Argentine : élections présidentielles

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Message par pelon » 28 Avr 2003, 07:50

Retour de l'aventurier :

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Argentine : un second tour entre deux candidats péronistes
LEMONDE.FR | 28.04.03 | 07h53   •  MIS A JOUR LE 28.04.03 | 07h53
L'ex-président libéral Carlos Menem est arrivé en tête de la présidentielle de dimanche en Argentine, premier scrutin national organisé dans le pays depuis son effondrement économique, mais un second tour l'opposera à un autre péroniste, le gouverneur Nestor Kirchner. Un duel final les opposera le 18 mai.
Après dépouillement de 81% des suffrages exprimés, Carlos Menem en obtenait 23,9 % et Nestor Kirchner, homme du centre gauche et candidat du président par intérim Eduardo Duhalde, en recueillait 21,8 %.

Selon le gouvernement, le taux de participation est comparable à celui des quatre derniers scrutins présidentiels. Les votes blancs et nuls devraient être inférieurs à 3 % des inscrits, un chiffre étonnamment faible si on se rappelle qu'en décembre 2001 les Argentins criaient dans la rue leur dégoût de la politique. Aux législatives d'octobre 2001, qui laissaient entrevoir les journées d'émeutes de décembre, l'abstention ajoutée aux votes blancs et nuls avait représenté 42 % des électeurs inscrits.

L'ex-président Carlos Menem et le gouverneur Nestor Kirchner s'affronteront dans trois semaines lors d'un deuxième tour qui déterminera le prochain président argentin, scrutin qui donnera lieu à un véritable choix de société en dépit de l'appartenance des deux candidats au péronisme.

MM. Menem et Kirchner se réclament l'un et l'autre du péronisme, mais le premier a appliqué une politique libérale au cours de ses dix années à la tête du pays, alors que le second appartient à l'aile gauche du parti.

Personnage controversé, Carlos Menem, qui brigue un troisième mandat à 72 ans, a rallié des électeurs en promettant un retour à la croissance économique des années de sa législature (1989-1999), qui avait pourtant débouché sur la crise la plus grave qu'ait connue l'Argentine. Véritable animal politique, M. Menem a montré une nouvelle fois sa capacité à rebondir en arrivant facilement au ballottage, en dépit des accusations de corruption qui s'attachent à ses pas. M. Menem avait été privé de sa liberté pendant 167 jours, il y a deux ans, pour sa participation à une affaire de trafic d'armes avec la Croatie et l'Equateur.

L'ex-président a rappelé qu'il y a seize mois, il était "en prison, diffamé, condamné sans jugement". "Tous me disaient que j'étais fini, et nous avons gagné une élection dans toute l'Argentine. Le second tour va être une formalité", a-t-il lancé devant ses supporteurs. M. Menem obtient un score dans le haut de la fourchette prévue par les sondages, mais n'a pas réussi son pari d'être élu dès le premier tour. Or sa capacité de rassemblement reste à prouver, vu le rejet qu'il suscite dans les classes moyennes.

Des sondages laissent toutefois penser que 60 % des électeurs refusent de voter pour Carlos Menem, que beaucoup accusent d'avoir favorisé la corruption et le "copinage", et d'avoir semé les graines de la crise. "Menem est le candidat péroniste qui a le plus large soutien, mais c'est aussi celui qui a les plus grands obstacles à surmonter pour se concilier les voix non péronistes au second tour", note Graciela Romer, responsable d'un institut de sondage.

Les péronistes, qui ont dominé la vie politique argentine durant une cinquantaine d'années, sont aujourd'hui divisés. Ils avaient aligné trois candidats pour la présidentielle, premier scrutin national depuis la crise et les émeutes de la fin 2001 qui avaient chassé le président Fernando de la Rua et plongé le pays dans le chaos. Cinq présidents s'étaient succédé en deux semaines en décembre 2001. Depuis seize mois, le pays est dirigé à titre intérimaire par M. Duhalde.

UNE CLASSE MOYENNE LAMINÉE

Aux yeux de beaucoup, la phase la plus aiguë de la crise est passée, l'économie donnant de premiers signes de croissance et la population n'étant plus soumise aux restrictions bancaires qui avaient nourri un vif ressentiment. Mais les Argentins aspirent à une action gouvernementale qui stabilise durablement la situation après les années de turbulences qui ont laminé la classe moyenne et liquidé son épargne.

