La Libye, l'autre pays du mirage

Dans le monde...

Message par abounouwas » 17 Fév 2011, 14:20

l'actualité permet de ressortir ce vieux fil,

a écrit :En Libye, l'opposition se heurte à un régime fort de sa rente pétrolière
LEMONDE.FR | 17.02.11 | 11h12  •  Mis à jour le 17.02.11 | 13h52

Dans un pays où toute liberté d'expression est étouffée, des opposants ont lancé un appel à manifester lors d'une "journée de la colère", jeudi 17 février, contre le régime du colonel Kadhafi. Au moins quatre manifestants ont été tués la veille lors d'affrontements avec les forces de sécurité dans la ville d'Al-Baïda, à 1 200 km à l'est de Tripoli.

Selon le journal libyen Quryna qui cite des "sources de sécurité bien informées", le ministère de l'intérieur a limogé le colonel Hassan Kardhaoui, directeur de la sécurité d'Al-Jabal Al-Akhdar, chef-lieu de la région d'Al-Baïda, suite à "la mort de deux jeunes" mercredi soir (un précédent bilan de l'opposition faisait état d'au moins quatre morts).

Selon Quryna, la police municipale a fermé des locaux de commerce dans la ville d'Al-Baïda, ce qui a provoqué des incidents entre les propriétaires de ces locaux et la police, avant que la situation ne dégénère.

    * Un appel à manifester lancé sur Internet

A l'instar des révoltes tunisienne ou égyptienne, c'est sur les réseaux sociaux que les opposants au régime de Mouammar Kadhafi tentent de mobiliser, notamment via Twitter, dont les mots-clés #17Feb et #Benghazi servent à relayer les informations sur les manifestations prévues.

Les autorités libyennes ne s'y sont pas trompées en ciblant les activistes présents sur la Toile : selon le Réseau arabe d'information sur les droits de l'homme (ANHRI), plusieurs opposants auraient été arrêtés ces derniers jours, sur la base de commentaires publiés sur Internet. Mouammar Kadhafi aurait par ailleurs mis en garde contre l'utilisation de Facebook, qui selon lui, participe d'un "complot impérialiste".

Faisant fi de ces conseils, les Libyens sont présents en nombre sur Facebook. A l'image des Tunisiens et des Egyptiens, ils exploitent également les possibilités de la vidéo. Intitulé Enough ("Assez"), un rap diffusé sur YouTube relaie les appels à manifester jeudi :

    * Un régime sclérosé, à bout de souffle

Après la chute de ses anciens homologues Zine El-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak, Mouammar Kadhafi, 68 ans, dont quarante et un au pouvoir, est désormais le plus ancien dirigeant arabe en poste. "En Libye, le régime se cache derrière une façade de démocratie directe, mais on y observe toutes les composantes caractéristiques d'un régime dictatorial, observe François Burgat, chercheur au CNRS, auteur de La Libye (PUF, 2003) : une répression allant jusqu'à la torture, l'absence de liberté d'expression, un dirigeant au pouvoir depuis plus de trente ans, une tentation dynastique, l'appropriation clanique de la rente pétrolière."

Pour le chercheur, tous les ingrédients de la colère sont réunis. La situation économique est nettement moins tendue qu'en Tunisie ou en Egypte, "mais la redistribution n'est pas satisfaisante", poursuit François Burgat. "L'absence de confiance dans le régime a tué toute dynamique d'investissement. La Libye est une économie assistée, dont les recettes proviennent à plus 90 % des hydrocarbures. Il y a une frustration économique des entrepreneurs et un stress social des plus mal lotis."

    * Les manifestants peuvent-ils faire durer le conflit ?

Le régime libyen dispose de plusieurs forces qui pouvent lui permettre de faire taire les contestataires. Le premier de ces atouts est "la faiblesse numérique de la population libyenne", explique François Burgat. "La Libye est un immense territoire presque vide, de 6 ou 7 millions d'habitants. De ce fait, les protestations populaires n'ont pas la réserve stratégique démographique qu'elles ont eue en Egypte, et, dans une moindre mesure, en Tunisie."

La seconde variable est la puissance de frappe financière du régime, à même de lui fournir des ressources pour "s'acheter" un consensus social. Le gouvernement libyen a déjà adopté une série de mesures visant notamment à réduire les prix des produits de première nécessité.

