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Message Publié : 07 Oct 2005, 18:03
par pelon
a écrit :
Belgique : les retraites menacées

Le gouvernement belge a invité les représentants du patronat et des syndicats à négocier des nouvelles conditions pour les départs en préretraite.

Comme partout en Europe, le maître-mot pour attaquer les retraites, c’est le «vieillissement de la société», qui menacerait le système. Le gouvernement compte s’attaquer d’abord aux préretraites, qu’il propose de supprimer progressivement. De «nouvelles études universitaires» démontreraient même que la préretraite serait responsable du chômage des jeunes. C’est d’autant plus cynique que, pendant trente ans, les «vieux» étaient priés avec insistance de «laisser la place aux jeunes». Mais les patrons n’ont pas embauché autant de jeunes que de préretraités qui partaient!

Comme la plupart des prépensionnés ont quitté le travail suite à des restructurations, les ministres souhaitent que les entreprises proposent un emploi de rechange aux travailleurs licenciés. Étant donné que cet «emploi de rechange» n’est pas assorti de conditions (même salaire, même région, pas de perte d’ancienneté), cela ne sera pas très difficile pour les employeurs. Le travailleur, lui, sera obligé d’accepter, sous peine de perdre son droit à la préretraite, voire son droit au chômage!

Il est aussi question que les retraites diminuent au prorata des années passées en préretraite. D’autre part, le ministre libéral des Finances a osé remettre en question l’augmentation du salaire avec l’ancienneté. Selon lui, il serait logique que les entreprises paient moins cher les travailleurs âgés... Le véritable but de l’opération est donc de diminuer aussi bien les retraites que les salaires, tout en distribuant de nouveaux cadeaux aux entreprises pour les «inciter à embaucher des quinquas».

Les syndicats dénoncent cette offensive contre les salaires et les retraites et ont appelé à une grève générale pour le 7octobre. Mais depuis, les négociations ont repris. La FGTB (socialiste) appelle encore à la grève pour le vendredi 7octobre, mais dit vouloir «évaluer la situation» le 5, tandis que la CSC (chrétienne) a déposé un préavis de grève pour le lundi 10octobre «si les négociations ne donnent pas satisfaction».

En décembre 2004, les syndicats avaient déjà appelé à une manifestation pour la défense des préretraites. 50000 personnes étaient venues à Bruxelles. Mais la manifestation est restée sans lendemain. En avril dernier, la FGTB avait annulé au dernier moment une grève pour les salaires dans la métallurgie, alors que l’idée était populaire. Il n’est pas donc pas sûr que ces grèves aient lieu. Les directions syndicales ne cherchent pas à créer un rapport de force permettant d’imposer un recul au patronat, mais seulement à poursuivre les négociations.

Cependant une importante participation des travailleurs à une journée de grève serait l’occasion de montrer leur force et de faire quand même craindre au patronat que les syndicats soient poussés plus loin qu’ils ne le souhaitent.

Claude THIERAM

Lutte Ouvrière n°1940 du 7 octobre 2005

Message Publié : 11 Oct 2005, 11:44
par oca
a écrit :
Pensions, sécurité sociale, chômage, “Plan Marshall” wallon: L’attaque sur les prépensions n’est qu’un début !

Derrière le flou et le brouillard, une attaque globale contre les conditions de vie de la classe ouvrière
La classe ouvrière a toutes les raisons d’être inquiète par rapport aux projets de mesures actuelles concernant les retraites, contenues dans le “programme de relance” que le gouvernement Verhofstadt soumet aux “partenaires sociaux”. En effet, ces mesures, qui se caractérisent par le flou et le brouillard, constituent en réalité une attaque d’envergure contre les pensions et contre la sécurité sociale en général.

Il s’agit aussi de masquer un cadre d’attaques plus large, qui va aggraver brutalement les conditions de vie de tous les travailleurs, et pas seulement ceux du secteur privé à qui elles s’adressent directement aujourd’hui. Ce cadre est constitué d’un ensemble de pas moins que 67 mesures en discussion de la ministre ‘socialiste’ Freya Van Den Bossche touchant tous les aspects de la vie économique et sociale des salariés, des ouvriers et des employés tout comme des chômeurs.

Le dernier trimestre de 2005 va donc lourdement compter dans la dégradation des conditions de vie de la classe ouvrière en Belgique, qui va devoir travailler plus longtemps pour des retraites de plus en plus maigres.

[...]

