La Libye, l'autre pays du mirage

Dans le monde...

Message par Ottokar » 13 Sep 2011, 18:04

Déjà du vivant de Trotsky, il y avait une différence entre ce que pouvait dire Trotsky, la crédibilité, l'impact, et celle des petits groupes réduits parfois à de deux douzaines d'intellectuels en France par exemple. Le groupe chinois ou le groupe vietnamien, ou même le parti américain (Cannon) c'était autre chose. Mais cela, la plupart des trotskystes ne l'ont jamais mesuré, singeant les déclarations, les attitudes de Trotsky, sans comprendre que nous n'avons ni le même poids ni la même crédibilité. Cela donne les rodomontades ridicules de la LTF "bas les pattes devant..." ou "des armes pour l'afghanistan" (en soutenant les chars russes dans les années 80) !

Donc, oui, je le redis, nous ne pouvons que tenter de comprendre le raisonnement de Trotsky, de Marx, etc. mais pas le répéter comme des formules magiques, sans tenir compte de qui nous sommes aujourd'hui, d'où nous parlons, quel impact nous avons. Et nous ne pouvons rien faire d'autre que de nous démarquer du baratin humaniste hypocrite de nos gouvernements, sans avoir l'air de couvrir les agissements d'un sinistre dictateur.

D'ailleurs au passage, à part parler, que peut-on faire d'autre ? lever des brigades internationales pour aller combattre en Libye ? Déclencher des grèves dans ports pour bloquer notre armée ?
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Message par abounouwas » 13 Sep 2011, 19:54

a écrit :Libye : le rapport d'Amnesty International n'épargne pas les rebelles
LEMONDE.FR | 13.09.11 | 19h59  •  Mis à jour le 13.09.11 | 20h33


On connaissait la violence de la répression des manifestations libyennes. Un rapport d'Amnesty International – fruit d'une enquête de terrain effectuée entre fin février et fin mai, en juin et fin août – met le doigt sur des crimes de guerre et violations des droits de l'homme commis par les rebelles, à plus petite échelle toutefois.

Le document ne fait pas l'impasse sur les exactions des kadhafistes : des tirs à l'arme automatique sur la foule de manifestants, aux représailles aveugles contre la population civile, en passant par les agissements des redoutés des officiers de l'Agence de sécurité intérieure (ISA), le document décrit par le menu l'horreur de la répression qui sévit en Libye depuis des mois. Il jette cependant un éclairage nouveau sur les actes perpétrés – à plus petite échelle toutefois – par une partie des rebelles. En l'occurence des crimes de guerre et des violations des droits de l'homme, jusqu'ici mal documentés.

DU CÔTÉ DE L'OPPOSITION

Dès les premiers jours de la rébellion, en février, des rebelles capturent et tuent des soldats et des présumés mercenaires étrangers. Certains sont lynchés, au moins trois sont pendus, d'autres tués par balle, relève Amnesty International. Des groupes semblent s'organiser pour assouvir des vengeances. Parmi les victimes, Hussein Gaith Bou Shiha, ancien de l'ISA, a été capturé chez lui et retrouvé tué d'une balle dans la tête, avec des traces de coups et les poings liés. Des insurgés sont allés jusqu'à traquer les soldats loyalistes dans les hôpitaux : une vidéo montre ainsi, selon l'ONG, un ancien soldat à l'hôpital al-Jala de Benghazi, humilié et forcé de répéter : "Je suis un chien de Kadhafi".

S'il a connaissance de ces faits, et les condamne, le CNT (Conseil national de transition) tend à les minimiser. Le Conseil n'a d'ailleurs pas dilligenté d'enquête indépendante sur ce sujet ni cherché à prendre des mesures contre les responsables, dénonce l'organisation. Pour Amnesty International, "il est confronté à la difficile tâche de contrôler les combattants de l'opposition et les groupes d'autodéfense responsables de graves atteintes aux droits de l'homme, y compris d'éventuels crimes de guerre, mais se montre réticent à les tenir responsables." Le rapport souligne en outre les difficultés de contrôler ces groupes de combattants armés manquant d'expérience et opérant sans être encadrés ni supervisés.

