élections au Brésil

Dans le monde...

Message par Crockette » 05 Oct 2006, 09:59

J'apporte un peu de matériaux au débat.

LULA est soutenu par le PT, le PCdob (parti communiste du Brésil) et le parti républicain (PRB).

Alors c'ets là qu'il faut suivre, attention : LULA doit affronter un front à la gauche de son alliance : le front de gauche composé du PSOL (parti socialisme et liberté) du PCB (parti communiste) et le PSTU (parti trotskiste).

L'opposition est composé d'un parti social démocrate (du style Kouchner, Bayrou ou DSK) emmenée par Geraldo Alckmin que l'on dit proche de l'opus dei.
Crockette
 

Message par Raymond » 12 Oct 2006, 14:07

Article paru dans le dernier Débat Militant:


a écrit :Brésil : élections et perspectives
pour la classe ouvrière



Avec 48,6 % des voix, Lula n'a pas réussi à se faire réélire dès le premier tour, dimanche 1er octobre, aux élections présidentielles. Son rival de droite Geraldo Alkmin a réalisé un score inattendu, obtenant 41,6 % des voix.
Malgré une campagne médiatique totalement polarisée par les rivaux de la politique libérale, la bonne nouvelle est quand même venue de l'extrême gauche. Soutenue par plus de 6,5 millions d'électeurs (6,85 % des voix), Héloisa Héléna et les nombreux candidats du Front de gauche qui se sont présentés à l'élection des députés fédéraux et des députés d'Etat ont réussi à faire entendre une voix différente.
Dans un contexte particulièrement difficile, marqué à droite, le Front de gauche qui a rassemblé dans les élections le PSOL, le PSTU et le PCB (1) représente un espoir : celui de reconstruire une opposition ouvrière indépendante, après la complète intégration du Parti des travailleurs dans les institutions bourgeoises.
Le PSOL a clairement indiqué son refus de prendre partie pour l'une ou l'autre des deux options de la bourgeoisie lors du 2ème tour des présidentielles : " Nous avons obtenu plus de 6 millions de voix de Brésiliens qui ont fait confiance à nos propositions et à notre programme de gouvernement pour répondre aux revendications de la classe ouvrière et du peuple pauvre. C'est au nom de cette fraction d'électeurs que nous ne pouvons avoir d'autre positionnement que de dénoncer les candidatures d'Alckmin et de Lula en tant que défenseurs d'un modèle politique, économique et social injuste qui se double d'une corruption généralisée, modèle qui maintiendra des millions de Brésiliens dans la misère et la dépendance d'aumônes gouvernementales, sans dignité ni perspectives d'emploi et de meilleurs salaires (…) Nous sommes à la base, aux côtés des travailleurs et du peuple pauvre dans le combat pour la défense des droits des travailleurs, nous sommes dans le champ de bataille, en faisant ce que nous avons l'obligation de faire, en disant que ces 2 candidats représentent un même projet néo-libéral " (déclaration de l'Exécutif national du PSOL du 3 Octobre).

Lula, un bilan sans appel
Sur le véritable caractère du gouvernement Lula, le principal intéressé (lors d'une interview donnée le 18 septembre au Folha de Saô Paulo) l'a résumé sans faux semblants : " Les riches, les entreprises et les banques ont gagné davantage d'argent que personne d'autre ". Le même journal rappelait d'ailleurs que " les profits des cinq plus grandes banques brésiliennes ont atteint le volume record de 18,4 milliards de real en 2005 [7 milliards d'euros], le meilleur résultat historique de l'histoire du système bancaire brésilien ".
Dans l'une des sociétés les plus inégalitaires du monde, les riches ont été gâtés et les salariés sacrifiés dans bien des domaines (salaires, retraites, sécurité sociale, hôpitaux, enseignement…). Il s'est pourtant trouvé des journalistes en France pour défendre un bilan paraît-il " social " (notamment dans la " presse de gauche " : Libération et Le Monde).
Le gouvernement Lula a en effet distribué aux plus pauvres l'équivalent de 2 milliards d'euros par an dans le cadre de son programme " Bourse famille ", qui a pris le relais du plan " Faim zéro ", vite abandonné dans sa forme initiale et déjà bien éloigné des promesses de son programme électoral. Il a même doublé le salaire minimum. Mais ces sommes sont à comparer avec les autres dépenses de l'Etat : 190 milliards d'euros versés en quatre ans pour le seul paiement des intérêts de la dette, au bénéfice des capitalistes brésiliens ou étrangers !
Cette redistribution aux plus pauvres (environ 30 euros par mois) a suffi pour que Lula conserve une base sociale importante, même si elle est différente de la période antérieure. Le PT a perdu énormément de voix dans les bastions ouvriers du Sud du pays (qui est aussi la partie la plus développée) et parmi les salariés qualifiés ou travaillant dans la fonction publique. Mais il en a gagné dans les régions les plus misérables, notamment le Nord-Est où les politiciens les plus conservateurs se font traditionnellement élire en distribuant quelques subsides. Le clientélisme d'Etat, aux dépends de celui des notables traditionnels, a été la seule " avancée " du lulisme, mais c'est une justification bien maigre…

