20-26 mars 2006: vers une crise mondiale majeure ?

Dans le monde...

Message par mael.monnier » 17 Mars 2006, 11:13

a écrit : ALERTE EUROPE 2020 / Rupture Systémique Globale
20-26 Mars 2006 : Iran/US - Déclenchement d’une crise mondiale majeure

Le Laboratoire européen d’Anticipation Politique Europe 2020 (LEAP/E2020) estime désormais à plus de 80% la probabilité que la semaine du 20 au 26 Mars 2006 voit se déclencher la principale crise politique mondiale depuis la Chute du Rideau de Fer en 1989, accompagnée d’une crise économique et financière d’une ampleur comparable à celle de 1929. Cette semaine de la fin Mars 2006 marquera le point d’inflexion d’évolutions critiques, entraînant une accélération de tous les facteurs conduisant à une crise majeure, même sans intervention militaire américaine ou israélienne contre l’Iran. Dans le cas d’une telle intervention, les probabilités d’une crise majeure, selon LEAP/E2020, atteignent 100%.

Une Alerte fondée sur 2 événements vérifiables
L’annonce de cet événement résulte de l’analyse de décisions prises par les deux acteurs-clés de la crise internationale principale actuelle que sont les Etats-Unis et l’Iran :

--> il s’agit d’une part de la décision iranienne d’ouvrir à Téhéran le 20 Mars 2006 la première bourse pétrolière en Euros, ouverte à tous les producteurs de pétrole de la région ;

--> et d’autre part, de la décision de la Réserve Fédérale américaine d’arrêter à partir du 23 Mars 2006 de publier les chiffres de M3 (l’indicateur le plus fiable sur la quantité de dollars circulant dans le monde [1]).

Ces deux décisions constituent à la fois les indices, les causes et les conséquences de la transition historique en cours entre l’ordre créé après la 2° Guerre Mondiale et le nouvel état d’équilibre international en gestation depuis l’effondrement de l’URSS. Leur magnitude comme leur simultanéité vont agir comme un phénomène catalyseur de toutes les tensions, faiblesses et déséquilibres accumulés depuis plus d’une décennie dans le système international.


Une crise mondiale déclinée en 7 crises sectorielles
Les chercheurs et analystes de LEAP/E2020 ont ainsi identifié 7 crises convergentes que les décisions américaine et iranienne de la semaine du 20 au 26 Mars 2006 vont catalyser en crise globale, affectant toute la planète dans les domaines politique, économique et financier, et probablement militaire :

1. Crise de confiance dans le Dollar
2. Crise des déséquilibres financiers américains
3. Crise pétrolière
4. Crise du leadership américain
5. Crise du monde arabo-musulman
6. Crise de la gouvernance mondiale
7. Crise de la gouvernance européenne

L’ensemble du processus d’anticipation de cette crise est détaillé dans le les prochains numéros du « GlobalEurope Anticipation Bulletin » élaboré par LEAP/E2020, et en particulier dans le N°2 qui paraît ce 16 Février 2006. Y figureront les analyses détaillées de chacune de ces sept crises ainsi que les recommandations pour diverses catégories d’acteurs (notamment gouvernements et entreprises) et des conseils opérationnels et stratégiques pour l’Union européenne.


Décryptage de l’événement « Création de la bourse pétrolière iranienne en Euros »
Cependant, et afin de ne pas limiter cette information aux seuls décideurs, LEAP/E2020 diffuse largement ce communiqué ainsi que les éléments suivants issus de ses travaux.
L’ouverture par l’Iran d’une bourse pétrolière libellée en Euros à la fin mars 2006 marquera la fin du monopole du Dollar sur le marché mondial du pétrole. Le résultat immédiat sera de nature à bouleverser le marché mondial des devises puisque les pays producteurs pourront désormais utiliser l’Euro également pour facturer leur production. Parallèlement, les pays européens en particulier pourront acheter le pétrole directement dans leur devise sans passer par le relais du Dollar. Concrètement, dans les deux cas cela signifie qu’un moins grand nombre d’acteurs économiques aura besoin d’un moins grand nombre de Dollars [2] . Cette double évolution s’exercera donc dans le même sens, à savoir celui d’une réduction très significative de l’importance du Dollar comme monnaie internationale de réserve, et donc d’un fort affaiblissement, durable, de la devise américaine en particulier par rapport à l’Euro. Les évaluations les plus conservatrices placent l’Euro à 1,30 Dollar à la fin 2006. Mais si la crise est de l’ampleur qu’anticipe LEAP/E2020, les estimations donnant l’Euro à 1,70 Dollars en 2007 ne paraissent plus irréalistes.


Décryptage de l’événement « Suppression de la parution de l’indicateur macro-économique M3 »
La suppression de la parution de l’indicateur M3 [3] (ainsi que d’autres indicateurs connexes) par la Réserve Fédérale américaine, décision fortement critiquée par la communauté des économistes et analystes financiers, aura pour conséquence, à la même date, de rendre invisibles les évolutions du nombre de Dollars en circulation dans le monde. On assiste déjà depuis quelques mois aux Etats-Unis à une forte augmentation de M3 (ce qui indique que la «planche à billets » [4] tourne déjà un régime élevé à Washington) ; or le nouveau président de la Réserve Fédérale, Ben Bernanke, est un adepte déclaré de la « planche à billets » . Comme une forte baisse du Dollar se traduira probablement par une vente massive de Bons du Trésor américain détenus en Asie, en Europe ou dans les pays producteurs de pétrole, LEAP/E2020 estime que la décision américaine de ne plus publier M3 vise uniquement à cacher le plus longtemps possible deux décisions américaines, en partie imposées par les choix politiques et économiques de ces dernières années [5]:

. la monétarisation de la dette US
. le soutien monétaire à l’activité économique américaine.
… et ce au moins jusqu’aux élections « mid-term » d’Octobre 2006 afin d’éviter une déroute du Parti Républicain.

Cette décision illustre également l’impuissance des autorités monétaires et financières américaines et internationales face à une situation qui les conduit à préférer supprimer les indicateurs qu’agir sur la réalité.



Décryptage du facteur-aggravant « Intervention militaire contre l’Iran »
Outre les atouts géostratégiques de l’Iran dans la crise actuelle, qui notamment lui permettent d’intervenir aisément et avec un impact majeur sur l’approvisionnement pétrolier de l’Asie et de l’Europe (en bloquant le Détroit d’Ormuz), sur les conflits en cours en Irak et en Afghanistan, sans même mentionner le recours éventuel au terrorisme international, le contexte global de défiance envers Washington crée une situation particulièrement problématique. Loin de calmer les craintes éventuelles concernant l’accession de l’Iran au statut de puissance nucléaire, tant en Asie qu’en Europe [6], une intervention militaire contre l’Iran entraînera une désolidarisation quasi-immédiate des opinions publiques européennes, dans un contexte d’absence quasi-complète de crédibilité de Washington sur ce type de dossiers depuis l’invasion de l’Irak, qui empêchera les gouvernements européens de faire autre chose que suivre leurs opinions publiques. Parallèlement, le risque de flambée des cours du pétrole qui suivrait une telle intervention conduira les pays asiatiques, Chine en tête, à s’opposer à une telle option, obligeant dans ce cas les Etats-Unis (ou Israël) à intervenir seuls, sans caution de l’ONU, et ajoutant donc une grave crise militaire et diplomatique à la crise économique et financière.