Le régime de Tripoli a par ailleurs accepté, mercredi, de libérer cent dix militants incarcérés du Groupe islamique libyen de combat, une organisation interdite par les autorités, une promesse faite il y a plusieurs mois, mais jamais tenue jusque-là.

    * Des difficultés de structurer une opposition

Une des difficultés majeures rencontrées par les opposants à Mouammar Kadhafi est de se structurer, le régime ne leur ayant jamais permis d'obtenir une quelconque visibilité, et ses ressources financières lui ayant par ailleurs fréquemment permis de "s'acheter" des ralliements politiques. "Presque tous les cinq ans, Kadhafi renouvelle ses allégeances politiques et rajeunit sa garde rapprochée en 'achetant' des jeunes cadres, note François Burgat. La transaction n'est pas idéologique, car le régime libyen est 'nu' sur le plan idéologique. Plus personne n'accorde de crédit au Livre vert. Les ressources nationalistes du 'leader' sont épuisées, seules lui restent vraiment ses ressources... pétrolières."

    * Le précédent de Benghazi

La "journée de la colère" de jeudi a été précédée, dans la nuit de mardi à mercredi, d'une manifestation de plusieurs centaines de personnes à Benghazi, ville côtière de l'est libyen. Cette manifestation a été marquée par une violente dispersion par les forces de l'ordre, faisant trente-huit blessés, selon le directeur de l'hôpital Al-Jala, à Benghazi.

Les protestataires réclamaient la libération de Fethi Tarbel, avocat des familles de prisonniers tués en 1996 dans une fusillade dans la prison d'Abou Salim, à Tripoli, interpellé pour des raisons inconnues, puis libéré quelques heures plus tard. La fusillade d'Abou Salim reste l'un des plus sanglants épisodes de l'histoire du régime de M. Kadhafi. Selon Human Rights Watch, au moins douze cents prisonniers avaient alors été tués par les forces de l'ordre, dans des circonstances confuses. Des indemnités ont été versées aux familles des victimes, mais celles-ci ne cessent de réclamer que lumière et justice soient faites sur ce massacre.

    * La fronde de Benghazi peut-elle s'étendre au reste du pays ?

Si la manifestation de mardi soir trouve son origine dans l'exigence de justice au sujet de la fusillade d'Abou Salim, les protestataires de Benghazi ont étendu leurs demandes à des revendications politiques et économiques. Les manifestants ont crié des slogans hostiles au colonel Kadhafi et au premier ministre, Baghadadi Al-Mahmoudi.

La ville de Benghazi, située à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli, occupe une place particulière dans l'histoire libyenne. Nombre des opposants à Kadhafi en sont originaires et la ville a été écartée des principaux projets de développement économique, renforçant son particularisme. Un des enjeux de la manifestation de jeudi sera de savoir si le mouvement de colère parti de Benghazi s'étendra au reste du pays, et notamment à la capitale, Tripoli.

La journée de mercredi a par ailleurs été marquée par l'organisation de contre-manifestations en faveur du régime, exhibant des portraits de Mouammar Kadhafi.

La journée de mercredi a par ailleurs été marquée par l'organisation de contre-manifestations en faveur du régime, exhibant des portraits de Mouammar Kadhafi.AFP/MAHMUD TURKIA

    * Les craintes de répression

Les organisations de défense des droits de l'homme ont mis en garde les manifestants contre le risque d'une féroce répression de la part des forces de sécurité dans un pays peu habitué à l'expression du mécontentement populaire.

Jeudi matin, des ONG faisaient déjà état de quatre personnes tuées la veille à Al-Baïda, dans des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants. Selon Libya Watch, une organisation basée à Londres, les forces de la sécurité intérieure et des milices des comités révolutionnaires ont dispersé une manifestation "en usant de balles réelles". Le site d'opposition Libya Al-Youm faisait lui aussi état d'au moins quatre manifestants tués par balles réelles. Une autre organisation libyenne, Human Right Solidarity, basée à Genève, avance quant à elle, sur la base de témoignages recueillis à Al-Baïda, que des tireurs embusqués sur des toits ont tué treize manifestants et blessé des dizaines d'autres. Ces bilans ne pouvaient être confirmés dans l'immédiat.

    * Quel rôle jouera l'armée ?

Il est impossible de le prévoir, mais ce sera sans nul doute une des clés du conflit. "Comme en Egypte ou en Tunisie, le succès ou non des manifestations reposera en dernière instance sur l'attitude des cadres de l'armée libyenne, dont les blindés ont vu à plusieurs reprises dans le passé leurs chenilles démontées pour prévenir tout mouvement inopiné", note François Burgat.

