Un vent de panique s'abat sur l'économie

Dans le monde...

Message par Sterd » 29 Sep 2008, 23:16

("Le Figaro" a écrit :Lundi noir à Wall Street après le rejet du plan Paulson

Les marchés ont cédé à la panique après le rejet du plan de sauvetage des banques par la Chambre des Représentants. Le Dow Jones perd 6,98% et le Nasdaq Composite 9,14%.

Dans le rouge dès les premiers échanges, la bourse de New York a accéléré sa perte après l'annonce du rejet du plan de sauvetage des banques par la Chambre des Représentants. Par 228 voix contre et 205 pour, ces derniers ont refusé au secrétaire au Trésor Henry Paulson les moyens qu'il demandait pour stabiliser le système financier américain. Près de deux républicains sur trois ont rejeté le plan. Suite à cette nouvelle, le Dow Jones perd 6,63%, soit une perte jamais vue de plus de 700 points, et le Nasdaq Composite 9,14%.

Dès l'ouverture des marchés américains, les parlementaires américains avaient entamé, à la Chambre des représentants, le débat sur le vote d'un massif plan de sauvetage bancaire de 700 milliards de dollars, baptisé «Loi sur la stabilisation économique d'urgence de 2008». Peu rassurant, le président démocrate de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, Barney Frank, avait indiqué à l'ouverture des débats que si la loi ne passerait pas aujourd'hui, «ce sera un très mauvais jour pour le secteur financier».

Le président George W. Bush avait lui-même admis que le vote serait «difficile» alors que le projet de loi n'est guère populaire auprès des contribuables. A l'occasion d'une rencontre avec le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, Bush s'est dit «déçu» par ce rejet. «Nous avons conçu un plan important parce que nous avons un problème important» a-t-il poursuivi, assurant que son administration mettrait tout en œuvre pour «continuer à (…) attaquer de front à la situation économique».

En Europe, les bancaires ont été dans le rouge tout au long de la journée et les marchés ont plongé suite aux nationalisations de Fortis et de Bradford & Bingley, et sur une éventuelle augmentation de capital de Dexia qui «fait partie des établissements financiers fragilisés et sous haute surveillance», selon le Figaro.

Sur le plan macroéconomique, l'indice des prix à la consommation (PCE) progresse de 4,5% sur un an en août, contre +4,6% en juillet. L'indice PCE de base, grimpe de 2,6% en rythme annuel. Les revenus des ménages ont crû en août de 0,5% par rapport à juillet. Quant aux dépenses des ménages, elles sont restées stables. Les analystes tablaient sur une hausse de 0,2% pour ces deux indices.

Les valeurs du jour

Citigroup (-11,91%) reprend une grande partie des activités de Wachovia dans le cadre d'un accord avec la Federal Deposit Insurance Corp (FDIC), l'agence de garantie des dépôts bancaires américaine. Citigroup va reprendre jusqu'à 42 milliards de dettes de la banque sur un portefeuille de prêts de 312 milliards de dollars. La FDIC couvrira le dépassement de ce seuil. Wells Fargo était également intéressé, selon le New York Times et le Wall Street Journal. La FDIC a précisé que Wachovia n'était pas en faillite et que les titulaires de comptes étaient protégés.

Selon le Financial Times, AIG (-20,63%) étudie la vente de plus de quinze activités afin de rembourser le prêt de 85 milliards que lui a consenti la Réserve fédérale au risque de voir les autorités américaines prendre 80% de son capital. Selon le journal, il envisage de se séparer de sa filiale de leasing aérien International Lease Financial Corp, de sa participation de 59% dans le réassureur Transatlantic Holdings ainsi que son portefeuille immobilier et ses investissements dans le private equity. De son côté, le Sunday Telegraph indique qu'AIG a accepté de vendre 25% des parts de ses actifs dans l'aéroport London City Airport à Global Infrastructure Partners, pour environ 250 millions de livres sterling (315 millions d'euros) indique. GIP est un fonds d'investissement dont les actionnaires sont Credit Suisse et General Electric. AIG a décidé de se passer de l'accord de ses actionnaires pour l'émission d'actions préférentielles convertibles qui doit permettre à l'Etat américain de prendre 79,9% de son capital.