Les facteurs pertinents de la crise économique américaine
LEAP/E2020 estime également que ces deux décisions, non officielles, vont entraîner les Etats-Unis et le monde dans une crise monétaire et financière, puis économique sans précédent à l’échelle planétaire. La monétarisation de la dette américaine est en effet un terme très technique pour décrire une réalité d’une simplicité catastrophique : les Etats-Unis entreprennent de ne pas rembourser leur dette, ou plus exactement de la rembourser en « monnaie de singe ». Et ils anticipent une accélération du processus fin Mars en coïncidence avec le lancement de la Bourse Iranienne du Pétrole qui ne peut que précipiter les ventes de Bons du Trésor US par leurs détenteurs non américains.



A ce propos, il est utile de méditer l’information suivante [7] : la part de la dette du gouvernement américain possédée par les banques américaines est tombée à 1,7% en 2004, alors qu’elle était de 18% en 1982. Parallèlement la part de cette même dette détenue par les opérateurs étrangers est passée de 17% en 1982 à 49%.
--> Question: Comment se fait-il que ces dernières années les banques américaines se soient débarrassées de presque toute leur part de la dette publique américaine ?



Parallèlement, afin d’essayer d’éviter en interne l’explosion de la « bulle immobilière », sur laquelle repose l’essentiel de la consommation des ménages américains, et à un moment où le taux d’épargne américain est devenu négatif pour la première fois depuis 1932 et 1933 (au creux de la « Grande Dépression »), l’administration Bush, en partenariat avec le nouveau patron de la Fed, adepte de cette approche monétaire, va inonder le marché américain de liquidités.


Quelques effets attendus de cette rupture systémique
Pour LEAP/E2020, la conjonction, non accidentelle, des décisions iranienne et américaine, marque donc une étape décisive dans le déclenchement d’une crise systémique marquant la fin de l’ordre international tel que constitué après la Deuxième Guerre Mondiale et se caractérisera notamment d’ici la fin 2006 par une chute brutale de la valeur du Dollar US (pouvant conduire à 1 Euro = 1,70 Dollars en 2007) et une pression à la hausse immense sur l’Euro, une hausse importante du prix du pétrole (plus de 100 le baril), une aggravation de la situation militaire américaine et britannique au Moyen-Orient, une crise budgétaire, financière et économique américaine comparable par son ampleur à celle de 1929, des conséquences économiques et financières très graves pour l’Asie en particulier (et notamment la Chine) mais aussi pour le Royaume-Uni [8], un arrêt brutal du processus économique de globalisation, un effondrement de l’axe transatlantique et une montée générale connexe de tous les dangers politiques intérieurs et extérieurs sur l’ensemble du globe.

Pour le particulier détenteur de Dollars, comme pour l’entreprise transnationale ou les décideurs politiques et administratifs, les conséquences de cette semaine de la fin Mars 2006 seront cruciales. Ils impliquent dès aujourd’hui de prendre des décisions difficiles (anticiper une crise est toujours un acte complexe puisqu’il se fonde sur un pari) mais urgentes car une fois la crise déclenchée, c’est le « sauve-qui-peut » général, et l’échec assuré pour ceux qui auront choisi d’attendre.
Pour les particuliers, le choix s’impose de lui-même : le dollar n’est plus une valeur refuge. La montée vertigineuse de l’or depuis un an prouve d’ailleurs que nombreux sont ceux qui ont anticipé cette évolution de la monnaie américaine.


Anticiper… ou être balayé par les vents de l’histoire
Pour les entreprises et les gouvernements, en particulier européens, LEAP/E2020 développe dans sa lettre confidentielle – le GlobalEurope Anticipation Bulletin -, et en particulier dans le N° 2 paru le 16 février, une série de recommandations stratégiques et opérationnelles qui, si elles sont intégrées dans le processus décisionnel dès aujourd’hui, peuvent permettre d’amortir considérablement le « tsunami monétaire, financier et économique » qui va commencer à déferler sur la planète à la fin du mois prochain. Pour prendre une image simple, qui est d’ailleurs directement issue du scénario d’anticipation politique « USA 2010 » [9], les évènements de la semaine du 20 au 26 Mars 2006 seront comparables en termes d’impact sur l’ « Occident » tel qu’on le connaît depuis 1945, à celui de la Chute du Rideau de Fer en 1989 sur le « bloc soviétique ».


Si cette Alerte est si précise, c’est qu’à ce stade de ses analyses, LEAP/E2020 estime désormais que tous les scénarios envisageables conduisent à une seule et même conclusion : nous approchons collectivement d’un « nœud historique » qui est dorénavant inévitable quelle que soit l’action des acteurs internationaux ou nationaux. A ce stade, seule une action directe et immédiate de l’administration américaine visant d’une part à empêcher une confrontation militaire avec l’Iran, et d’autre part, à ne pas « monétariser » la dette extérieure des Etats-Unis, pourrait changer le cours des évènements. Pour LEAP/E2020 il est évident que non seulement une telle action ne sera pas entamée par les dirigeants actuels à Washington, mais qu’au contraire ils ont déjà choisi de « forcer le destin » en se défaussant de leurs problèmes économiques et financiers sur le reste du monde. Les gouvernements européens notamment doivent en tirer très rapidement les conséquences.


Pour information, la méthode d’anticipation politique de LEAP/E2020 a notamment permis à plusieurs de ses experts d’anticiper (et de publier) : dès 1988, la prochaine fin du Rideau de Fer ; dès 1997, l’effondrement progressif de la capacité d’action et la légitimité démocratique du système communautaire ; dès 2002, de prévoir l’enlisement US en Irak et surtout l’effondrement durable de la crédibilité internationale américaine ; dès 2003, d’anticiper l’échec des referenda sur la Constitution européenne. Sa méthodologie d’anticipation des « ruptures systémiques » étant désormais bien établie, il apparaît de notre devoir de chercheurs et de citoyens d’en faire part aux citoyens et aux décideurs européens en particulier ; surtout que pour beaucoup d’acteurs individuels ou collectifs, privés ou publics, il est encore temps d’agir afin de réduire de manière significative l’impact de cette crise sur leurs positions qu’elles soient économiques, politiques ou financières.

L’analyse complète développée par LEAP/E2020 ainsi que ses recommandations stratégiques et opérationnelles à destination des acteurs privés et publics, seront présentées dans les prochains numéros du GlobalEurope Anticipation Bulletin, et plus particulièrement dans son N°2 (parution 16 Février 2006).

