Blair désavoué par son électorat

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Message par pelon » 09 Mai 2003, 20:38

CITATION
Grande-Bretagne : Blair désavoué par son propre électorat  


Les élections municipales partielles qui se sont déroulées le 1er mai en Grande-Bretagne ont été marquées une fois de plus par un recul spectaculaire du Parti Travailliste de Tony Blair. Mais cette fois, en plus de la politique antiouvrière du gouvernement travailliste, c'est sa participation à la guerre impérialiste de Bush en Irak que l'électorat a désavouée.

En effet les seuls courants politiques à gagner des voix sont ceux qui ont pris position contre cette guerre. Ainsi nombre des 161 candidats du regroupement d'extrême gauche Socialist Alliance, présents dans ces élections sur une plate-forme antiguerre, doublent ou triplent leurs scores antérieurs. Mais, sur l'ensemble des 12000 postes de conseillers municipaux à renouveler, le grand gagnant est le Parti libéral-démocrate, le plus petit des trois grands partis et le seul qui se soit élevé contre la guerre, tout au moins avant son déclenchement. C'est ainsi que pour la première fois dans leur histoire, les libéraux-démocrates sont à égalité avec les travaillistes, avec 30% des suffrages exprimés.

Si l'on compare cette élection avec le dernier scrutin équivalent, en 1999, on constate que les 6% gagnés par les libéraux-démocrates correspondent exactement aux 6% perdus par les travaillistes et que c'est dans les bastions travaillistes des villes ouvrières que ce transfert de voix est le plus marqué. A Birmingham, par exemple, deuxième agglomération du pays et grand centre métallurgique, les travaillistes cèdent cinq sièges aux libéraux-démocrates et perdent du même coup la majorité qu'ils détenaient au conseil municipal depuis vingt ans. Dans les anciens bastions miniers du nord de l'Angleterre, les résultats travaillistes tournent même à la déroute: à Chesterfield, ils doivent abandonner 16 sièges aux libéraux-démocrates, et 15 à Durham.

En revanche, le Parti Conservateur, dont la politique vis-à-vis de la guerre ne se distinguait en rien de celle de Blair, conserve le même score de 34% qu'il avait déjà fait en 1999. Et s'il en profite pour gagner 566 sièges de conseillers supplémentaires, alors que les libéraux-démocrates ne progressent que de 193 sièges, c'est uniquement grâce aux "vertus" du scrutin majoritaire à un tour et à la dégringolade des voix travaillistes.

Avant ces élections, les "stratèges" du Parti Travailliste prédisaient que la victoire rapide remportée par la coalition anglo-américaine en Irak suffirait à rallier à posteriori le soutien d'une grande partie des opposants à la guerre dans l'électorat travailliste. Certains avaient même prédit à Blair un "effet Malouines", c'est-à-dire une remontée des scores travaillistes, analogue à celle qu'avait obtenue le Parti Conservateur sous Thatcher, lors des élections législatives de 1983, au lendemain de la guerre des Malouines.

Eh bien, les élections du 1er mai ont prouvé que ces "stratèges", qui ont tendance à considérer l'électorat populaire comme des marionnettes qu'ils peuvent manipuler à volonté, se sont tout bonnement trompés.

En réalité, toute une partie des adhérents et sympathisants travaillistes qui font habituellement campagne sur le terrain en période électorale ont tout simplement "fait grève" cette fois-ci. Au point que, contrairement à la tradition, l'appareil travailliste n'a même pas réussi à trouver de candidats pour des centaines de sièges situés dans des bastions conservateurs. Quant aux électeurs travaillistes, de toute évidence bon nombre d'entre eux n'ont pas oublié l'arrogance et le mépris avec lequel Blair a traité l'indignation qu'ils avaient exprimée face aux menaces contre l'Irak. Et le 1er mai, parce qu'ils ne voyaient pas d'autre moyen de censurer Blair, ils ont voté pour un parti dont la politique ne vaut pas mieux que celle de Blair mais qui se permet un peu de démagogie parce qu'il est loin du pouvoir.

Blair, pour sa part, s'est bien gardé de commenter les résultats du scrutin du 1er mai. Il a laissé ce soin à ses ministres, qui ont eu tôt fait d'expliquer que les déboires de leur parti devaient être mis au compte du "vote musulman"! L'excuse est d'autant plus scandaleuse qu'elle vise à flatter les préjugés racistes et la bigoterie, en faisant porter le blâme sur les seuls électeurs d'origine immigrée et en cherchant à réduire l'opposition à la politique de Blair à des motifs religieux.

