêtements neufs aux possédants. Et à mon avis j'aurais la même attitude dans un pays arriéré économiquement.
C'est du gauchisme? Moi je te dis : adopter un programme fédéraliste et républicain pour gagner les élections - ou être majoritaire car ce programme est certainement antérieur aux élections - c'est de l'opportunisme, ou un programme constitutionnel-libéral. Surement les deux en fait.

Alors voilà, c'est surement un progrès pour le Népal, mais un parti dont on ne sait pas s'il est implanté dans la classe ouvrière et qui défend un programme de réforme constitutionnel, il n'y a a priori aucune raison de lui accorder du crédit sur le plan du communisme, du prolétariat et de la révolution.
redsamourai
 
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Message par com_71 » 25 Mai 2008, 20:49

Toutes les étapes que tu veux (n'en abuse pas), sauf celle d'un pouvoir d'état exercé en commun avec des représentants de la bourgeoisie, parceque cela ne saurait être qu'un pouvoir bourgeois, c'est-à-dire un obstacle vers le socialisme et non une étape. D'ailleurs une telle politique, mise en oeuvre par un parti se réclamant de la classe ouvrière, est une marque sure qu'il ne s'agit plus, si il l'a jamais été, d'un parti défendant les intérêts de la classe ouvrière.

Je sais très bien que la formule "dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie" de Lénine, ne tranchait pas sur ce point. C'est pour cela qu'il est capital de noter, que dans les faits, Lénine n'a pas défendu cette politique au cours de l'année 17, et que cette politique a été évincée des premières résolutions de l'IC, auxquelles Lénine était loin d'être étranger.

L'ouvrage de Trotsky "La révolution permanente" de Trotsky est pratiquement tout entier consacré à cette question, à la lumière de la révolution chinoise et il faut quand même un certain culot, ou une ignorance totale de la 1ère, pour mettre un signe égal entre la "révolution permanente" et la formule apolitique de Mao "révolution ininterrompue".

Nous ne sommes pas en train d'élaborer un programme pour la classe ouvrière du Népal, il y aurait quelques conditions qui ne sont pas réunies mais il est clair en tout cas qu'un pouvoir dont un représentant autorisé déclare
a écrit :Les sept partis avec lesquels nous avons fait alliance contre la monarchie dès 2005, ont mangé dans la main du roi plus souvent qu'à leur tour lorsque cela les arrangeait.

Quelles sont les phases à venir de la révolution ?

L'abolition de la monarchie en représentait le volet politique. Nous devons maintenant nous attaquer à la restructuration administrative du pays. Le Népal deviendra une République fédérale composée de 11 états régionaux qui bénéficieront d'une large autonomie. Nous voulons un régime présidentiel fort, avec un Premier ministre. Bref, une République à la française, le fédéralisme en plus, comme en Suisse.
dans une interview qui ignore par ailleurs les mots "travailleurs" et "classe ouvrière", ne saurait être qu'un pouvoir bourgeois.

Nous nous sentirons très probablement de son côté s'il est attaqué par l'impérialisme, mais c'est une autre question.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Zappa » 25 Mai 2008, 20:52

Faire trembler l'impérialisme n'est pas l'unique apanage des communistes révolutionnaires. Castro, Ho Chi Minh, le FLN et consorts ont bien fait chié les pays impérialistes à leur époque. Est-ce que le parti communiste maoïste népalais fera autant qu'un Castro ? On verra bien...
Le vrai problème c'est est-ce qu'il fallait se mettre à genoux devant les Castro, Ho Chi Minh, Ben Bella parce que momentanément ils secouaient le joug impérialiste et fallait il laisser traîner des illusions comme quoi ils allaient réaliser le socialisme tôt ou tard dans leurs pays respectifs?
Pour moi le PCN-M a le même mode d'action ( guérilla ), s'est appuyé sur la même couche sociale ( paysannerie pauvre ), et a à peu de choses près la même rhétorique que bien de ces mouvements nationalistes radicaux qui ne visaient qu'à faire émerger une plus puissante bourgeoisie nationale.
Le PCN-M a été élu avec une partie des voix des prolétaires népalais, il dirigerait une centrale syndicale... A la Havane, les ouvriers cubains étaient bien contents de voir débarquer Fidel et ses guérilleros, et Castro a ensuite monté des comités de quartier où les gens allaient en masse : ça n'a changé ni la nature du régime de Castro ni les buts qu'il s'était assigné.
Zappa
 
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Message par Puig Antich » 25 Mai 2008, 22:52

a écrit :
Aucun. Je n'en sais rien. Je suis cela de très loin et avec très peu d'informations.( Puig dit qu'ils "disposent" une centrale syndicale(j'imagine ont beaucoup d'influence mais le concept de Puig est..."possesif" si on peut dire...). C'est une grande centrale? C'est la seule? Regroupe tous les travailleurs? Une partie? Je n'en sais rien, mais c'est déjà ça.)