La campagne du Front de gauche
Malgré les obstacles administratifs, financiers et médiatiques, difficiles à surmonter, le PSOL a pu défendre un projet alternatif face aux reniements du PT, dans un contexte où l'arrivée au pouvoir de Lula s'est conjuguée avec un climat peu favorable aux luttes et à une radicalisation politique.
Le programme du Front de gauche (dont de larges extraits ont été publiés dans Rouge n°2173, daté du 21/09/2006), s'en est pris aux aspects majeurs de la politique de Lula : la corruption ; les interventions au service de l'impérialisme (en particulier à Haïti et en Bolivie) ; et l'ensemble des mesures antisociales, en proposant notamment de revenir sur toutes les privatisations antérieures et d'engager une " vaste réforme agraire sous le contrôle des travailleurs de la campagne ".
Il faut cependant dire que ce programme a été aussi un compromis entre plusieurs préoccupations contradictoires : celle qui consistait à essayer de rallier des électeurs déçus par le PT -prisonniers de tous les raisonnements institutionnels et réformistes sur lesquels s'est appuyé ce parti depuis bien longtemps et qu'il a lui même propagés- et la nécessité de défendre une orientation en rupture avec le capitalisme, la seule crédible si on veut rompre avec les régressions sociales programmées par les capitalistes brésiliens et par le FMI.
Il reprenait notamment à son compte de nombreuses illusions sur une " démocratisation radicale " des institutions de l'Etat, faisant à nouveau l'apologie de la " démocratie participative " censée être une réponse à la corruption et au fait que les élites politiques se rangent systématiquement du côté des possédants, comme si l'Etat bourgeois pouvait changer de nature et de fonction par des mesures de cette sorte. Il a aussi proposé bien peu de perspectives sur le terrain des luttes, contre les licenciements notamment (préférant défendre l'idée d'un plan de travaux publics pour créer des emplois), refusant même d'abroger les dispositions légales qui interdisent l'expropriation des grands propriétaires dont les terres sont occupées, alors que c'est l'une des revendications majeures des sans-terres.
Cette ambiguïté a été accentuée par les difficultés au sein même du PSOL à définir une orientation clairement anticapitaliste. Les préoccupations électorales, le souci de faire avant tout une percée sur ce terrain -sous la pression notamment des élus du PT qui ont rejoint tardivement ce nouveau parti- l'ont amené un moment à envisager des alliances électorales sans principe avec une formation comme le PDT, un parti qui n'a rien à voir avec le mouvement ouvrier. Quant à l'alliance avec le PSTU, elle a été concrétisée à minima, dans la campagne comme dans le choix de Cesar Benjamin comme vice-candidat de Heloisa Helena à la présidence, plutôt que Ze Maria, candidat ouvrier qui avait représenté le PSTU lors des précédents scrutins.
Le choix de Cesar Benjamin a pesé à droite lors de la campagne, ce dernier ayant quelque peu tendance à édulcorer le programme du Front de gauche, notamment dans ses interventions sur la dette, le salaire minimum, les privatisations, ou à l'occasion d'appels en direction d'une prétendue bourgeoisie "productive" distincte et opposée aux banquiers et aux spéculateurs…
Il n'en demeure pas moins que la campagne du Front de gauche a été une campagne utile et qu'elle a tenu le cap sur le plan politique, comme en témoigne l'appel sans ambiguïté du PSOL à l'issue du premier tour à ne voter pour aucun des candidats de la bourgeoisie.

