Tension sociale en Algérie

Dans le monde...

Message par Antigone » 15 Mars 2010, 12:23

a écrit :AFP - 14 mar 2010

Algérie : la grève des praticiens de la santé jugée "illégale" par la justice

ALGER - La grève observée depuis plus de deux mois par les praticiens de la santé publique en Algérie a été jugée illégale par la justice, a indiqué dimanche à Alger le ministre algérien de la Santé Saïd Barkat.

"La justice a tranché et déclaré la grève du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et du syndicat des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) illégale et nous allons prendre les dispositions nécessaires", a déclaré M. Barkat.
Le ministre, dont les propos sont rapportés par l'agence APS, s'exprimait en marge d'un salon sur le médicament générique.

Les deux syndicats avaient annoncé samedi la poursuite de la grève qu'ils reconduisent chaque semaine pour des revendications socio-professionnelles.
Ils réclament notamment la révision du statut particulier promulgué fin 2009, l'ouverture de discussions sur le régime indemnitaire ou l'octroi d'un quota de logements de fonction.

Selon le ministre, parmi ces revendications, il y en a "certaines légitimes, même très légitimes", sur lesquelles son département est prêt à négocier, et d'autres "carrément illogiques, en contradiction avec la loi et le règlement de la Fonction publique".
"Ce n'est pas normal que des médecins demandent la cession définitive de logements de fonction à leur profit", a estimé M. Barkat.
Il a ajouté que la seule issue à cette crise réside dans le "dialogue", qui exige cependant un "minimum de réserve" et "l'aptitude à faire des concessions", a-t-il dit.

Les représentants des deux syndicats avaient été reçus mercredi à El Mouradia, siège de la présidence de la République, à l'issue d'un rassemblement de leurs adhérents.
Les adhérents du SNPSP et du SNPSSP, qui regroupent l'un les généralistes l'autre les spécialistes, sont en grève depuis fin décembre pour l'un et début janvier pour l'autre mais assurent les urgences, le suivi des malades chroniques ou les gardes dans les hôpitaux publics.

La justice aux ordres vient encore au secours du pouvoir. Après avoir jugé illégale la grêve d'Arcellor-Mittal et menacé de licencier les enseignants récalcitrants, c'est au tour du mouvement des praticiens d'être mis hors-la-loi.
La menace et la matraque, ce sont les seules réponses que le régime décrépit du FLN soit en mesure d'opposer au vent de fronde qui souffle depuis plusieurs mois sur la société algérienne.
Pour combien de temps ?
Bouteflika va peut-être réussir à tenir jusqu'à la Coupe du monde de football, mais après ?
Antigone
 
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Message par Antigone » 17 Mars 2010, 13:31

a écrit :TSA - 16 mar 2010

Blessés et arrestations à Oran lors de la destruction d’un bidonville

L’opération de destruction d’un bidonville mardi matin près d’Oran a tourné à l’émeute. Des affrontements ont éclaté entre les forces de l’ordre et des habitants d’une quarantaine de constructions illicites situées à l’intérieur de la forêt d’El Hassi près d’Oran, qui contestaient la démolition de leurs maisons. Les affrontements ont fait plusieurs blessés par les gendarmes et les manifestants dont cinq ont été interpellés.

Des familles en colère ont empêché les engins de destruction d'avancer en barricadant les accès par des pierres et des pneus brulés. D’importantes forces de l’ordre ont été dépêchées sur les lieux et dont l’intervention a été musclée. Les forces antiémeutes ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser la foule composée essentiellement de jeunes. Ce qui a permis aux engins de démolir la quarantaine de bicoques construites par des familles en quête de logis. Aucun programme de relogement n’a été prévu pour reloger les familles évacuées, selon des manifestants. La destutcion de ce bidonville était programmée depuis plusieurs semaines.
Hamid Bahri

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El Watan - 17 mar 2010

Mal-logés et habitants de bidonvilles se comptent par millions
Les autorités submergées par les demandes de logement

La tension sur le logement monte. Des scènes d’émeutes sont signalées régulièrement à différents endroits de la capitale comme un peu partout ailleurs dans les grandes villes du pays et leurs périphéries. Après les habitants de Diar Echems, un quartier d’Alger, qui se sont soulevés contre les autorités locales avant d’obtenir ce toit qu’ils ont attendu pendant de longues années, d’autres sans-logis des divers quartiers à investissent la rue afin de faire entendre leur ras-le-bol et exiger leur relogement. Ainsi les habitants de Zaâtcha, Saint-Georges à Birdkadem ou d’un autre bidonville, dont on vient de découvrir parfois le nom, se sont révoltés ces dernières semaines contre des responsables locaux.

Le mécontentement de ceux de Diar Echems à El Madania (Alger) en octobre dernier et l’écho reçu en « haut lieu » semblent avoir fait des « émules ». La décision prise par les autorités de reloger les protestataires a vraisemblablement incité des occupants des autres bidonvilles, comme ceux des chalets des centres de transit à travers le pays, à sortir dans la rue pour se « faire voir des autorités », mais surtout exiger un logement. La frustration est encore celle des nombreux demandeurs (LSP, sociaux locatifs, promotionnel) qui craignent que les « logements qui leur sont destinés soient détournés au profit des occupants des bidonvilles qui sont relogés parce qu’ils protestent en occupant la voie publique ». « A Diar Echems, une famille de six membres a bénéficié de six appartements. Moi qui a préféré ne pas construire de baraque, je ne bénéficie pas pour autant des faveurs de la République. L’opération de relogement entamée depuis trois jours ne concernera pas dans les semaines à venir les familles restées pour leur grand malheur dans des cagibis exigus », déplore un fonctionnaire de la wilaya qui assure que l’Etat ne peut subvenir aux besoins en logements, surtout dans la formule sociale.

