(Pastorius @ lundi 14 avril 2003 à 22:19 a écrit :a écrit :j'ai dans mon entourage amical des kurdes (turcs et irakien), réfugiés politiques (stal) : je ne me sens pas capable de défendre aujourd'hui face à eux un slogan souhaitant une guerre des populations de cette région contre l'impérialisme. c'est autre chose, plus conséquent et peut-être plus modeste (je ne parlerais pas à l'heure actuelle de "placer le peuple irakien sous la protection du mouvement ouvrier international"), de discuter avec eux d'issues politique, ici ou là-bas.
Camarade, je pense que tu as tort, parce qu'indépendemment des illusions qu'une fraction peut-être importante des kurdes d'Irak et d'ailleurs pouvaient et peuvent avoir sur de possibles améliorations de leur sort après l'intervention impérialiste, on sait - tu le sais aussi - que la victoire des troupes impérialistes est une défaite pour tous les peuples du Moyen-Orient, y compris les kurdes (CPS l'a affirmé, et chacun pourra le vérifier en (re)consultant les déclarations de CPS sur le sujet, on l'a pris en compte et on l'a dit).
Les conséquences de la guerre impérialiste, on les mesure justement très clairement non seulement pour les irakiens arabes, mais encore pour les palestiniens et pour la Syrie (qui est le point de départ de ce thread). Les faits montreront bien vite qu'il en est de même pour les kurdes (qui sont renvoyés à la niche par les impérialistes, quand ils ne sont pas manipulés pour des batailles fratricides avec les arabes). Et c'est largement à l'aune des faits qu'une organisation révolutionnaire donne la preuve de ce qu'elle vaut, et qu'on juge de la validité de son orientation.
De ce fait, même si la haine des kurdes à l'égard Saddam Hussein était cent mille fois justifiée (mais je crois bien que les arabes irakiens, "sunnites" ou "chiites", en avaient autant au service de cette ordure), l'intérêt objectif des kurdes eux aussi était de s'opposer à la guerre impérialiste (d'ailleurs, malgré quelques démêlés, la Turquie reste quand même un grand allié des USA). Nous ne jetons évidemment pas la pierre aux masses du Kurdistan irakien parce qu'elles se sont laissées manipuler par Bush. Mais nous estimons qu'il était et qu'il est de notre devoir de révolutionnaire de dire les choses comme elles sont.
2 choses : les masses kurdes sont tout aussi manipulées que les masses arabes du moyen-orient en général. En réalité, ils sont soumis à la politique de chefs nationalistes qui sont capables de mener n'importe quelle politique quand elle correspond (croient-ils) aux intérêts de leur clique. En l'occurence, l'UPK et le PDK qui représentent des clans différents du Kurdistan et échappent, avec leurs milices armées, au controle de la population. Barzani et Talabani, leurs leaders se sont alliés au gré des circonstances à la Syrie, à la Turquie, l'Iran et même l'Irak. Ils ont fait, ensemble, la guerre au PKK quand ce dernier assayait d'établir des bases arrière en Irak pour se protéger de l'armée turque. Comme on le voit, même sur le plan du nationalisme, ces gens là sont sans principes.
Il n'empêche que si effectivement, c'est l'ensemble de la population vivant en Irak qui a subi la dictature, les révolutionnaires doivent reconnaitre à la nation kurde le droit à l'état qu'ils réclament même si leurs leaders, en entente avec les dirigeants américains ont décidé de mettre cette revendication en veilleuse pour ne pas géner leurs alliés du moment (pb de la Turquie). Il n'est pas dit que la population kurde ne finisse pas par balayer ces dirigeants nationalistes au petits pieds et impose sa volonté. C'était une des inconnues de la guerre qui fut trop courte pour que ce genre de développement puisse avoir lieu.