Où veux-tu en venir, Wolf ?
Pour des gens comme Lafontaine, le calcul du Linkspartei n'est pas une rupture fondamentale avec la politique de Schröder, tout juste une façon de s'en démarquer à temps pour éviter le discrédit qui a touché l'ensemble du SPD. Qu'un certain nombre de réformistes et de syndicalistes ex-soutiens du SPD aient rejoint le Linkspartei pour prendre, eux, une certaine distance avec la politique du SPD ou certains de ses aspects, c'est probable. Mais ça ne signifie même pas pour eux un tournant à gauche, au mieux un refus de trop dériver à droite. Si on veut, on peut parler d'opposition à la politique menée par Schröder ces dernières années, mais pas de rupture avec celle qu'incarne le SPD depuis des décennies ! Il y aurait sans doute un discours à tenir envers ceux (y compris, peut-être, des travailleurs non politisés jusqu'ici ou des militants syndicalistes de base... en tout cas, c'est à vérifier) qui rejoignent aujourd'hui le Linkspartei avec l'illusion qu'il pourrait réellement représenter une alternative politique pour les travailleurs (ce qui ne signifie pas le rejoindre, ce que fait la majorité de l'extrême gauche allemande), mais c'est une autre question...
Mais qu'apporte donc à ton avis cette idée de "contradiction fondamentale" au sujet du SPD ? Bref, quelles conclusions en tires-tu en termes d'orientation politique pour les révolutionnaires ? Si c'est seulement demander que le SPD "rompe avec la bourgeoisie" (!) en quittant le gouvernement de coalition avec la CDU/CSU, c'est au mieux dérisoire ! Le SPD ne romprait évidemment pas avec la bourgeoisie même s'il quittait un de ces jours la coalition en gestation & fixer cet objectif politique comme une victoire possible du mouvement ouvrier ne peut que contribuer à entretenir la confusion et les illusions existantes -- on ne peut pas forcément grand-chose à ce qu'elles existent toujours, mais on a le devoir de ne pas les entretenir.