La révolte gronde en Tunisie

Dans le monde...

Message par Maxence » 23 Jan 2011, 13:45

(Maxence @ samedi 22 janvier 2011 à 10:40 a écrit :
"modération : je me suis permis de rajouter des "quote" et de mettre en évidence que la suite est une longue citation. Quand on dit "JE pense que..." on dit ce qu'on pense, soi, on ne cite pas un édito (sauf si on en est l'auteur...). Même si "je est un autre" comme disait Rimbaud. "

Tout à Fait, je ne suis pas l'auteur qui est Robert Paris, militant à Lutte Ouvrière pendant de longues années dans la cellule Renault Billancourt puis celle de Renault Rueil avec la Fraction puis la Voix des travailleurs.
Vous pouvez retrouvez de nombreux de ses écrits sur le site Matière et révolution.

www.matierevolution.fr/

pour y accéder.

Par ailleurs je pense mot pour mot ce qui est écrit dans cet édito et le défend avec mes mots dans l'entreprise ou je travaille, dans le RER à l'occasion, avec mes amis, dans 1 manif etc... Pas la peine de réécrire le manifeste du PC quand on veut parler des fondements du communisme au 19eme: c'est aussi une forme d'honnêté : il suffit de citer ses sources.
Maxence
 
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Message par Antigone » 23 Jan 2011, 17:33

Les images d'un flash info à la télé:
Hier, la voiture présidentielle n'a pu s'extirper de la foule des manifestants que grâce à l'intervention de la police qui lui a frayé un chemin. Des soldats en gilets pare-balles assurait sa sécurité tout autour. Arrivé devant le Palais, le président est descendu de la voiture. Ce vieillard qui pouvait à peine marcher était soutenu par un militaire qui lui a permis de monter une marche et de faire les deux pas qui l'ont fait disparaitre de l'angle des caméras.

Cette scène résume à elle seule l'état du pouvoir en Tunisie aujourd'hui. Il n'y a pas de gouvernement. Ce gouvernement est un gouvernement fantôme. Les postes régaliens sont aux mains de cadavres dont l'espérance de vie n'excède pas 6 mois. Les caciques en fonction ont tellement obéi et léché le cul de leur maitre au cours de leur carrière qu'ils sont incapables de prendre des décisions par rapport à une situation qu'ils ne font que subir. Si on leur demandait de marcher à quatre pattes en poussant des cris de bêtes, ils s'éxécuteraient à condition de rester au gouvernement. Plutôt promettre et céder sur tout que précipiter le pays dans une vacance de pouvoir. Sans l'armée ils n'existeraient plus. Sans l'armée, tout se serait déjà effondré.

En face, la révolution de jasmin est une révolution singulière qui change de ce qu'on avait l'habitude de connaitre. Pas de parti dirigeant. Pas de pouvoir alternatif. Pas de leader. Personne n'émerge. Même pas un Walesa tunisien (même si l'UGTT aimerait endosser le rôle de Solidarnosc de 1980). Les anciens éxilés sont largués, trop absorbés à préparer leurs prochaines campagnes électorales.
Les manifestations tiennent la rue. Une partie de la police n'obéit plus. Des grèves revendicatives se déclenchent. Des assemblées s'improvisent. Et un millier de manifestants venus de la province viennent d'arriver dans la capitale...
Ce serait intéressant de savoir comment les gens s'organisent, comment dans les faits s'effectuent l'approvisionnement, la distribution, le partage, l'entraide dans les quartiers et les villages. La toile est certainement riche d'informations. Dommage que je ne connaisse pas l'arabe...

Combien de temps cette situation bancale peut-elle encore tenir en l'état ? Combien de temps la bourgeoisie acceptera-t-elle de vivre terrer ? La machine va-t-elle repartir avec la réouverture annoncée des écoles et des universités ? J'en doute. Et dans les entreprises, comment ça se passe entre les travailleurs, l'UGTT et les patrons ?
Les révolutions sont des courses de vitesse. La volonté de changement doit s'empresser de tirer parti de la faiblesse apparente du pouvoir en place. En principe le temps joue en faveur du pouvoir, mais celui-ci a commis erreur sur erreur qu'il essaie de corriger en lâchant du lest au coup par coup, ce qui l'affaiblit jour après jour.
Cependant si le pays continuait d'être paralysé, la tentation serait grande pour les militaires de virer le gouvernement et de prendre le pouvoir "au nom du peuple" en s'appuyant sur sa légitimité institutionnelle et l'image de sympathie qu'elle a acquise dans la population après avoir lâché Ben Ali et traqué ses miliciens.
Alors, va-t-on vers un putsch ? Au Portugal en 1974, c'est Spinola, un général à monocle, qui, dans un pays en pleine effervescence, avait conduit pendant quelques mois la transition vers les élections de l'année suivante. Un putsch pourquoi pas, mais en dernier ressort.