Par ailleurs, une des spécificités libyennes est que "Kadhafi a toujours su mêler et instrumentaliser trois réseaux de solidarité : son cercle familial et clanique, l'armée, et enfin, les institutions dites 'populaires' ou 'révolutionnaires' qu'il a créées", analyse le chercheur. En mettant en concurrence ces trois réseaux, le dirigeant libyen a pu asseoir son autorité sur le pays.
Le Monde.fr
abounouwas
 
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Message par yannalan » 17 Fév 2011, 14:49

D'après certains journaux , Kadhafi comptait manifester aux cotés de son peuple...On aura tout vu
yannalan
 
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Message par Indesit » 17 Fév 2011, 18:37

(abounouwas @ dimanche 28 janvier 2007 à 18:25 a écrit :
a écrit :Les salaires ne seront pas augmentés en Libye

LIBYE - 20 janvier 2007 - par PANAPRESS

Le secrétaire du comité populaire général libyen [gouvernement], Dr Baghdadi Mahmoudi [Premier Ministre libyen reconduit dans ses fonctions le 23 janvier dernier], a exclu toute augmentation de salaires dans la fonction publique libyenne, tant que le problème du surplus des travailleurs dans l’administration, n’aurait pas été résolu.
S’exprimant samedi à Syrte (centre de Libye)  [fief de la tribu de Qaddafi], devant la Commission du budget du Congrès général du peuple libyen (CGP- la plus haute instance législative du pays), Dr Baghdadi Mahmoudi a indiqué que l’administration libyenne compte plus d’un million d’empolyés dont 350.000 environ représentant une charge supplémentaire.
Il a proposé, pour parer à cette situation de surplus de travailleurs, un certains nombre de mesures, dont l’arrêt, pour les prochaines années, de tout recrutement dans l’administration publique.
Le secrétaire du comité populaire général libyen [PM] a également proposé la réduction de l’effectif des travailleurs dans l’appareil de l’Etat, en aidant les autres à se prendre en charge à travers des prêts de reconversion vers le secteur privé productif à leur propre compte.
Parlant du budget de 2007, Dr Bagdhadi a affirmé que pour la première fois y ont été inscrits, les revenus et les dépenses de l’Etat avec une hausse de 5 pour cent destinée à l’amélioration du niveau de vie des populations et à une plus grande rationalisation dans les impôts, afin de permettre une plus grande compétitivité des produits et entreprises libyens face à la concurrence extérieure.
Il a également précisé que le budget de 2007 se caractérise par des efforts considérables consentis au profit du secteur privé, en vue de promouvoir sa participation dans le processus de développement du pays.


a écrit :
LIBYE - 22 janvier 2007 - PANAPRESS
Le guide libyen Mouammar Kadhafi a affirmé l'importance des fonds épargnés sur les revenus pétroliers, dans la préservation des deniers publics, notant que 13 milliards de dinars libyens (10,4 milliards de dollars US) ont été épargnés en 2006, pour atteindre un total de 65 millards de dinars libyens, à ce jour.


Dans un discours dimanche soir à Syrte (centre de la Libye), le dirigeant libyen a indiqué qu'avant de créer le mécanisme de l'épargne des fonds publics, les revenus annuels du pétrole étaient consacrés aux dépenses publiques, et que les réserves de la Banque centrale de Libye étaient maigres, même au moment où le prix du baril de pétrole était fixé à 40 dollars.


Le guide Kadhafi a précisé qu'une enveloppe de 30 mille dinars sera consacrée à chacune des familles libyennes classées comme étant pauvres, et que l'argent sera placé dans un fonds baptisé "Fonds de développement économique et social", chargé d'acheter, au nom de ces familles, des actions dans les banques et sociétés opérant en Libye et dont les bénéfices annuels leur profiteront.


Le guide libyen a toutefois insisté sur l'importance de dépenser les fonds épargnés conformément à une gestion saine et rationnelle, dans la réalisation du développement et pour sortir de l'état d'arriération.


"Nous sommes des peuples arriérés et notre ambition est celui de vivre sur terre", a-t-il dit.


Le leader Kadhafi a, d'un autre côté, appelé à la nécessité de soutenir et d'encourager les industries libyennes et d'exempter les propriétaires des usines, manufactures et domaines agricoles productifs de certaines taxes et autres impôts.