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1. Ces décisions ont été prises il y a déjà plusieurs mois :
. les informations sur la création par le gouvernement iranien d’une bourse pétrolière en euro (http://www.mehrnews.com/en/NewsDetail.a ... sID=260851 )ont commencé à être citées par la presse spécialisée dès l’été 2004.
. la Réserve fédérale a annoncé le 10 Novembre 2005 qu’elle cesserait de publier les informations concernant M3 à partir du 23 Mars 2006 : http://www.federalreserve.gov/releases/h6/discm3.htm

2. Il est intéressant de noter en consultant le tableau 13B des statistiques financières de Décembre 2005 de la Banque des Règlements Internationaux intitulé International Bonds and Notes (in billions of US dollars), by currency ), qu’à la fin de 2004 (hors Chine), 37.0% des actifs financiers internationaux étaient labellés en Dollars US contre 46,8% en Euros ; alors qu’en 2000, la proportion était inverse avec 49,6% labellés en Dollars US et seulement 30,1% en Euros. Cela indique que les décisions de fin mars 2006 ne vont faire qu’accélérer une tendance de fuite hors du Dollar qui est déjà en cours.

3. Les agrégats monétaires (M1, M2, M3, M4) sont des indicateurs statistiques économiques. M0 est la valeur d’une monnaie, en l’occurrence le Dollar, qui existe sous forme de billets et de pièces. M1 représente M0 plus les comptes bancaires dans cette monnaie. M2 est constitué de M1 plus les dépôts d’épargne et les certificats de dépôts (CD) inférieur à 100.000. M3 comprend M2 plus les dépôts à terme au sens large (réserves d’Eurodollars, instruments financiers plus importants ainsi que la plupart des réserves des pays non-Européens) de 100 000 dollars ou plus. L’élément décisif, c’est donc qu’avec la fin de la publication de M3 par la Réserve fédérale américaine, le monde entier perdra toute visibilité sur la valeur des réserves en Dollars par les autres pays et les institutions financières majeures.

4. Voir son discours éloquent sur ce sujet devant le Club des Economistes à Washington DC en Novembre 2002
(http://www.federalreserve.gov/boarddocs ... efault.htm )

5. L’évolution prévisible des taux d’intérêts aux Etats-Unis et dans la zone Euro indique d’ailleurs que la hausse des taux d’intérêts américains est en phase finale alors qu’elle commence dans la zone Euro. Cela réduira d’autant l’attractivité du Dollar par rapport à l’Euro. Il faut noter que l’évolution à la hausse du Dollar en 2005 a été essentiellement nourrie par ce différentiel de taux d’intérêts favorable au Dollar, et par la loi de rapatriement des avoirs américains à l’étranger (valable uniquement pour une année) qui a fait revenir plus de 200 milliards  aux Etats-Unis au cours de l’année 2005.
(source : CNNmoney.com
http://money.cnn.com/2005/10/05/news/econo...erseas_profits)

6. Et en ce qui concerne l’Europe, LEAP/E2020 souligne que les gouvernements européens ne sont plus en phase avec leurs opinions publiques sur les grands sujets, en particulier concernant l’intérêt collectif européen. Le GlobalEuromètre de Janvier 2006 souligne d’ailleurs très bien cette situation avec un indice TIDE-Légitimité à 8% (qui indique que pour 92% des sondés les dirigeants de l’UE ne représentent pas leurs intérêts collectifs) et un indice TIDE-Action à 24% (qui indique que moins d’un sondé sur 4 pense que les dirigeants européens sont capables de traduire leurs décisions en actions concrètes). Selon LEAP/E2020, les déclarations publiques de soutien à Washington venues de Paris, Berlin ou Londres ne doivent pas cacher le fait que les Européens se désolidariseront très vite des Etats-Unis en cas d’attaque militaire (le GlobalEurometre est un indicateur d’opinion européenne publiant chaque mois dans le GlobalEurope Anticipation Bulletin 3 chiffres dont 2 sont publics).

7.(source : Bond Market Association,
http://www.dailykos.com/story/2006/1/28/122315/558 )


8. Le Royaume-Uni est en effet détenteur de près de 3.000 milliards de créances en , soit près du triple de pays comme la France ou le Japon. (source Banque des Règlements Internationaux, Table 9A, Consolidated Claims of Reporting Banks on Individual Countries )

9. Cf. GlobalEurope Anticipation Bulletin N°1 (January 2006)



(Source : http://www.europe2020.org/fr/section_global/150206.htm)

a écrit :

Communiqué Public LEAP/E2020
15 Mars 2006

Usa-Dollar-Iran / Confirmation Crise Systémique Globale
fin Mars 2006

Neuf indices prouvent que la crise est en train de commencer

A travers notamment l’analyse de 9 indices développée dans le GlobalEurope Anticipation Bulletin N°3 coordonné par Franck Biancheri, et dont cinq sont présentés dans ce communiqué public, LEAP/E2020 confirme son alerte concernant le déclenchement d’une crise systémique globale pour la fin du mois de Mars 2006. Les évolutions internationales récentes affectant en particulier le fonctionnement du système financier international et les évolutions préoccupantes aux Etats-Unis notamment quant à la fiabilité des statistiques concernant l’économie américaine [1], conduisent en effet notre équipe de recherche à conclure que cette crise systémique globale est déjà en train de commencer.

Tout se joue bien autour de M3 [2] …

Comme l’illustre la plupart des 5 indices présentés dans ce communiqué, les dernières semaines ont confirmé le rôle d’indicateur décisif que constitue la décision par la Réserve Fédérale américaine d’arrêter le 23 Mars 2006 la publication de M3 [3]. LEAP/E2020 est désormais convaincu que cette décision anticipe une période qui va voir une accélération de fonctionnement de la planche à billets des Etats-Unis, camouflée derrière un discours de maîtrise de l’inflation, aboutissant à un effondrement du Dollar US et une monétarisation de la dette américaine (publique et privée) dont un nombre croissant de spécialistes aux Etats-Unis estiment qu’elle ne pourra jamais être remboursée [4] vu son montant gigantesque en augmentation constante (la dette publique américaine représente désormais plus de 8.000 milliards de Dollars [5], soit près de 4 fois le budget fédéral 2006 [6]). Selon la très conservatrice Heritage Foundation, si l’on intègre les conséquences budgétaires des décisions prises récemment par l’administration Bush concernant la santé et les retraites, la dette réelle est de 42.000 milliards de Dollars, soit 18 fois le budget fédéral, et trois fois et demi le PIB américain de 2005 [7].