Des autorités locales, jamais associées à ces opérations, craignent que la décision de « privilégier » les plus irrédentistes de la population ne crée l’irréparable. « La frustration est grande et ça gronde de partout. La décision de l’Etat, compréhensible d’un certain côté, peut créer des dérapages et une tension sociale, surtout que plusieurs programmes ne sont pas encore achevés. Des demandeurs de logements LSP (logement social participatif), par exemple, attendent que l’entrepreneur leur fasse appel pour payer leur tranche alors que d’autres désespèrent de voir les chantiers sortir de sous terre », se désole un élu d’une APC de la périphérie d’Alger, jamais favorisée lors de la distribution de quotas de logements aux « APC riches ». Le wali d’Alger, garant de la sécurité dans la capitale, s’est montré intransigeant lors d’un discours prononcé à l’occasion d’une session de l’APW.
Il a affirmé aux élus de l’Assemblée, surpris de voir l’ordre du jour consacré à la formation professionnelle et ses perspectives bousculé, que l’Etat restera « intransigeant » face aux velléités de révolte d’une partie de la population. « Celui qui sortira trouvera l’Etat en face », menace Mohamed Kebbir Addou qui a prononcé sa harangue au lendemain d’un mouvement de protestation au bidonville de Zaâtcha à Sidi M’hamed.

Le risque de contagion est important à Alger, la ville compte plus de 50 000 familles qui occupent des bidonvilles disséminés sur tout le territoire de la wilaya. Selon le wali, il n’est pas facile de reloger à la fois toutes les familles dans le besoin. « Les demandes de logement à Alger sont au nombre de 200 000 auxquelles s’ajoutent les résidants des chalets et des occupants des caves et des terrasses. Le programme de rénovation des vieux quartiers comme Diar Echems a commencé en 2004, c’est-à-dire bien avant les événements que l’on connaît », explique-t-il en faisant remarquer que d’ici octobre prochain, plus de 10 000 logements seront distribués dont une bonne partie est destinée à résorber l’habitat précaire. « 41% du programme de logements en chantier à Alger est consacré au RHP. L’autre moitié est consacrée aux autres programmes », assure-t-on à la wilaya
Nadir Iddir

La semaine dernière, au lendemain des émeutes à Zaâtcha, le wali d'Alger avait annoncé que 10 000 logements (chiffre dérisoire) seraient livrés à partir de ce mois, promettant que tous les emménagements seraient terminés avant la fin de l'année.
Il avait déclaré que les habitants devaient prendre leur mal en patience le temps que le processus se mette en place. « L’opération demande de la patience, de la compréhension et de la discipline. Couper la route en brûlant des pneus et en pensant faire pression sur les autorités est une erreur monumentale »,

A peine le pouvoir est-il parvenu à faire retomber la révolte des classes moyennes qu'une autre révolte s'annonce à l'horizon, venant des bidonvilles et qui pourrait fort bien embraser le coeur même des grandes villes.
Antigone
 
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Message par Antigone » 18 Mars 2010, 14:29

a écrit :Alger républicain, éditorial du numéro de mars-avril 2010

Intensification des luttes sociales
Contradiction inconciliable entre ceux « d’en haut » et ceux « d’en bas »

L’année 2010 s’annonce sous des signes qui incitent à l’optimisme. Le pays assiste à un saut qualitatif dans l’éveil de la conscience sociale des travailleurs, manuels ou intellectuels.
Ouvriers de Rouiba, d’El Hadjar, de Sidi Bel Abbes, enseignants, médecins du secteur public, jeunes chômeurs - la liste des catégories socio-professionnelles entraînées dans le combat social est de plus en plus longue - se mettent en mouvement. Les discours sur la crise, sur la baisse des recettes pétrolières, sur la hausse des prix des biens importés et sur la nécessité qui en découlerait d’accepter des “sacrifices” n’ont pas de prise sur les travailleurs en grève. Tous constatent que les crises ne touchent pas et n’ont jamais touché tout le monde de la même façon. Une minorité s’enrichit de crise en crise, accumule sans état d’âme un patrimoine immobilier insolent ou place l’argent du pillage dans les banques étrangères. Mais les travailleurs, les petits commerçants et artisans, les catégories “moyennes” de salariés, eux, s’appauvrissent.
Les couches sociales dominantes, les hommes des appareils du pouvoir qui avaient conduit le pays au désastre de la crise de 1985 n’ont nullement souffert de l’application des mesures d’ajustements structurels de 1994 provoquées par leur politique. Au contraire, les “réformes” leur ont profité et les ont immensément enrichis. Mieux encore, grâce à “l’esprit des réformes” et à la culpabilisation des principes moraux qualifiés de “populistes” par les tenants d’une “modernité” capitaliste, leurs richesses illicites sont désormais blanchies et les nouveaux nantis peuvent étaler sans avoir à se cacher les fruits de leur rapine.
Les terres nationalisées ont été restituées aux anciens féodaux et gros propriétaires - et même les “dons” des hauts fonctionnaires - sans que le prix des produits alimentaires et le volume de leur importation aient baissé. Les banques publiques se sont pliées “en quatre” pour servir en généreux “crédits téléphoniques”, et sans aucune garantie, les messieurs influents et les enfants de ces messieurs, afin qu’ils importent en toute liberté camelote et biens de luxe, cassent le secteur productif, réduisent au chômage et à la misère des centaines de milliers de travailleurs et leurs familles. Le volume des crédits que ces messieurs ont daigné rembourser est insignifiant. Pour camoufler les trous, le gouvernement a régulièrement recours à une recapitalisation des banques publiques et cette opération est mise mensongèrement sur le compte des dettes du secteur public.