Petite annonce: "Bourgeoisie tunisienne cherche homme d'Etat, de gauche de préférence, pour la représenter. Qualité requise: avoir suffisamment d'autorité pour faire cesser les manifestations et remettre tout le monde au travail au nom de la Tunisie nouvelle. Le FMI s'impatiente."
En sous-main les forces politiques bourgeoises tenteraient de mettre sur pied quelque chose qu'elles souhaiteraient plus solide que ce gouvernement fantoche. Les dinosaures de l'époque Bourguiba reviendraient !!

Leurs magouilles:
a écrit :Radio Kalima - 23 jan 2011
http://www.kalimadz.com/fr/News-sid-URGENT...ution--256.html
Tunisie: Constitution, en cours, d'un "Conseil de la Révolution"

Un Conseil de la Révolution est actuellement en cours de constitution en Tunisie à l'initiative de trois personnalités politiques indépendantes. Il s'agit de Ahmed Mestiri, ancien Ministre de la justice du président Bourguiba, et de Ahmed Bensalah et Mostafa El Filali, tous deux également ancien ministres de Bourguiba. Les trois personnalités sont retirées des affaires politiques depuis de longues années et jouissent d'un crédit certain auprès de l'élite tunisienne et de la population. Après avoir consulté le président de la république par intérim, ces trois personnalités sont actuellement en consultations avec les partis politiques de l'opposition, le syndicat UGTT, les personnalités politiques indépendantes, les ONG des droits de l'homme, les associations d'avocats et les représentants de la société civile qui ont joué un grand rôle dans le renversement du dictateur Ben Ali. Ce Conseil de la Révolution aura de très large prérogatives notamment celle de geler l'actuelle constitution et de légiférer pendant la période de transition et de préparer les élections.