Le rapport s'attarde également sur le traitement infligé aux soldats loyalistes par centaines par les rebelles. Interviewés par Amnesty International à Benghazi et à Misratah, certains de ces prisonniers disent avoir été capturés par des hommes lourdement armés et masqués lors de raids nocturnes, parfois à leur domicile. De nombreux faits de torture sont rapportés : coups de barres métalliques ou d'autres objets, éléctrochocs, viols, absence de soins pour les blessés. Sous la violence, les tortionnaires tentent d'obtenir des aveux, arrachent la signature de documents ou se rendent eux-mêmes justice pour des crimes attribués aux détenus.

LE SORT DES LIBYENS NOIRS


Parmi les personnes détenues ou tuées, figurent nombre d'individus présentés comme des mercenaires africains aux ordres de Kadhafi, sans que, bien souvent, leur identité soit réellement renseignée. Dès le 20 février, une vidéo montrait par exemple deux Africains morts, attachés sur le capot d'un pick-up paradant triomphalement sous les cris de "Dieu est grand" et les tirs de fusil, rapporte l'ONG. Aucun d'eux ne portait d'uniforme policier ou militaire, laissant craindre qu'ils aient pu être pris, à tort, pour des mercenaires.

Amnesty International dénonce un "climat de racisme et de xénophobie des deux côtés" – antérieur au printemps arabe – à l'égard de ces Libyens d'origine étrangère, en majorité d'Afrique subsaharienne et constituant environ un tiers de la population. Depuis le début de l'insurrection, la stigmatisation a été entretenue de part et d'autre. Kadhafi n'a pas hésité à opposer "frères arabes et Africains". De son côté, le président du CNT, Mustapha Abdeljalil lui-même, ne s'est pas privé d'indiquer qu'en tant qu'ancien ministre de la justice, il avait constaté que "40 % des criminels en Libye étaient des Africains qui envahissaient le pays par sa frontière sud, le traversaient et espéraient, avidement, vivre en Europe."


LA NON-ASSISTANCE DES PAYS EUROPÉENS

A ce sujet, "les Etats membres de l'UE (...) n'ont pas répondu de manière adéquate à la tragédie humaine qui se déployait", estime Amnesty International à propos de "ceux qui fuyaient les conflits et les persécutions en Libye pour assurer leur sécurité". Depuis mars, 1 500 Libyens qui ont essayé de gagner l'Europe par la mer ont trouvé la mort, selon Amnesty. L'ONG cite par ailleurs le témoignage d'un migrant de 23 ans qui a survécu à cette périlleuse traversée : il a payé 800 dollars pour embarquer sur une barque qui a dérivé pendant seize jours, croisant un navire militaire, deux hélicoptères et d'autres bateaux, sans recevoir aucun secours.

Amnesty International rappelle enfin qu'en mai, malgré le nombre réduit de demandes d'asile, l'UE s'inquiétait d'un afflux massif et renforçait les contrôles aux frontières. Il faut se souvenir, rapelle l'ONG, que le colonel Kadhafi et l'UE, Italie en tête, coopéraient auparavant pour "contrôler les migrations", "encourageant dans les faits les pratiques abusives contre les réfugiés".

Dans la même lignée, le CNT a déjà promis de "fermer les frontières à ces Africains". Le 17 juin, il a signé un memorandum avec l'Italie, dans lequel les deux parties ont renouvelé leur engagement à mettre en œuvre les accords contre la "migration illégale", y compris le rapatriement des migrants alors que la Libye est encore loin d'être pacifiée.
Le Monde.fr
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Message par Vania » 13 Sep 2011, 20:42

Salut les copains, salut Abounouwas!