Aucun “capitaine d’industrie” n’a surgi en échange de cette manne. En revanche, des barons de l’huile, du sucre, du rond à béton, du médicament, des voitures, du blé, etc., bref des barons du tout import qui peuplent les coulisses et les couloirs du régime, il y en a à profusion. Les signes de leur prospérité agressent le travailleur de l’usine autant que l’enseignant ou le jeune sans travail, sans logement, sans espoir de se marier : villas somptueuses, véhicules à 10 millions de dinars que conduisent les filles et les fils insouciants de “ceux d’en haut”, heureux d’exhiber leur patriotisme d’apparat à chaque compétition internationale de football, mais n’éprouvant aucun sentiment d’indignation face aux injonctions des ambassadeurs des grandes puissances impérialistes qui nous disent ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire.

Alors, après 25 ans de réformes et de crises dont les conséquences ont été supportées par les seules couches populaires, après une sanglante décennie qui plonge ses causes dans la politique économique et sociale des couches sociales dominantes, les travailleurs répondent au pouvoir qui les appelle à de nouveaux sacrifices : “faqo !”

Les défenseurs du régime auront beau utiliser la qualification de l’équipe nationale de football au mondial 2010, souffler sur les braises d’un chauvinisme latent, ou discourir sur la criminalisation du colonialisme, pour faire diversion, les travailleurs se laissent de moins en moins prendre facilement au piège.

Le pouvoir pourra encore menacer, intimider, réprimer, bastonner à coups de manches de pioche, acheter des “syndicalistes”serviles, tant qu’il y a encore des miettes à leur donner, il n’empêchera pas l’aiguisement de la conscience de classe et la politisation chez ceux qui produisent les richesses mais sont les derniers à prendre leur part de ces richesses. Le régime ne peut pas faire de concessions de lui-même. Ce sont les luttes et une solidarité des ouvriers et des salariés sans faille qui l’y obligent. Toute sa politique a consisté depuis plus de vingt ans à réduire les impôts sur les plus riches, à leur accorder des cadeaux de toutes sortes aux dépens des équilibres du budget de l’Etat et sans effet aucun sur le niveau de la production matérielle. Le directeur général des Impôts vient de reconnaître que la “pression fiscale” algérienne est la plus basse de la Méditerranée. Rien qu’en dix ans, elle a diminué de 60% ! La baisse réelle est encore plus effarante si l’on tient compte de l’impact des fraudes et de l’informel alimenté par les barons de l’import. Ajoutons à ce tableau les surfacturations à grande échelle des importations et des travaux publics utilisées comme procédé de pillage massif du revenu national par les couches sociales qui forment la base sociale du pouvoir actuel, sans oublier les grands marchés accordés aux multinationales - téléphonie mobile, cimenteries, centrales électriques, usines de liquéfaction du gaz naturel, construction des lignes et fournitures de tramways, etc. - pour consolider les alliances de ces couches sociales avec les puissances impérialistes.

On comprend alors pourquoi les comptes financiers extérieurs de l’Algérie sont sous pression et pourquoi la fiscalité ordinaire (hors fiscalité pétrolière) ne suffit plus depuis des années à couvrir les dépenses de fonctionnement de l’État, le déficit entre celles-ci et les recettes ordinaires s’aggravant à vue d’œil.

Voilà pourquoi le régime n’est pas disposé à écouter les cris de détresse des travailleurs et des couches laborieuses. Toute concession entraînera la nécessité de réduire la part des couches parasitaires que ces dernières ne sont pas disposées à l’accepter, sauf en cas d’un grand mouvement populaire. Il y a une contradiction inconciliable entre les intérêts des travailleurs et ceux des classes possédantes. Peu importe le moyen qui a permis aux possédants d’accumuler leurs richesses, que ce soit par des procédés purement mafieux ou “classiques”, c’est-à-dire par l’extorsion de la plus-value de la classe ouvrière. Face à celle-ci, ils sont tous unis et prêts à réprimer sans hésitation pour conserver leurs privilèges. Aucun dialogue ou “partenariat social” n’est possible dans un régime capitaliste si ce n’est pour berner les travailleurs et gagner du temps et encore plus d’argent.

La seule issue pour les classes populaires réside dans un changement radical débouchant sur l’avènement d’un nouveau système social qui sera sous leur contrôle et exprimera leurs intérêts. C’est la condition pour elles d’améliorer leur condition et de sauver par la même le pays d’un naufrage certain.
Zoheir Bessa
Antigone
 
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Message par Antigone » 19 Mars 2010, 14:25

a écrit :TSA - 19 mar 2010

Les mouvements de colère reprennent à Alger: nuit agitée à Zâatcha

Le quartier Zâatcha, situé à côté de la cité Mahieddine au centre d’Alger, a connu une nuit agitée entre mercredi et jeudi. Le mouvement de colère a commencé vers 20 heures par la sortie de bandes de jeunes qui ont fermé la rue en haut de la salle Harcha et le boulevard des Martyrs. Ils ont tenté de casser certains magasins de ce boulevard où se trouve les sièges de la télévision et de la radio algériennes, et se sont attaqués au lampadaires. Des pneus ont été brûlés à côté de la mosquée Ech-Chouhadaa.