L'organisation des travailleurs:
a écrit :
http://www.rebelion.org/noticia.php?id=120804
.........Nous nous approchons de l'Avenue Bourguiba ..........Sur la placedu 7 Novembre le blindé d'hier est encore plus fleuri , un bouquet décore maintenant la gueule de son canon , comme s'il tirait des jacinthes et des jasmins . Il est midi il y a ici plus de militaires que de policiers , sur l'allée il y a trois autres petits tanks , de nombreux soldats sont de faction devant le ministére de l'intérieur au centre du boulevard . C'est incroyable ! On ne peut plus parler de manifestation mais d'un jaillissiment , d'une expansion , qui s'installe ans toutes les rues du centre-ville . Sur le boulevard . Il se forme des groupes , j'en compte une quinzaine , d'hommes et de femmes qui discutent et tentent d'elaborer des programmes et des stratégies . Ce sont de véritables assemblées populaires dont les membres haussent la voix dans un certain désordre , pour réclamer la liberté de parole . Significative est la présence active ,et encore plus importante qu'hier ,de femmes de tous âges .
Dans une de ces assemblées improvisées au milieu du boulevard , quand le vacarme se fait trop fort ce sont précisément deux femmes (l'une voilée, et l'autre pas du tout ) qui imposent le silence en rappelant "qu'il n'y a qu'un seul peuple et que tous en font partie . "
Alors que les directions des partis et syndicats se réunissent aujourdhui a Bab el Asal , que les avocats manifestent devant le palais de justice , alors que la "société civile , vague agglomerat d'artistes , d'intellectuels , d'activistes droit de l'hommistes essaye de restructurer et liberer les organismes officiels dans lesquels il s'étaient englués comme des mouches dans du miel . Ici dans la rue ce sont les jeunes , les employés , les travailleurs manuels , le Peuple , qui prend la parole dans ces assemblées de la piétaille , parceque ceux qui les font vivre ce sont les piétons, on y entend les voix fiévreuses de leaders éphéméres insistant sur la grande révélation de leur vie. " C'est la Revolution du Peuple " proclame un jeune vetu d'une veste en simili cuir et il ajoute la mine décidée au milieu des applaudissements . " et nous ne sommes pas prêts a la laisser recupérer par aucun chef " , "il faut épurer les cadres RCD "
Ce qui est important et veritablement impressionnant c'est que tous et toutes s'organisent sans rien attendre d'un gouvernement . ........Le plus important est encore ceci : A l'intérieur du pays ce sont formés des conseils qui organisent la vie des villages . A Kasserine même , un de symboles de la revolution tunisienne , tombeau des martyrs et , berceau d'un jour nouveau , une véritable Commune formé de syndicats , de partis de gauche , de groupes de jeunes , dirige la préfecture , ont renvoyé les militaires a leur caserne . Là aussi ils réclament la dissolution du RCD et du gouvernement provisoire , la tenue d'une assemblée constituante
Le communiqué de la " Coalition des Cinéastes libres " qui se tient en ce moment vers les 13 heures dans la "maison de la culture Ibn Khaldun" ,occupée par les travailleurs de l'image, reprend des points identiques . On peut y lire également la fin de la censure et , aprés d'intenses discussions , menées debout sur les chaise , on s'accorde pour demander un porcessus constituant et des élections libres , l'assemblée se dissout pour descendre dans la rue : "Les cinéastes , nous sommes comme tout le monde ", ......, "nous devons nous unir au Peuple "
Le Peuple lui est toujours devant le siége du RCD , où il y a eu quelques changements . Devant les grilles closes de l'entrée , un grand panneau déclare " Maison de la Revolution du Peuple" . 60 métres plus haut quelques silhouettes s'escriment a démanteler les lettres formant le nom du parti . Ils arrivent a arracher celles du mot "tamuya" (rassemblement ) ....Cela ne suffit pas ..............Les jeunes en premiére ligne poussent sur les grilles pour pénétrer dans l'enceinte et les militaires , jusqu'ici impassibles, tirent en l'air trois rafales . La foule se disperse, .........Mais aprés les premiers instants de surprise elle revient vers l'édifice du RCD . Au cours de ce retour , un jeune soldat que nous croisons dans une rue atérale , nous dit avec malice en pointant son fusil ver le sol
"allez cela suffit pour aujourdhui " . Mais nous continuons ,l'avant garde de la manif , de nouveau contre la grille, négocie avec les militaires qui laissent passer cinq ou six personnes ; quelques minutes plus tard , pencheés a la fenêtre , elles passent des cables entre la paroi et les lettres composant le nom du parti . Aprés quelques échecs , dans la ferveur populaire, les lettres sont arrachées une a une . Il n'y a plus de RCD c'est devenue la Maison de la Revolution du Peuple , un futur hopital pour enfant , crie t on , dans une cité qui n'en compte seulement qu'un seul .......
Antigone
 
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Message par MajnûnLayla » 24 Jan 2011, 19:49

(Antigone @ dimanche 23 janvier 2011 à 17:33 a écrit : Le plus important est encore ceci : A l'intérieur du pays ce sont formés des conseils qui organisent la vie des villages . A Kasserine même , un de symboles de la revolution tunisienne , tombeau des martyrs et , berceau d'un jour nouveau , une véritable Commune formé de syndicats , de partis de gauche , de groupes de jeunes , dirige la préfecture , ont renvoyé les militaires a leur caserne . Là aussi ils réclament la dissolution du RCD et du gouvernement provisoire , la tenue d'une assemblée constituante
Ca c'est vraiment intéressant. Merci Antigone. D'autres sources?
MajnûnLayla
 
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Message par MajnûnLayla » 24 Jan 2011, 23:14

En fait, ce dont Mediapart rend compte n'est pas aussi exalté. Les flics ont bien été chassés de la ville - comme d'autres villes tunisiennes - mais "la Commune de Kasserine" ressemble plutôt à un collectif plus ou moins auto-désigné:

a écrit :(...) Le 12 janvier, soit deux jours avant la fuite de Ben Ali, la police a quitté la ville. Elle n'est pas revenue depuis.

Aujourd'hui, les militaires sont postés aux entrées de la ville et à quelques points stratégiques à l'intérieur, mais c'est la seule autorité qui subsiste. Tous les bâtiments de la police et du RCD sont noircis par la fumée des flammes qui les ont embrasés lors des journées d'émeutes de début janvier. La municipalité est également brûlée, de même qu'un ou deux grands magasins qui étaient aux mains de familles mafieuses liées au pouvoir. Mais tout le reste de la ville est intact (les banques, les commerces, les autres institutions publiques), et les rues sont nettoyées.