… et de l’Iran

Tout en confirmant le rôle catalyseur de l’ouverture d’une bourse pétrolière en Euro par l’Iran (dont les récentes déclarations iraniennes laissent entendre qu’en cas d’aggravation de la crise les autorités iraniennes [8] pourraient tout simplement décider d’effectuer leurs transactions internationales en Euro, suivant en cela la Syrie [9] qui a décidé d’adopter cette politique il y a quelques semaines) et/ou d’une attaque américaine et/ou israélienne contre l’Iran qui sera probablement une « attaque surprise » et sans soutien du Conseil de Sécurité de l’ONU [10], l’ampleur de la réaction à la publication du communiqué LEAP/E2020 a mis à jour un malaise profond d’une partie des acteurs du système financier, en particulier des acteurs individuels. L’impact particulièrement important aux Etats-Unis où les réactions se sont focalisées sur la question, centrale à nos yeux désormais, de M3, de la bulle immobilière, des déficits américains et de la réalité des résultats annoncés de l’économie américaine, a conduit LEAP/E2020 à centrer ce deuxième communiqué mensuel public sur cet aspect de la crise systémique globale, d’autant que des éléments particulièrement préoccupants se sont faits jours ces dernières semaines.

La bulle immobilière vient bien d’éclater…

Par ailleurs certaines des prévisions faites par LEAP/E2020 sont déjà devenues réalité comme l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis (baisse de 5% des ventes de maisons neuves en Janvier 2006 par rapport à Janvier 2005, une première depuis 5 ans, et extension à près de 6 mois du stock de maisons à la vente, chiffre le plus élevé depuis 1998 [11]). La fin de la bulle immobilière américaine va progressivement affecter la consommation des ménages américains qui est elle-même dépendante de leur endettement croissant gagé sur leurs biens immobiliers [12], parallèlement le ralentissement de l’immobilier va directement affecter la création d’emploi puisque ce secteur a à lui seul fourni 40% des créations d’emplois privés ces cinq dernières années aux Etats-Unis.

… les monnaies et les bourses des pays émergents sont bien les premières touchées par la crise…

Au cours de la semaine du 20 Février 2006, la baisse de la côte de la Couronne islandaise par les agences internationales de notation du fait de l’ampleur des déficits islandais a entraîné une baisse brutale de 10% de cette monnaie suivie de baisses connexes des monnaies brésilienne, sud-africaine, mexicaine et indonésienne [13] du fait des positions spéculatives prises par les opérateurs intervenant sur les monnaies des marchés émergents. La semaine du 6 Mars 2006, c’est au tour des monnaies d’Europe centrale et orientale [14] d’être brutalement attaquées à cause des craintes que représentent leurs déficits excessifs et des nouvelles politiques (hausses d’intérêts et/ou réduction des liquidités par les banques centrales européenne et japonaise). Enfin depuis le 14 Mars 2006, on assiste à un crash des bourses arabes [15] dont celles d’Arabie saoudite et des Emirats arabes (déjà plus de 15% perdus en vingt-quatre heures et les experts locaux s’attendent à une baisse de 50% à 60% dans les prochaines semaines).

… et la crise de confiance dans l’économie américaine est bien un facteur-clé du déclenchement de crise globale

L’un des éléments laissant penser que la crise est déjà en train de commencer est bien l’extraordinaire impact de l’Alerte LEAP/E2020 de Février 2006, qui constitue en soi un indicateur d’une inquiétude immense à l’échelle mondiale. Selon LEAP/E2020, le système financier international, et en particulier sa base « Dollar » [16], n’est en fait plus fondé que sur deux piliers interconnectés : d’une part la confiance des acteurs dans le système lui-même, et d’autre part les statistiques qui décrivent l’évolution du système. Au titre de ce deuxième pilier, l’impact de l’Alerte LEAP/E2020 au niveau mondial constitue en soi un facteur très important à analyser [17] puisque les dizaines de millions de pages vues, les centaines de milliers de visiteurs individuels sur le site Europe 2020, les traductions spontanées de l’article dans près d’une vingtaine de langues et sa reprise par des centaines de sites, de médias et de blogs dans le monde, et en particulier la popularité de l’analyse aux Etats-Unis même, témoignent d’une inquiétude croissante face à l’évolution du système lui-même. Cet élément est en effet partie intégrante de la crise systémique globale dans un système où le facteur psychologique, la confiance, est devenu central.

Cinq des neuf indices qui témoignent de l’accélération du processus de crise

Voici selon LEAP/E2020, cinq des neufs indices qui prouvent que la crise systémique a déjà commencé :

1. la situation de cessation de paiement du gouvernement américain depuis la mi-Février 2006, car il a atteint le plafond d’endettement autorisé par le congrès. Depuis cette date, le gouvernement américain a cessé d’émettre les « State and Local Government series (SLGS) nonmarketable Treasury Securities », emprunts des collectivités locales américaines, pour continuer à pouvoir émettre les Bons du Trésor US [18]. D’après le ministre des Finances US, John Snow, si à la mi-Mars, le congrès n’a pas voté une hausse du plafond d’endettement de 800 milliards de dollars supplémentaires (soit 10% du plafond actuel de 8 200 milliards de Dollars US, pourtant déjà augmenté deux fois ces 3 dernières années), la cessation de paiement deviendra effective.

2. la démission surprise du N°2 de la Réserve Fédérale, Roger Ferguson, en charge des crises une semaine après la parution de notre alerte de Février, alors qu’il lui restait encore un mandat de 8 ans [19]. Roger Ferguson était celui que les milieux créditaient de la gestion monétaire réussie du 11 Septembre 2001 puisqu’il était aux commandes alors que Greenspan était en Europe ce jour-là. Son opposition aux choix stratégiques du nouveau président de la Réserve Fédérale américaine était de notoriété publique.

3. la décision par la Banque de Chine, principal organisme chinois gérant les réserves de change, d’autoriser ses clients à échanger leurs Dollars US contre de l’or afin notamment de diversifier ses avoirs aujourd’hui principalement en Dollars US [20].

4. l’accroissement continu des déficits public et commercial US en 2006 (respectivement 119 milliards pour Février et 68,5 milliards pour Janvier) montre qu’il n’y a aucune maîtrise des tendances en cours, et qu’au contraire on constate une accélération des dérives. Le déficit mensuel du budget est le plus élevé jamais enregistré. Le discours dominant à Washington ne cherche même plus à évoquer un redressement, mais se contente d’expliquer que ces déficits sont sans importance car l’économie a changé. C’était également le discours dominant à la veille de l’éclatement de la bulle « Internet », avec la « nouvelle économie » [21]. On sait ce qu’il en a été. A titre d’information, ces cinq dernières années les Etats-Unis ont emprunté au reste du monde plus d’argent que dans toute leur histoire cumulée de 1776 à 2000 [22].

5. les doutes croissants aux Etats-Unis même sur la fiabilité des statistiques économiques américaines [23], qui débouchent sur des analyses indiquant que depuis trois ans le PNB américain est en fait en régression et non pas en croissance [24], et que l’inflation réelle est actuellement entre 6 et 12% aux Etats-Unis (ce qui évidemment à des conséquences directes sur la rentabilité réelle des différents types d’investissements).