Les forces anti émeutes ont fermé la circulation sur ce boulevard vers 21 heures pour empêcher l’avancée des contestataires vers les sièges de ces deux médias mais également vers celui de la présidence de la République située à moins d’un kilomètre de Zâatcha, là où un bidonville s’est développé autour des chalets provisoires construits dans les années 1950. L’affrontement entre les manifestants et les forces de police se sont poursuivis jusqu’à minuit. Les habitants ont voulu exprimer leur refus d’être relogés à Birtouta à 20 km d’Alger.

Le relogement des habitants d’un autre quartier précaire d’Alger, Diar Echms, entamé cette semaine, a crée une vague de colère dans d’autres endroits de la capitale. Jeudi, des mouvements de protestation ont également éclaté à Diar El Kefd, à Ain Naâdja et à Gué de Constantine où se trouve le plus grand bidonville d’Alger
Merouane Mokdad


El Watan - 19 mar 2010

Le plus grand bidonville d’Alger s’enflamme

« Pourquoi Diar Echems et pas nous ? » Après l’annonce de l’attribution de logements dans la cité d’El Madania, les revendications contaminent tous les ghettos d’Alger. Mercredi et hier matin, le plus grand bidonville de la capitale, où vivent 12 000 personnes, a été l’arène d’affrontements avec les gendarmes. Si les 27 jeunes interpellés ne sont pas relâchés aujourd’hui, les habitants menacent de fermer à nouveau la route de S’mar.

Ammi Mesbah, 56 ans, fonctionnaire, Remli I : « Pour rejoindre l’école, mes enfants traversent un oued d’eaux usées »

« Les gendarmes nous ont attaqués comme des vulgaires délinquants. On se serait cru dans une guerre. Nos femmes et nos enfants sont sortis de la maison fuyant les bombes lacrymogènes et autres explosifs… Ils n’ont épargné personne et nous ont demandé d’évacuer les vieux, les femmes et les enfants. Les gendarmes voulaient sûrement interpeller tous les jeunes du quartier et les mettre en prison… Et tout cet assaut pourquoi ? Parce que nous sommes sortis réclamer des logements dans la sérénité. Nous voulions juste marcher vers l’APC. Je vis ici depuis 1982 avec ma famille au milieu d’une immense décharge, des eaux usées… avec les rats. Au départ, j’ai construit ce taudis pour pouvoir me marier, espérant obtenir un logement rapidement car à l’époque, l’administration n’octroyait des logements qu’aux mariés.

Les années ont passé et mon taudis s’est vu réaménagé à plusieurs reprises, car j’ai eu en tout quatre enfants. J’ai honte devant eux car ils me demandent des comptes et m’interpellent chaque jour sur la vie que nous menons. Mon épouse et mes quatre enfants sont asthmatiques. Un de mes fils a failli mourir il y a quelques années de la tuberculose. Pour rejoindre l’école, mes enfants traversent un oued d’eaux usées, marchant sur de vieux pneus, dans la boue. En hiver, c’est l’enfer, puisque l’eau nous submerge. L’année dernière, l’oued a débordé et a tout emporté. En été, c’est pire. Les odeurs nauséabondes rendent les lieux inhabitables et les moustiques nous rendent la vie impossible. Nos enfants sont complètement défigurés et souffrent de problèmes épidermiques. Les autorités ne nous rendent visite qu’en période électorale et la police voit en nous des délinquants et des voleurs. Mon fils, étudiant en droit, est souvent appréhendé par la police à l’entrée du bidonville. Son tort ? Vivre dans un endroit nommé… Remli. »

Redouane, 38 ans, mécanicien, Remli II : « Je mets des bottes à ma fille de peur qu’elle ne soit pas mordue par les rats »

« Hier soir, nous avons compris que nous n’étions pas considérés comme des Algériens mais comme des étrangers. J’ai reçu sept explosifs dans la cour de mon gourbi, j’étais paniqué et je ne savais pas quoi faire, ma femme asthmatique a failli mourir et mes deux petites filles ont étouffé à cause des gaz lacrymogènes. Je vivais avec ma famille dans la baraque voisine avant que je ne me marie. A l’âge de 31 ans, je me suis marié avec une fille du bidonville car nous connaissions tous les deux la situation précaire dans laquelle nous vivons. J’ai construis alors cette baraque de trois pièces, tout en soumettant régulièrement des demandes de logement, dont aucune n’a été satisfaite. Je ne demande pas un logement social, juste un appartement que je pourrai payer à long terme.

Ma fille aînée a 6 ans, c’est sa première année à l’école, et cet hiver, elle a été obligée à porter des bottes à cause des flaques d’eau, de la boue et de peur qu’elle ne soit mordue par les rats. En plus, elle doit traverser la voie ferrée électrifiée récemment. Elle rentre chaque soir déprimée ! Je le vois dans ses yeux alors qu’elle n’a que 6 ans. Un jour, elle m’a demandé : « Papa, pourquoi je ne porte pas des baskets comme les autres filles ? Pourquoi les autres filles me regardent bizarrement ? » Des questions auxquelles je ne trouve pas de réponses. Je m’isole dans ma petite chambre et je pleure comme un enfant. Surtout, lorsque je vois ma fille jouer près de l’oued alors que normalement elle devrait le faire dans un jardin. Parfois, j’ai envie de me jeter dans cet oued. Mon message au gouvernement : Donnez-nous un fil du drapeau et prenez le reste. Pourtant, nous sommes tous sortis acclamer l’équipe nationale. Et aujourd’hui, on nous tire dessus… »

Ahmed, 24 ans, étudiant en psychologie, Remli III : « Je vis avec mes parents et mes huit frères dans trois chambres »

« Nous ne sommes pas des voyous mais notre quartier est devenu avec le temps, synonyme de délinquance. Mais on a oublié de dire que nous vivons dans un bidonville, le plus grand d’Alger, où des gens sont réduits à vivre dans des baraquements exigus, au milieu des ordures, aux abords d’un oued pollué qui peut déborder à n’importe quel moment. Nous sommes dépourvus de tout pour vivre décemment. Je vis avec mes parents et mes huit frères dans trois chambres. Mercredi soir, les habitants du quartier sont sortis dans la rue afin de protester contre la politique injuste pratiquée par les pouvoirs publics dans l’octroi des logements.