J'allai mettre en ligne le même article...

a écrit :Mustapha Abdeljalil lui-même, ne s'est pas privé d'indiquer qu'en tant qu'ancien ministre de la justice, il avait constaté que "40 % des criminels en Libye étaient des Africains qui envahissaient le pays par sa frontière sud, le traversaient et espéraient, avidement, vivre en Europe."


On croirait entendre Guéant...

a écrit :Dans la même lignée, le CNT a déjà promis de "fermer les frontières à ces Africains".


Vraiment, rien n'aura changé. Si n'est peut-être une misère accrue pour les classes populaires.

A moins que les classes populaires libyennes ne fassent à nouveau irruption sur la scène politique, et, enrichies des dernières luttes, ne se politisent. C'est ce qu'il y a de mieux à leur souhaiter.
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Message par manitas » 14 Sep 2011, 02:17

Le raisonnement "automatique" que tu fais Dr. No pourrait s'appliquer à bien d'autres... s'il était juste.

Je ne t'ai pas vu accorder ton "soutien critique" à Laurent Gbagbo par exemple, et heureusement pour toi!

Tu vois une capitulation là où il y a condamnation qui me semble très claire de l'intervention impérialiste... alors où est la discussion? Sur une formulation de principe et systématique pour toi? Ces principes étaient-ils moins importants il y a quelques mois?
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Message par Doctor No » 14 Sep 2011, 07:43

(Ottokar @ mardi 13 septembre 2011 à 19:04 a écrit : Déjà du vivant de Trotsky, il y avait une différence entre ce que pouvait dire Trotsky, la crédibilité, l'impact, et celle des petits groupes réduits parfois à de deux douzaines d'intellectuels en France par exemple. Le groupe chinois ou le groupe vietnamien, ou même le parti américain (Cannon) c'était autre chose. Mais cela, la plupart des trotskystes ne l'ont jamais mesuré, singeant les déclarations, les attitudes de Trotsky, sans comprendre que nous n'avons ni le même poids ni la même crédibilité. Cela donne les rodomontades ridicules de la LTF "bas les pattes devant..." ou "des armes pour l'afghanistan" (en soutenant les chars russes dans les années 80) ! 

Donc, oui, je le redis, nous ne pouvons que tenter de comprendre le raisonnement de Trotsky, de Marx, etc. mais pas le répéter comme des formules magiques, sans tenir compte de qui nous sommes aujourd'hui, d'où nous parlons, quel impact nous avons. Et nous ne pouvons rien faire d'autre que de nous démarquer du baratin humaniste hypocrite de nos gouvernements, sans avoir l'air de couvrir les agissements d'un sinistre dictateur. 

D'ailleurs au passage, à part parler, que peut-on faire d'autre ? lever des brigades internationales pour aller combattre en Libye ? Déclencher des grèves dans ports pour bloquer notre armée ?

Comme tu as cité la LTF que je ne connais, je suis allé chercher dans leur cite et voici ce qu'ils disent.

Il a été écrit le mois de mars 2011!

a écrit :Supplément au Bolchévik


20 mars 2011


Déclaration du Comité exécutif international de la Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste)

Défense de la Libye contre l’attaque impérialiste !