Eli Lilly (-4,89%) et Daiichi Sankyo ont indiqué que les autorités sanitaires américaines (FDA) n'ont pas encore fini leur examen du Prasugrel, leur médicament anticoagulant, qui devrait concurrencer le Plavix de Bristol-Myers Squibb et Sanofi-Aventis.

Selon le New York Times, Goldman Sachs (-12,10%) serait exposé à hauteur de 20 milliards de dollars dans AIG. Goldman Sachs conteste, en soulignant que son exposition est compensée par des collatéraux et n'était en rien matérielle et que l'article était gravement trompeur. Dans le cadre de sa transformation de banque d'investissement en banque de détail, le Financial Times, cette fois, indique que Goldman Sachs chercherait 50 milliards d'actifs.

Sterd
 
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Message par akira1917 » 29 Sep 2008, 23:30

Rosa Luxembourg dans "Réforme sociale ou révolution ?" (1898 !!)
Moins politique que l'extrait du Programme de transition, mais tout aussi juste et d'actualité (même si un peu incomplet vu le développement qu'a connu le crédit et la capital financier en un siècle).
a écrit :[Selon Bernstein,]les moyens d’adaptation les plus efficaces de l’économie capitaliste sont l’institution du crédit, l’amélioration des moyens de communication, et les organisations patronales.

Commençons par le crédit. De ses multiples fonctions dans l’économie capitaliste, la plus importante consiste à accroître la capacité d’extension de la production et à faciliter l’échange. Au cas où la tendance interne de la production capitaliste à un accroissement illimité se heurte aux limites de la propriété privée, aux dimensions restreintes du capital privé, le crédit apparaît comme le moyen de surmonter ces limites dans le cadre du capitalisme ; il intervient pour concentrer un grand nombre de capitaux privés en un seul - c’est le système des sociétés par actions - et pour assurer aux capitalistes la disposition de capitaux étrangers - c’est le système du crédit industriel. Par ailleurs, le crédit commercial accélère l’échange des marchandises, donc le reflux du capital dans le circuit de la production. On se rend aisément compte de l’influence qu’exercent ces deux fonctions essentielles du crédit sur la formation des crises. On sait que les crises résultent de la contradiction entre la capacité d’extension, la tendance à l’expansion de la production d’une part, et la capacité de consommation restreinte du marché d’autre part ; en ce sens le crédit est précisément, nous l’avons vu plus haut, le moyen spécifique de faire éclater cette contradiction aussi souvent que possible. Tout d’abord, il augmente la capacité d’extension de la production dans des proportions gigantesques ; il est la force motrice interne qui la pousse à dépasser constamment les limites du marché. Mais il frappe de deux côtés. En sa qualité de facteur de la production, il a contribué à provoquer la surproduction ; en sa qualité de facteur d’échange il ne fait, pendant la crise, qu’aider à la destruction radicale des forces productives qu’il a lui-même mises en marche. Dès les premiers symptômes d’engorgement du marché, le crédit fond ; il abandonne la fonction de l’échange précisément au moment où celui-ci serait indispensable ; il révèle son inefficacité et son inutilité quand il existe encore, et contribue au cours de la crise à réduire au minimum la capacité de consommation du marché. Nous avons cité les deux effets principaux du crédit ; il agit encore diversement sur la formation des crises. Non seulement il offre au capitaliste la possibilité de recourir aux capitaux étrangers, mais encore il l’encourage à faire un usage hardi et sans scrupules de la propriété d’autrui, autrement dit il l’incite à des spéculations hasardeuses. Ainsi, en qualité de facteur secret d’échange de marchandises, non seulement il aggrave la crise, mais encore il facilite son apparition et son extension, en faisant de l’échange un mécanisme extrêmement complexe et artificiel, ayant pour base réelle un minimum d’argent métallique ; de ce fait, il provoque, à la moindre occasion, des troubles dans ce mécanisme. Ainsi le crédit, loin de contribuer à abolir ou même à atténuer les crises, en est au contraire un agent puissant. Il ne peut d’ailleurs en être autrement.
akira1917
 
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Message par Puig Antich » 29 Sep 2008, 23:57

Puisqu'on en est aux classiques, j'encourage la lecture d'un auteur moins connu, issu de l'ultra-gauche, Paul Mattick, avec son bouquin Crises et théories des crises (éditions champ libre) qui, sans rien dire de fondamentalement nouveau et parfois un peu lapidaire et critiquable sur certains points, tente une généalogie critique des théories des crises dans le marxisme comme dans l'économie bourgeoise.

