Abou Mazen forme un gouvernement palestinien

[Louis]

Le Premier ministre est parvenu mercredi à décrocher le feu vert de Yasser Arafat, soumis à de nombreuses pressions internationales, pour s'adjoindre les services de Mohammed Dahlan.


Par L. B. (avec agences)

mercredi 23 avril 2003
(Liberation.fr - 16:49)


ahmoud Abbas, plus connu sous son nom de guerre d'Abou Mazen, sera bien le Premier ministre de Yasser Arafat. Chargé de former son gouvernement avant mercredi minuit, il a remporté à l'arraché le bras de fer qui l'opposait au Raïs en contournant leur principal point d'achoppement: la sécurité. Alors que le leader palestinien souhaitait conserver la main haute en ce domaine, Abbas avait conditionné sa prise de fonction à la nomination de Mohammed Dahlan, ancien chef de la sécurité préventive à Gaza et partisan comme lui d'une «démilitarisation de l'intifada», au poste clé de ministre de l'Intérieur. Il a finalement obtenu que Dahlan soit chargé des Affaires de sécurité tandis qu'il occuperait à la fois le fauteuil de Premier ministre et de ministre de l'Intérieur.

L'ultime effort de médiation lancé par le chef des services de renseignements égyptiens, Omar Soleiman, personnage central des négociations entre les diverses factions palestiniennes, au Caire, en début d'année, a semble-t-il porté ses fruits. Maintenant, «Abou Mazen va venir avec Omar Souleimane pour annoncer un nouveau gouvernement», a déclaré Tayeb Abdelrahim, le secrétaire à la présidence, quelques minutes après l'entrée d'Abou Mazen et d'Omar Souleimane, suivis de peu par le colonel Dahlan, dans les bureaux de Yasser Arafat à Ramallah.

Mercredi matin, encore, la partie semblait pourtant loin d'être gagnée car après des semaines de tractations, l'impasse semblait totale (lire l'article). Mais plus le fossé se creusait entre le chef de l'autorité palestinienne et son Premier ministre désigné, plus la communauté internationale augmentait la pression sur Arafat. Le Premier ministre britannique, Tony Blair, lui a rappelé mardi que la relance du processus de paix avec les Israéliens était soumise à la formation du nouveau gouvernement. Dans la foulée, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, et le ministre grec des Affaires étrangères, George Papandréou, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne, ont tour à tour téléphoné au leader palestinien. De son côté, l'envoyé spécial russe dans la région, Andre Vdovine, a effectué la navette à Ramallah entre Arafat et Abbas.

La nomination d'Abou Mazen à la tête de l'exécutif palestinien devrait donner un coup d'accélérateur aux tentatives de médiations internationales pour régler le conflit israélo-palestinien. Le «quartet» (Etats-Unis, ONU, UE et Russie) s'est en effet engagé à publier sa «feuille de route» –un plan de paix qui prévoit la tenue d'une conférence internationale et la création d'un Etat palestinien d'ici 2005– dès l'entrée en fonction du nouveau Premier ministre.