(MajnûnLayla @ mardi 25 janvier 2011 à 00:04 a écrit :Quant à considérer le "terrain de la démocratie" comme un faux problème pour la classe ouvrière, non, il faut relire Trotsky, notre point de vue est que les tâches démocratiques sont du ressort de la révolution prolétarienne - pas qu'elles ne concernent la classe ouvrière en rien.
La révolution tunisienne n'est pas finie, elle vient juste de commencer.
Tout a fait d'accord car si Ben Ali a du s’enfuir, le système Ben Ali, l’Etat Ben Ali ne sont pas démantelés. Même si certains sont en fuite, tortionnaires et profiteurs n’ont pas disparu comme par enchantement ! Et surtout l’appareil politique de la dictature manœuvre aujourd’hui pour sauver l’essentiel du régime, les privilèges et l’impunité pour le plus grand nombre.
Les classes dirigeantes essaient de leurrer le peuple travailleur avec des fausses perspectives comme union nationale et élections démocratiques...
L’union nationale entre qui et qui ? Entre d’une part les tenants du régime et d’autre part ceux qui, qualifiés déjà « d’opposition en carton-pâte » par les masses, acceptent de se prêter à cette mascarade. Comment croire un seul instant que les classes dirigeantes tunisiennes et leurs représentants politiques puissent et veuillent avancer d’un seul pas dans le sens des revendications des masses ?
Il ne faut pas se leurrer. C’est uniquement le petit peuple, celui d’en bas, surgi de la Tunisie, profonde et donc oubliée, qui a mis le feu aux poudres ne craignant pas d’affronter les balles et la mort. La puissante Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT), les partis politiques dits d’opposition, justement ceux qui donnent de la voix aujourd’hui après vingt trois ans d’un lourd silence sinon de servilité, ne sont intervenus dans le mouvement que lorsque celui-ci s’était rapproché de Tunis, la capitale.
Une semaine après la chute du dictateur Ben Ali, la colère des Tunisiens ne faiblit pas. Partis du centre du pays, samedi matin, la "caravane de la libération" a rejoint la capitale dimanche matin. "Le peuple vient faire tomber le gouvernement", scandaient des manifestants, parmi lesquels de nombreux jeunes qui ont rejoint la capitale en alternant marche et trajets en véhicules. "Nous sommes venus de Menzel Bouzaiane, de Sidi Bouzid, de Regueb pour faire tomber les derniers restes de la dictature", a expliqué un vieil homme drapé dans un drapeau tunisien, Mohammed Layani.
Dans plusieurs entreprises publiques, les travailleurs ont carrément chassé les patrons imposés par le président déchu, comme ce fut le cas à l’entreprise des transports. En fin de journée, des informations faisaient état du départ des manifestants du centre-ouest du pays qui ont entamé une marche dénommée « Caravane de la libération » sur la capitale pour exiger le départ et la dissolution du gouvernement, a indiqué une avocate de la région de Regueb, ajoutant que « des marches vers la capitale vont partir de toutes les régions qui ont connu les événements les plus sanglants au début de la révolution ».
A la Caisse nationale de la sécurité sociale tunisienne le scénario a été un peu plus musclé. Les employés ont expulsé leur patron mercredi l’obligeant à fuir par la porte de derrière, rapporte l’envoyé spécial d’Europe 1 en Tunisie.
Des ouvriers agricoles occupaient leur ferme, à l’ouest de Tunis, qui avait été confisquée par un neveu du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, selon la télévision tunisienne samedi. Alors que la Tunisie observe un 2e jour de deuil national en mémoire des victimes de la "révolution du jasmin", une nouvelle manifestation est prévue dans le centre de la capitale. Elle doit dénoncer la mainmise des caciques de l’ancien régime sur le gouvernement d’union nationale, en dépit des assurances du 1er ministre Ghannouchi qui a promis de mettre fin à sa carrière après la période de transition.
Les travailleurs et la jeunesse de Tunisie cherchent à s’organiser sur leur terrain de classe
D’une puissance sans précédent depuis 1956, le mouvement spontané des masses tunisiennes se heurte au manque total d’organisations ouvrières indépendantes. Alors que toutes les forces dites d’ « opposition », y compris celles issues du PC, se situent sur le terrain d’un « gouvernement provisoire » assurant la continuité du régime, les masses tunisiennes cherchent à construire leurs organisations, à arracher les libertés démocratiques indispensables à leur combat : droit de grève, de manifestation, d’expression, d’information et d’organisation.
Elles cherchent à mettre le syndicat unique, l’UGTT, au service de leurs revendications, lui ont imposé la rupture avec le gouvernement, le soutien aux manifestants. Elles se heurtent en cela à un appareil dirigeant mis en place sous Ben Ali. Le secrétaire général de ce syndicat rencontrait encore Ben Ali deux jours avant sa fuite ! Il leur faut en dernière analyse expulser l’appareil bureaucratique inféodé à la dictature, construire une autre direction.