Et maintenant ?
Quelque soit le candidat élu deuxième tour, de nouvelles attaques se préparent, en particulier la réforme du travail (remise en cause du treizième mois, de l'indemnisation pour les licenciements, des mécanisme d'embauche…) et la réforme syndicale qui l'accompagne (destinée à donner les pleins pouvoirs aux bureaucraties centrales au détriment des syndicats de base).
Les travailleurs vont devoir riposter dans une situation d'autant plus difficile que l'essentiel de la " gauche " du PT a accompagné la majorité de ce parti dans sa banqueroute, et qu'avec Lula, l'Etat a fait des progrès décisifs pour se subordonner les principales organisations ouvrières et paysannes, que ce soit la CUT (Centrale unique des travailleurs) ou dans une moindre mesure le MST (Mouvement des sans-terres).
Reconstruire des organisations indépendantes du monde du travail, et jeter les bases d'un parti qui défendre réellement les intérêts politiques de la classe ouvrière, des exploités et des opprimés au Brésil est évidemment une nécessité. Dans ce processus, la réussite de la campagne menée par le Front de gauche est une bonne nouvelle.
Elle montre que des organisations venues d'horizons divers, avec des traditions différentes, peuvent surmonter les préjugés et les sectarismes.
La question désormais est posée de savoir si il y aura une suite. Trop souvent dans l'extrême gauche, les alliances restent électorales et circonstancielles, un comble pour des organisations qui jurent la main sur le cœur qu'il n'y a rien de plus important que la lutte de classes et surtout pas les élections !
La réponse est évidemment à donner sur le terrain des luttes, mais également en terme de projet politique et de construction du parti. Tout est lié, et l'on peut difficilement avancer sur un terrain sans avoir la volonté d'avancer sur les autres.
Au Brésil, comme en Italie, l'expérience a montré que construire des partis larges, non délimités entre réforme et révolution, mène à des échecs. Il reste à démontrer aujourd'hui que sur des bases politiques beaucoup plus claires, il est possible pour des révolutionnaires de faire preuve de responsabilité et de patience, au moins autant qu'ils en manifestent à l'égard des réformistes lorsqu'ils estiment que le jeu en vaut la chandelle.

Jean-François CABRAL

1- Le PSOL est né en 2004 après l'exclusion de plusieurs parlementaires du PT, dont Héloisa Helena (membre de la tendance Démocratie socialiste liée à la IV° Internationale). Le PSTU est une organisation trotskyste née en 1992 après avoir milité au sein du PT. Le PCB est le parti communiste crée dans les années 1920, aujourd'hui dans l'opposition au gouvernement de Lula. Sur les choix stratégiques du PSOL et du PSTU, on peut consulter les articles publiés dans Débat militant en octobre et novembre 2005 (numéros 76 et 81). On peut aussi consulter directement le site du PSOL ( http://www.psol.org.br ) et celui du regroupement auquel est affilié le PSTU, avec des articles en français ( http://www.litci.org ).
Raymond
 
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Message par Louis » 30 Oct 2006, 01:01

Le tribunal électoral déclare Lula réélu président du Brésil

BRASILIA (Reuters) - Le tribunal électoral brésilien a déclaré le président sortant Luiz Inacio Lula da Silva officiellement réélu pour un second mandat.
Louis
 
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Message par meichler » 30 Oct 2006, 10:32

Sur le site du Monde.fr ce matin :

a écrit :

Les Brésiliens offrent une large victoire à Lula au second tour de la présidentielle
LEMONDE.FR avec AFP | 30.10.06 | 05h27  •  Mis à jour le 30.10.06 | 08h58


Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a été réélu triomphalement, dimanche 29 octobre, au second tour de l'élection présidentielle. Sur plus de 99 % des votes dépouillés, Lula a obtenu 60,8 % des voix contre 39,2 % à son rival social-démocrate Geraldo Alckmin.

Dans son discours de remerciement aux électeurs prononcé depuis un hôtel de Sao Paulo, Lula a indiqué qu'il continuerait de"gouverner pour tous mais que les pauvres auront la préférence". "Le Brésil connaît un moment magique de consolidation de la démocratie brésilienne", a dit Lula, qui a souligné que sa victoire était "celle de la sagesse du peuple brésilien, qui a senti que sa vie s'était améliorée". "Et contre cela, il n'y a pas de rival", a-t-il expliqué. Vêtu d'un tee-shirt où l'on pouvait lire "La victoire est celle du Brésil", Lula a aussi indiqué qu'il mènerait une "politique budgétaire dure". Selon lui, la solution des problèmes du Brésil "réside dans la croissance de l'économie et de la distribution des revenus".



