Les salauds m'ont eu , mais ils n'auront pas tout le monde. Ce sont les derniers mots d'Alexandre Litvinenko, avant qu'il ne perde conscience mardi soir.
La nuit dernière , son état s'était brusquement aggravé à cause d'une crise cardiaque. Il avait été placé toute la journée sous assistance respiratoire.
Les medecins ont tenté en vain d'identifier le mystérieux poison
Il est mort cette nuit, peu après 23H, sans reprendre conscience, dans l'hôpital londonien où il souffrait le martyr depuis huit jours. C'est une véritable course contre la montre qu'avaient engagé les médecins pour identifier le mystérieux poison qui avait transformé cet athlétique gaillard de 41 ans en zombie.
Son dernier ami à l'avoir vu conscient, un cinéaste russe réfugié aussi à Londres, raconte que lorsqu'il était allé le voir mardi, l'ancien colonel du KGB ressemblait à un survivant des camps de concentration nazi. Il avait fait trembler le kremlin et maintenant, raconte cet ami, il était tout juste capable de bouger.
L'espion qui ne veut pas mourir
Toutes les cinq minutes, il devait changer de position . Je veux survivre, rien que pour leur montrer mais , raconte encore son dernier visiteur, trop épuisé, il n'avait pas pu terminer sa phrase.
La fin brutale et mystérieuse de celui que la presse populaire britannique appelait l'espion qui ne veut pas mourir laisse sans réponse deux questions : comment a t il été empoisonné, et sur ordre de qui.
Après avoir annoncé que le malheureux avait été empoisonné avec du thallium , un poison sans odeur, sans goût , un composant de la mort aux rats ressemblant à du sel et mortel avec une dose d'un gramme seulement, les médecins étaient revenus sur leur diagnostic et n'avaient pas pu identifier le poison, ce qui les avait empêchés d'administrer des contre poisons qui auraient pu sauver le dissident anti Poutine.
Il pourrait avoir été victime d'un mélange de plusieurs substances toxiques.
Spéculations sur les commanditaires du meurtre
Pour les proches et amis du disparu, il n'y a pas de doute que l'ordre d'exécuter celui qui était un des critiques les plus virulents du président Poutine est venu du Kremlin. Une accusation qui a été jugée ridicule et sans fondement par Moscou.
Alexandre Litvinenko enquêtait sur la mort d'Anna Politkovskaya, une journaliste très critique du gouvernement Poutine, assassinée le mois dernier à Moscou et aurait reçu, juste avant sa mort , des informations sur ce meurtre.
Scotland Yard enquête et tente de reconstituer les derniers mouvements du disparu qui pourrait avoir été surveillé depuis plusieurs semaines par ceux qui allaient l'empoisonner.