Gouverneur de la petite province pétrolière de Santa Cruz (Sud), M. Kirchner est loin d'avoir le charisme de l'ancien président. Mais son image est plus consensuelle et il peut espérer rallier la plus grande partie de l'électorat non péroniste - 40 % de la population -, qui se retrouvera sans candidat naturel au ballottage. Il a profité d'une stabilité et d'une paix sociale encore fragiles pour exprimer l'intention de maintenir en place le ministre de l'économie, Roberto Lavagna.

"L'Argentine a le choix entre deux modèles clairs : celui de l'austérité, de l'exclusion, le modèle qui a endetté l'Argentine et engendré de graves phénomènes de corruption, ou le modèle de la production et du travail, de la stabilité et de l'intégration", a déclaré Nestor Kirchner à des partisans, lors d'un meeting à Rio Gallegos, la capitale de sa province.

Les deux candidats mobilisent des éléments de la machine péroniste créée par Juan et Eva Peron dans les années 1940 avec l'appui d'une partie de la classe ouvrière. Mais Carlos Menem fait valoir son expérience politique et les contacts internationaux qu'il a cultivés lorsqu'il était au pouvoir. "Il est le seul à savoir comment nous sortir de cette pagaille", estime Maria Cristina Fisch, ménagère de 70 ans venue faire la fête devant le QG de campagne de Menem.

MM. Menem et Kirchner devancent deux candidats de nouveaux partis qui représentent une classe moyenne ulcérée par les années de mauvaise gestion économique qui ont fait basculer de nombreux Argentins dans la pauvreté. Ricardo Lopez Murphy, économiste libéral et ancien radical dont la cote a monté auprès d'un électorat indépendant au fil des sondages d'opinion, est crédité de 16,9 % des voix. "Un grand secteur a besoin de s'exprimer par un canal, et nous serons ce canal", a dit M. Murphy. Elisa Carrio, députée qui a fait campagne contre la corruption avec des moyens limités, recueillait 14,4 % des voix.

Le populiste Adolfo Rodriguez Saa, troisième candidat péroniste, qui a été président l'espace d'une semaine en décembre 2001, arrivait en cinquième position avec 13,9 %.

Les autorités, qui avaient déployé 85 000 policiers et soldats pour l'occasion, ont estimé que les opérations de vote s'étaient déroulées sans accroc. On a toutefois observé des scènes de colère à l'encontre de certains candidats et d'un ex-président. M. de la Rua a dû être escorté par des policiers en armes après avoir voté, des manifestants l'ayant conspué en le traitant de "traître" et de "salaud".

Le prochain président argentin aura une marge de man½uvre des plus étroites. Il lui faudra notamment s'attaquer à la pauvreté, qui affecte à présent six Argentins sur dix. L'économie argentine a enregistré ses plus mauvaises résultats en 2002, avec une contraction de 11 % due au retrait des investisseurs, mais on prévoit une croissance d'environ 4 % en 2003.

Avec AFP et Reuters
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pelon
 
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Message par pelon » 28 Avr 2003, 08:00

Je n'ai pas pour le moment les résultats des autres candidats comme par exemple Altamira de PO. Mais vu qu'ils feraient à eux tous 8 %, il n'y a probablement pas eu de percée d'un candidat révolutionnaire. Les 5 candidats arrivés en tête représentent la bourgeoise et certains des candidats ont su plaire à la petite bourgeoisie appauvrie ou ruinée.
Dans la situation que connait l'Argentine, si les résultats étaient confirmés, il s'agirait quand même d'un échec pour les révolutionaires.
pelon
 
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Message par pelon » 28 Avr 2003, 10:04

Oui, il semble qu'il y ait une retombée. Plus exactement, si la petite bourgeoisie s'est exprimée, on ne voit pas le vote ouvrier : quel répartition chez les différents candidats péronistes par exemple ?
C'est Kirchner qui sera probablement élu au 2ème tour. Et la répression des mouvements populaires va s'accentuer, ce vote étant un encouragement pour la bourgeoisie.
pelon
 
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Message par boispikeur » 30 Avr 2003, 09:40

Je n'y connais pas grand chose à la situation en Argentine, pour ainsi dire rien, mais ne pourrait on pas rechercher la classe ouvrière AUSSI dans le taux d'abstention?

Le vote étant obligatoire, un taux de 20% d'abstention (+ 2.5 % )de blancs ou nuls est peut-être à considerer, même si c'est moindre qu'aux élections législatives de 2001.

Et aussi, quelles ont été les actions des partis d'EG durant la crise et les mouvements populaires (Piqueteros, réapropriations d'usines etc)?
Ont-ils ont été en phase avec la population?
(Attention, ce n'est pas une critique, mais une réelle interrogation, je ne connais vraiment RIEN à la situation politique argentine, j'ai tenté de lancer un thread dessus qui a fait un flop...)
boispikeur
 
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Message par stef » 30 Avr 2003, 10:12

Sans vouloir expliquer tout (je n'en ai pas es moyens), quelques aspects sont clairs.