Mesure de l’indice des prix à la consommation selon trois méthodes différentes : en Bleu la méthode utilisée sous la présidence Clinton, en Orange la méthode utilisée par l’administration Bush et en Jaune la méthode en cours d’élaboration par les autorités américaines.


L’anticipation est donc bien de circonstance pour tenter de limiter les dégâts

Une crise systémique se répand comme un tsunami progressant à travers l’océan et affectant les différentes côtes avec des délais variables. Quand la vague touche la côte, le tsunami s’est formé depuis déjà un long moment. Et c’est donc en étant informé le plus tôt possible que chacun peut espérer prendre les mesures nécessaires de sauvegarde. En tout état de cause, pour LEAP/E2020, au vu des neufs indices décrits ci-dessous, il ne fait désormais aucun doute que la crise entre désormais dans sa phase de déclenchement. Le GlobalEurope Anticipation Bulletin N°3 détaille l’ensemble de ces analyses et indique certaines pistes de solution en terme d’aide à la décision pour essayer d’éviter qu’acteurs privés ou publics ne soient pris au dépourvu.

Au vu des tendances très lourdes et convergentes en direction de la crise systémique annoncée, seules des tendances tout aussi puissantes pourraient inverser l’évolution décrite par LEAP/E2020. A ce jour, LEAP/E2020 n’est pas parvenu à identifier la moindre de ces tendances « inverses ». Contrairement à ce qu’on peut lire parfois, « les crises arrivent même si elles ne semblent pas dans l’intérêt collectif » (la première guerre mondiale ou la crise de 1929 en constituent deux bons exemples). Les dirigeants internationaux n’ont plus aucune maîtrise des évènements comme le démontre chaque jour la crise iranienne, la guerre civile irakienne, ou l’absence de maîtrise des déficits américains. Il est illusoire de les imaginer en « deus ex machina » résolvant à la dernière minute des problèmes qu’ils ont contribué à développer ces dernières années. Et enfin, en cas de crise, et contrairement à ce qu’il s’est passé ces dernières décennies, le Dollar ne jouera plus le rôle de valeur refuge car la perte de confiance dans les Etats-Unis et leur monnaie (y compris par les Américains eux-mêmes) est justement l’un des facteurs de cette nouvelle crise.

_____________

Au-delà des analyses détaillées dans GEAB 3, LEAP/E2020 souhaite donner deux indications claires aux lecteurs de son communiqué public:

    *
      quand une crise systémique globale approche, il est essentiel de diversifier ses avoirs au maximum, car dans l’imprévisibilité de son déroulement, seule cette diversification assure d’éviter de perdre trop. Et c’est là un élément important à garder à l’esprit : dans une crise générale, l’objectif n’est plus de gagner, mais devient de ne pas trop perdre.
    *
      en matière de devises, LEAP/E2020 a pu constater que ses analyses et conseils stratégiques concernant l’Euro ont été lus et commentés largement au plus haut niveau des dirigeants de la zone Euro. Cela renforce notre sentiment que l’Euroland constitue dans les mois à venir la seule zone monétaire capable de résister correctement à la crise du Dollar. Les décideurs ont pris conscience dans les délais nécessaires des mesures à prendre pour le jour venu.

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1. Source MSN Money, 6/03/2006

2. Source Communiqué LEAP/E2020 Février 2006

3. Source US Federal Reserve

4. Déclaration de Brian Riedl, économiste en chef de l’Heritage Foundation.

5. Source US National Debt Clock

6. Source Budget Explorer

7. Source Heritage Foundation

8. Source AFP, Vienne – 9 Mars 2006 : L'Iran "n'utilisera pas l'arme du pétrole pour l'instant car nous ne voulons pas la confrontation avec les autres pays. Mais si la situation change, nous serons obligés de changer notre attitude et notre politique", a déclaré à l'AFP Javad Vaïdi, numéro deux du Conseil suprême de la sécurité nationale.

9. Source Al Jazeera 14/02/2006

10. La Russie et la Chine confirment leur opposition aux sanctions économiques et évidemment a fortiori à toute action militaire contre l’Iran (source AP/Nouvel Observateur, 13/03/2006). La coalition CDU/SPD au pouvoir à Berlin exploserait en cas d’un soutien de Berlin à une intervention militaire contre Téhéran. Et en France l’opinion publique étant très majoritairement contre une telle intervention, le gouvernement serait in fine obligé de se démarquer de cette option et ne pourrait pas y participer sauf à ouvrir une crise politique majeure dans le pays. Le temps joue donc actuellement pour Téhéran qui maintient sa menace pétrolière et monétaire (Euro).

11. Source USA Today, 28/02/2006

12. Voir GlobalEurope Anticipation Bulletin N°2

13. Source Forex, 26/02/2006

14. Sources : Warsaw Business Journal et Budapest Times

15. Source : GulfBase, 15/03/2006

16. Standard & Poor’s, l’agence internationale de notation vient d’ailleurs de préciser qu’un effondrement du Dollar face aux monnaies européennes constitue un risque très réel pour l’année 2006. Source Standard & Poor’s European Economist Forecast 2006

17. Quelques informations factuelles permettent de prendre la mesure de cet impact en un mois, qui a constitué une surprise pour notre équipe elle-même :

    * le site Europe 2020 propulsé dans le top 100.000 des sites mondiaux classés par Alexa.com depuis la parution de l’Alerte
    * plus de 10 millions de pages vues sur le site Europe 2020 (source Alexa.com )
    * un site comme Newropeans-Magazine, qui a repris l’Alerte Leap/E2020, nous a confirmé un trafic du même ordre (source Alexa.com)
    * Leap/E2020 a identifié des traductions libres sur des sites en plus de 20 langues (dont le Russe, l’Arabe, le Chinois, ….)
    * une reprise en Anglais ou Français sur des centaines de sites et de blogs
    * plus de 4.000 abonnements à la newsletter gratuite Europe 2020, dont près de la moitié venus des Etats-Unis
    * des réactions positives à 80% et provenant pour plus des 2/3 de la communauté financière ou d’investisseurs privés, y compris de grandes banques d’investissement.


18. Source Bureau of the Public Debt – United States Department of Treasury

19. http://www.cjrdaily.org/the_audit/fed_watc...eporters_so.php

20. Source China View – Xinhua – 03/03/2006

21. De 2002 à 2005, l’estimation de la richesse nette des ménages américains s’est accrue de plus de 13.000 milliards de Dollars US soit une augmentation de 33% en trois ans, ce qui surpasse largement le précédent record de 11.000 milliards de Dollars US d’accroissement de cette même « richesse » entre 1997 et 1999 … à la veille de l’éclatement de la Bulle Internet – Source : US Federal Reserve – Z1

22. Source SFGate – San Francisco Chronicle – 27/11/2005

23. Source Gillespie Research

24. Source JWSGS February 2006 Edition

(Source : http://www.europe2020.org/fr/section_global/150306.htm)
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Message par Barikad » 17 Mars 2006, 11:21

:sygus:
Barikad
 
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Message par mael.monnier » 17 Mars 2006, 11:40

ça n'a pourtant rien de drôle, l'ampleur de la crise prévue étant comparable à celle de 1929 qui a entraîné des millions de travailleurs dans le chômage et la misère.