Je ne sais pas si elle est grande. Elle a lancé l'ordre de grève générale lors du mouvement de masse à Katmandou. C'est une scission de la centrale affiliée au PCN(mlu) conciliateur. Chaque parti semble avoir son "syndicat" (y compris le parti libéral du Congrès) - et il y a beaucoup de partis. Mon adjectif est donc effectivement "possessif" - car c'est tout bonnement la conception des mouvements staliniens et apparentés de disposer de "ses propres" organisations de masse (ce qui n'est d'ailleurs pas toujours invariablement un défaut) - dans l'optique courroie de transmission.

Merci pour le "journaliste de libération" convive, ça fait toujours plaisir.
Puig Antich
 
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Message par Puig Antich » 25 Mai 2008, 23:17

a écrit :
Zappa croit savoir qu'une forme de la lutte armée (la guerrille) definie la nature d'un parti et d'un etat (s'ils arrivent au pouvoir) C'est la contribution dominicale "créatrice" de Zappa à sa théorie "communiste"...
Ah comme c'est beau! Que dieu garde son ame dans le meme état d'inocence et de béatitude.


C'est pas la forme, c'est les objectifs politiques que défendent cette lutte armée, et sa base sociale, qui définissent la nature d'un parti et d'un gouvernement qui en serait issu. Dans le cadre du Népal, l s'agit d'une guerre populaire menée par la majorité paysanne, un certain nombre de minorités nationales (le Népal est à proprement parler une juxtaposition de minorités nationales intégrées plus ou moins dans le système oppressif indhouiste). L'objectif est l'obtention des droits démocratiques les plus larges pour ces minorités opprimées - dont les femmes; cela passe par renverser les structures d'ancien régime. L'intervention indépendante de la classe ouvrière est très faible : intervention dans le mouvement mais en mode spontané, appui électoral aux maoïstes, certainement quelques petites revendications mises en avant - mais bien loin, non pas de l'expropriation des capitalistes, mais même seulement d'un simple contrôle ouvrier sur les comptes, la production (programme bolchevique de 17). Au lieu de cela développement d'un capitalisme mixte public-privé - un capitalisme "dans le bon sens du terme", " de transition ". On a déjà vu cela ... un capitalisme de transition vers le capitalisme.

Il faut un soulévement général des prolétaires asiatiques, et là la situation pourra changer.
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Message par Puig Antich » 26 Mai 2008, 12:43

Convive varie sa ligne en fonction de son sentimentalisme. J'ai dit la même chose un peu plus haut et il disait qu'il était d'accord avec moi, quand je soulignais l'importance de satisfaire les revendications démocratiques, même si ça ne peut être qu'imcomplet, instable, imparfait dans le cadre du capitalisme, et donc le côté positif de la victoire du PCN. Par contre, dire la même chose en sens inverse, c'est à dire que cela ne peut pas être durable, et n'a rien à voir avec la révolution socialiste et le parti prolétarien qui doit la mener à bien, c'est à dire pointer les limites de la situation, et on se heurte à une foule de reproches farfelus. Pourtant c'est une évidence qu'il n'y a pas de perspectives socialistes pour le Népal sans soulévement en Inde et en Chine. Cela tient plus à un attachement sentimental au maoisme.


Sur ta question " que propose tu comme revendication ", je pense pas que c'est en notre capacité ni notre rôle de définir des revendications précises pour les ouvriers népalais. Mais j'ai dit plus haut que la ligne générale pour la classe ouvrière dans la révolution démocratique était : construire ses propres forces indépendantes, se défier de la bourgeoisie nationale sur tout ce qui concerne les revendications ouvrières sans limitation d' "étapes", l'a soutenir lorsqu'elle s'oppose aux résidus féodaux, etc. Voilà en gros.

Sur la question des "étapes" sinon, tes objections sont tirées par les cheveux. Il s'agit pas de discuter de la notion d'étape pris abstraitement, mais de se situer dans le débat à ce sujet qui a eu lieu pendant la crise de la social-démocratie en 14, dans l'Internationale communiste pendant sa dégénérescence stalinienne, et a opposé deux conceptions précises, l'une - centriste, puis contre-révolutionnaire - d'alliance stratégique avec la bourgeoisie ("nationale", "progressiste", "antifasciste"), l'autre de révolution permanente (c'est à dire, à l'échelle de la période historique que nous connaissons, fondée sur l'impossibilité de satisfaire durablement les acquis démocratiques-bourgeois dans le cadre du système capitaliste).

Dans ce débat, le maoïsme se situe en dernière analyse du côté stalinien, avec cette particularité qu'il a mené des révolutions démocratiques à bien tandis que Staline y était, de fait, opposé, d'où le gadget de la "révolution ininterrompue par étapes". C'est à dire que le maoïsme a pu apparaitre comme une opposition de gauche (nationaliste bourgeoise) à la ligne soviétique (nationaliste bourgeoise aussi). De fait, il n'a jamais mené au delà d'une accumulation capitaliste nationale avec des aspects sociaux et égalitaires (sous diverses formes, étatiques en particulier), préparant la réintroduction progressive du marché et avec elle la liquidation des acquis révolutionnaires (Chine actuelle, etc.). Cet aspect d'ailleurs est quasiment reconnu par Mao, lorsqu'il traite de la contradiction entre bourgeoisie nationale et prolétariat comme une "contradiction au sein du peuple".

Pour finir, non 1917 ne fut pas une "guerre populaire prolongée".
Puig Antich
 
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