Comme ailleurs en Tunisie, la révolte a été ciblée, «chirurgicale», disent avec fierté les habitants de Kasserine. Sur un bâtiment du RCD, les émeutiers ont pris soin d'arracher des affiches de Ben Ali le visage de l'ancien-président, sans déchirer le drapeau tunisien en arrière-plan. Juste à côté, une casquette blanche traîne par terre. Elle est comme neuve. «Personne n'en veut car c'est une casquette du RCD», s'amuse Nizam, un jeune homme qui la pousse du pied pour montrer le logo du parti. «Alors elle reste là bien que nous soyons très pauvres...» (...)

Pour ne pas voir retomber leurs efforts, ils ont créé une «Commission pour la protection et l'orientation de la révolution», qui s'efforce à la fois de poursuivre les manifestations et les actions symboliques contre le nouveau gouvernement, mais aussi de canaliser la véhémence de plus jeunes. Ils entendent rebaptiser un certain nombre de rues et de places avec les noms de leurs amis et voisins assassinés.

Pour l'heure, ils ont «récupéré» deux locaux incendiés du RCD, les ont nettoyés et ont placé des signes sur les perrons : l'un est désormais le «club de jeunes», l'autre est le «club des martyrs». «Nous avons coupé la tête, mais il nous faut encore nous débarrasser des racines», insiste un des jeunes juché sur le toit pour suspendre les nouvelles enseignes. «Il faut déraciner le RCD», martèlent tous ses camarades, comme un leitmotiv (...)

Le patron du café «Le coin vert» a lui-même rebaptisé son établissement. C'est désormais le «Café du peuple». Durant les émeutes, il a offert aux manifestants qui venaient se réfugier chez lui des verres d'eau et du lait pour combattre les effets des bombes lacrymogènes. Plus courageux, il a continué à diffuser Al-Jazeera alors que la police passait dans les bistrots pour faire changer de chaîne de télévision.

Aujourd'hui, avec juste quelques tables et des chaises, du café noir comme de l'encre et du thé vert, il fait le plein de ceux qui veulent poursuivre le mouvement dans une atmosphère enfumée. «Nous ne sommes pas assez naïfs pour retomber dans le même piège», explique-t-il. «Nous n'avons aucune confiance dans quiconque a un jour participé au RCD, même ceux qui ont juste applaudi un discours de Ben Ali.» Et le fait de pouvoir parler ainsi librement, de manifester sans se faire arrêter, n'est-ce pas un beau progrès ? «Nous avons la liberté d'expression c'est vrai, mais nous avons peur des effets rétroactifs. On risque de revenir en arrière.» Abdel Mbarki, un syndicaliste de la Caisse nationale de sécurité sociale, ajoute : «La révolution passe par des étapes et il y en a encore beaucoup à franchir.»


La Riposte rend également compte d'un autre phénomène intéressant:

a écrit :Par ailleurs, le 16 janvier, à Sidi Bou Ali, la population s’est réunie pour déterminer sa position à l’égard du gouvernement d’union nationale. La décision a été prise de ne pas reconnaître le gouvernement et de mettre en place des organes de pouvoir populaire. Voici le texte de la déclaration adoptée par la population locale :

« Suite à la décision de confier à Mohamed Ghannouchi la formation d’un nouveau gouvernement chargé de surveiller les nouvelles élections présidentielles ; et compte tenu du vide administratif dans les villes de Sidi Bou Ali, province de Sousse, nous, les citoyens de la ville de Sidi Bou Ali, rassemblés dans la Place du Peuple de la ville, déclarons ce qui suit :

Nous rejetons cette décision puisqu’elle est basée sur une constitution non démocratique, non populaire et qui ne garantit pas les droits de toutes les sensibilités nationales dans le pays.

Nous refusons la domination du parti au pouvoir sur la vie politique du pays, représentée par tous ses symboles dans le gouvernement actuel – et ses laquais.

[Nous procédons à] l’élection publique d’un Conseil local intérimaire chargé d’assurer la gestion des affaires de la ville et d’agir localement, et en coordination au niveau régional et national, pour maintenir l’ordre de la vie civile, économique, culturelle et politique dans le pays, jusqu’à l’élaboration d’une nouvelle constitution démocratique et populaire qui va ouvrir la voie à des élections qui assureront une alternance pacifique et sans monopole du pouvoir. Et qui veillera à ce que tous les partis nationaux soient représentés.

