Vague de répression sur la gauche irakienne
Alors que les forces d'occupation se félicitent de leurs succès dans la «
démocratisation de l'Irak », une vague de répression est en train de s'abattre
sur la gauche irakienne.
Akram Faleh Khattab et Basim Khamees, deux militants du Parti
communiste-ouvrier de gauche en Irak (PCOGI, http://www.socialismnow.org), ont
été pris en otage le 7 décembre au matin. Ils se trouvaient dans le local de ce
parti à Bagdad lorsqu'ils ont été attaqués par un groupe d'hommes armés et
masqués. Depuis, ses camarades sont sans nouvelles.
Le mois dernier, Maitham Najah, un autre militant de ce parti, avait été
assassiné dans le quartier de al-Sifina à Bagdad, et sa famille a été obligée
de quitter son logement son la pression d'un groupe islamiste.
Cet assassinat n'est pas isolé, puisque le 28 juin déjà, Ansar Abdulameer
Mahd, ingénieur électricien à Dyala et membre de l'Union communiste en Irak
(UCI, http://www.cuiraq.org/), avait été assassiné devant chez lui, après avoir
reçu de nombreuses menaces.
La répression prend d'autres formes. Le 15 décembre, c'est le local du
Parti communiste-ouvrier en Irak (PCOI, http://www.wpiraq.net) à Nassiryah
(Kurdistan) qui a été incendié, suite à une manifestation organisée par le
Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), qui siège
actuellement à l'assemblée et dispose de plusieurs ministres. Le chef de la
police locale, lui-même membre de ce parti, encourageait les manifestants avec
l'aide des hauts-parleurs des véhicule de police. Rappelons qu'en juillet 2004,
les dirigeants du CSRII) avait nié toute implication dans l'assassinat du poète
Mohammed Abdul Rahim, militant du PCOI.
A Suleymania (Kurdistan), trois militants du PCOI, Zemnako Aziz, Kameran
Latif et Saed Mustaf, ont été arrêtés alors qu'ils distribuaient des tracts
dénonçant la corruption du gouvernement régional, dirigé par l'Union
patriotique du Kurdistan (UPK). Ceci intervient alors même que le Parti
communiste-ouvrier d'Irak venait de proposer à l'UPK parti du président irakien
Jalal Talabani de mettre un terme à la tension qui existe entre ces deux
formations depuis 1991. Il demandait également la restitution de ses biens
saisis voici cinq ans par les forces armées de l'UPK.
La répression menée par l'UPK contre le PCOI avait déjà causé de
nombreuses arrestations, et plusieurs cas de tortures et d'assassinats avaient
dénoncés par les organisations de défense des droits de l'être humain. Au mois
de mai 2005, Rebwar Arif, président de la Fédération internationale des
réfugiés irakiens et militant du PCOI, avait été arrêté arbitrairement à la
suite d'un meeting, puis relâche suite à une campagne d'urgence lancée par
Amnesty International. Le parti présidentiel ne semble pas avoir pardonné le
rôle joué par les communistes-ouvriers dans le déclenchement de l'insurrection
des conseils ouvriers de mars 1991.
Ces trois partis (PCOGI, UCI, PCOI) ont en commun d'être opposés à
l'occupation américaine et de défendre les droits des femmes, la laïcité et les
idées socialistes. C'est pourquoi ils sont attaqués par les islamistes du CSRII
et les nationalistes kurdes de l'UPK, piliers du soutien à l'occupation, et par
les milices fondamentalistes. La victoire électorale annoncée des mouvements
réactionnaires soutenus par les USA fait craindre une répression accrue dans
les mois à venir.
Les idées de gauche sont également menacées sur le web, puisque les
responsable du site « Discussion moderne » (http://www.rezgar.com/), l'un des
plus importants forums de discussion progressiste en langue arabe, ont reçu des
menaces et leur site a été attaqué par des pirates informatiques à plusieurs
reprises. C'est donc toute la gauche irakienne qui est aujourd'hui menacée et
qui a besoin, plus que jamais, du soutien de la gauche mondiale.