Crise politique en Ukraine

Dans le monde...

Message par Nadia » 08 Sep 2005, 14:32

a écrit :Fin de l'état de grâce pour Viktor Iouchtchenko

Neuf mois ont passé en Ukraine depuis la "révolution orange". L'état de grâce dont bénéficiait Viktor Iouchtchenko, l'homme du changement, lors des grands rassemblements place de l'Indépendance semble aujourd'hui bien loin. L'heure n'est plus à la marche pour la démocratie mais à la déception et à la crise.

Le président pro-occidental a en effet limogé jeudi la totalité de son gouvernement, justifiant son geste par le "manque d'esprit d'équipe" de son cabinet et de ses collaborateurs. "Je savais qu'il y avait des différences inconciliables entre eux (...) J'avais espéré que le temps manquerait pour les intrigues", s'est-il justifié dans un discours télévisé à la nation. "C'était là mon espoir."

Cette crise survient alors que le gouvernement, formé voilà seulement sept mois, se trouvait pris dans une crise grandissante sur fond d'accusations de corruption. Un remaniement semblait inévitable depuis la démission samedi du secrétaire général de la présidence, Oleksandr Zintchenko, destinée à mettre en lumière les pratiques douteuses de l'entourage de Iouchtchenko.

Pour les Ukrainiens, le choc est d'autant plus rude que, dans l'Ukraine post-Koutchma, les prix ne cessent de grimper et l'inflation est de retour alors que la croissance ralentit. Et ce marasme risque de durer, les prochaines élections législatives n'étant pas prévues avant six mois. Mais quelle que soit la nouvelle équipe dirigeante, les espoirs sont bel et bien déçus.

Maria Onichtchouk était de ces dizaines de milliers de manifestants qui convergeaient tous les jours vers le centre de Kiev, l'automne dernier. Une foule compacte qui scandait "Iou-chtchen-ko!" d'une seule voix et agitaient des drapeaux oranges, symboles de lendemains qui chantent.

Neuf mois plus tard, cette grand-mère de 60 ans est de retour place de l'Indépendance mais cette fois sous la bannière rouge du Parti socialiste d'Ukraine, pour dire tout le mal qu'elle pense de celui qu'elle a contribué à élire à la présidence. "Nous pensions que la vie serait meilleure. Mais la 'révolution orange' n'aura été qu'un conte de fées...", lâche-t-elle, amère.

"Les Ukrainiens ont accordé un grand crédit à Iouchtchenko mais maintenant ils réclament des résultats", relève le politologue AndreJi Bitchenko, du centre d'études Razoumkov.

Un sondage réalisé en août par cet institut a fait apparaître que, pour la première fois depuis la "révolution orange", le pourcentage des Ukrainiens jugeant que le pays va dans la mauvaise direction dépasse de beaucoup ceux qui le trouvent bien dirigé. Quarante-trois pour cent considèrent que l'Ukraine "va dans le mur", contre 23% en avril.

Cette enquête a été effectuée avant que n'éclate le scandale de corruption. Une affaire potentiellement destructrice pour l'image de Viktor Iouchtchenko, porté au pouvoir en partie par son engagement à éradiquer ce fléau qui gangrenait l'administration de son prédécesseur Léonid Koutchma.

Le président, qui conserve néanmoins la confiance d'une majorité de ses concitoyens, a également promis de créer un million d'emplois par an, d'améliorer la qualité de vie de ses concitoyens et de faire de l'Ukraine l'égale de son puissant voisin russe. Un programme particulièrement ambitieux.

"Aucun gouvernement au monde ne peut satisfaire toutes les attentes du peuple. Certaines promesses étaient réellement irrationnelles", analyse Inna Pidlouska, de la Fondation Europe.

Non sans arrière-pensées populistes, la Première ministre Ioulia Timochenko, débarquée elle aussi jeudi mais invitée à faire partie du prochain gouvernement, a décidé d'augmenter les retraites d'au moins 332 hryvnas (53 euros) par mois, de relancer la consommation et de verser les arriérés de salaires.

Or, dans le même temps, le gouvernement a revu à la baisse ses projections de croissance, ramenée à 6%, contre 12% l'an dernier. Devant cette inquiétante dégringolade, le président du Parlement, Volodimir Litvine, a averti que le pays ne pouvait s'autoriser une nouvelle année de "budget social".