Les fonctions de ce Conseil seront :

Former des comités pour protéger les quartiers, et coordonner ces comités

Garantir la restauration de la vie économique quotidienne et les nécessités de la vie des citoyens.

Garantir l’ouverture des institutions civiles (banques, hôpitaux, municipalités, écoles, instituts, poste, bureau d’impôts...)

Assurer la propreté de la ville.

La Coordination avec les Conseils locaux et régionaux.

Communiquer et assurer la liaison avec l’armée nationale, la seule force existante dans le pays.

Nous avons décidé de former les comités suivants :

Comité sur la publicité et l’information

Comité de communication avec l’Armée nationale

Comité de surveillance pour la protection des quartiers

Comité de la propreté de la ville

Comité d’approvisionnement des nécessités de base

Comité de la sensibilisation, de l’orientation et de la culture »
MajnûnLayla
 
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Message par colbleu » 24 Jan 2011, 23:42

Pour répondre a Zimer
Pour ma part je n’utilise pas le mot de révolution quand je parle de la Tunisie et ceci ne m’empêche pas d’être enthousiaste par rapport a ce qui s’est passé en Tunisie. J’en parle au passé, car j’ai l’impression qu’à l’heure actuelle on entraîne la classe ouvrière sur un faux terrain, celui de la démocratie. Ceci dit, même si la classe ouvrière est entraînée sur un faux terrain (qui a mon avis doit être dénoncé), ce qui s’est passé en Tunisie, montre que partout dans le monde la lutte de classe se développe. De plus je trouve que c’est une formidable réponse aux mensonges (et ceci a mon avis participe a la prise de conscience au sein de la classe ouvrière) que tenait la bourgeoisie sur le fait que dans les pays en ‘voie de développement’, la classe ouvrière était soumise, acceptait tout etc… et par là tentait de diviser les ouvriers car les rendant responsable du chômage en Europe lié aux délocalisations.

Donc a mon avis il est important de montrer l’unité de la classe ouvrière. Important aussi, car j’ai l’impression que tout est fait pour dissocier ce qui se passe en Tunisie de ce qui se passe en France. Je fais tenter de m’expliquer.

Pendant tout un temps quand les manifestations avaient lieu en Tunisie contre l’augmentation des prix et le chômage de masse il y avait pratiquement un black out des médias bourgeois. Ajourd’hui (par exemple sur France info), il y a eu une journée spéciale sur la Tunisie et nombres de journaux en font leur une. Est sur quoi insiste t’ils ? Très peu sur le fait que la crise économique comme partout dans le monde dégrade les conditions de vie de la classe ouvrière, mais sur la question de la démocratie et de la liberté. Ce battage (a mon avis voulu), a pour but de faire passer le message que ce qui se passe en Tunisie et plus largement dans le Magreb, n’a rien à voir avec ce que vie la classe ouvrière ici. Même les syndicats y vont de leur partie pour séparer ce qui se passe en France de ce qui se passe en Tunisie. C’est ainsi que samedi à Lyon, il y avait une manif contre la suppression de postes dans l’éducation nationale et a un autre endroit une manif vis-à-vis de la Tunisie pour la démocratie. A mon avis, il faut dénoncer cette séparation et mettre en avant l’unité de la classe ouvrière contre la misère et le chômage de masse qui touche la classe ouvrière partout dans le monde

Colbleu.
colbleu
 
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Message par MajnûnLayla » 25 Jan 2011, 00:04

(colbleu @ lundi 24 janvier 2011 à 23:42 a écrit : Pour ma part je n’utilise pas le mot de révolution quand je parle de la Tunisie et ceci ne m’empêche pas d’être enthousiaste par rapport a ce qui s’est passé en Tunisie. J’en parle au passé, car j’ai l’impression qu’à l’heure actuelle on entraîne la classe ouvrière sur un faux terrain, celui de la démocratie.
Plusieurs milliers de manifestants, dont des centaines venus à pieds depuis Sidi Bouzid et ses environs, occupent depuis 48h le siège du premier ministre à Tunis en scandant: "Le peuple veut la chute du gouvernement". Le syndicat de l'enseignement primaire a appelé à une grève illimitée suivie de façon quasi-unanime pour le départ du gouvernement et une assemblée constituante. Parler d'une "révolution au passé", c'est aller un peu vite en besogne...