20 mars – La Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste) appelle les travailleurs du monde entier à prendre position pour la défense militaire de la Libye, un pays semi-colonial, contre l’attaque qui a été lancée hier par une coalition de gouvernements impérialistes rapaces. Alors que le Conseil de sécurité des Nations Unies avait donné le feu vert jeudi pour massacrer d’innombrables innocents au nom de la « protection des civils » et pour garantir la « démocratie », les gouvernements français, britannique et américain n’ont pas perdu un instant pour agir, dans une coalition qui inclut d’autres gouvernements européens et avec la bénédiction des cheikhs, des rois et des bonapartes militaires de la Ligue arabe. Des frappes aériennes françaises ont été rapidement suivies de tirs de missiles américains et britanniques, tandis que le régime militaire égyptien livre des armes aux forces d’opposition de Benghazi. De la guerre d’Indochine et la guerre de Corée à l’occupation aujourd’hui de l’Irak et de l’Afghanistan sous la direction des Etats-Unis, les impérialistes « démocratiques » baignent dans le sang de millions et de millions de leurs victimes. Souvenons-nous que la Grande-Bretagne et la France ont historiquement commis des massacres indescriptibles au Proche-Orient, en Afrique et dans le sous-continent indien pour maintenir leur joug colonial sur ces régions. Souvenons-nous que l’Italie, qui maintenant met à disposition ses bases aériennes pour l’attaque contre la Libye, est responsable du massacre de près de la moitié de la population de la Cyrénaïque, à l’est de la Libye, à l’époque où elle l’avait occupée et colonisée avant la Deuxième Guerre mondiale.

Avant le début de l’attaque en cours, le conflit en Libye avait pris la forme d’une guerre civile de basse intensité, sur fond de divisions tribales et régionales, entre le gouvernement centré sur Tripoli, avec comme homme fort le colonel Mouammar Kadhafi, et les forces d’opposition centrées sur la partie orientale du pays, soutenues par les impérialistes. Workers Vanguard n° 976 (18 mars), le journal de la section américaine de la LCI, avait fait remarquer que « les marxistes n’ont actuellement aucun côté dans ce conflit ». Mais l’article poursuivait : « Dans l’éventualité d’une attaque impérialiste contre la Libye néo coloniale, le prolétariat international doit prendre position pour la défense militaire de ce pays sans donner aucun soutien politique au régime capitaliste de Kadhafi. » La guerre civile en Libye est maintenant subordonnée à la lutte d’un pays néo colonial contre l’impérialisme. Tout ce que les travailleurs des pays impérialistes entreprendront pour stopper les déprédations et les aventures militaires de leur gouvernement constituera un pas en avant vers leur propre libération de l’exploitation capitaliste, de la misère et de l’oppression. Défense de la Libye contre l’attaque impérialiste ! Cinquième Flotte américaine, bases militaires et soldats impérialistes, hors d’Afrique du Nord et du Proche-Orient !

Souvenons-nous que le massacre de plus d’un million de personnes en Irak avait commencé avec l’imposition, dans les années 1990, d’un embargo de famine et d’une « zone d’exclusion aérienne » sous l’égide de l’ONU. La dernière décision du Conseil de sécurité, dont fait actuellement partie aussi le régime sud-africain de néo-apartheid dirigé par le Congrès national africain (ANC), montre encore une fois que les Nations Unies sont une caverne de brigands impérialistes et de leurs victimes semi-coloniales. En s’abstenant, le représentant de la Chine, un Etat ouvrier bureaucratiquement déformé, a donné son approbation tacite aux déprédations impérialistes, encourageant ainsi les forces mêmes qui veulent renverser la Révolution chinoise de 1949.

Le contraste est saisissant entre, d’une part, les larmes de crocodile que versent les dirigeants impérialistes sur les Libyens tués par Kadhafi lors de la récente vague de protestations, et d’autre part leur faible réaction aux massacres qui se poursuivent au Yémen, dont la dictature constitue une composante clé de la « guerre contre le terrorisme » que mène Washington, et le fait qu’ils continuent à soutenir l’émirat de Bahreïn qui abrite le quartier général de la Cinquième Flotte américaine. Bahreïn a invité la semaine dernière les troupes de la monarchie saoudienne théocratique moyenâgeuse, un bastion clé des intérêts de l’impérialisme américain dans la région, à lui venir en aide pour écraser des manifestations de masse. Aux yeux des impérialistes, la majorité chiite de Bahreïn et les masses yéménites ne sont pas des êtres humains et n’ont aucun droit qu’ils puissent se sentir obligés de respecter.

