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Message Publié : 30 Oct 2006, 14:57
par canardos
a écrit :

undi 30 octobre 2006

La population sous-alimentée n'a pas diminué depuis 1990, selon la FAO


Par Andrea BAMBINO

ROME (AFP) - Le nombre de personnes souffrant de la faim n'a pas diminué depuis le début des années 90, alors que "le monde est plus riche aujourd'hui qu'il ne l'était il y a dix ans", a dénoncé lundi la FAO dans son rapport annuel sur l'insécurité alimentaire.
Les dernières estimations, qui remontent à la période 2001-2003, font état d'un sévère constat d'échec: 854 millions de personnes se trouvaient sous le seuil des 1.900 calories par jour, dont 820 millions dans les pays en développement.

En 1996, le Sommet mondial de l'alimentation à Rome avait fixé pour 2015 l'ambitieux objectif de réduire de moitié la faim dans le monde par rapport à la période 1990-92, soit un maximum de 412 millions de personnes sous-alimentées.

"Dix ans plus tard, nous sommes confrontés à une triste réalité: aucun progrès n'a été réellement accompli" vers cet objectif, souligne le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, Jacques Diouf.

La baisse de trois millions enregistrée dans les pays en développement (de 823 à 820 millions) est si faible qu'elle "peut être assimilée à une erreur statistique", ajoute-t-il dans un préambule au rapport.

"Les tendances les plus récentes sont vraiment préoccupantes", souligne la FAO, qui note une augmentation de 26 millions des personnes sous-alimentées entre 1995-97 et 2001-03, après une baisse de 100 millions dans les années 80.

Pourtant, déplore M. Diouf, "le monde est plus riche aujourd'hui qu'il ne l'était il y a dix ans", "la nourriture plus abondante", et seule manque "la volonté politique de mobiliser ces ressources au profit des plus affamés".

Le bilan de la FAO, dont les projections pour l'avenir sont plus optimistes, avec une prévision de 582 millions de personnes sous-alimentées en 2015, masque des situations très contrastées.

Le nombre absolu et la proportion de personnes sous-alimentées a baissé en Asie et dans le Pacifique entre 1990-92 et 2001-03, mais cette baisse est d'abord due à la Chine et au Vietnam, où les zones rurales ont profité de la croissance agricole.

De même, "la plupart des pays d'Amérique du Sud ont progressé", note la FAO, mais une hausse "sensible" de la faim a été enregistrée au Venezuela et "des échecs ont été observés pour la plupart des pays d'Amérique centrale, notamment le Guatemala et Panama".

En Afrique subsaharienne, le sida, les guerres et les catastrophes naturelles ont "entravé les mesures prises pour lutter contre la faim", notamment au Burundi, en Erythrée, au Libéria, en Sierra Leone et en République démocratique du Congo.

La FAO s'alarme particulièrement pour ce pays, théâtre de 1998 à 2002 d'une guerre régionale mettant aux prises sept Etats, où le nombre de personnes sous-alimentées a triplé entre 1990-92 et 2001-03, passant de 12 millions à 36 millions, soit 72% de la population.

Pour modifier la situation, la FAO insiste sur la nécessité d'investissements massifs dans l'agriculture, et plus généralement dans les zones rurales, où se concentre la faim.

"Le secteur agricole est souvent le moteur de la croissance pour les économies rurales, et l'augmentation de la productivité agricole" peut accroître les denrées alimentaires, réduire leur prix, mais aussi "dynamiser l'économie locale en créant de la demande pour des biens et des services" non-agricoles produits localement, souligne le rapport.

La FAO met notamment l'accent sur le "cercle vicieux de la faim et de la pauvreté", affirmant que la faim n'est pas seulement une conséquence de la pauvreté mais également une de ses causes, car elle "nuit gravement à la santé et à la productivité des personnes et entrave les efforts qu'ils déploient pour échapper" à leur sort.


Message Publié : 01 Nov 2006, 00:43
par meichler
Aussi ça (Le Monde 31/10/2006) :

a écrit :


RAPPORT DE LA FAO

854 millions d'affamés dans un monde plus riche


" Les tendances les plus récentes sont préoccupantes "


Huit cent cinquante-quatre millions de personnes sont sous-alimentées dans le monde - elles disposent de moins de 1 900 calories par jour -, dont 820 millions dans les pays en voie de développement (contre 823 millions en 1990).