Quant à considérer le "terrain de la démocratie" comme un faux problème pour la classe ouvrière, non, il faut relire Trotsky, notre point de vue est que les tâches démocratiques sont du ressort de la révolution prolétarienne - pas qu'elles ne concernent la classe ouvrière en rien.

La révolution tunisienne n'est pas finie, elle vient juste de commencer. Le problème serait aujourd'hui, là-bas, de dégager les moyens qui permettraient à la classe ouvrière d'en finir avec la dictature, et ici, d'intervenir comme nous le pouvons contre l'impérialisme français, en se plaçant aux côtés des masses tunisiennes.
MajnûnLayla
 
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Message par Maxence » 25 Jan 2011, 14:27

(MajnûnLayla @ mardi 25 janvier 2011 à 00:04 a écrit :Quant à considérer le "terrain de la démocratie" comme un faux problème pour la classe ouvrière, non, il faut relire Trotsky, notre point de vue est que les tâches démocratiques sont du ressort de la révolution prolétarienne - pas qu'elles ne concernent la classe ouvrière en rien.

La révolution tunisienne n'est pas finie, elle vient juste de commencer.

Tout a fait d'accord car si Ben Ali a du s’enfuir, le système Ben Ali, l’Etat Ben Ali ne sont pas démantelés. Même si certains sont en fuite, tortionnaires et profiteurs n’ont pas disparu comme par enchantement ! Et surtout l’appareil politique de la dictature manœuvre aujourd’hui pour sauver l’essentiel du régime, les privilèges et l’impunité pour le plus grand nombre.

Les classes dirigeantes essaient de leurrer le peuple travailleur avec des fausses perspectives comme union nationale et élections démocratiques...

L’union nationale entre qui et qui ? Entre d’une part les tenants du régime et d’autre part ceux qui, qualifiés déjà « d’opposition en carton-pâte » par les masses, acceptent de se prêter à cette mascarade. Comment croire un seul instant que les classes dirigeantes tunisiennes et leurs représentants politiques puissent et veuillent avancer d’un seul pas dans le sens des revendications des masses ?

Il ne faut pas se leurrer. C’est uniquement le petit peuple, celui d’en bas, surgi de la Tunisie, profonde et donc oubliée, qui a mis le feu aux poudres ne craignant pas d’affronter les balles et la mort. La puissante Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT), les partis politiques dits d’opposition, justement ceux qui donnent de la voix aujourd’hui après vingt trois ans d’un lourd silence sinon de servilité, ne sont intervenus dans le mouvement que lorsque celui-ci s’était rapproché de Tunis, la capitale.

Une semaine après la chute du dictateur Ben Ali, la colère des Tunisiens ne faiblit pas. Partis du centre du pays, samedi matin, la "caravane de la libération" a rejoint la capitale dimanche matin. "Le peuple vient faire tomber le gouvernement", scandaient des manifestants, parmi lesquels de nombreux jeunes qui ont rejoint la capitale en alternant marche et trajets en véhicules. "Nous sommes venus de Menzel Bouzaiane, de Sidi Bouzid, de Regueb pour faire tomber les derniers restes de la dictature", a expliqué un vieil homme drapé dans un drapeau tunisien, Mohammed Layani.

Dans plusieurs entreprises publiques, les travailleurs ont carrément chassé les patrons imposés par le président déchu, comme ce fut le cas à l’entreprise des transports. En fin de journée, des informations faisaient état du départ des manifestants du centre-ouest du pays qui ont entamé une marche dénommée « Caravane de la libération » sur la capitale pour exiger le départ et la dissolution du gouvernement, a indiqué une avocate de la région de Regueb, ajoutant que « des marches vers la capitale vont partir de toutes les régions qui ont connu les événements les plus sanglants au début de la révolution ».

A la Caisse nationale de la sécurité sociale tunisienne le scénario a été un peu plus musclé. Les employés ont expulsé leur patron mercredi l’obligeant à fuir par la porte de derrière, rapporte l’envoyé spécial d’Europe 1 en Tunisie.