De nombreux militants de gauche sociaux-démocrates, notamment le Secrétariat unifié (SU) et les cliffistes du Socialist Workers Party (SWP) britannique ont apporté leur contribution pour préparer le terrain au massacre impérialiste en Libye en acclamant la soi-disant « révolution libyenne ». Après avoir appelé à soutenir la cabale de « démocrates » pro-impérialistes, de comparses de la CIA, de monarchistes et d’islamistes qui constituent l’opposition basée à Benghazi, ces réformistes feignent maintenant de renâcler face à l’intervention militaire impérialiste en soutien à cette même opposition. En France, le Nouveau parti anticapitaliste, créé en 2009 par la section française du SU, a signé un appel à une manifestation hier qui exigeait que soit reconnue la coterie de Benghazi comme « seul représentant légitime du peuple libyen » – comme venait de le faire le président français Sarkozy ! En même temps, les groupes de gauche qui sèment des illusions dans les rodomontades « anti-impérialistes » de Kadhafi, comme le Workers World Party aux Etats-Unis, cherchent partout et toujours à enchaîner la classe ouvrière à une mythique aile « progressiste » de la bourgeoisie.

Nous prenons aujourd’hui, comme nous l’avions fait lors du bombardement de la Libye en 1986 par l’administration américaine de Reagan, l’engagement d’« entreprendre tout effort pour faire connaître la nécessité pour la classe ouvrière mondiale de prendre parti pour la Libye » contre ses ennemis impérialistes (« La Libye sous le feu de Reagan », le Bolchévik n° 63, mai 1986). Dans leur propre pays, les classes capitalistes exploitent brutalement la classe ouvrière pour la jeter au rebut en période de crise économique ; ce sont les mêmes qui aujourd’hui mènent des attaques impérialistes meurtrières au nom du profit et de la domination. On ne peut mener la lutte contre la guerre impérialiste de façon séparée de la lutte de classe. Seule la révolution socialiste peut renverser le système de l’impérialisme capitaliste qui engendre la guerre. Notre voie, c’est la Révolution d’octobre 1917, dirigée par le parti bolchévique de Lénine et Trotsky, qui avait montré la voie de l’internationalisme révolutionnaire au prolétariat dans le monde entier. Nous luttons pour reforger la Quatrième Internationale, l’instrument qui pourra mener les travailleurs vers de nouvelles révolutions d’Octobre et une société socialiste mondiale.

Je suis d'accord sur la Libye, surtout le souligné, (sauf sur la Chine qui prétendent encore "état ouvrier dégénéré" et je ne peux pas rentrer dans leur cuisine anti autres groupes trotskystes) avec leur écrit mais je n'en sais pas plus sur ce groupe qui semble être votre bête noire.
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Message par Jacquemart » 14 Sep 2011, 08:08

a écrit :La Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste) appelle les travailleurs du monde entier à prendre position pour la défense militaire de la Libye

Il doit bien y avoir trois douzaines de travailleurs "du monde entier" qui savent qu'on les a appelés. Pas très étonnant que personne n'ait répondu.
:pendu:
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Message par artza » 14 Sep 2011, 09:30

Contrairement au Dr No la LTF n'accuse pas LO de trahison dans cette affaire.

Quelle connerie à bien pu dire LO pour ne pas mériter la récurrente accusation de trahison.

Nous en saurons peut-être plus lors du prochain cercle Léon Trotsky consacré à la situation en Italie.
Une occasion unique pour intervenir sur la Lybie et le vote Mitterrand en 81.
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Message par Doctor No » 14 Sep 2011, 10:49

(manitas @ mercredi 14 septembre 2011 à 03:17 a écrit : Le raisonnement "automatique" que tu fais Dr. No pourrait s'appliquer à bien d'autres... s'il était juste.

Je ne t'ai pas vu accorder ton "soutien critique" à Laurent Gbagbo par exemple, et heureusement pour toi!