Comme s'il fallait nécessairement fréquenter une mosquée pour être révolté par le bombardement des populations en Irak! Il est vrai qu'après tous les mensonges dont il a abreuvé l'opinion publique britannique pour justifier sa sale guerre, Blair n'en est plus à un près.

F. R.



Lutte Ouvrière n°1814 du 9 mai 2003
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pelon
 
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Message par conformistepote » 10 Mai 2003, 13:59

CITATION Ecosse
Percée pour le SSP

Le 1er mai dernier, le SSP, parti écossais au sein duquel militent des camarades de la IVe Internationale, a obtenu six sièges au Parlement autonome.

Le 1er mai, plusieurs élections se sont tenues en Grande-Bretagne : municipales en Angleterre et en Ecosse, pour le Parlement autonome en Ecosse (1) et l'Assemblée du Pays de Galles. En Angleterre, le Parti travailliste (Labour) a enregistré des pertes au profit des deux partis d'opposition, libéraux-démocrates et conservateurs. Mais la catastrophe a été évitée. Blair continue à profiter de l'absence d'une opposition crédible et de la crise chronique du Parti conservateur. Le BNP, parti d'extrême droite, a marqué des points sans faire la percée qu'il espérait. La gauche radicale (Alliance socialiste et Parti socialiste), présente dans peu d'endroits, a eu quelques modestes succès (deux conseillers élus).
En Ecosse, les grands perdants ont été le Parti travailliste, au pouvoir à Edimbourg comme à Londres, et surtout le principal parti d'opposition, le Parti national écossais (SNP, indépendantiste). L'événement du scrutin a été la percée des forces à gauche du Labour, et notamment du Parti socialiste écossais (SSP), formation de la gauche anticapitaliste radicale.
Avec 7,5 % des suffrages, le SSP a obtenu six sièges (2) au Parlement autonome. Les Verts ont sept sièges. Il y a, en plus, quatre indépendants de gauche. Autre signe du rejet des partis traditionnels, seulement 48 % des électeurs se sont déplacés.
C'est la percée du SSP qui a été la plus remarquée. Un quotidien de Glasgow titrait : "Le SSP devient une force politique nationale". En réalité, sur le terrain social comme dans le mouvement antiguerre, très massif en Ecosse, le SSP était déjà une force nationale. Les élections n'ont fait que le confirmer.
Formé en 1998, le SSP avait obtenu aux élections de 1999 un seul député, Tommy Sheridan, élu à Glasgow. Aujourd'hui, avec 16 % des suffrages à Glasgow, le SSP décroche un deuxième siège et quatre autres têtes de listes sont élues. Dans les circonscriptions de Glasgow, le SSP fait entre 10 et 16 % (28 % dans la circonscription de Tommy Sheridan). Dans celles de la "ceinture ouvrière" du centre du pays, il obtient entre 7 % et 10 % des suffrages. Sur les six députés, il y a quatre femmes et deux hommes. Ce n'est pas un hasard : le parti s'était donné l'objectif de la parité pour ses élus en présentant comme têtes de liste dans les huit régions quatre hommes et quatre femmes.
Il y a 103 ans, les syndicats britanniques ont créé le Parti travailliste pour défendre les salariés. La plupart des syndicats restent affiliés au Labour. Mais aujourd'hui les liens avec ce parti sont de plus en plus remis en cause. De nombreux militants et responsables syndicaux se sont présentés sur les listes du SSP, y compris plusieurs pompiers, actuellement engagés dans un conflit dur avec le gouvernement de Blair. Deux dirigeants syndicaux de gauche sont venus de Londres pour faire des meetings pour le SSP (comme l'a également fait le réalisateur Ken Loach). L'un d'eux, Bob Crow, secrétaire général du Syndicat des cheminots (RMT), a déclaré à propos du Labour : "Pourquoi continuer à soutenir un parti qui agresse les salariés ? En ce qui concerne le RMT, le SSP est maintenant le meilleur parti." Le 1er mai, 128 000 électeurs écossais étaient d'accord avec lui. Fort de ce succès électoral, le SSP entend devenir non seulement "le meilleur parti" , mais un parti anticapitaliste de masse capable de prendre la place du travaillisme failli.

Murray Smith.

1. Créé en 1999, le Parlement écossais dispose d'une large autonomie sur des questions comme l'éducation, la santé, le logement ou l'environnement. Pourtant, Londres détient le contrôle des leviers économiques et fiscaux décisifs.
2. Sur 129 députés, 73 sont élus au scrutin uninominal majoritaire à un seul tour, très défavorable aux petits partis, et 56 à la proportionnelle par listes régionales.

Rouge 2016 08/05/2003
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conformistepote
 
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