(AFP a écrit :Plus de 60 morts dans des violences en Irak
19/10/2006 16h43
BAGDAD (AFP) - L'Irak a été ensanglanté jeudi par de nouvelles violences ayant fait une soixantaine de morts à quelques jours de la fin d'un mois de ramadan particulièrement meurtrier, alors que Londres et Washington ont écarté un changement de stratégie dans ce pays, malgré les critiques.
Un attentat suicide au camion piégé a visé une caserne de la police dans le nord de Mossoul (370 km au nord de Bagdad), tuant 11 personnes et blessant 26 autres. Quatre personnes ont en outre péri dans deux attaques avant que le couvre-feu ne soit décrété dans cette ville.
L'armée américaine a recensé entre 06H30 (03H30 GMT) et 09H00 onze attaques à Mossoul. Elle ne déplore toutefois aucune victime.
Plus au nord, 17 personnes ont été tuées et 72 blessées dans deux attentats suicide à la voiture piégée, l'un contre le siège d'une banque à Kirkouk et l'autre contre un barrage militaire à l'ouest de cette ville, selon la police.
Dans la région de Baaqouba, une région rebelle au nord de Bagdad, une bombe a explosé dans un marché, peu avant le repas de rupture de jeûne, faisant 17 morts et 37 blessées
Malgré la mise en place de différents plans de sécurité, les violences continuent de faire des dizaines de morts par jour en Irak.
Selon l'armée américaine, les trois premières semaines du mois de ramadan ont vu les attaques en Irak augmenter de plus de 20%, les violences visant de plus en plus les forces de sécurité.
Les attaques à Bagdad ont augmenté de 22% par rapport aux trois semaines précédant le début du ramadan. 73 soldats américains sont morts depuis début octobre.
"Ce n'est pas une coïncidence si la montée des attaques contre les forces de la coalition et l'augmentation du nombre des victimes américaines coïncide avec notre présence croissante dans les rues de Bagdad et la course aux élections de mi-mandat américaines", a affirmé le général William Caldwell, porte-parole de la Force multinationale à la presse.
A Bagdad, une bombe a explosé à Doura au passage d'une patrouille de police, faisant cinq morts. A Baaqouba, au nord de Bagdad, où les attaques rebelles sont fréquentes, neuf personnes ont péri dans différentes attaques.
En outre, les corps de 31 victimes de violences confessionnelles ont été découverts à Bagdad. Selon la police, les victimes portent des traces de torture et sont criblées de balles.
Mercredi, le Premier ministre Nouri al-Maliki avait pressé les Irakiens de s'unir, après avoir rencontré la plus haute autorité chiite du pays, le grand ayatollah Ali Sistani, et le dirigeant radical chiite Moqtada Sadr.
Or des affrontements ont opposé jeudi à al-Amara (sud) des miliciens de l'armée du Mahdi de Moqtada Sadr à des policiers irakiens, faisant 7 morts, quatre civils et trois hommes armés.
Malgré les lourdes pertes américaines récentes et les appels de plus en plus pressants à un changement de politique, y compris dans la majorité républicaine, la Maison-Blanche a écarté un changement de stratégie en Irak.
"Non", a répondu son porte-parole Tony Snow à la presse qui lui demandait si la mort de dix soldats américains, mardi, conduisait le président George W. Bush à reconsidérer sa position.
"La stratégie, c'est de l'emporter. Le président comprend non seulement la difficulté d'y parvenir, mais il pleure ceux qui ont servi", a déclaré M. Snow. Mais "il faut l'emporter. Et cela a un prix".
Depuis début octobre, 73 soldats américains ont été tués en Irak, où 140.000 militaires sont déployés. Ce mois s'annonce comme l'un des plus meurtriers pour l'armée américaine, qui a perdu 2.779 soldats depuis l'invasion de mars 2003, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres du Pentagone.
Le Premier ministre britannique Tony Blair, dont le pays maintient 7.200 soldats en Irak, a réaffiché aussi sa détermination à y rester aussi longtemps que nécessaire pour éviter un "désastre".
Par ailleurs, le procès pour génocide contre les Kurdes de l'ancien président Saddam Hussein a été ajourné au 30 octobre.
Un vrai carnage.