Tu vois une capitulation là où il y a condamnation qui me semble très claire de l'intervention impérialiste... alors où est la discussion? Sur une formulation de principe et systématique pour toi? Ces principes étaient-ils moins importants il y a quelques mois?
Et pourtant la question devienne de plus en plus les interventions constantes, sans opposition des impérialistes coalisés partout où leurs intérêts sont à peine menacés.

S'il y a contradiction entre les moyens pour s'y opposer et la force des impérialistes, il est tout de même du devoir des organisations se réclamant du communisme d'avoir une position communiste de principe.

Si un appel à la "défense militaire" des petits pays agressés, quoique juste en termes de principes marxistes (Trotski appelait ses camarades chinois, une poignée, à "prendre les armes" du coté de Chang Kai Shek) n'est pas dans les conditions présentes possible d’implémenter on aurait dû au moins faire une analyse claire sur la nature du "soulèvement populaire".

Ce soi disant "soulèvement populaire" était en fait un mouvement réactionnaire dirigé et financé dès les début par les impérialistes et on aurait dû avoir appelé à la défense du petit pays contre l'agression.
C'est ce qui manque partout. On reste à une condamnation du régime de Gadahfi (et cela fait le jeu des impérialistes sans un appel à la défense du petit pays. On n'a même pas appelé à une manif) et des impérialistes. C'est le "ni-ni" qui est du pur kautskysme.

La cote d'Ivoire est le champ d'une intervention permanente de l'impérialisme français et les gens sur place sont des laquais interchangeables. Il n'y a pas de résistance à l'agression et il s'agit des disputes entre clans rivaux. Jamais Gbagbo c'est opposé pendant six mois à une armada impérialiste.
En tout cas, si un leader nationaliste aurait appelé à défendre son pays contre l'impérialisme, il était notre devoir, comme pour l'Algérie de faire tout notre possible pour le triomphe du petit pays.
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Message par Doctor No » 14 Sep 2011, 10:59

Et vu que tu me demandes pour la Cote d'Ivoire, je suis allé chercher sur leur site et j'ai trouvé cela qui me semble assez correcte du point de vue des principes générales

a écrit :Défense de la Côte d’Ivoire contre l’attaque impérialiste !

Troupes françaises, de l’ONU, hors de Côte d’Ivoire !

Les troupes impérialistes de la France et de l’ONU interviennent depuis aujourd’hui officiellement dans la guerre civile en Côte d’Ivoire, bombardant à l’arme lourde le palais présidentiel et les camps militaires fidèles à Laurent Gbagbo. Nous exigeons l’arrêt immédiat de ces frappes et le retrait inconditionnel de toutes les troupes de l’ONU et des troupes françaises. Il est du devoir de la classe ouvrière en France de s’opposer à cette nouvelle intervention sanglante de la soldatesque impérialiste française. Nous protestons aussi contre la chasse à l’homme pratiquée jusque dans les rues de Paris contre les partisans de Gbagbo, les flics français ayant procédé à des dizaines d’arrestations hier au commissariat central de Clignancourt dans le 18e arrondissement, et à nouveau ce soir.

Nous avions pour position ces dernières années que les deux camps en présence dans la guerre civile ivoirienne étaient deux camps également réactionnaires et, en fait, pro-impérialistes, entre lesquels les marxistes ne prenaient aucun côté. Le régime de Gbagbo (qui a donné, entre autres, la concession du terminal à conteneurs du port d’Abidjan au copain de Sarkozy le capitaliste Bolloré) avait fait sienne la propagande sur l’« ivoirité » transformant en non-citoyens des millions de personnes qui vivaient en Côte d’Ivoire depuis des années (ou depuis leur naissance) parce qu’elles faisaient parties d’ethnies du nord du pays ou des pays avoisinants au nord. Ce concept raciste avait été développé par Henri Konan Bédié, actuel allié d’Alassane Ouattara, le dirigeant du camp anti-Gbagbo. Ouattara est un ex-directeur général du FMI dont les troupes viennent de massacrer des centaines de personnes à Duékoué dans l’ouest du pays.