Sur le même thème, j'ai reçu cet article de la liste de diffusion du Cuba Solidarity Project :
a écrit :La projet d’une bourse iranienne du pétrole accélérerait la chute de l’empire américain

de Krassimir Petrov, Ph.D. Traduction par CSP

1) L’économie des Empires

Un état-nation taxe ses propres citoyens, tandis qu’un empire taxe d’autres états-nations. L’histoire des empires, du grec au romain, de l’ottoman au britannique, nous enseigne que la base économique de tout empire est la taxation d’autres nations. La capacité impériale de taxer s’est toujours accompagnée d’une économie plus efficace et plus puissante, et comme conséquence, une puissance militaire plus efficace et plus puissante. Tandis qu’une partie du prélèvement était affectée à l’amélioration du niveau de vie de l’empire, une autre partie était affectée au maintien de la domination militaire nécessaire pour pouvoir prélever les taxes.

Historiquement, la taxation des états sujets a pris différentes formes ­ généralement sous la forme des métaux or ou argent, là où ils servaient de monnaie, mais aussi sous forme d’esclaves, de soldats, de récoltes, de bétail, ou autres ressources agricoles et naturelles, et tous les biens exigés par l’empire que l’état-sujet pouvait fournir. Historiquement, la taxation impériale s’est toujours exercée d’une manière directe : l’état-sujet remettait ses biens directement à l’empire.

Pour la première fois dans l’histoire, au vingtième siècle, les Etats- Unis ont pu taxer le monde entier d’une manière indirecte, par l’intermédiaire de l’inflation. Ils n’ont pas mis en place un prélèvement direct, comme tous les empires qui les ont précédés, mais ont distribué leur propre devise, le dollar US, aux autres nations en échange de biens avec comme conséquence prévue une inflation et une dévaluation de ces dollars qui étaient ensuite récupérés en échange d’une quantité inférieure de biens ­ la différence constituant la taxe impériale US. Voici comment ils ont procédé.

Au début du vingtième siècle, l’économie US a commencé à dominer l’économie mondiale. Le Dollar US était indexé sur l’or et par conséquence sa valeur ne connaissait pas de fluctuations, puisqu’elle correspondait toujours à la même quantité d’or. La Grande Dépression, précédée par une inflation entre 1921 et 1929 et l’explosion des déficits budgétaires, a provoqué une nette augmentation de la quantité de monnaie en circulation, rendant ainsi impossible l’indexation du dollar sur l’or. Ce qui amena Roosevelt en 1932 à supprimer l’indexation du dollar sur l’or. Jusqu’à là, les Etats-Unis dominaient le monde, mais uniquement d’un point de vue économique. Ils n’étaient pas encore un empire. En distribuant des dollars convertibles en or, des dollars à valeur constante, les Etats-Unis ne pouvaient tirer des bénéfices économiques de leurs échanges avec d’autres pays.

D’un point de vue économique, l’Empire Américain est née en 1945 avec (les accords de) Bretton Woods. Le dollar US n’était pas totalement convertible en or, mais était encore convertible en or uniquement pour les gouvernements étrangers. Le dollar devint ainsi la monnaie de réserve du monde. Ceci fut rendu possible parce que, pendant la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis avaient fourni des biens à ses alliés en exigeant de l’or en guise de paiement. Les Etats-Unis ont ainsi accumulé une bonne partie de l’or mondial.

La constitution d’un empire n’aurait pas été possible si, après les accords de Bretton Woods, la quantité de dollars en circulation avait été limitée à celle de l’or disponible, afin de pouvoir garantir la parité. Mais la politique « du beurre et des canons » des années 60 était une politique impériale : le volume des dollars fut sans cesse accru pour financer la guerre du Vietnam en même temps que le projet de Grande Société du président Lyndon B. Johnson. La plupart de ces dollars étaient mis en circulation à l’étranger en échange de biens et n’étaient pas rachetés pour la même valeur. L’augmentation des quantités de dollars détenus par des étrangers, alimentée par les déficits US endémiques, équivaut à une taxe : la taxe classique « par l’inflation » qu’un pays impose à ses propres citoyens, mais cette fois-ci imposée par les Etats-Unis au reste du monde.

En 1970-71, lorsque les pays étrangers demandèrent le remboursement de leurs dollars en échange d’or, le gouvernement des Etats-Unis fit faux bond, le 15 août 1971. Alors que l’histoire officielle raconte la « suppression de la parité entre le dollar et l’or », il s’agissait en réalité d’un refus de payer, de rembourser en or, ce qui revient à un acte de mise en faillite de la part du gouvernement des Etats-Unis. C’est ainsi que les Etats-Unis se déclarèrent Empire. Ils avaient accaparé d’énormes quantités de biens du reste du monde, sans intention ou capacité de les payer, et le monde ne pouvait que constater son impuissance.

A partir de ce moment, pour maintenir l’Empire Américain et continuer à taxer le reste du monde, les Etats-Unis devaient obliger le reste du monde à continuer d’accepter, en échange de biens, les dollars qui se dévaluaient en permanence. Le reste du monde devait ainsi accumuler de plus en plus de dollars dévalués. Pour qu’ils continuent d’accumuler tous ces dollars, il fallait trouver et donner au monde une raison économique de posséder tant de dollars. Cette raison fût le pétrole.

En 1971, lorsqu’il devint évident que le gouvernement US était incapable de racheter ses dollars avec de l’or, un accord avec l’Arabie Saoudite fut instauré en 1972-73 : les Etats-Unis soutenaient le règne de la Maison des Saoud qui, en échange, n’accepterait que le dollar US comme monnaie de paiement pour leur pétrole. Le reste de l’OPEC suivit. Le monde était donc contraint d’acheter en dollars le pétrole aux pays arabes et devait donc posséder des dollars pour pouvoir payer. Et parce que la demande de pétrole dans le monde était sans cesse croissante, la demande de dollars ne pouvait qu’augmenter. Si les dollars ne pouvaient plus être échangés pour de l’or, ils pouvaient désormais être échangés pour du pétrole.