Les habitants de Diar Echems ont obtenu des quotas de logement aux cotés d’autres cités de la capitale, alors que notre bidonville est considéré comme le plus vieux et le plus important d’Alger. Comment voulez-vous que ces jeunes, ces vieux, ces femmes ne sortent pas dans la rue ? C’est de la hogra tout simplement. Les jeunes de ce bidonville vivent ici depuis leur enfance… dans la pauvreté, et la mauvaise réputation acquise n’a fait qu’aggraver la situation. On nous traite par le mépris, sinon pourquoi autant de violence dans la réaction des gendarmes et des policiers. Que voulez-vous que ces habitants comprennent ? Ces mêmes gendarmes sont venus sensibiliser les jeunes pour passer leur service national. Aujourd’hui, ils devraient se tenir sur leurs gardes. Les affrontements vont reprendre tant que nous n’aurons pas reçu des excuses et une réponse claire et franche ».

Abderrazek, 62 ans, retraité, Remli II : « Le regard des gens des autres quartiers nous fait mal »

« J’ai été blessé hier soir lors des affrontements avec les gendarmes. Je ne sais pas ce que j’ai reçu sur la tête, mais comme on courait de partout pour trouver un refuge pour nous abriter des tirs de grenades lacrymogènes, ma petite-fille a été piétinée et ma femme s’est évanouie pour avoir inhalé du gaz. Nous avons passé une nuit terrible, où les cris des femmes se mêlaient à ceux des enfants. Tout cela parce que les habitants de notre quartier sont sortis demander leur droit au logement. Je vis ici depuis 32 ans et j’ai cessé de rêver d’avoir une habitation décente. J’ai passé toute ma vie, dans une entreprise publique, au service de mon pays.

En contrepartie, je ne reçois rien, ou mieux, des bombes lacrymogènes. Mes fils m’en veulent car je n’ai pas été à la hauteur, ils me reprochent souvent de ne pas avoir occupé une villa à l’Indépendance, à Hydra comme les autres. Ils se sentent condamnés à vivre dans des gourbis avec leurs enfants, où leur dignité est bafouée tous les jours. Le regard des gens des autres quartiers nous fait mal. Pour toutes ces raisons, je ne mourrai pas tranquille. »
Zouheir Aït Mouhoub
Antigone
 
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Message par Antigone » 30 Mars 2010, 18:11

Après la SNTM, Arcelor-Mittal, les enseignants, les professions de santé, la révolte des bidonvilles, voici les employés communaux et les cheminots qui s'y mettent.

a écrit :TSA - 29 mar 2010

Une première depuis l’indépendance : 500.000 employés communaux en grève à partir de mardi

Plus de 500.000 employés communaux s’apprêtent à observer une grève générale de deux jours à partir de demain mardi 30 mars pour réclamer de meilleurs salaires et l’amélioration de leurs conditions de travail. Le ministère de l’Intérieur, qui redoute un large suivi de cette grève par les travailleurs des communes, a tenté en vain de convaincre les syndicalistes de renoncer à leur mouvement social, a appris TSA auprès d’une source proche de ce ministère.

Les échos en provenance des communes du pays prédisent en effet une participation massive des communaux à cette grève, la première du genre depuis l’indépendance du pays. Les services d’état civil risquent d’être paralysés durant cette grève. Ces derniers jours, les citoyens de nombreuses communes, redoutant un durcissement du mouvement de grève, ont pris d’assaut les services d’état civil de leurs mairies pour retirer des documents administratifs. Les éboueurs ainsi que les travailleurs des différents services d’entreprises des communes devront observer la grève.
Mohamed Yasser

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City DZ, L'Expression - 29 mar 2010

Grève des cheminots à Alger

Des milliers de voyageurs sont restés sur le quai hier à Alger, en raison de la grève lancée par les cheminots. Ce débrayage surprise a causé une grande perturbation dans le réseau du transport ferroviaire notamment dans la banlieue d’Alger, mais qui s’est étendu également aux autres wilayas comme Oran, Chlef, Boumerdès, Bordj Bou Arréridj où certains trains ont été immobilisés.

Ce sont les mécaniciens et les aide-mécaniciens qui ont observé ce débrayage suite à l’expiration de l’ultimatum que ces derniers avaient lancé il y a quelques mois, nous explique-t-on. Cela fait trois mois que la section syndicale des mécaniciens a déposé une plate-forme de revendications accompagnée d’un ultimatum d’un mois, prolongé deux fois consécutives.

Comme pour tous les autres corps sociaux et les autre syndicats, les revendications des cheminots sont d’abord d’ordre salarial et professionnel. Ils demandent à la direction de la Sntf (Société nationale des transports ferroviaires), une amélioration de leur situation socioprofessionnelle et sécuritaire et l’augmentation des indemnités liées aux risques de travail et aux longs déplacements. Ainsi, après les médecins, les enseignants c’est au tour des travailleurs des communes et des cheminots de débrayer.