Ce qui a changé, c’est que les impérialistes et notamment les impérialistes français interviennent ouvertement du côté des forces à la solde d’Alassane Ouattara. Après avoir sans doute préparé de longue date l’offensive militaire de ce dernier en lui fournissant des armements, ils ont franchi le pas en intervenant directement quand l’offensive militaire ouattariste a marqué le pas à Abidjan. Comme nous l’écrivions dans notre article de décembre 2004 (« Carnage à Abidjan : made in France – Troupes françaises et de l’ONU, hors de Côte d’Ivoire ! ») : « Dans tout conflit entre troupes françaises et ivoiriennes (ou rebelles) nous sommes sans ambiguïté du côté opposé à notre propre impérialisme. » Nous dénonçons également l’attaque impérialiste contre la Libye de Kadhafi, avec les troupes françaises en première ligne, et défendons la Libye contre cette attaque (voir la déclaration de la Ligue communiste internationale du 20 mars).

Nous accusons l’impérialisme français des crimes aujourd’hui commis en Côte d’Ivoire. C’est l’héritage de cent ans de colonialisme qui a conduit à l’exacerbation des tensions interethniques et à l’éclatement de la guerre civile dans ce pays. C’est l’impérialisme, notamment français et américain, qui, en prenant prétexte de la mascarade électorale de novembre-décembre dernier, marquée par des fraudes de tous côtés, a exacerbé ces tensions. Aujourd’hui l’impérialisme français prend directement part aux massacres. Nous appelons les travailleurs ici en France à se mobiliser contre la nouvelle aventure militaire colonialiste de l’impérialisme gorgé de sang, sans donner aucun soutien politique au régime bourgeois de Gbagbo.

Le prolétariat ivoirien est sûrement faible et aujourd’hui déchiré par les violences interethniques, mais il est la seule force sociale interne qui représente un avenir pour les opprimés de ce pays. La révolution ouvrière en Côte d’Ivoire doit être liée à celle des pays africains où le prolétariat est plus puissant, notamment l’Afrique du Sud et l’Egypte, et elle doit être étendue aux centres impérialistes et notamment la France.

Il y a eu ces dernières années une importante immigration en provenance de Côte d’Ivoire et de la région vers la France, qui aujourd’hui se retrouve en partie intégrée dans le prolétariat des usines de la région parisienne et ailleurs. Nous luttons pour les pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui sont ici. Nous luttons pour l’union internationale des travailleurs et pour forger un lien indissoluble entre la révolution prolétarienne dans les pays opprimés par l’impérialisme et dans les centres impérialistes eux-mêmes, un lien qu’incarnent ces travailleurs immigrés. Pour des mobilisations de la classe ouvrière en France contre les exactions de l’impérialisme français en Côte d’Ivoire et en Libye ! Défense des troupes de Gbagbo assiégées par l’impérialisme à Abidjan ! Troupes impérialistes françaises, de l’ONU, hors de Côte d’Ivoire, hors de Libye, hors d’Afrique ! Pour des partis ouvriers d’avant-garde léninistes-trotskystes, composants d’une Quatrième Internationale reforgée !

— Ligue trotskyste de France, le 4 avril 2011


Mon souligné.
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Message par Doctor No » 14 Sep 2011, 11:06

(artza @ mercredi 14 septembre 2011 à 10:30 a écrit : Contrairement au Dr No la LTF n'accuse pas LO de trahison dans cette affaire.

Quelle connerie à bien pu dire LO pour ne pas mériter la récurrente accusation de trahison.