Dans les faits, la hausse des prix des denrées, des loyers et de l'essence à la pompe, associée à la décision de défendre la hryvna face au dollar, a pratiquement annulé les effets de l'augmentation des salaires et des pensions. "Même le salo (lard ukrainien) devient inabordable", se lamente Mme Onichtchouk.
http://www.matin.qc.ca/monde.php?article=20050908084135

De ce qu'on m'a rapporté de la politique de l'équipe Iouschenko, c'est qu'il "ukrainisait" les écoles en Crimée (région autonome où toute la population parle russe) et qu'il flirtait avec le Medjlic (parlement illégal et communautariste des Tatars de Crimée). Pas étonnant que les "Russes" soient mécontents.
Nadia
 
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Message par Pascal » 09 Sep 2005, 08:41

Dans LO du 12 août

a écrit :Ukraine - Les «dividendes» de la «révolution orange»

En Ukraine, le président Iouchtchenko vient de découvrir à ses dépens cet été qu’à faire de la démagogie, celle-ci peut lui retomber sur la figure.

Fin 2004, Iouchtchenko s’était fait élire président en se présentant comme le chevalier blanc pourfendant la corruption et en s’appuyant sur une mobilisation populaire, ce que l’on avait appelé la «révolution orange». Une bonne partie de la population vomissait le régime du précédent président, Koutchma, avec sa corruption et son népotisme affiché. La fille de Koutchma, son fils adoptif, son gendre ainsi que des parents d’autres dirigeants trustaient les bonnes places et les rentes de situation: entreprises privatisées, direction d’administrations permettant d’empocher d’énormes pots-de-vin et de racketter des pans entiers de la vie sociale...

À peine intronisé, Iouchtchenko avait déclaré qu’il allait «rendre des comptes sur tout, y compris sur sa vie familiale».

Autre équipe, même comportement

Six mois après le changement d’équipe au pouvoir à Kiev, non seulement la situation de la population ne s’est pas améliorée, mais elle s’est dégradée, ne serait-ce que du fait d’un regain sensible de l’inflation, sans que les salaires suivent. Et puis, ceux qui avaient des illusions sur la volonté de la nouvelle équipe de s’en prendre aux combines du pouvoir ont vite dû déchanter. Des journaux d’opposition ont publié la liste des «compères et commères de village» de Iouchtchenko, version ukrainienne de ce qu’un Premier ministre français appelait «les copains et les coquins».

Pour les seuls époux Iouchtchenko, l’organigramme de leurs frères, soeurs, cousins ou relations plus éloignées qui ont des fonctions officielles et dont un enfant, un parent ou un proche occupe un poste dans le monde des affaires remplit une page de journal! Et bien des membres de l’équipe dirigeante - à commencer par la Première ministre Timochenko et son premier adjoint - se font la guerre, au vu et au su de tous, pour placer leurs gens dans les allées du pouvoir, sources de richesse.

«Petits boulots» de rêve

Face à cela, le président a tenté de frapper un grand coup. Mi-juillet, il a violemment dénoncé l’« inspection routière» pour son incompétence et sa vénalité, dont font quotidiennement les frais des dizaines de milliers d’automobilistes. S’en prendre à cette institution - ses initiales DAI sonnent en ukrainien comme: «Fais passer la monnaie!» - pouvait faire l’unanimité dans l’opinion, quand il apparut que le fils aîné du président venait d’être contrôlé par la DAI au volant d’une voiture valant 100 000 euros.

Lors d’une conférence de presse, un journaliste demanda au président d’où venait cet argent. Iouchtchenko explosa devant les caméras et traita l’impudent de «tueur à gages». Cela relança le scandale. Des journaux se répandirent sur les frasques de «monsieur fils» (ses dîners fins dans les restaurants les plus chers, son portable à 4000 euros). Iouchtchenko prétendit que son fils de 19 ans se payait tout cela en travaillant à mi-temps.

Dans un pays où, même pour un travail à plein temps avec un trop-plein d’heures supplémentaires, les salaires ne dépassent pas 150euros par mois pour l’immense majorité des gens, l’explication sonnait comme une provocation.

Tout est bon à prendre

Alors, pour clouer le bec à «ceux qui tentent de calculer les revenus» de ce rejeton doré, l’ex-chef du service juridique de la campagne présidentielle de Iouchtchenko se dévoua. Devenu responsable de l’administration fiscale, cet individu affirma qu’ayant détenu «les droits d’auteur de toutes les marques de la révolution orange», il les avait remis «personnellement» à Iouchtchenko junior. Des experts confirmèrent qu’on pouvait estimer ces droits - sur tout un bric-à-brac de tasses, T-shirts, cache-nez, fanions, bonnets, frappés de logos et slogans de la «révolution orange», qui se vendent dans la rue, des magasins, les halls de gare et aéroports - à 100 millions de dollars!

