Arlette Laguiller, le 5 juin 2006:
a écrit :Et que signifie le mot « paix » pour le peuple palestinien à qui on dénie depuis toujours le droit à l’existence nationale ? Depuis bien des années, les territoires palestiniens de la Cisjordanie à Gaza sont transformés en une multitude de territoires, divisés géographiquement et transformés en autant de camps de concentration. Mais aujourd’hui, cela se matérialise clairement par la construction d’un mur, enfermant la population palestinienne et la laissant au chômage et dans la misère.
Depuis que le Hamas est arrivé au pouvoir, l’Etat d’Israël soutenu par les grandes puissances resserre encore l’étau autour du peuple palestinien, en refusant à l’Autorité palestinienne même le peu de rentrées financières lui permettant d’avoir un minimum d’existence. Eux qui prétendent défendre la démocratie ont décidé d’affamer toute la population palestinienne pour la punir d’avoir voté pour le Hamas. L’Etat d’Israël et les grandes puissances qui le protègent témoignent d’un cynisme monstrueux lorsqu’ils reprochent au peuple palestinien d’avoir, comme ils disent, bloqué le processus de paix en portant au pouvoir par les élections une organisation intégriste. La seule paix qu’Israël et les grandes puissances offrent depuis soixante ans au peuple palestinien, c’est la paix des prisons, c’est la paix de l’oppression.
Mais le pire, c’est que c’est surtout pour le peuple palestinien que l’arrivée au pouvoir de cette organisation réactionnaire qu’est le Hamas représente un drame immense. C’est l’aboutissement ultime de toute une politique dans laquelle ses propres dirigeants ont enfermé un peuple qui montre tant de courage, tant de combativité, et depuis tant d’années, contre l’oppression qu’il subit. Les classes populaires de Palestine qui portent ce combat avaient au début de leur révolte d’immenses possibilités de se faire entendre des opprimés de la région, de se faire entendre de ceux du Liban, d’Egypte, de Syrie, de Jordanie, et au-delà, de tout ce Moyen-Orient où il n’y a pas que l’Etat d’Israël qui représente l’ordre impérialiste, mais aussi la monarchie d’un autre âge d’Arabie saoudite, les dictatures de Syrie ou d’Egypte ou les émirats d’opérette du Golfe. Le peuple palestinien avait la possibilité, la capacité, d’être le moteur d’une révolte générale des classes exploitées du Moyen-Orient, ayant la force d’imposer des changements réels sur le terrain des droits démocratiques, des droits des femmes, mais aussi sur le terrain social. Mais les dirigeants nationalistes de l’époque, même ceux qui se revendiquaient du progressisme ou du socialisme, n’ont pas voulu de cela. Ils ont limité leur combat au seul cadre palestinien en empêchant ainsi que la révolte des opprimés palestiniens soit contagieuse, qu’elle puisse déboucher sur des bouleversements dans toute la région, comme elle avait commencé à le faire au Liban.
C’est l’impérialisme, c’est Israël, qui sont responsables de l’oppression du peuple palestinien. Mais c’est toute la politique nationaliste antérieure qui vient de produire son dernier avatar avec l’arrivée du Hamas au pouvoir. Et du face à face entre un Etat d’Israël enfermé dans la politique sioniste et une Palestine soumise aux intégristes du Hamas, il ne peut résulter que des souffrances pour le peuple palestinien surtout, mais aussi pour le peuple israélien. Car, on ne le répètera jamais assez : un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être libre.
Tout est dans le texte!