Son adversaire, Geraldo Alckmin, lui a téléphoné moins d'une heure et demie après la fermeture du scrutin pour reconnaître sa défaite.


Dès l'annonce des résultats, plusieurs milliers de partisans de Lula ont commencé à faire la fête sur l'avenue Paulista, principale artère de Sao Paulo. Au son des percussions, les refrains de la campagne électorale – "Olé, Olé, Olé, Ola, Lula, Lula !" et "Lula de nouveau avec la force du peuple !" – résonnaient au milieu d'un concert de klaxons.

Lula obtient un score proche de celui qu'il avait obtenu en 2002 lors de sa première élection à la présidence : 61,2 %, contre un autre membre du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), José Serra, gouverneur élu de l'Etat de Sao Paulo.

LE SCANDALE DU "DOSSIERGATE"

Le 1er octobre, l'ancien ouvrier métallurgiste et dirigeant syndical devenu président en 2002 avait manqué de justesse la réélection au premier tour. Il avait obtenu 48,6 % des voix contre 41,6 % à M. Alckmin. Ce ballottage surprise avait été provoqué par le scandale de l'achat d'un dossier anti-opposition par son Parti des travailleurs (PT), intervenu en pleine campagne électorale, à quinze jours seulement du scrutin. Mais Lula n'a cessé de progresser dans les sondages pendant la campagne du second tour et au fil des quatre face-à-face télévisés qui ont opposé les deux concurrents.

Geraldo Alckmin avait concentré ses attaques sur les scandales de corruption du mandat de Lula et dénoncé la faible croissance économique du Brésil face aux autres pays émergents. Mais le président sortant avait pris l'avantage en profitant du flou du programme de son adversaire. Lula s'est positionné comme le défenseur des plus pauvres en s'appuyant sur les bons résultats de la lutte contre l'inflation, sur la hausse du salaire minimum et l'extension des programmes d'aide sociale.

Le président sortant a accusé son adversaire de mettre en péril l'emploi par des projets de diminutions draconiennes des dépenses de l'Etat et de vouloir remettre en cause le programme "Bourse famille", qui bénéficie à 11 millions de familles démunies. Il a aussi accusé M. Alckmin de vouloir nationaliser les principales compagnies nationales brésiliennes – comme Petrobras, Banco do Brasil et les Postes –, réussissant à mettre son adversaire sur la défensive.

L'impact négatif du scandale du "Dossiergate" sur le candidat Lula a perdu de la force en l'absence de nouvel élément dans l'enquête. La police fédérale n'a pas beaucoup avancé sur l'origine des 800 000 dollars entrés en possession de deux proches du PT et destinés à payer un prétendu dossier anti-opposition.

Ce scandale fait l'objet d'une procédure d'annulation de la candidature de Lula déposée par l'opposition devant la justice électorale. Mais la légitimité acquise par Lula dans les urnes rend politiquement improbable une telle issue.






«Ni rire ni pleurer, comprendre.»

(Baruch SPINOZA)
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Message par Inna » 02 Nov 2006, 01:49

Place à Lula II...
Brésil . Le président sortant facilement réélu dimanche soir, avec près de 61 % des suffrages, annonce ses priorités : lutte contre la pauvreté, hausse de la croissance et réforme politique.


C’est un score sans appel que Luiz Inacio Lula da Silva a enregistré au second tour de la présidentielle, dimanche, au Brésil. Avec près de 61 % des voix, il laisse loin derrière son rival de droite du PSDB, Geraldo Alckmin, crédité de 39 % des suffrages, qui aura fait illusion seulement le temps du premier tour. Après l’annonce de la victoire de Lula des milliers de ses partisans se sont rassemblés dans les grandes villes brésiliennes, notamment à Sao Paulo, sur la Paulista, la principale avenue de la mégapole, arborant tee-shirts rouges, brandissant des drapeaux à l’effigie du Parti des travailleurs (PT) et entonnant leur air favori : « Olé, olé, olé, ola, Lula, Lula... » À peine réélu et confirmé par le tribunal supérieur électoral, Lula s’est engagé à gouverner pour l’ensemble des Brésiliens tout en poursuivant la lutte contre la pauvreté : « Les pauvres auront la préférence dans notre gouvernement », a-t-il dit. Une sorte d’hommage à tous ceux qui par millions n’ont jamais cessé de le soutenir et de lui témoigner leur confiance.