Le rapport annuel publié, lundi 30 octobre, par la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, ne traduit pas d'amélioration depuis dix ans. Les chefs d'Etat et de gouvernement de 180 pays s'étaient donné comme objectif, lors du Sommet de l'alimentation de novembre 1996, de diviser par deux le nombre d'affamés d'ici à 2015.

Certes, en raison de la croissance démographique, la proportion des personnes sous-alimentées dans les pays pauvres régresse de 20 % en 1990-1992 à 17 % en 2001-2003. Mais cette inflexion demeure faible. " Aucun progrès n'a été réellement accompli ", se désole Jacques Diouf, directeur général de la FAO, pour qui la baisse de 3 millions du nombre de personnes sous-alimentées " peut être assimilée à une erreur statistique ".

Selon l'Organisation, " les tendances les plus récentes sont vraiment préoccupantes " : elle relève une augmentation de 26 millions des personnes affamées entre 1995-1997 et 2001-2003, après une baisse de 100 millions dans les années 1980. La médiocrité de ces résultats cache d'importantes disparités régionales.

L'Asie et le Pacifique ont connu des progrès réels, hormis en Corée du Nord, au Bangladesh et au Pakistan. En Chine seule, le nombre des personnes mal nourries a reculé de 45 millions. L'Amérique latine connaît aussi des améliorations, sauf au Venezuela.

En revanche, la FAO souligne que le nombre des personnes sous-alimentées a augmenté au Proche-Orient, en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. Celle-ci a vu passer le nombre de ses mal nourris de 169 millions à 206 millions en dix ans, alors que les objectifs fixés en 1996 nécessiteraient de ramener ce chiffre à 85 millions en 2015. Les pays en danger sont aussi les pays qui ont connu des conflits armés : Burundi, Erythrée, Libéria, Sierra Leone ou République démocratique du Congo.

Si l'on projette les résultats de ces dernières années, seule l'Asie de l'Est parviendra à diminuer de plus de moitié le nombre de ses affamés, alors que celle du Sud-Est le réduira d'un tiers, tout comme l'Amérique latine.

Au Proche-Orient et en Afrique du Nord, la situation s'aggravera, car les personnes sous-alimentées seront 36 millions en 2015 contre 24 millions en 1990. C'est en Afrique subsaharienne que la situation est la pire. Or, elle devrait le rester. Le rapport de la FAO note que la concentration de la faim dans les zones rurales démontre qu'aucune amélioration significative n'est possible sans investissements forts dans le développement rural et agricole.

" L'augmentation de la productivité agricole peut accroître la production de denrées alimentaires, diminuer les prix des aliments sur les marchés locaux, augmenter les revenus agricoles et dynamiser l'économie locale en créant de la demande pour des biens et des services produits localement ", souligne l'Organisation, qui estime que l'aide au développement " ne cible pas les plus nécessiteux ".

Car la faim n'est pas seulement la conséquence de la pauvreté ; elle en est l'une des causes, tant il est vrai " qu'il est solidement établi que la faim nuit gravement à la santé et à la production des personnes et entrave les efforts que celles-ci déploient pour échapper à la pauvreté ".

Alain Faujas


Message Publié : 01 Nov 2006, 01:49
par meichler
À mettre en relation avec ça : (le Monde du 1er novembre 2006)


a écrit :
Une forte baisse des récoltes mondiales de blé entraîne une explosion des cours

Elles devraient s'élever à 585 millions de tonnes en 2006-2007 contre 618 millions en 2005-2006. La demande est évaluée à 607 millions de tonnes





Le prix du blé flambe, car cette céréale se fait moins abondante pour cause de sécheresse forte, générale et prolongée.

Le phénomène illustre les conséquences des bouleversements climatiques qui désespèrent à Sydney et à Odessa, mais qui enchantent à Rouen et à Chicago, car les stocks de blé de la planète sont tombés au plus bas et ses cours ont bondi de 60 % depuis le début de l'année.

Les experts les plus lucides savaient depuis 2005 que le déficit des précipitations sur les Amériques et les gelées précoces en Ukraine et en Russie annonçaient de maigres récoltes. Mais le printemps et l'été, trop humides quand il fallait de la chaleur en Europe, trop secs en Asie et en Océanie quand la plante réclamait de l'eau, ont été catastrophiques.