1/ Ce n'est pas parce que le capitalisme fait faillite que les travaileurs se tournent mécaniquement vers le mouvement ouvrier. Encore faut-il pour cela que ceux-ci apparaissent comme porteurs d'une orientation permettant d'en sortir.

2/ En ce qui concerne le PO. Depuis décembre 2001, son orientation a été centralement celle "Que se vayan todos. Pour une assemblée constitutuante réorganisant le pays sur de nouvelles bases sociales" . Il faut mesurer le caractère ambigu de cette formulation (une assemblée constituante - insitution démocratique-bourgeoisie - pour "réorganiser" sur de nouvelles bases...).

Le problème fondamental est qu'on voit mal en quoi une constituante aurait modifié quoi que ce soit... en l'absence de (réel) Parti Ouvrier - ce qui est le problème majeur auquel sont confrontés depuis toujours les travailleurs argentins.

3/ Le mouvement d'auto-organisation qui est apparu en 2002 ne pouvait suffire en tant que tel sans direction politique le nourissant sur la ligne de l'expropriation de l'impérialisme, du gouvernement ouvrier. Il était dès lors condamné à tourner en rond. C'est ce qu'on constate : visiblement même une centralisation de ce qui existe (a existé ?) s'est avérée éphémère.

4/ Partant de là, on comprendra que la question des questions posée en Argentine est celle de l'organisation politique ouvrière. La référence au PT brésilien est lancinante. Ainsi le dirigeant du syndicat CTA, d'Elia, ne cesse d'y faire référence (tout en lui donant le contenu du gouvernement Lula) : c'est un signe qui ne trompe pas.
En refusant d'y répondre, de prendre l'initiative sur cette question, le PO a payé le prix fort.

5/ Je suis moins ce que fait le MST. Mais sur le fond ça ne va guère plus loin.
stef
 
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Message par stef » 30 Avr 2003, 10:52

Fred,

Tu trouveras de nombreux gens dont le PO pour dire que : "la bourgeoisie nous a conduit à la ruine, pour s'en sortir, il faut retirer la direction de l'économie et de la société aux possédants et aux capitaux privés ". Exemple : je crois me souvenir que le PO avançait dans sa plate-forme, l'échelle mobile des heures de travail.

La question posée : certes la bourgeoisie a fait faillite, mais comment en sortir ? Et ta formulation des choses me semble bien trop générale pour y répondre. Il ne suffit pas de faire de la propagande pour le socialisme. A chaque étape, il faut indiquer comment avancer !
stef
 
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Message par pelon » 30 Avr 2003, 11:18

CITATION (stef @ mercredi 30 avril 2003, 11:52)Fred,

Tu trouveras de nombreux gens dont le PO pour dire que : "la bourgeoisie nous a conduit à la ruine, pour s'en sortir, il faut retirer la direction de l'économie et de la société aux possédants et aux capitaux privés ". Exemple : je crois me souvenir que le PO avançait dans sa plate-forme, l'échelle mobile des heures de travail.

La question posée : certes la bourgeoisie a fait faillite, mais comment en sortir ? Et ta formulation des choses me semble bien trop générale pour y répondre. Il ne suffit pas de faire de la propagande pour le socialisme. A chaque étape, il faut indiquer comment avancer ![/quote]
Bien entendu, en politique, rien n'est automatique et on a le droit de se poser la question de l'intervention des trotskystes. Il est difficile d'y répondre d'ici mais on peut constater que dans une situation de crise, l'extrême-gauche n' pas su trouver l'oreille des travailleurs. Sur les mots d'ordre, je pense qu'il faut être, depuis la France, modeste. Si nous savons ce qu'il ne faut pas dire, nous ne pouvons, à distance connaitre ce qui peut faire avancer la conscience ouvrière. Le meilleur mot d'ordre ne vaut rien s'il n'est pas compris.
C'est pour cela qu'un parti implanté a des possibilités que n'a pas un groupe. Non seulement par ses capacités d'interventions (cela, c'est évident) mais aussi par sa capacité à savoir ce qu'il y a dans la tête de millions de gens, de tester comment est reçu tel ou tel argument...
C'est aussi pour cela que de nombreuses discussions de l'extrême-gauche sont vaines...faute de militants pour les mettre en oeuvre.
Dans le cas de l'Argentine où existent des groupes trotskystes non négligeables, il serait évidemment intéressant de connaître l'avis des militants.
pelon
 
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