La thèse centrale est, en gros, que les théories sous-consommationistes, qui font dériver la crise directement de la capacité réduite de consommation des classes laborieuses et de la surproduction de marchandises subséquentes (manifestation, symptôme, de la crise), sont une simplification de ce qu'a dit Marx (même si certaines de ses formules vont en sens inverse), et il remet au centre la question de la baisse tendancielle du taux de profit, et de la pénurie relative de plus-value, comme cause ultime de la stagnation et de l'interruption de l'accumulation. Il analyse sur cette base les développements à l'ére keynesienne et leurs limites (notamment la politique de crédit et de monnaie).
Puig Antich
 
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Message par com_71 » 30 Sep 2008, 08:50

Et, 30 ans avant l'extrait de Trotsky cité plus haut, Lénine dans "la catastrophe imminente et les moyens de la conjurer" (septembre 1917) :

(Lénine a écrit :Nationalisation des banques

Les banques, on le sait, constituent les foyers de la vie économique moderne, les principaux centres nerveux de tout le système capitaliste d'économie. Parler de la « réglementation de la vie économique » et passer sous silence la nationalisation des banques, c'est ou bien faire preuve de l'ignorance la plus crasse ou bien tromper le « bon peuple » avec des paroles pompeuses et des promesses grandiloquentes, que l'on est décidé par avance à ne point tenir.

Contrôler et réglementer les livraisons de blé ou, en général la production et la répartition des produits, sans contrôler, sans réglementer les opérations de banque, est un non-sens. C'est faire la chasse à des « copecks » problématiques et fermer les yeux sur des millions de roubles. Les banques modernes ont si intimement, si indissolublement fusionné avec le commerce (du blé comme de tout autre produit) et l'industrie que, sans « mettre la main » sur les banques, il est absolument impossible de rien faire de sérieux, qui soit vraiment « démocratique et révolutionnaire ».

Mais peut-être cette « mainmise » de l'État sur les banques est-elle une opération très difficile et très compliquée ? C'est précisément par des arguments de ce genre que l'on cherche d'ordinaire à faire peur aux philistins. Ce sont, bien entendu, les capitalistes et leurs défenseurs qui s'y emploient, car ils y trouvent leur avantage.

En réalité, la nationalisation des banques, qui n'enlève pas un seul copeck à aucun « possesseur », ne présente absolument aucune difficulté au point de vue de la technique ou de la culture; elle est entravée uniquement par la cupidité sordide d'une infinie poignée de richards. Si l'on confond aussi souvent la nationalisation des banques avec la confiscation des biens privés, la faute en est à la presse bourgeoise qui répand cette confusion, son intérêt étant de tromper le public.

La propriété des capitaux concentrés dans les banques et avec lesquels celles-ci opèrent, est certifiée par des attestations imprimées ou manuscrites, appelées actions, obligations, lettres de change, reçus, etc. Aucune de ces attestations n'est annulée ni modifiée par la nationalisation des banques, c'est-à-dire par leur fusion en une seule banque d'État. L'individu qui avait 15 roubles sur son livret de caisse d'épargne reste possesseur de ces 15 roubles après. la nationalisation des banques, et celui qui possédait 15 millions garde également, après la nationalisation des banques, ces 15 millions sous forme d'actions, d'obligations, de lettres de change, de warrants, etc.

Quelle est donc la portée de la nationalisation des banques ?