Il a également plaidé pour la nécessité de lutter contre la corruption, le favoritisme et le népotisme, soutenant que ces pratiques affectent l'image de marque de la Libye et handicapent les programmes de développement et d'investissement du pays.


tiré du site Jeune Afrique, Qaddafi défend l'austérité

et les caisses débordent...

a écrit :
LIBYE - 15 janvier 2007 - PANAPRESS
La Banque centrale de Libye (BCL) et les autres banques commerciales du pays ont encaissé des revenus en devise de l'ordre de 32,1 milliards de dollars américains entre le premier janvier et le 31 octobre 2006 contre 23,7 milliards de dollars durant la même période en 2005, a appris la PANA lundi de source proche de l'institut monétaire libyen.

Selon la même source, les revenus pétroliers ont représenté 90,6% du total des entrées en devises, soit 29,1 milliards de dollars US et des projections évaluent à plus de 34 milliards de dollars le total des revenus pétroliers en devises à la fin de l'année 2006.


La part des revenus non pétroliers, qui se composent essentiellement des intérêts des épargnes auprès des banques extérieures et des transferts d'argent de l'extérieur, est de 3 milliards de dollars US, soit 9,4% du total des entrées au cours de la période précitée.


23,7 milliards de dinars libyens ont été épargnés entre le janvier 2006 et novembre 2006, soit l'équivalent de 18 milliards de dollars US des revenus pétroliers.


Ainsi, le montant total épargné a atteint 68,4 milliards de dinars libyens (soit 52 milliards de dollars US) dont 31,5 milliards de dinars (soit 24 milliards de dollars US) ont été dépensés à la date du 30 novembre 2006.


Ces réserves épargnées seront exploitées à travers les banques et les circuits d'investissement, a indiqué la BCL qui oeuvre à travers sa politique monétaire à consolider la confiance dans les banques et à donner l'opportunité aux différentes institutions bancaires de faire la concurrence entre elles en vue d'offrir les meilleurs et les plus rapides prestations à leurs clients.


C'est ainsi que des technologies modernes ont été introduites dans les prestations bancaires du pays à travers l'exécution des étapes du projet du système national de paiement, notamment les arrangements financiers, les chèques et les cartes de crédit en tant que moyen de paiement pour les besoins du commerce et de transfert de fonds. La BCL envisage aussi dans le cadre de ce projet de se connecter avec toutes les banques du pays et leur filiales.


Jeune Afrique, les caisses de l'Etat libyen sont pleines

Bonjour,

un article du Courrier des Balkans intitulé "La Turquie peut-elle servir de modèle démocratique au mone arabe ?", d'un intérêt subsidiaire mais pas nul.

http://balkans.courriers.info/article16855.html

à +,
Indesit
 
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Message par abounouwas » 17 Fév 2011, 20:05

a écrit :"Le mouvement de protestation en Libye ne va pas s'arrêter là"
LEMONDE.FR | 17.02.11 | 19h35

Des manifestants pro-Kadhafi exhibent le portrait du dirigeant libyen lors d'une contre-manifestation organisée à Tripoli, jeudi 17 février.

Des manifestants pro-Kadhafi exhibent le portrait du dirigeant libyen lors d'une contre-manifestation organisée à Tripoli, jeudi 17 février.AFP/MAHMUD TURKIA

Maître d'enseignement et de recherche à l'université de Lausanne, Moncef Djaziri évoque les options politiques dont dispose Mouammar Kadhafi face à l'onde de révolte qui touche la Libye depuis quelques jours.

Qui est à l'origine des appels à cette "journée de colère" en Libye ?

Moncef Djaziri : Le mouvement a été lancé par des habitants de Benghazi, en partie liés à l'opposition libyenne et en partie liés aux islamistes. Mais cette contestation contient aussi une forte composante spontanée.

Les manifestants ont très certainement été inspirés et motivés par les événements en Tunisie et en Egypte. Ils ont vu des révoltes aboutir dans ces deux pays et se disent que ça peut marcher en Libye aussi, ce que les sociologues appellent "'l'effet de démonstration". Mais la configuration libyenne est très différente des situations tunisienne et égyptienne, donc l'issue du mouvement peut, elle aussi, différer. [Lire notre synthèse sur les spécificités de la révolte libyenne.]

A quoi ressemble l'opposition libyenne ?