Le fils du président avait largement de quoi s’offrir sa BMW et faire le plein pendant des siècles. Quant à la population, et d’abord sa fraction qui a soutenu la «révolution orange», elle peut légitimement se sentir flouée. En tout cas, elle a de quoi être écoeurée par les agissements de tous ces hauts bureaucrates. Quelle que soit la couleur dont ces gens s’affublent pour monter à l’assaut du pouvoir, une fois la victoire emportée, ils n’ont rien de plus pressé, comme le déclarait une sociologue citée par un quotidien ukrainien, que de «privatiser à leur profit une révolution populaire».

Pierre LAFFITTE


Bref tout semble confirmer ce que je pensais dès les débuts de la "révolution orange" : une clique maffieuse remplace l'autre, et toujours la dégradation des conditions de vie pour les classes populaires.

Nadia, tu étais récemment en Ukraine, non ? As-tu sentie des modifications dans l'état d'esprit de la population depuis la "révolution orange" ? Par exemple un renforcement des sentiments nationalistes ? Ou au contraire de la conscience de classe (du genre : "on s'est fait avoir par Ioutchenko, on ne nous y reprendra plus, producteurs sauvons nous nous-mêmes") ou une apathie du genre "on se fait toujours avoir par ceux d'en haut, on ne peut rien y faire" ?
Pascal
 
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Message par Nadia » 09 Sep 2005, 10:05

Mes contacts sont tous "Russes", qu'ils habitent en Ukraine ou en Russie. Et d'eux je n'ai eu que des avis contre Iouschenko, lors des élections comme ensuite. Tous reprennent tous les arguments qu'ils trouvent contre Iouschenko : payé par les Américains et Berezovski, antirusse, voulant imposer l'ukrainien aux "Russes", voire interdire le russe, nationaliste, voire fasciste (des groupes nationalistes néonazis soutenaient effectivement Iousch), voulant durcir la frontière avec la Russie (c'est réellement une crainte pour tous ceux qui ont de la famille ou éventuellement un travail en Russie), etc...
Faut dire en passant que le dénigrement du "xoxol" est très répandue chez les "Russes", pas toujours à raison.

Depuis, c'est assez fataliste, style "il faut attendre encore 200 ans pour que ça s'améliore", ou une critique systématique de la politique d'"ukranisation" de Iousch avec une dénonciation du Medjlis (parlement communautariste illégal, soutenu apparemment par les oranges). En tout cas, depuis les élections, les gens parlent plus de politique, et les partis sont en campagne électorale depuis novembre dernier. Pas du tout cet intérêt en Russie, où peu critiquent la politique de Poutine ou sa guerre en Tchétchénie.

Je n'ai pas remarqué de politique autonome de la classe ouvrière, hormis un ouvrier qui cherchait à vendre du saucisson dans une gare routière. C'est toujours le même problème, rencontrer et garder le contact avec des prolétaires est plus difficile qu'avec des gens plus aisés qui eux ont accès à internet (et inondent les fora), au téléphone, vivent en ville, font des voyages d'agrément en France ou en Italie, parlent une langue étrangère...
Nadia
 
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Message par Nadia » 09 Sep 2005, 14:49

Excellent, je viens de trouver un article disant que la Timo cherche à s'allier avec Ianou :hinhin: : http://ukraina.utro.ru/articles/2005/09/09/475431.shtml
Elle est belle, la "révolution" ! (qu'ils osent comparer à février 17) :sygus:
Nadia
 
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Message par ianovka » 09 Sep 2005, 14:54

(Nadia @ vendredi 9 septembre 2005 à 15:49 a écrit : Excellent, je viens de trouver un article disant que la Timo cherche à s'allier avec Ianou
Eh, j'y suis pour rien moi ! :ohmy:
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par Nadia » 09 Sep 2005, 15:12

(ianovka @ vendredi 9 septembre 2005 à 15:54 a écrit :
(Nadia @ vendredi 9 septembre 2005 à 15:49 a écrit : Excellent, je viens de trouver un article disant que la Timo cherche à s'allier avec Ianou

Eh, j'y suis pour rien moi ! :ohmy:
Allez, avoue que tu as des penchants pour la fausse blonde ! :hinhin:
Nadia
 
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Message par LeonT » 10 Sep 2005, 01:19

Da no ana otchin kraciva... :sygus:
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Message par Nadia » 12 Sep 2005, 09:34

(LeonT @ samedi 10 septembre 2005 à 02:19 a écrit : Da no ana otchin kraciva... :sygus:
C'est du krainien ? :hum:
Nadia
 
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