C'est qu'aucun contrôle effectif des différentes banques et de leurs opérations n'est possible (même si le secret commercial est supprimé, etc.); car on ne peut suivre les procédés extrêmement complexes, embrouillés et subtils employés pour établir les bilans, fonder des entreprises et des filiales fictives, faire intervenir des hommes de paille, etc., etc. Seule la réunion de toutes les banques en une banque unique, sans signifier par elle-même le moindre changement dans les rapports de propriété, sans enlever - répétons-le - un seul copeck à aucun possesseur, rend possible le contrôle effectif à la condition bien entendu que soient appliquées toutes les autres mesures indiquées plus haut. Seule la nationalisation des banques permet d'obtenir que l'État sache où et comment, de quel côté et à quel moment passent les millions et les milliards. Seul le contrôle exercé sur les banques - ce centre, ce principal pivot et ce mécanisme essentiel du trafic capitaliste permettrait d'organiser, en fait et non en paroles, le contrôle de toute la vie économique, de la production et de la répartition des principaux produits; il permettrait d'organiser la « réglementation de la vie économique », qui, sans cela, est infailliblement vouée à n'être qu'une phrase ministérielle destinée à duper le bon peuple. Seul le contrôle des opérations de banque, à la condition qu'elles soient effectuées dans une seule banque d'État, permet d'organiser, grâce à des mesures ultérieures facilement applicables, la perception effective de l'impôt sur le revenu, sans qu'il soit possible de dissimuler les biens et revenus; car aujourd'hui, cet impôt n'est la plupart du temps qu'une fiction.

Il suffirait de décréter purement et simplement la nationalisation des banques; les directeurs et les employés la réaliseraient eux-mêmes. Ici, point n'est besoin pour l'État d'aucun appareil spécial, d'aucune préparation spéciale, cette mesure pouvant précisément être réalisée par un seul décret, « d'un seul coup ». Car la possibilité économique d'une telle mesure a été créée justement par le capitalisme qui, dans son développement, en est arrivé aux lettres de change, aux actions, aux obligations, etc. Il ne reste ici qu'à unifier la comptabilité; et si l'État démocratique révolutionnaire décidait la convocation immédiate - par télégraphe - d'assemblées des directeurs et des employés dans chaque ville et de congrès dans chaque région et dans tout le pays, pour la fusion immédiate de toutes les banques en une seule banque d'État, cette réforme serait accomplie en quelques semaines. Il va de soi que ce sont précisément les directeurs et les cadres supérieurs qui résisteraient, qui s'efforceraient, de tromper l'État, de faire traîner les choses en longueur, etc. Car ces messieurs-là perdraient leurs sinécures si lucratives, ils perdraient la possibilité de se livrer à des opérations malhonnêtes particulièrement avantageuses. Tout est là. Mais la fusion des banques ne présente pas la moindre difficulté technique, et si le pouvoir d'État était révolutionnaire autrement qu'en paroles (c'est-à-dire s'il n'avait pas peur de rompre avec l'inertie et la routine), s'il était démocratique autrement qu'en paroles (c'est-à-dire s'il agissait dans l'intérêt de la majorité du peuple, et non d'une poignée de richards), il suffirait de décréter, comme châtiment, la confiscation des biens et la prison pour les directeurs, administrateurs et gros actionnaires qui se seraient rendus coupables de la moindre manœuvre dilatoire et de tentatives de dissimuler des documents et relevés de comptes; il suffirait, par exemple, de grouper à part les employés pauvres et d'accorder des primes à ceux d'entre eux qui découvriraient des fraudes et manœuvres dilatoires de la part des cadres riches, et la nationalisation des banques se ferait sans heurt ni secousse, en moins de rien.