De quoi s’agit-il ? Les prétentions et la réalité
Pour sauver la sécurité sociale belge, qui, selon la bourgeoisie, est un modèle pour le monde entier, il faut appliquer des réformes profondes. Afin d’y arriver elle vise d’abord et avant tout les retraites. Ainsi l’introduction d’un système de malus pour les pensions avant 65 ans doit permettre de diminuer les pensions de 4% par an pour ceux n’ayant pas 40 ans de carrière. En s’attaquant d’autre part à l’ancienneté et périodes assimilées, le montant des retraites va diminuer également. L’attaque la plus spectaculaire est évidemment celle sur les prépensions. La prépension précédemment était en règle générale accordée à 58 ans après 25 ans de travail salarié et en cas de restructuration à 52 ou 50 ans après 20 ans de travail. Le gouvernement élever l’âge à 60 ans en partant de critères progressifs de la carrière et en tenant compte de l’ancienneté: 36, 38 et 40 ans de carrière. Vande Lanotte le répète dans une interview : “On ne vous éjectera plus de l’emploi à 50 ans. Vous pourrez travailler plus longtemps. Différemment” (Le Soir, 14.09.2005).

La véritable manoeuvre n’est pas de postposer la prépension, mais de transformer celle-ci en grande partie en chômage ouvert. Et si, pour le moment, on ne touche pas encore directement à l’âge des pensions, ce qui doit fortement inquiéter la classe ouvrière, c’est que les caisses se vident également de ce côté-là.

Après “l’Etat social actif” de la précédente coalition “arc-en-ciel”, voilà le nouveau concept livré par Madame Onkelinx : “le vieillissement actif”. Cette formulation, en fait, vise à liquider à terme les prépensions octroyées lors de restructurations et de licenciements collectifs : “Ces prépensions, résultant de licenciements collectifs, provoqués par une fermeture ou une restructuration, c’est la solution classique dont usent les employeurs pour éviter des remous sociaux. Elles sont accordées à 52 ou 54 ans. Parfois à 50... ou même 48 ans. Le gouvernement change de philosophie. On favoriserait la recherche d’un nouvel emploi. On n’offrirait la prépension qu’à ceux qui n’ont pu se reclasser.” (Le Soir, 05.10.2005). Le ministre Vande Lanotte en fait l’aveu : “Mais on doit savoir que si notre taux d’activité baisse, il est exclu de continuer à payer les pensions, les soins de santé. On pourra inventer tous les refinancements de la Sécu qu’on veut, on ne comblera jamais les contributions des travailleurs via leurs cotisations. Je soutiens que le financement alternatif le plus important c’est l’emploi” (Le Soir, 14/09/2005).

Or, les perspectives économiques sont catastrophiques, et la bourgeoisie est consciente du fait que le plein emploi ne reviendra plus. D’où justement les mesures ! Vu le chômage des jeunes, on ne peut pas imaginer que la véritable intention est de maintenir les “vieux” au travail. On vise plutôt à faire sauter la prépension, qui jusqu’à maintenant servait à cacher le chômage et éviter des tensions sociales. Vande Lanotte ajoute : “Il ne faut pas un big bang, mais des réformes progressives”, on sait donc qu’on n’est qu’au début de ces attaques. Ces mesures provoqueraient selon Le Soir du 3 et 4 septembre, et sur base d’une étude de l’ONEM, à terme “un tsunami social”. En effet, les 40 ans de carrière exigés reviendraient à ôter la prépension à 84 % des femmes. Même si l’on fixe la barre à 32 ans de carrière, la mesure prive de prépension un homme sur quatre et une femme sur deux.

Le fait qu’il n’y aurait plus assez d’actifs pour payer, financer les retraites n’est pas fondamentalement dû au vieillissement de la population et à l’allongement de l’espérance de vie. Si la société n’a pas assez  “d’actifs” – du point de vue capitaliste –, ce n’est pas lié à la pyramide des âges car tous les chômeurs, les précaires et autres types d’exclus des rangs des “actifs” ne demanderaient pas mieux que d’être complètement intégrés au monde du travail. La véritable cause de la pénurie de “salariés actifs” c’est la crise et le chômage que le capitalisme engendre et dont il est responsable.

Cela montre le cynisme de la bourgeoisie et le caractère totalement inhumain de son système. Comment faire avec tous ces “vieux salariés” qui visiblement vivent trop longtemps, au goût du capitalisme du moins. Après avoir exploité leur force de travail tout au long de leur vie de salarié et ponctionné leurs salaires - pour les pensions et prépensions, les mutuelles - le capitalisme se plaint encore d’avoir à les nourrir une fois qu’ils ne sont plus productifs !

Un des principaux pans de ce qu’on appelle le “salaire social” est en train de tomber en miettes puisque la chute libre des pensions et prépensions va aboutir à ce qu’une grande majorité de ces dernières descende en dessous du niveau du salaire minimum. Ainsi, il va arriver avec les retraites ce qui est arrivé dans tous les domaines de l’exploitation capitaliste : l’insécurité et la précarité s’installent.