La date d’hier coïncide avec l’expiration de cet ultimatum déposé auprès de la direction de la Sntf. «Un seul autorail a quitté hier la ville de Chlef vers Alger», a-t-on appris de la part des syndicalistes rencontrés hier. Cette liaison est assurée habituellement par quatre autorails. «Deux navettes aller-retour Alger-Blida et Alger-Thenia ainsi que deux trains rapides Alger-Oran ont été assurés durant les heurs de pointe», selon des mécaniciens grévistes rencontrés au dépôt d’Alger.

Habituellement, les lignes Alger-Blida et Alger-Thenia connaissent plus de 80 départs par jour. «Dans les conditions normales, le nombre de départs tous trains confondus dépasserait 80», indiquent nos interlocuteurs ajoutant que «le taux de suivi de la grève est estimé à 100%». C’est dire que la grève a été largement suivie. Il nous a été impossible de confirmer ces chiffres auprès de la direction de la Sntf hier, qu’on a tenté de joindre durant l’après-midi.

Il convient de signaler que ces quelques départs constituent le service minimum assuré par les chefs mécaniciens non concernés par la grève. Le débrayage est motivé par la non-satisfaction d’une plate-forme de revendication axée sur 10 points. La principale doléance est relative au salaire de base. La majoration de la prime de risque, celle du kilométrage, l’obtention d’une prime de restauration ainsi que les augmentations de salaire décidées par la dernière tripartite et la révision de la grille des salaires sont entre autres revendications des grévistes.

«Plus le diplôme et le degré de la responsabilité sont importants plus le salaire est tiré vers le bas», c’est ainsi qu’est résumée la situation socioprofessionnelle des mécaniciens conducteurs et leurs assistants. De l’application de la nouvelle grille des salaires, il ressortait que «le salaire de base d’un agent manoeuvre de gare dépasse celui du directeur d’attraction du rang d’ingénieur», fait savoir un des contestataires. «Le salaire de base d’un conducteur locomotive principale et les mécaniciens de grandes lignes n’excède pas les 16.000 DA alors que celui d’un mécanicien de manoeuvre est de plus de 23.000 DA», fulminent les mécaniciens grévistes.

A l’heure où nous mettons sous presse, les négociations entamées depuis la matinée entre la section syndicale et la direction des ressources humaines de la Sntf n’ont abouti à aucun résultat. Ce sont les citoyens qui ont fait les frais de ce débrayage non annoncé.

Des milliers de personnes surtout des travailleurs, ont été contraints hier, d’emprunter d’autres moyens de transport pour regagner leurs foyers dans un désordre indescriptible. En effet, le manque de bus, de taxis ajouté aux embouteillages aux heures de pointe, ont fait vivre un calvaire aux citoyens.
Antigone
 
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Message par Antigone » 17 Avr 2010, 09:36

a écrit :Afrik.com - 15 avr 2010

Algérie : le cauchemar des femmes d’Hassi Messaoud recommence

Cette ville du sud du pays avait déjà été le théâtre d’expéditions punitives en juillet 2001.
Depuis quelques semaines, les lynchages de femmes ont repris dans la ville d’Hassi Messaoud. Il y a neuf ans, elles avaient été des dizaines à être les victimes d’exactions, orchestrées par des bandes de jeunes hommes.

« Tu bouges tu meurs, sale p… », menace un homme armé d’un sabre accompagné de sa bande. Ils sont venus mettre à sac l’appartement de Fatiha, une femme vivant seule, dans le quartier des 36 logements. La scène se passe dans la nuit de mercredi à jeudi dernier à Hassi Messaoud. Cette ville pétrolière du Sud de l’Algérie, tristement célèbre pour des lynchages de femmes en juillet 2001, est de nouveau le théâtre d’expéditions punitives depuis quelques semaines, visant les femmes seules, nombreuses dans la région.

Suivies, attaquées, torturées, parfois violées et dépouillées de leurs biens, des dizaines de femmes d’Hassi Messaoud, ont à nouveau subi des violences ces dernières semaines, selon une enquête d’El Watan. Le mode opératoire est toujours le même : une bande de jeunes hommes, après avoir suivi sa cible, pénètre par effraction la nuit chez elle, et l’attaque. Encore sous le choc de son agression la semaine dernière, Souad raconte à El Watan : « Lorsque je me suis réveillée, j’ai vu le viseur d’un téléphone portable se fixer sur mon visage.

J’étais terrorisée. Ma sœur criait et ma mère suppliait les assaillants de ne pas nous toucher. L’un d’eux m’a bloquée contre le mur en m’enfonçant un tournevis dans le ventre. Il m’a enlevé ma chaîne en or, mes bagues et mes boucles d’oreilles. […]. Il m’a interdit de crier et j’étais comme paralysée, jusqu’au moment où il a commencé à relever ma jupe. Je le suppliais, mais il était comme drogué. Il puait l’alcool, tout comme ceux qui étaient avec lui. […] Nous avons crié de toutes nos forces et l’un d’eux, dans sa fuite, a laissé tomber la serviette qui recouvrait son visage. Un visage que je garderais en mémoire toute ma vie. Les cinq ont pris la fuite lorsque les voisins ont ouvert leurs portes en entendant nos cris ».

Et la police ? Un silence presque complice entoure ces affaires. Et presque à chaque fois, les crimes restent impunis. Souad se souvient du jour où elle a prévenu les forces de l’ordre. « J’ai été au commissariat du quartier [...] Vous savez quelle a été la réponse de l’officier ? « Savez-vous qui sont ces jeunes ? Qui vous dit que moi, le policier, je ne suis pas avec eux ? Le matin, je mets ma tenue pour aller travailler et le soir je mets un turban autour de mon visage et j’agresse les femmes qui résident seules », a-t-elle confié à El Watan.