Les avantages de la nationalisation des banques seraient immenses pour le peuple entier, non pas tant pour les ouvriers (ceux-ci ont rarement affaire aux banques) que pour la masse des paysans et des petits industriels. Il en résulterait une économie colossale de travail et, à supposer que l'État garde l'ancien effectif des employés de banque, cela marquerait un pas considérable vers l'universalisation (la généralisation) de l'usage des banques, vers la multiplication de leurs succursales; la population serait plus à même de profiter des services des banques, etc., etc. Il deviendrait beaucoup plus facile justement pour les petits patrons, pour les paysans, d'obtenir du crédit. Quant à l'État il aurait, pour la première fois, la possibilité d'abord de connaître toutes les principales opérations financières, sans dissimulation possible, puis de les contrôler, ensuite de réglementer la vie économique, enfin d'obtenir des millions et des milliards pour les grandes opérations d'État, sans avoir à payer, « pour le service rendu », des « commissions » exorbitantes à messieurs les capitalistes. C'est pour cette raison - et seulement pour cette raison - que tous les capitalistes, tous les professeurs bourgeois, toute la bourgeoisie et tous les Plékhanov, les Potressov et Cie qui s'en font les valets sont prêts, l'écume aux lèvres, à partir en guerre contre la nationalisation des banques, à inventer des milliers de prétextes contre cette mesure éminemment facile et urgente alors que, même du point de vue de la « défense » nationale, c'est-à-dire du point de vue militaire, elle comporte d'immenses avantages et soit de nature à accroître énormément la « puissance militaire » du pays.

Mais ici l'on nous opposera peut-être l'objection suivante : comment se fait-il que des États aussi avancés que l'Allemagne et les États-Unis d’Amérique procèdent à une admirable « réglementation de la vie économique » sans même songer à nationaliser les banques ?

Parce que, répondrons-nous, ces États, dont l'un est une monarchie et l'autre une république, sont tous deux non seulement capitalistes, mais encore impérialistes. Comme tels, ils réalisent les réformes qui leur sont nécessaires par la voie bureaucratique réactionnaire. Or, ici, nous parlons de la voie démocratique révolutionnaire.

Cette « petite différence » a une importance capitale. Le plus souvent, on « n'a pas coutume » d'y penser. Les mots « démocratie révolutionnaire » sont devenus chez nous (notamment chez les socialistes-révolutionnaires et les mencheviks) presque une phrase conventionnelle comme l'expression « Dieu merci », employée par des gens qui ne sont pas ignorants au point de croire en Dieu, ou comme l'expression « honorable citoyen », que l'on emploie parfois même quand on s'adresse aux collaborateurs du Dien [1] ou de l'Edinstvo [2], bien que tout le monde, ou presque, se doute que ces journaux ont été fondés et sont entretenus par des capitalistes, dans l'intérêt des capitalistes, et que, par conséquent, la collaboration de pseudo-socialistes à ces organes soit fort peu « honorable ».

Si l'on n'emploie le terme de « démocratie révolutionnaire » ni comme un cliché pompeux, ni comme une appellation conventionnelle, mais en réfléchissant à son sens, on verra qu'être démocrate, c'est compter effectivement avec les intérêts de la majorité du peuple, et non de la minorité; qu'être révolutionnaire, c'est briser de la façon la plus résolue, la plus impitoyable tout ce qui est nuisible et suranné.

En Amérique, non plus qu'en Allemagne, ni les gouvernements ni les classes dirigeantes ne prétendent, que l'on sache, au titre de « démocratie révolutionnaire » : nos socialistes-révolutionnaires et nos mencheviks y prétendont (et le prostituent).

Il n'existe, en Allemagne, que quatre grandes banques privées, qui ont une importance nationale; les États-Unis n'en comptent que deux. Il est plus aisé, plus commode, plus avantageux, pour les rois de la finance qui sont à la tête de ces banques, de s'associer sans publicité, en secret, à la manière réactionnaire et non révolutionnaire, bureaucratiquement et non démocratiquement, en corrompant les fonctionnaires de l'État (c'est la règle générale et pour les États-Unis et pour l'Allemagne), en maintenant le caractère privé des banques justement pour garder le secret des opérations, pour percevoir de ce même État des millions et des millions de « surprofit », pour assurer le succès de frauduleuses combinaisons financières.

L'Amérique comme l'Allemagne « réglementent la vie économique » de façon à créer un bagne militaire pour les ouvriers (et en partie pour les paysans), et un paradis pour les banquiers et les capitalistes. Leur réglementation consiste à « serrer la vis » aux ouvriers jusqu'à la famine et à assurer aux capitalistes (en secret, à la manière bureaucratique réactionnaire) des profits supérieurs à ceux d'avant-guerre.