C’est donc bien la crise du capitalisme qui est la source de cette exigence pour la bourgeoisie et qui lui impose de liquider à terme toute une série de composantes fondamentales de ce qu’elle appelle les “acquis sociaux”. Entre-temps, de 2003 à 2005, la bourgeoisie a poursuivi les rationalisations qui ont touché les grosses boîtes comme la Sabena, Philips, Siemens Ford, Opel, Alcatel, de même que les entreprises publiques comme Belgacom, la Poste, la SNCB pour ne citer que les plus importantes.

Parallèlement, dans certains secteurs et entreprises on a poussé et parfois imposé un retour vers les 40 heures, au nom du “sauvetage” des emplois; le chantage à la délocalisation a fait passer, dans certaines entreprises, des  diminutions de salaire et l’abandon de certaines primes légales. Cela n’a pas empêché la croissance d’être nulle  dans le courant du premier trimestre de 2005, et la pression concurrentielle des autres pays sur la foire d’empoigne du marché mondial ne peut que renforcer l’exigence de la bourgeoisie belge de soumettre la classe ouvrière à ses besoins.

C’est la crise qui fait que les caisses se vident, qu’on ne peut plus payer les pensions et prépensions, et c’est donc l’ensemble du système de la sécurité sociale qui est mis en question. En conséquence, le plan de chasse aux chômeurs de Frank Vandenbroucke qui jusqu’à maintenant épargnait les plus de cinquante ans pourrait à son tour  être activé à propos de ces derniers. Les chômeurs âgés de plus de cinquante ans bénéficiant d’un supplément d’allocation ne seraient pas oubliés par ces rapaces; suivant les modalités choisies, les bonus d’allocations  seraient retirés à 19 % des hommes et 29 % des femmes dans le meilleur cas de figure. Dans le pire, le bonus disparaîtrait pour 82 % des hommes et 90 % des femmes.

Le “Plan Marshall”, pour la Wallonie, n’est qu’une autre restructuration car il ne vise qu’à rendre quelques entreprises plus compétitives au détriment de tout le reste et sur le dos des travailleurs à travers de nouvelles mesures d’austérité que viendront aggraver celles déjà en chantier et celles encore à venir dont le fameux “programme de relance”. Tous ces éléments dévoilent que “programmes de relance” ou autres recherches de financements alternatifs ne sont rien d’autre que la recherche d’économies tous azimuts pour effacer le trou de cinq milliards d’euros du budget 2006-2007 et pour abattre des pans entiers de la sécurité sociale. Car, à l’instar de l’Allemagne, de la France, des Pays-Bas et de la plupart de pays européens, la bourgeoisie belge ne peut différer indéfiniment la mise en question de la sécurité sociale et du régime des pensions, afin de réduire d’une façon drastique le prix de la force de travail. Dans ce cadre de crise économique mondiale, les objectifs du gouvernement “pourpre” étaient ouvertement déclarés dès sa constitution en 2004 : l’ouverture de cinq “chantiers” visant à: a) la baisse des charges pour les entreprises, b ) la modération salariale, c) la réduction des charges liées au chômage, d) l’augmentation du temps de travail par semaine et le prolongement de la carrière professionnelle, e) le financement alternatif de la sécurité sociale.

Il s’agit donc bien d’une attaque frontale et globale, mais présentée de façon à cacher les véritables conséquences, et présentant avec cynisme les réformes comme “des améliorations” pour la classe ouvrière.

[...]

Les mêmes mesures et les mêmes attaques tendent à s’uniformiser à l’échelle mondiale. Partout le capitalisme enfonce la classe ouvrière dans la même précarité. C’est un puissant révélateur de la faillite irrémédiable du capitalisme. Cela ne peut que renforcer la conscience du prolétariat qu’il n’a aucune amélioration de son sort à attendre de ce système et qu’il n’a pas d’autre choix que de lutter pour son renversement et sa destruction. Oeuvrer dans ce sens, c’est aujourd’hui l’expression la plus élevée de la solidarité prolétarienne.

La seule réponse possible, c’est le développement des luttes sur un terrain de classe. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre, sinon nous subirons toujours plus de sacrifices et d’attaques de la part de la bourgeoisie. Le développement de nos luttes est la seule façon de résister aux attaques toujours plus fortes de la bourgeoisie qui en s’enfonçant dans une crise irréversible, n’a pas d’autre choix que d’exploiter toujours plus les prolétaires et de les jeter dans la misère.

06.10.2005 / Internationalisme