La crise de l’emploi : une des raisons de la frustration masculine

Mais pourquoi de tels lynchages ? La principale cause selon le journal Libération, serait, semble-t-il, d’ordre économique. Les femmes d’autres régions algériennes choisissent d’émigrer dans la commune connue pour ses opportunités d’emploi, notamment dans les domaines administratifs ou les compagnies étrangères, très implantées, recrutent. Ce nombre important de femmes sur le marché de l’emploi entraînerait une frustration des hommes au chômage.

Mais ce n’est pas la seule raison. Dans un pays où l’égalité entre les sexes a encore du chemin à faire (le code de la famille, en place depuis 1984 dans le pays, ne reconnait pas l’égalité entre hommes et femmes), une algérienne vivant seule est souvent mal perçue et considérée comme « perdue ». Certains vont jusqu’à dire qu’il faut la « châtier ». Les expéditions punitives d’Hassi Messaoud en sont une illustration à l’extrême.

Laissées pour mortes, un ouvrage paru aux éditions Max Milo le 11 février, relate, par le biais de la comédienne Nadia Kaci, les témoignages de Rahmouna Salah et Fatiha Maamoura, toutes deux victimes des lynchages en 2001. Elles ont vécu le calvaire durant la nuit du 31 juillet où des hommes encagoulés, armés de gourdins, ont attaqué, violé et parfois même enterré vivantes des femmes du quartier d’Al Haïcha.

La cité pétrolière est pourtant réputée être l’une des plus surveillées de la région. Mais à l’été 2001, des hommes, sous le commandement d’un imam, s’étaient mis en tête qu’ils devaient « châtier les femmes perdues ». Leur joug s’était abattu sur une quarantaine de victimes.

Mais seules deux d’entre elles, Rahmouna Salah et Fatiha Maamoura, avaient osé porter plainte et aller jusqu’au bout de la procédure judiciaire. Plusieurs condamnations avaient été prononcées… par contumace. Selon Nadia Kaci, interviewée par L’Express, le gouvernement a « tout fait pour maintenir les yeux fermés. D’ailleurs, les violences faites aux femmes ont explosé depuis 2001. Mais tout est fait pour les décourager de porter plainte. J’en suis à me dire qu’il existe une réelle volonté politique de nuire aux femmes ».
Shahinez Benabed
Antigone
 
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Message par Antigone » 13 Mai 2010, 13:51

Les augmentations de salaires sont rattrapées par l'inflation (5,7% en 2009) si bien que les mouvements sociaux n'en finissent pas. Et le gouvernement rejoue le couplet de l'illégalité de la grève...

a écrit :El Watan - 13 mai 2010

Alors que la justice ordonne l’arrêt du mouvement de grève : Les cheminots plus que jamais décidés

La justice ordonne, après une saisine de la SNTF, « l’arrêt du mouvement de grève et la reprise immédiate du travail ». La décision du tribunal s’appuyait particulièrement sur le caractère « illégal » du débrayage. C’est ce qu’a révélé Dakhli Nourdine, directeur des ressources humaines à la SNTF, joint hier par téléphone. « Notre premier souci est d’assurer notre mission de service public à travers le transport des voyageurs et des marchandises », précise-t-il, en appelant les travailleurs à adopter la voie de la sagesse. « Nous appelons les travailleurs à reprendre leur activité. La concertation avec le partenaire social est toujours en cours. Et nous espérons trouver des solutions Incha Allah », affirme ce responsable. La SNTF a engagé dans un premier temps des pourparlers, sans résultat, avec la Fédération nationale des cheminots.

Ce syndicat, qui n’a pas annoncé son approbation au débrayage, a également appelé les grévistes à reprendre le travail en les assurant que « les négociations se poursuivront » avec leur employeur, souligne M. Dakhli. Les protestataires pour leur part, restent mobilisés et ne comptent pas faire marche arrière pour autant. « La justice a tranché en faveur de l’administration. Nous estimons que nous sommes lésés dans notre droit le plus légitime. Maintenant, s’ils veulent suspendre 10 000 travailleurs, qu’ils le fassent. Nous sommes grévistes et nous le resterons jusqu’à l’obtention de notre droit », tonne Abdelhak Boumansour, porte-parole de la cellule de crise composée des représentants syndicaux des quatre régions du pays. Selon lui, la justice devrait au préalable faire la part des choses. « La première infraction relève de l’administration, en refusant l’application de l’article 52 de la convention collective de branches. Pourquoi ces gens ne sont-ils pas inquiétés », s’interroge-t-il.

« L’administration a violé la loi »

Les protestataires, de plus en plus déterminés, ne veulent plus entendre parler des « arguties » de l’administration de la SNTF. Cette dernière avance, ajoutent-il, « l’alibi » d’une situation financière critique pour ne pas augmenter les salaires des cheminots. Les grévistes n’ont d’ailleurs aucune confiance en leur employeur. « Ils nous invitent à reprendre le travail avant de se mettre à la table des négociations. Ils veulent nous rouler dans la farine. Nous en avons marre des promesses sans lendemain. Nous demandons des engagements signés », soutient un syndicaliste. De nombreux cheminots affirment ne pas pouvoir joindre les deux bouts. C’est pourquoi ils exigent seulement l’application de l’article 52 de la convention collective de branches stipulant que « le salaire de base ne peut en aucun cas être inférieur au SNMG », lit-on sur une déclaration remise a la presse. D’après eux, la grille des salaires des cheminots est restée inchangée et le niveau A1 demeure coté à 12 480 DA. S’appuyant sur la force de la loi, les grévistes citent l’article 149 relatif au droit du travail : « Tout employeur qui rémunère un travailleur à un salaire inférieur au SNMG ou à un salaire minimum fixé par la convention ou l’accord collectif du travail est puni d’une amende de 1000 à 2000 DA multipliée par autant de fois qu’il y a d’infractions.

