par Vania » 01 Sep 2011, 19:26
Salut Granit!
D’accord avec la réponse de Quijote. « Radicalité », que Quijote met justement entre guillemets, je ne sais pas ce que cela veut dire concrètement, et on peut y mettre n’importe quoi, à défaut de révolutionnaire. Les évènements de Libye seraient plus radicaux que ceux de Tunisie ou d’Egypte… En fait, les puissances impérialistes, qui avaient visiblement plus de prise sur les régimes tunisiens et égyptiens, ont su expliquer à temps qu’il fallait à Ben Ali et à Moubarak s’en aller de suite, avant qu’il ne soit trop tard, et que les classes populaires n’aillent trop loin, n’apprennent trop au cours de leurs luttes… Ils n’ont peut-être fait que reculer l’échéance, et ne pas suivre l’évolution en Tunisie, en Egypte, où des grèves parfois importantes ont eu lieu serait un tort. En Libye, ils avaient moins de prises sur Kadhafi, et l’armée a éclaté, pas suffisamment pour abattre le régime. Certaines casernes ont pu de tomber entre les mains d’une part de la population et des armes ont pu circuler. Entre les mains de qui précisément, de quels courants politiques, de quelles forces sociales, avec quels objectifs ? On commence à le voir avec ce que représente le CNT, et ce que peuvent être aussi certains groupes armés, hors de contrôle du CNT, mais aussi hors de celui de la population. Le dernier article de LO expliquait bien cela. Cette situation, l’impérialisme aurait sans doute préféré l’éviter, et compte sur le CNT de Libye pour rétablir l’ordre.
Sur le CNT de Syrie, oui, il a sans doute choisi ce nom récemment. Mais cela fait un moment, en fait depuis qu’il est évident que le mouvement est trop ample, trop durable, et pourrait bien déboucher sur la chute d’El Assad (ce qui ne veut pas dire la chute du régime, et encore moins la révolution, pour l’instant en tout cas). Comme en Libye, tout en un conglomérat hétéroclite d’opposants plus ou moins auto-proclamés grenouille, tergiverse et attends de pouvoir tirer les marrons du feu, sans risquer leur peau pour autant, et sans avoir le moindre programme. A moins qu’eux aussi ne tirent de derrière les fagots l’une de ces « feuilles de route » introuvables, mais dont chacun parle d’autant plus qu’elle est introuvable… Rien ne dit que demain, l’armée syrienne ne finisse par se briser, et qu’une brèche dans le régime ne finisse par s’ouvrir, brèche ou ce CNT s’engouffrera, avant que les classes populaires syriennes ne le fassent. C’est là la crainte de plus en plus visible des impérialistes, et cela explique leur ton plus ferme envers le régime, et leurs appels à El Assad à quitter le pouvoir.
Sur un autre sujet, plus théorique (je parle du sens des mots et de ce que l’on met derrière), tu as affirmé à moult reprise que les évènements de Libye étaient une révolution bourgeoise, pour nous dire maintenant (ton dernier post) que « l’on peut s’interroger sur l’apparition d’une révolution sociale ». Mais une révolution bourgeoise, c’est une révolution sociale, non ? La bourgeoisie abat alors l’Etat féodal, détruit la source de son pouvoir en l’expropriant de ses terres. 1789 était une révolution sociale. La bourgeoisie a abattu, détruit l’Etat féodal, a exproprié les féodaux, et dans le même temps a créé son propre Etat, et mis en place les rapports sociaux de la société bourgeoise, la sienne. Une classe dominante en a abattu une autre, l’a remplacée, en faisant table rase de tout un passé. Je ne comprends plus… Qu’est-ce qu’une révolution ? Ce que tu mets derrière ce mot est fluctuant, mouvant, sans contour précis. C’est un fourre-tout, finalement.
Dans deux réponses précédentes, tu as dit d’une part qu’il aurait fallu soutenir le régime issu de février 1917 (tu voulais dire, je pense, que les bolchéviks l’auraient du), dans une autre, tu affirmes que février était une révolution bourgeoise. Et tout cela ne t’empêche de dire que tu es trotskyste… Qui était Trotsky, alors, quels étaient ses idées, quels furent ses choix politiques pendant la révolution russe ? Qu’est-ce cela signifie, de se dire trotskyste ? Là encore, de ta part, bien des confusions, où tu finis par mener une politique aux antipodes de Trotsky, que l’on parle de la révolution russe où de politique actuelle. C’est bien difficile de discuter avec toi, finalement. Non seulement tu peux être de mauvaise foi, mais en plus, ce que tu mets derrière les mots est fluctuant, changeant, mouvant, comme le sable… ou comme le marais…