Nous en saurons peut-être plus lors du prochain cercle Léon Trotsky consacré à la situation en Italie.
Une occasion unique pour intervenir sur la Lybie et le vote Mitterrand en 81.
Eh non, voila ce qu'ils disent (juin 2011, le bolchévik) sur la politique de LO sur la question

a écrit :Les embarras de LO face aux sociaux-impérialistes du PCF et du NPA

Dans un tel contexte, les prises de position de Lutte ouvrière (LO) pourraient paraître presque rafraîchissantes. Evidemment ils n’ont ni organisé de manifestations contre les bombardements impérialistes, ni pris la défense de la Libye contre leur propre impérialisme. Mais ils ont mis par écrit et de façon répétée leur opposition aux bombardements impérialistes et n’ont pas versé dans l’apologie des rebelles libyens qui leur servent de troupes terrestres. Ils ont même fait remarquer que l’intervention impérialiste s’appuie toujours « sur les forces les plus réactionnaires, sur différents clans militaires et religieux, sur de petits potentats seigneurs de guerre. Il en sera de même en Libye » (déclaration du 31 mars parue dans Lutte de Classe, avril).

Leurs divers articles sur la Libye n’en laissent pas moins transparaître en filigrane leur sympathie pour les rebelles alliés de Sarkozy. Ils ne font en effet nulle part la distinction entre les soulèvements en Tunisie et en Egypte qu’ils ont soutenus et la guerre civile réactionnaire en Libye. Au passage, LO, qui prétend sans cesse s’intéresser au sort des ouvriers, se montre incapable de distinguer entre des soulèvements populaires où la classe ouvrière a joué un rôle actif, même s’il restait subordonné au nationalisme bourgeois, et la Libye où la classe ouvrière, qui était largement composée d’immigrés venant des pays voisins et du reste de l’Afrique, de Turquie, du Bangladesh ou de Chine, a été dévastée par les effets de la guerre civile et se retrouve aujourd’hui complètement atomisée et bien souvent acculée à la fuite face aux bombardements impérialistes et aux pogroms dont elle est victime de tous côtés (notamment du côté de l’opposition).

LO a déclaré dans Lutte de Classe à propos des puissances impérialistes :

« Après s’être proclamées en faveur d’une transition démocratique dans tout le monde arabe, après avoir affirmé comprendre et partager les aspirations des peuples arabes à la liberté et à la démocratie, le fait de laisser les armées de Kadhafi écraser les rebelles de Benghazi aurait sonné comme l’aveu que tout cela n’était que des discours. Au contraire, voler à leur secours permettait de donner un peu de crédit aux discours démocratiques des dirigeants impérialistes, et en même temps de faire un peu oublier qu’au même moment ils couvraient la répression au Bahreïn ou au Yémen, pour ne pas parler d’Israël et de son obstination à nier les droits des Palestiniens. »

En quoi bombarder l’armée d’un peuple néocolonial peut-il « donner un peu de crédit » aux criminels en chef impérialistes ? C’est la gauche qui a « donné du crédit » aux impérialistes en appelant à soutenir l’opposition libyenne, y compris par leur propre bourgeoisie. En refusant de critiquer publiquement les prises de position du PCF et du NPA sur la Libye, LO donnait dans les faits une couverture à ces laquais patentés de l’impérialisme français.

LO refuse avec constance de prendre le côté militaire des peuples néocoloniaux attaqués par l’impérialisme. En effet, on imagine mal Nathalie Arthaud, porte-parole de LO et membre de la majorité du conseil municipal de Vaulx-en-Velin en banlieue lyonnaise, y faire un discours devant ses partenaires PCF pour expliquer que toute défaite, tout revers militaire de l’impérialisme français favoriserait la lutte des classes ici ! Cette idée même est complètement étrangère à la conception du monde de LO, pour qui c’est seulement par la lutte économique elle-même (pour ses intérêts matériels immédiats) que la classe ouvrière peut petit à petit élargir ses perspectives politiques.
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