Les bases sont jetées

Place désormais à Lula II. Lors de son premier discours aux électeurs, il a affirmé que les « bases étaient jetées pour que le Brésil connaisse un saut qualitatif extraordinaire ». Lula a assuré que le Brésil atteindrait « un niveau de développement qui le placerait parmi les pays développés ». Dans la continuité du précédent mandat il n’y aura pas de remise en question des « fondamentaux » de l’économie : politique budgétaire « dure » pour éponger les déficits publics, augmentation de la croissance, redistribution des richesses, lutte contre la corruption figurent parmi les priorités du prochain gouvernement. « La solution des problèmes du Brésil ne consiste plus à faire souffrir le peuple sous le poids de lourds ajustements (...) mais réside dans la croissance de l’économie et de la distribution des revenus », a précisé Lula, misant sur une croissance de 5 % (contre 2,5 % actuellement), rendue possible, selon lui, par le lancement de grands projets.

Pour mener à bien cette politique économique, le Brésil devrait desserrer quelque peu l’étau. Il ne sera plus question de stricte orthodoxie financière, qui avait marqué l’ère d’Antonio Palocci, ex-ministre des Finances, jusqu’en mars 2006. L’un des responsables de la campagne de Lula, Tarso Genro, ministre des Relations institutionnelles, a même déclaré que cette ère avait pris fin : « Les bas indices de croissance économique et la préoccupation névrotique de l’inflation, sans penser à la distribution du revenu et à la croissance, c’est terminé. » Fin septembre, Brasilia avait d’ailleurs commencé à baisser les taux d’intérêts, parmi les plus élevés du monde, accusés de freiner l’investissement. Pour Genro, il s’agit à l’avenir de « combiner des objectifs d’inflation avec des objectifs de croissance ».

Autre grand chantier que Lula entend ouvrir à l’entame de son second mandat : la réforme politique, la grande promesse oubliée des quatre années passées. Les scandales à répétition ont rendu urgente cette réforme, et le PT l’a inscrite en première ligne de son programme. « Nous allons tisser toutes les alliances nécessaires pour pouvoir travailler dans la tranquillité et voter les grands projets dont le Brésil a besoin, a promis Lula. Je veux, par-dessus tout, converser avec les partis politiques, l’opposition, les gouverneurs. »

Le premier mandat a vu la multiplication d’affaires de corruption, dont l’origine, le plus souvent, était la nécessité pour le gouvernement de se forger une majorité, et d’entrer ainsi dans un obscur jeu d’alliances contre nature. Mais ces affaires ont fini par éclabousser son propre parti, le PT. Les scandales politico-financiers et les enquêtes en cours d’instruction ne vont pas manquer de peser sur le gouvernement.

Pour rendre plus transparent le système politique et institutionnel, Lula n’est pas privé d’atouts. Le PT contrôle cinq des 27 États (dont celui du Para gagné dimanche) et une majorité des gouverneurs lui sont favorables. Au Congrès, où le PT a limité la casse, la situation est moins franche : Lula II peut disposer d’une majorité à la Chambre des députés mais en passant des alliances. Ce ne sera pas le cas au Sénat, dominé par les partis de droite et du centre. Enfin, il n’a pas caché qu’il souhaitait aborder de front la question de la rénovation du PT, décapité à deux reprises par les scandales. Bon nombre de militants « pétistes » (du PT) la réclament, d’autant que l’apparition à sa gauche du PSOL (Parti socialisme et liberté, regroupant les déçus du PT) le contraint à reconquérir le terrain perdu de l’éthique et de la moralité. « Nous n’avons plus dorénavant le droit moral, ethnique et politique de commettre des erreurs. Quand on parle du PT, on ne parle pas de la direction du PT, mais des millions de militants. Le PT n’est pas un simple parti, mais l’institution de la politique de ce pays », a lancé Lula en ce dimanche soir triomphant.


Bernard Duraud

Article paru dans l'édition L'Humanité du 31 octobre 2006.
Inna
 
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