C'est une opposition qui n'est pas visible, mais elle existe à l'intérieur et à l'extérieur du pays, clandestinement et sur les sites Web. C'est une opposition plurielle, constituée de différentes forces, qui sont loin d'être unanimes : les nationalistes libyens, qui veulent restaurer l'Etat libyen tel qu'il était avant le coup d'Etat de 1969 ; les royalistes qui se revendiquent de la monarchie Sanoussi renversée la même année ; les islamistes, actuellement dans une situation paradoxale, notamment après la libération mercredi de 110 prisonniers islamistes ; et enfin, un courant plus libéral, qui souhaite aller dans le sens d'une révolution démocratique.

Quelle place occupent les Frères musulmans en Libye ?

Les Frères musulmans ont une existence quasi effective en Libye et y sont de plus en plus implantés. Depuis quelques années, Mouammar Kadhafi et son fils, Saif Al-Islam, se sont rapprochés de la confrérie, et depuis la libération, mercredi, de 110 prisonniers islamistes, ils n'ont plus de militants en prison. Ils ont condamné les violences commises à Al-Baïda, mais n'ont pas attaqué le régime. Ils sont dans une position ambiguë : ils soutiennent le mouvement de contestation, mais ne s'inscrivent pas en rupture.

Le mouvement de protestation peut-il se développer dans tout le pays ?

C'est la grande question. Pour l'instant, le mouvement se développe surtout à Benghazi [dans le nord-est] et autour, dans une région qui est un bastion historique de l'opposition. Peut-il s'étendre vers Tripoli ? Cela paraît difficile. Benghazi et Tripoli sont en rivalité, et la capitale a davantage su tirer parti des changements économiques et sociaux depuis 1969. Les habitants de Tripoli ont donc davantage à perdre à se lancer dans la contestation. Mais les jeunes de Tripoli aspirent à un changement. Ce qui est sûr, c'est que le mouvement ne va pas s'arrêter là.

De quelles "cartouches" dispose le régime face aux revendications des manifestants ?

La spécificité libyenne, par rapport à l'Egypte et à la Tunisie, c'est qu'un processus de réflexion vers plus de démocratie y est déjà engagé depuis plusieurs mois, à l'initiative de Saif Al-Islam. Depuis l'affaire Lockerbie [en août 2003, Tripoli reconnaissait officiellement son rôle dans l'attentat en 1988 contre un Boeing 747 de la PanAm, mettant fin à des années de mise au ban diplomatique], le fils de Mouammar Kadhafi est davantage sur le devant de la scène. Saif Al-Islam incarne un visage plus moderne de la société libyenne ; il est populaire auprès des jeunes et il a les faveurs de plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis, le Royaume Uni et l'Allemagne.


Il est l'initiateur d'un chantier de révision constitutionnelle, auquel est associée en partie l'opposition, qui s'inscrit dans une logique de présidentialisation du régime. Cet engagement de Saif Al-Islam en faveur de plus de démocratie est à la fois sincère et intéressé. Il sait que les institutions de son père ne sont pas durables et il souhaite priver de pouvoir les comités révolutionnaires, mais il propose de sortir de façon douce du régime de son père, en ménageant les intérêts de sa famille. A la faveur de la crise actuelle, Saif Al-Islam pourra plus facilement écarter les comités révolutionnaires.

Saif Al-Islam a-t-il le soutien de son père dans ce projet ?

Mouammar Kadhafi n'est pas directement impliqué dans ce chantier, mais il l'a laissé faire ; il l'envisage donc comme une solution possible. Kadhafi a toujours eu plusieurs fers au feu : c'est un grand pragmatique, il se garde la possibilité d'opter pour la solution la plus positive pour lui. Le secrétariat général du Congrès général du peuple (CGP, instance législative suprême) a d'ailleurs convoqué une assemblée extraordinaire, lundi 21 février, pour annoncer des réformes administratives et institutionnelles [voir l'article, en arabe, du quotidien Quryna].

Kadhafi a en tout cas devant lui la possibilité de jouer de ce projet de réforme constitutionnelle. Cela diffère de la situation tunisienne, où le régime de Ben Ali semblait complètement bloqué et où rien ne se dessinait.
Propos recueillis par Mathilde Gérard
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 18 Fév 2011, 21:18

Quand on lit dans plusieurs journaux français qu'en Libye ça bougera moins parce qu'il y a la rente pétrolière et patati et patata, ça me rappelle les inepties sur le pacte tunisien (prospérité contre démocratie). On n'a pas fini d'en parler et les médias bourgeois risquent d'en être pour leurs certitudes...
abounouwas
 
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Message par MajnûnLayla » 19 Fév 2011, 10:36

Je me demande dans quelle mesure Kadhafi ne joue pas de la carte "tribale"?