Des ouvriers agricoles occupaient leur ferme, à l’ouest de Tunis, qui avait été confisquée par un neveu du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, selon la télévision tunisienne samedi. Alors que la Tunisie observe un 2e jour de deuil national en mémoire des victimes de la "révolution du jasmin", une nouvelle manifestation est prévue dans le centre de la capitale. Elle doit dénoncer la mainmise des caciques de l’ancien régime sur le gouvernement d’union nationale, en dépit des assurances du 1er ministre Ghannouchi qui a promis de mettre fin à sa carrière après la période de transition.

Les travailleurs et la jeunesse de Tunisie cherchent à s’organiser sur leur terrain de classe

D’une puissance sans précédent depuis 1956, le mouvement spontané des masses tunisiennes se heurte au manque total d’organisations ouvrières indépendantes. Alors que toutes les forces dites d’ « opposition », y compris celles issues du PC, se situent sur le terrain d’un « gouvernement provisoire » assurant la continuité du régime, les masses tunisiennes cherchent à construire leurs organisations, à arracher les libertés démocratiques indispensables à leur combat : droit de grève, de manifestation, d’expression, d’information et d’organisation.

Elles cherchent à mettre le syndicat unique, l’UGTT, au service de leurs revendications, lui ont imposé la rupture avec le gouvernement, le soutien aux manifestants. Elles se heurtent en cela à un appareil dirigeant mis en place sous Ben Ali. Le secrétaire général de ce syndicat rencontrait encore Ben Ali deux jours avant sa fuite ! Il leur faut en dernière analyse expulser l’appareil bureaucratique inféodé à la dictature, construire une autre direction.




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Message par colbleu » 25 Jan 2011, 23:22

Moi je ne vois pas la révolution et les interventions de MajnûnLayla et de Maxence ne m’ont pas convaincu. Car demander la chute du gouvernement, le départ du gouvernement et une assemblée constituante, de même que de vouloir en finir avec la dictature, pour ma part n’a rien de révolutionnaire. Car ça ne change pas les rapports sociaux capitaliste de domination d’une classe sur une autre.
Vous me dites que c’est important la démocratie et les libertés démocratique, mais dans le même temps Maxence salut le mouvement spontané des masses tunisienne. Maxence tu n’explique pas comment cela c’est passé. Pour ma part, ça c’est passé par les manifs, par les grèves, par se donner des moyens d’expression et d’information pour faire connaître la lutte et pour que la solidarité s’exprime, voila encore une leçon que nous apporte ce mouvement social en tunisie. Il n’y a pas besoin de liberté démocratique pour que la lutte s’exprime

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Message par Ian » 25 Jan 2011, 23:51

(colbleu @ mardi 25 janvier 2011 à 23:22 a écrit :Moi je ne vois pas la révolution et les interventions de MajnûnLayla  et de Maxence ne m’ont pas convaincu. Car  demander la chute du gouvernement, le départ du gouvernement et une assemblée constituante, de même que  de vouloir en finir avec la dictature, pour ma part n’a  rien de révolutionnaire. Car ça ne change pas les rapports sociaux capitaliste  de domination d’une classe sur une autre.

Mais une révolution n'est pas nécessairement une révolution socialiste.
J'espère que la révolution démocratique en Tunisie se doublera d'une révolution sociale. Il est trop tôt pour en juger. Mais ça n'enlève rien au caractère révolutionnaire de ce mouvement, qui a fait chuter un dictateur non par la force des urnes, mais bien par la force de la rue.
Ian
 
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Message par artza » 26 Jan 2011, 08:29

(colbleu @ mardi 25 janvier 2011 à 23:22 a écrit :  Il n’y a pas besoin de liberté démocratique pour que la lutte s’exprime

Première nouvelle.

La lutte elle-même pour elle-même met en place et par là pour les autres, la liberté d'expression et d'association (assemblées, comités, journaux etc) permettant au passage à tous les partis et syndicats contraints à la clandestinité d'apparaître au grand jour.

Dans tous les pays où les libertés, de presse, syndicales, d'association etc; sont inexistantes ou muselées, revendiquer et imposer dans les faits ces libertés est essentielles, inévitables et spontanées pour toutes luttes.

Même ici en France; il y aura bien des choses à dire et à faire.
Mai 68 revendiquait la "libération de l'ORTF" (radio et TV publiques de l'époque).

C'était tout à fait juste. Que beaucoup de petits bourgeois en rien révolutionnaires l'affirmaient ne change rien à l'affaire.
artza
 
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