Cette voie est tout à fait possible également pour la Russie impérialiste républicaine. C'est ce que font, d'ailleurs, non seulement les Milioukov et les Chingarev, mais aussi Kérensky marchant de compagnie avec Térechtchenko, Nékrassov, Bernatski, Prokopovitch et consorts, qui couvrent eux aussi, par des procédés bureaucratiques réactionnaires l'« inviolabilité » des banques et leurs droits sacrés à des profits exorbitants. Ayons donc le courage de dire la vérité : on veut, en Russie républicaine, réglementer la vie économique par des méthodes bureaucratiques réactionnaires, mais on a « souvent » du mal à réaliser la chose du fait de l'existence des « Soviets », que le Kornilov numéro un n'a pas réussi à disperser, ce que tâchera de faire un Kornilov numéro deux...

Voilà la vérité. Et cette vérité simple, bien qu'amère, est plus utile pour éclairer le peuple que les mensonges mielleux sur « notre » « grande » démocratie « révolutionnaire »...

La nationalisation des banques rendrait infiniment plus facile la nationalisation simultanée des assurances, c'est-à-dire la fusion de toutes les compagnies d'assurances en une seule, la centralisation de leur activité et le contrôle de celle-ci par l'État. Les congrès des employés des compagnies d'assurances accompliraient, cette fois encore, la fusion sans délai et sans aucun effort, si l'État démocratique révolutionnaire la décrétait et prescrivait aux directeurs et aux gros actionnaires d'y procéder sans le moindre retard, sous leur entière responsabilité personnelle.

Les capitalistes ont engagé des centaines de millions dans les assurances; tout le travail y est effectué par les employés. La fusion aurait pour résultat d'abaisser la prime d'assurance, de procurer une foule d'avantages et de commodités à tous les assurés, dont elle permettrait d'augmenter, le nombre avec la même dépense d'énergie et de ressources. Aucune, absolument aucune autre raison que l'inertie, la routine et la cupidité d'une poignée de titulaires de sinécures lucratives ne s'oppose à cette réforme qui augmenterait aussi, d'autre part, la « capacité de défense » du pays, économiserait le travail du peuple et ouvrirait de sérieuses possibilités de « réglementation de la vie économique », en fait et non en paroles.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par pedro » 30 Sep 2008, 13:18

J'écoutais la radio se matin et les commentaires sur la crise qui touche l'europe... Eh bien, pour les banquiers français, il n'y a pas de raison de s'inquiéter, les banques françaises sont plus costauds que les banques américaines... Ah, sacrée méthode Coué!
pedro
 
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Message par Vérié » 30 Sep 2008, 14:31

(pedro @ mardi 30 septembre 2008 à 14:18 a écrit : J'écoutais la radio se matin et les commentaires sur la crise qui touche l'europe... Eh bien, pour les banquiers français, il n'y a pas de raison de s'inquiéter, les banques françaises sont plus costauds que les banques américaines... Ah, sacrée méthode Coué!
Oui, c'était absolument grotesque. Un représentant des banques expliquait que tout va bien, etr deux minutes plus tard un "économiste" disait exactement le contraire. Ces gens-là donnent l'impression de ne pas savoir eux-mêmes où ils en sont.

Bayrou disait quelques trucs sensés sur l'A2 à 13 h, en particulier que la crise ne peut pas se régler au niveau de la France, donc que le discours de Sarko, c'est du pipeau pour amuser la galerie. Bayrou n'allait tout de meme pas jusqu'à préconiser la planification à l'échelle mondiale...

Des passants américains interrogés dans la rue à New York disaient eux-aussi des choses sensées, du genre : "Où va aller tout ce fric ? A permettre aux banquiers et actionnaires de continuer à se remplir les poches alors que nous allons avoir de plus en plus de mal à payer nos crédits etc"

Le plus "réaliste" était le correspondant de l'A2 à Wall street, qui disait :"A ce train-là, les Américains vont être condamnés à manger des nouilles pendant 15 ans". On peut craindre qu'ils en fassent bouffer au monde entier... pour ceux qui pourront encore en acheter !