L’idée derrière cet accord était de faire en sorte que le dollar soit désormais soutenu par le pétrole. Et tant que cette situation perdurait, le monde devait accumuler de plus en plus de dollars, parce qu’il leur fallait ces dollars pour acheter ce pétrole. Tant que le dollar restait le seul moyen de paiement du pétrole, sa domination était garantie et l’Empire Américain pouvait continuer à taxer le reste du monde. Si le dollar, pour une raison ou une autre, devait perdre le soutien du pétrole, l’Empire Américain cesserait d’exister. Ainsi, la survie de l’Empire dépend de la vente du pétrole en dollars. Cela implique aussi que les réserves de pétrole soient situées dans des pays trop faibles politiquement ou militairement pour demander le paiement du pétrole dans une autre devise. Si quelqu’un demandait à être payé autrement qu’en dollars, il fallait le convaincre, par des pressions militaires ou économiques, de changer d’avis.

Un qui a effectivement demandé des Euros en échange de son pétrole fût Saddam Hussein, en 2000. D’abord il fut l’objet de risées. Ensuite on a tenté de l’ignorer. Enfin, lorsqu’il devint évident qu’il ne plaisantait pas, on exerça des pressions politiques pour lui faire changer d’avis. Lorsque d’autres pays, comme l’Iran, voulaient être payés en d’autres devises, notamment en euros et yens, le danger pour le dollar devint évident, et une opération punitive fut organisée. La guerre de Bush en Irak n’a rien à voir avec les armes nucléaires de Saddam, ni la défense des droits de l’homme, ni la démocratie, ni même le contrôle des puits de pétrole ; il s’agit de défendre le dollar, c’est-à-dire l’Empire Américain. Il s’agit de donner une leçon à tous ceux qui seraient tentés de demander à être payés autrement qu’en dollars.

Nombreux sont ceux qui ont critiqué Bush pour avoir mené une guerre en Irak dans le but de prendre le contrôle des puits de pétrole. Cependant, ils n’expliquent pas pourquoi Bush voudrait prendre le contrôle de ces puits ­ il aurait pu se contenter d’imprimer des billets pour rien et acheter tout le pétrole dont il avait besoin. Il devait donc y avoir une autre raison pour envahir l’Irak.

L’histoire nous enseigne qu’un empire doit entrer en guerre pour une de ces deux raisons : (1) pour se défendre ou (2) pour tirer profit d’une guerre ; dans le cas contraire, comme le démontre Paul Kennedy dans son magistral « The Rise and Fall of the Great Powers », un éparpillement excessif de ses forces militaires drainerait ses ressources économiques et précipiterait sa chute. D’un point de vue économique, pour qu’un Empire puisse déclencher et mener une guerre, les bénéfices tirées doivent surpasser le coût militaire et social. Les bénéfices tirés des puits Irakiens ne compensent pas les coûts militaires à long-terme. Bush est donc entré en Irak pour défendre son Empire. Et ceci est confirmé par le fait que deux mois après l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis, le programme Nourriture contre Pétrole fut interrompu, les comptes bancaires Irakiens en euros furent convertis en dollars, et le pétrole fut de nouveau vendu exclusivement en dollars US. Il n’était plus possible d’acheter du pétrole à l’Irak avec des euros. La suprématie globale du dollar fut restaurée de nouveau. Bush descendit victorieusement d’un avion de combat et déclara que la mission était accomplie ­ entendez par là qu’il avait réussi à défendre le dollar US, donc l’Empire Américain.

2) une bourse iranienne du Pétrole Iranienne

Le gouvernement iranien a finalement mis au point l’ultime arme « nucléaire » qui pourrait rapidement détruire le système financier qui soutient l’Empire Américain. L’arme d’une bourse que l’Iran a prévu d’ouvrir en mars 2006. Elle sera basée sur un mécanisme de négoce de pétrole en euros. En termes économiques, la danger pour le dollar est bien plus grand que celui représenté naguère par Saddam, parce que cela permettrait à n’importe qui, désireux d’acheter ou de vendre du pétrole en euros, de court-circuiter complètement le dollar. Dans ce cas, il s est probable que pratiquement tout le monde adopterait avec enthousiasme l’euro comme monnaie de paiement du pétrole.

Les européens n’auraient plus à acheter ou vendre des dollars pour payer le pétrole, et pourraient payer avec leur propre devise. L’adoption de l’euro pour payer le pétrole donnerait à la monnaie européenne un statut de devise de réserve au détriment de celle des Etats-Unis.

Les Chinois et les Japonais seraient particulièrement heureux d’adopter ce nouveau monnaie d’échange pour le pétrole, parce que cela leur permettrait de réduire considérablement leurs énormes réserves de dollars et de diversifier avec des euros, se protégeant ainsi des dévaluations successives du dollar. Ils pourraient décider de garder une petite partie de leurs dollars et de carrément se débarrasser d’un autre partie. Une partie serait gardée pour régler quelques futurs achats en dollars, mais leurs réserves seraient désormais constitués en euros.

Les Russes ont un grand intérêt à adopter l’euro ­ la majeure partie de leurs échanges s’effectuent avec les pays européens, les pays exportateurs de pétrole, avec la Chine et avec le Japon. L’adoption de l’euro faciliterait d’emblée les échanges avec les deux premiers blocs, et facilitera à terme les échanges avec la Chine et le Japon. De plus, il semblerait que les Russes détestent posséder des dollars qui se dévaluent, car ils viennent de se convertir à la religion de l’or. Les Russes ont aussi ranimé leur nationalisme et ils ne seraient que trop heureux d’adopter l’euro si cela pouvait donner un coup de poignard dans le dos des étasuniens, et c’est avec un sourire aux lèvres qu’ils observeraient les étasuniens perdre leur sang.

Les pays arabes exportateurs de pétrole, face à leurs montagnes de dollars dévalués, adopteraient l’euro avec enthousiasme afin de diversifier leurs. Comme les Russes, leurs échanges s’effectuent principalement avec les pays européens, et ils préféreraient la devise européenne, plus stable. Sans parler du djihad contre l’ennemi infidèle.

Seuls les Britanniques se trouveraient entre le marteau et l’enclume. Ils ont toujours eu un partenariat privilégié avec les Etats-Unis, mais ont toujours subi une attraction naturelle vers l’Europe. Jusqu’à présent, ils ont eu de nombreuses raisons pour rester aux côtés du vainqueur. Néanmoins, quand ils assisteront à la chute de leur vieil allié, se tiendront-ils toujours fermement à ses côtés ou délivreront-ils le coup de grâce ? Il ne faut cependant pas oublier que les deux principales places boursières de pétrole dans le monde sont le NYMEX de New York et le International Petroleum Exchange (IPE) à Londres et les deux sont contrôlés par les Etats-unis. Il semblerait donc plus probable que les Britanniques devront couler avec le navire ou alors se tirer une balle dans le pied en portant atteinte aux intérêts de leur propre IPE. Il faut noter ici qu’au delà de toute la rhétorique autour du maintien de la livre sterling, il est très probable que les Britanniques n’ont pas adopté l’euro principalement parce que les étasuniens ont fait pression. Dans le cas contraire, l’IPE aurait basculé vers l’euro, portant ainsi un coup mortel à leur partenaire stratégique.