En cas de récidive, la peine est de 2000 à 5000 DA multipliée par autant de fois qu’il y a d’infractions. » La justice devrait, selon leur propos, appliquer aussi la loi, dans toute sa rigueur, quand il s’agit de réprimander ce genre d’infraction au droit du travail. « L’administration de la SNTF a violé la loi en matière de droit du travail. Elle a illégalement lésé les travailleurs », affirment des syndicalistes. Il va sans dire que le conflit entre la SNTF et les protestataires risque encore de perdurer. La grève initiée par la base syndicale a encore paralysé, hier, le transport ferroviaire sur l’ensemble du territoire national. La mobilisation est à son comble. « Pas de reprise du travail sans gain de cause. » C’est à peu près la conviction de nombre de grévistes rencontrés à la gare d’Agha, quelques heures avant la décision de la justice. Par ailleurs, certains grévistes ont été destinataires de mises en demeure de la part de la direction générale de la SNTF. Une procédure qualifiée « d’illégale » par un syndicaliste. « Au lieu d’adresser ces mises en demeure avec accusé de réception ou par le biais d’un huissier de justice, la SNTF a recouru aux chefs de gare. C’est une infraction à la loi. Ces pratiques condamnables veulent semer la zizanie dans les rangs des cheminots », dénonce-t-il avec véhémence. Face aux menaces de l’administration, les travailleurs de la SNTF réitèrent le fait qu’ils sont « dans la légitimité et c’est la direction générale qui n’a pas respecté ses engagements ».
Hocine Lamriben
Antigone
 
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Message par Antigone » 11 Juin 2010, 12:19

a écrit :TSA - 08 jun 2010
http://www.tsa-algerie.com/economie-et-bus...able_11103.html

Annaba : la grève générale "inévitable" au complexe sidérurgique d'El Hadjar

Les 7.500 travailleurs d'ArcelorMittal Annaba sont appelés à voter jeudi sur une nouvelle grève générale illimitée lors d'une assemblée générale qui se tiendra devant le siège de la direction du complexe sidérurgique, a indiqué ce mardi 8 juin le secrétaire génaral du syndicat Smaïn Kouadria. "Le dialogue a échoué, nous avons essayé en vain les voies du dialogue. Nous avons convoqué une assemblée générale pour jeudi avec l'ordre du jour le vote de la grève générale illimitée qui est inévitable", a ajouté M. Kouadria.

Le syndicat réclame l'application d'un avenant à la convention de branche relatif à l'augmentation des salaires, conclue entre la FNTMMEE affiliée à l'UGTA et la SGP Translob, actionnaire à hauteur de 30% dans le capital d'ArcelorMittal. "La direction ne reconnaît pas cette convention et rejette le dialogue dans ce cadre. Le syndicat y tient", a indiqué M. Kouadria.
Le bras de fer syndicat-direction s'est durci lundi à l'issue d'une réunion de dernière chance qui "n'a rien donné", a-t-il déploré.

Après l'échec des discussions directes avec le syndicat, le directeur général d'ArcelorMittal Annaba, Vincent Le Gouic, s'est tourné dans une dernière tentative vers les travailleurs, qui décideront jeudi du déclenchement ou non de la grève générale. Dans une lettre adressée mardi aux travailleurs du complexe sidérurgique, M. Le Gouic a indiqué que "le salaire de base moyen a été augmenté de 25% depuis janvier 2005 et sera augmenté de 5% le 1er juillet". Il a ajouté que depuis juin 2009, le taux de fréquence des accidents du travail est passée de 6,5 à 3 et que "la productivité est passée de 75 tonnes par personne et par an à 118 tonnes par personne et par an."

La production du complexe a également augmenté, passant de 487.000 tonnes à 714.000 tonnes, en rythme annuel.
M. Le Gouic a mis en garde contre les effets catastrophiques d'une nouvelle grève. Le premier arrêt de travail de janvier 2010 a coûté 6 millions de dollars et fait perdre une production 36.000 tonnes à l'entreprise, selon le patron d'ArcelorMittal Annaba.

Prenant à témoins les travailleurs, M. Le Gouic a affirmé que le dialogue n'est pas rompu avec le partenaire social. Sans jamais évoquer la convention de branche et la revendication du syndicat, il a proposé un échéancier de discussions qui s'étalera de septembre à décembre 2010. La direction a proposé au syndicat lors de la réunion de lundi d'actualiser la convention de branche de l'entreprise dès septembre, d'entamer des discussions sur le régime indemnitaire en octobre, de mettre en place le système de bonus lié à la performance de l'entreprise en novembre et de discuter des salaires de 2011 en décembre.
Riyad Hamadi
Antigone
 
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Message par rougeole » 11 Juin 2010, 16:01

Les syndicats d'Arcelor en France, ou ailleurs, disent quelque chose là-dessus, ou l'internationalisme ne fait-il plus parti de leurs valeurs?
rougeole
 
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Message par pelon » 11 Juin 2010, 16:35

(rougeole @ vendredi 11 juin 2010 à 18:01 a écrit : Les syndicats d'Arcelor en France, ou ailleurs, disent quelque chose là-dessus, ou l'internationalisme ne fait-il plus parti de leurs valeurs?
Pourquoi, tu connais beaucoup de syndicats internationalistes ?
pelon
 
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