Quoi qu'il en soit, au delà des tracts et bulletins habituels, une campagne d'ampleur des révolutionnaires serait nécessaire pour donner notre point de vue sur le capitalisme, les mesures à exiger, le plan d'urgence etc.
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Message par redsamourai » 30 Sep 2008, 15:14

LO est en campagne constante et intensive sur ce sujet depuis un an (euh non plus enfin bref vous me suivez), et il parait que les copains cherchent à y associer le maximum de monde, le milieu large de LO, tout ceux qui se sentent un peu du côté des idées qu'elle défend...

ça te dit vérié, une grande campagne non électronique sur le sujet? je suis sûr que tu dois pouvoir te faire inviter :-P ;)
redsamourai
 
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Message par Vérié » 30 Sep 2008, 17:50

(redsamourai @ mardi 30 septembre 2008 à 16:14 a écrit : LO est en campagne constante et intensive sur ce sujet depuis un an (euh non plus enfin bref vous me suivez), et il parait que les copains cherchent à y associer le maximum de monde, le milieu large de LO, tout ceux qui se sentent un peu du côté des idées qu'elle défend...

ça te dit vérié, une grande campagne non électronique sur le sujet? je suis sûr que tu dois pouvoir te faire inviter  :-P   ;)

Je n'ai pas attendu LO...
Associer des gens autour de sa boutique, ce n'est pas faire une campagne large et se donner les moyens d'être le plus efficace possible. Une campagne nationale LO, LCR (ou NPA) + les groupes qui accepteraient de s'y associer, ça aurait une certaine gueule et ça toucherait plus de monde que les caravanes et les mini-ventes de masse de LO.
____

PS Penses-tu donc que tu es le seul forumeur à ne pas te contenter de l'électronique ? :33:
Vérié
 
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Message par Apfelstrudel » 30 Sep 2008, 18:37

(Vérié a écrit :Une campagne nationale LO, LCR (ou NPA) + les groupes qui accepteraient de s'y associer, ça aurait une certaine gueule et ça toucherait plus de monde que les caravanes et les mini-ventes de masse de LO.

Pourquoi ?
Si on additionnait les caravanes les caravanes de LO avec les activités du même genre faites par la LCR et "les groupes", je ne vois pas trop comment ça pourrait avoir beaucoup plus de gueule que les caravanes de LO seule.
Sauf si c'est parce que tu trouves que les mots d'ordre de la ligue ont "plus de gueule" que ceux de LO. :whistling_notes:
Apfelstrudel
 
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Message par Vérié » 30 Sep 2008, 18:50

(Apfelstrudel @ mardi 30 septembre 2008 à 19:37 a écrit :
(Vérié a écrit :Une campagne nationale LO, LCR (ou NPA) + les groupes qui accepteraient de s'y associer, ça aurait une certaine gueule et ça toucherait plus de monde que les caravanes et les mini-ventes de masse de LO.

Pourquoi ?
Si on additionnait les caravanes les caravanes de LO avec les activités du même genre faites par la LCR et "les groupes", je ne vois pas trop comment ça pourrait avoir beaucoup plus de gueule que les caravanes de LO seule.
Sauf si c'est parce que tu trouves que les mots d'ordre de la ligue ont "plus de gueule" que ceux de LO. :whistling_notes:

Non, ce n'est pas une question de forme des slogans, affiches etc. Qui est tout de meme secondaire. Mais une campagne commune permet à beaucoup plus de gens d'agir en même temps, de couvrir les murs des memes affiches, de distribuer les memes tracts, de manifester ensemble, d'apparaitre ensemble dans les médias etc. Ce n'est pas la meme chose que l'addition de campagnes séparées en ordre dispersé.

Je ne dis pas que c'est un moyen miraculeux, mais ça pourrait avoir de la gueule et toucher une partie de la population et des travailleurs. De plus, l'action commune encourage les mlitants et les sympathisants. Elle peut paralyser et faire perdre du temps quand il s'agit de discuter des textes, de pinailler etc, mais pas sur un thème comme celui-ci où nous serions certainement nombreux à être d'accord.
Vérié
 
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