La moisson a été réduite de 1,3 million de tonnes dans l'Union européenne (- 900 000 tonnes pour la France), de 1,5 million en Chine, sans parler de l'Argentine ou de l'Inde, qui est en train d'acheter 6 millions de tonnes de blé pour la première fois depuis cinq ans. L'Australie a annoncé que sa récolte pourrait se réduire à 11 millions de tonnes, contre 25 l'an dernier.

Seuls les Etats-Unis (+ 0,7 million de tonnes), le Canada (+ 0,5 million) et le Kazakhstan (+ 0,5 million) ont fait mieux qu'en 2005. Cela n'a pas suffi pour inverser la tendance.

Le département américain de l'agriculture (USDA) évalue la récolte mondiale de blé 2006-2007 à 585 millions de tonnes, alors qu'en juillet on tablait sur 596 millions. Au cours de la campagne 2005-2006, 618 millions de tonnes avaient été engrangées.

En face, la demande mondiale estimée par le Conseil international des céréales devrait s'élever à 607 millions de tonnes, soit un déficit de 20 à 25 millions de tonnes. Les stocks devraient tomber en un an de 147 millions de tonnes à 119 millions, " les plus bas depuis vingt-cinq ans " selon l'USDA.

Sur le marché de Chicago, comme en Europe, les prix du blé ont progressé à vive allure, surtout depuis juillet. Proches de 100 euros la tonne début janvier, ils ont dépassé, le 25 octobre, les 160 euros à trois mois sur Euronext.

La situation n'est pas sans conséquences. Le gouvernement australien, pourtant libéral, s'est porté au secours de ses agriculteurs sinistrés en leur accordant, mi-octobre, 910 millions de dollars australiens de dédommagements (636 millions d'euros). Des rapports faisaient état d'une poussée des abandons de cultures et même de suicides chez les exploitants.

Les agriculteurs européens, eux, retrouvent le moral, profitant du manque de disponibilité de leurs principaux concurrents. Les cours actuels se situent à un niveau bien supérieur au prix d'intervention communautaire fixé par exemple à 101,1 euros la tonne au départ de Rouen. Avec des prix européens au niveau des prix mondiaux, les exportations se font même sans restitution.

Mais l'envolée des prix pose des problèmes d'approvisionnement des marchés intérieurs - les opérateurs sont tentés par les exportations - et de fourniture pour les fabricants d'alimentation animale ou les meuniers.

Pour calmer le jeu, l'Union européenne utilise ces dernières semaines ses stocks d'intervention, en réinjectant des tonnes sur le marché. Le moment est idéal pour se délester, à bon prix, des stocks importants des nouveaux Etats membres.

Après avoir vendu du blé polonais en début de mois, elle a annoncé une adjudication conséquente (1 million de tonnes), le 19 octobre, de blés allemand, hongrois, polonais, suédois et finlandais. A l'Office national interprofessionnel des grandes cultures, on constate depuis cette annonce un léger recul des cours.

Une autre façon de limiter la spéculation et d'éviter les pénuries sur les marchés intérieurs consiste à agir sur l'export. L'Ukraine a mis en place des quotas à l'exportation de céréales jusqu'à fin décembre 2006 pour un volume de 400 000 tonnes et prévoit un autre quota de janvier à juin 2007, de 1,8 million de tonnes.

L'Argentine et l'Australie pourraient mettre en place des mesures de sauvegarde. En Europe, la Commission, début octobre, a réduit la durée des certificats d'exportation pour éviter la spéculation.

Pour la Fédération française des coopératives agricoles de collecte d'approvisionnement et de transformation (FFCAT), la hausse du prix des céréales, provoquée par celle du blé, comporte des risques pour les éleveurs, qui verront monter le prix de l'alimentation animale.

A terme, les amateurs de viandes paieront l'addition : on peut le constater sur le marché de Chicago où les cours des viandes amorcent une hausse.

" Le blé va continuer à mener la danse, car 74 jours de consommation en stocks, c'est peu, estime Rodolphe Roche, analyste chargé des matières premières agricoles chez Schroders à Londres. Les Etats, notamment ceux des pays émergents, peuvent s'accommoder d'une forte hausse du prix du pétrole, pas de celle de la nourriture de base. "

Les gestionnaires de fonds vont continuer à miser sur des hausses des prix du blé, du maïs, des tourteaux de soja et des céréales de substitution comme l'orge. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) va devoir rallonger la liste des quarante pays " confrontés à des urgences alimentaires ".

Laetitia Clavreul et Alain Faujas