a écrit : De Beers se taille une nouvelle image
Le géant mondial du diamant cède 26 % de ses parts à des groupes noirs et se conforme ainsi à la volonté du gouvernement de «déracialiser» l’économie sud-africaine. Mais l’enrichissement rapide d’une nouvelle élite liée à l’ANC suscite de nombreuses critiques.
De Beers n’est plus «lily white», comme on dit à Johannesburg, «blanc comme un lis». La vieille dame fondée en 1887 va céder 26 % de ses mines sud-africaines, au prix «sacrifié» de quelque 478 millions d’euros à «Ponahalo», un consortium qui regroupe en majorité des Noirs. Cette opération très avantageuse s’inscrit dans la politique de «Black economic empowerment» (BEE, émancipation économique des Noirs) mise en oeuvre par les entreprises et le gouvernement depuis la fin de l’apartheid. La Charte minière, adoptée en 2002, impose ainsi à toutes les compagnies du pays de céder 26 % de leur capital à des «Noirs» (Indiens et métis sont aussi inclus) d’ici 2014.
«Cette transaction démontre notre engagement à l'égard de l'Afrique du Sud», déclare Tony Trahar, le président d'Anglo American, qui contrôle 45% de De Beers (40% appartient à la famille Oppenheimer et le reste au gouvernement du Botswana). C’est une véritable révolution qui s’annonce dans cette société dirigée avec opacité depuis huit décennies par une seule famille, les Oppenheimer. Plusieurs Noirs du consortium «Ponahalo» siégeront désormais au conseil d’administration, notamment Manne Dipico qui a longtemps gouverné la province du Cap nord, avant d’organiser la réélection triomphale de l’ANC en 2004. Comme bien d’autres leaders de l’ANC, cet ancien syndicaliste, qui a fait de la prison à Robben Island comme Nelson Mandela, a cédé aux sirènes du capitalisme.
Nouveaux millionnaires noirs
Manne Dipico préside désormais le consortium «Ponahalo», qui regroupe pour moitié des investisseurs individuels et pour l’autre, les employés de la De Beers. «On n’y retrouve pas les suspects habituels», s’est réjouie la ministre des Mines, Lindiwe Hendricks, en faisant référence aux nouveaux millionnaires noirs, souvent issus de la direction de l’ANC (Cyril Ramaphosa, Tokyo Sekwale, Patrice Motsepe et Saki Macozoma) qui ont bénéficié de la plupart des opérations d’envergure de BEE. Leur enrichissement extrêmement rapide suscite, en effet, de nombreuses critiques. Pour y répondre, le gouvernement souhaite que les opérations de BEE bénéficient désormais à un plus large public.
«Ponahalo» va réinvestir une partie de ses dividendes dans des projets en faveur des communautés défavorisées. En outre, les 8 000 employés de De Beers, qui bénéficieront, eux aussi, de l’opération, recevront autant que Dipico et les six autres dignitaires (dont l’ancienne ambassadrice sud-africaine à Londres), qui se partagent l’autre moitié du gâteau. Pour De Beers, l’opération devrait, en tout cas, permettre de raccommoder ses relations, plutôt tendues avec le gouvernement. La compagnie espère éviter ainsi d’avoir à payer une nouvelle taxe de 15% sur l’exportation des diamants bruts (en plus de nouvelles royalties de 8 % sur ses bénéfices). Cet impôt risquerait de remettre en cause l’organisation centralisée du marché à Londres, grâce à laquelle la compagnie sud-africaine contrôle encore la moitié des ventes de diamants bruts dans le monde (contre 80 % dans le passé).
L’Afrique du sud, le Botswana et la Namibie souhaitent qu’une partie de ces pierres soient taillées sur place, afin de favoriser la création d’emploi. Le diamantaire israélien Lev Leviev a déjà investi à Windhoek et propose de créer 1 750 emplois en Afrique du sud, qui s’ajouteraient à ceux des 2 000 tailleurs de diamants déjà installés. Pour le moment, seules des grosses pierres – réimportées depuis Londres – sont taillées localement. Le coût de la main d’œuvre sud-africaine (50 dollars par carat) est, en effet, cinq fois plus élevé qu’en Inde, où 90 % des diamants sont taillés. Or, ces gros diamants ne représentent qu’un quarantième de la production de De Beers.
Avec la taxe de 15 % sur les exportations de pierres brutes, Pretoria entend donc encourager la taille dans le pays. Mais De Beers met en avant le fait que, sur ses sept mines sud-africaines, cinq ont été déficitaires en 2004. D’ores et déjà, il semble entendu qu’après cette opération de BEE, le gouvernement se montrera plus compréhensif.
l'article ne précise pas que de beers a plein de filiales dans tous les autres pays africains producteurs de diamants et livrés à la guerre des bandes.
ce choix est fait aussi pour pouvoir encore plus pénétrer plus facilement dans de nouvelles zones à piller...
la bourgeoisie n'a pas de couleur ... sauf celle de l'argent. les travailleurs n'ont pas à se laisser diviser en fonction de leur "origine ethnique" à johanesburg comme ailleurs !