En tout état de cause, et quelque soit la décision britannique, si la bourse iranienne du pétrole devait voir le jour, les entités qui comptent ­ les Européens, les Chinois, les Japonais, les Russes et les Arabes ­ adopteront avec enthousiasme l’euro, scellant ainsi le destin du dollar. Chose que les Etats-Unis ne peuvent se permettre et ils recourront, si nécessaire, à toute une série de stratégies pour déstabiliser ou interrompre les opérations de la bourse iranienne :

-Le sabotage - par un virus informatique, une attaque contre le réseau, les communications ou un serveur, par différentes failles de sécurité ou une attaque de type 11 septembre contre le site principal et les sites de secours.

-Un coup d’état - de loin la meilleure option à long terme pour les Etats-Unis.

-Une négociation acceptable des conditions et des restrictions ­ autre excellente solution pour les Etats-Unis. Bien sûr, le coup d’état est nettement préférable pour les Etats-Unis car cela garantirait une neutralisation totale de la bourse qui ne représenterait plus une menace pour leurs intérêts. Cependant, si le coup d’état ou le sabotage échouent, alors la négociation devient à l’évidence la meilleure solution de rechange.

-Une résolution de guerre à l’ONU - difficile à obtenir étant donné les intérêts en jeu chez les états membres du Conseil de Sécurité. Mais tout le discours fébrile autour d’un développent d’armes nucléaires en Iran est clairement destiné à préparer une telle éventualité.

-Une Frappe Nucléaire Unilatérale - un choix stratégique terrible pour toutes les raisons liées à l’éventualité suivante : la Guerre Totale Unilatérale. Les Etats-Unis feront probablement appel à Israël pour mener ce sale boulot.

-Une Guerre Totale Unilatérale - à l’évidence, la plus mauvaise des solutions. D’abord, les ressources militaires US ont déjà été entamées par deux guerres. Ensuite, les Etats-Unis dégraderont encore plus leurs relations avec d’autres nations importantes. Troisièmement, les grands pays possesseurs de dollars pourraient riposter en se débarrassant discrètement de leurs montagnes de billets verts et empêcher ainsi les Etats-Unis de financer leurs nouveaux projets militaires. Enfin, l’Iran a des alliances stratégiques avec de puissantes nations, ce qui pourrait les entraîner dans la guerre ; l’Iran a une telle alliance avec la Chine, l’Inde, et la Russie, connue sous le nom de Groupe de Coopération de Shanghai, ou Coop de Shanghai, et un pacte avec la Syrie.

Quelque soit le choix, d’un point de vue purement économique, si la Bourse iranienne de pétrole devait prendre son envol, elle serait adoptée par de grandes puissances économiques et précipiterait la chute du dollar. La chute du dollar accélérerait l’inflation aux Etats-Unis et ferait monter les taux d’intérêts US. A ce stade, la Fed (banque centrale US ­ NDT) se retrouverait à devoir choisir entre Charybde et Scylla ­ entre la déflation et l’hyperinflation ­ et serait rapidement obligée de prendre soit sa « médecine habituelle », de ralentir l’inflation en augmentant les taux d’intérêt, provoquant ainsi une dépression économique majeure, un effondrement de l’immobilier, un implosion des valeurs boursières et un effondrement financier total, ou bien de choisir une voie de sortie « à la Weimar » par l’inflation, ce qui écornera les rendements des placements à long terme, fera décoller les hélicoptères noiera le système financier sous des tonnes de liquidités, mettra fin aux fonds d’investissement à long-terme et provoquera l’hyperinflation de l’économie.

La théorie autrichienne sur la monnaie, le crédit et les cycles nous enseigne qu’il n’y a rien entre Charybde et Scylla. Tôt ou tard, le système monétaire devra basculer d’un côté ou de l’autre, obligeant la Fed à faire un choix. Il ne fait aucun doute que le commandant en chef Ben Bernanke, grand connaisseur de la Grande Dépression et un fin pilote de (l’hélicoptère) Black Hawk, choisira l’inflation. Hélicoptère Ben, inconscient de la Grande Dépression telle qu’elle est analysée par Rothbard, a néanmoins retenu les leçons sur le pouvoir destructeur de la déflation. Le Maestro lui a enseigné que la panacée à tout problème financier, dans tous les cas, c’est l’inflation. Il a même enseigné aux japonais sa méthode originale pour lutter contre la déflation. Comme son mentor, il a rêvé de livrer une bataille au sein d’un hiver de Kondratieff. Pour éviter la déflation, il fera appel à la planche à billets, il fera décoller les hélicoptères des quelques 800 bases étasuniennes à l’étranger et, si nécessaire, il monétisera tout ce qui lui tombera sous la main. Son œuvre ultime sera la destruction par hyper-inflation de la devise étasunienne. Et de ses cendres renaîtra la nouvelle devise de réserve du monde, cette relique barbare qu’on appelle l’or.

(FIN)

About the Author : Krassimir Petrov ([url=mailto:Krassimir_Petrov@hotmail.com]Krassimir_Petrov@hotmail.com[/url]) has received his Ph. D. in economics from the Ohio State University and currently teaches Macroeconomics, International Finance, and Econometrics at the American University in Bulgaria. He is looking for a career in Dubai or the U. A. E.

http://www.gold-eagle.com/editorials_05/petrov011606.html

De : Krassimir Petrov
dimanche 29 janvier 2006
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Message par logan » 17 Mars 2006, 12:07

C'est quoi la source du premier article?
logan
 
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Message par Jacquemart » 17 Mars 2006, 13:27

Il manque le dixième indice : une configuration astrale particulièrement défavorable (source : Institut de Recherches Pifométriques et BouledeCristalliennes)
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Jacquemart
 
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Message par Barikad » 17 Mars 2006, 14:25

A cause du post de Mael monnier je veins de me précipiter dans mon super marché pour faire des stocks, et je viens de me rendre compte que c'est la penurie de sucre.
Les premiers signes de la crise finale ?
Barikad
 
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Message par faupatronim » 17 Mars 2006, 14:26

:ohmy:
Dernier weekend avant la crise ! Je vais vite retirer les 100€ de mon livret A et à moi la grande vie.
faupatronim
 
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Message par mael.monnier » 17 Mars 2006, 17:15

[quote=" (logan @ vendredi 17 mars 2006 à 12:07"]
C'est quoi la source du premier article?
Comme je l'avais indiqué, c'est le LEAP/Europe 2020 : http://www.europe2020.org/fr/section_global/150206.htm
mael.monnier
 
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Message par Sterd » 17 Mars 2006, 19:31

D'après The Wet Finger Analysis Incorporated (TWFAI), il se sont gourrés de semaine
Sterd
 
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Message par logan » 17 Mars 2006, 19:38

:sygus: :sygus:
logan
 
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