Il est quand même curieux qu'à Benghazi des flics soient pendus, et qu'à Tripoli il ne se passe rien.

La Lybie c'est quand même quelques villes séparées par de grands espaces désertiques.

Va-t-on assister à une insurrection "régionale"?
MajnûnLayla
 
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Message par yannalan » 19 Fév 2011, 12:13

Benghazi a toujours été plus agité, traditionnellement. Il est possible aussi que Tripoli soit plus favorisé ou plus fliqué.
yannalan
 
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Message par abounouwas » 20 Fév 2011, 15:57

a écrit :Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
"En Libye se déroule un massacre à huis clos"
By Sid Ahmed Hammouche et Thierry Jacolet
Created 02/19/2011 - 15:36


Malika (prénom d'emprunt) risque gros, très gros, en répondant à ces questions par téléphone depuis Tripoli. « En vous parlant, je regarde à travers la fenêtre et je demande si quelqu'un ne va pas venir frapper à ma porte », confie cette jeune commerçante. Elle a malgré tout accepté de témoigner de la situation en Libye, où la colère de la rue enfle toujours plus depuis le milieu de la semaine.

84 morts en Libye

Selon un décompte fait par l'ONG Human Rights Watch ce samedi, les forces de sécurité libyennes ont fait au moins 84 morts depuis mardi, début des manifestations.

« Les médias n'en parlent pas, mais il faut dire que les mouvements de protestation existent. Il faut raconter notre calvaire. Parce qu'en Libye se déroule un massacre à huis clos », insiste-t-elle.

La Liberté : Que se passe-t-il à Tripoli ?

Malika : Tout est bouclé. L'armée et les forces de sécurité sont partout. On n'arrive pas à sortir dans la rue et les moindres faits et gestes sont contrôlés. Les gens doivent montrer leur carte d'identité et expliquer chaque déplacement. Green Square, la plus grande place de la ville, est interdite à la circulation. Elle est entourée par les forces de l'ordre.

Ce qui n'empêche pas la population de manifester…

On ne sait pas combien il y a de manifestants mais ils sont bien là. Dans les quartiers et les banlieues de Tripoli, il y a des mouvements de jeunes qui réclament la chute du pouvoir et le départ de Kadhafi.

Y a-t-il des affrontements ?

Oui, en ce moment, en plein cœur de Tripoli, il y a des heurts entre de très jeunes gens et les forces des Comités populaires [les piliers du régime, ndlr]. Mais je n'ai pas encore entendu de tir.

On a vu jeudi des hélicoptères qui ne cessaient de tournoyer dans le ciel en produisant un bourdonnement harassant. Il y a aussi beaucoup de petits bandits qui attaquent les jeunes. Mais les gens sortent dehors et risquent leur vie malgré l'interdiction de manifester.

J'ai vu les Comités populaires qui approchaient les jeunes pour leur dire qu'ils leur donneraient de l'argent s'ils rentraient chez eux. Ces jeunes ont répondu qu'on ne pourrait pas leur acheter leur liberté et leur révolte.

Le régime paie aussi des gens pour contrer les manifestants.

Il a ramené des Touareg du Sud qui parlent français. Ils sont armés de bâtons et de machettes et attaquent les manifestants pour les disperser. Je suis rentrée de la ville de Zantan, où la localité est aux mains de la population. Il y a beaucoup de morts, plus de 60 victimes.

Benghazi enregistre plus de 100 morts. Des Libyens tués par balles.

A Tripoli, le régime a raflé plus de 20 000 personnes. En même temps, la télévision libyenne montre la propagande du défilé du colonel et sa garde rapprochée.

Les Libyens semblent déterminés à en finir avec Kadhafi.

Vraiment, il faut nous comprendre : il nous prive de l'enseignement, de nos libertés, de la santé. Un exemple : si on tombe malade, il n'y a pas de soins. Pour se faire soigner, il faut aller en Tunisie, en Jordanie ou ailleurs.

J'ai un commerce et même cette activité est difficile. Tous les gens des Comités populaires nous rackettent. Le régime a créé un système mafieux qui permet de nous reprendre ce que l'on gagne en quelques semaines ou en quelques mois.

On en a marre de Kadhafi. Il faut son départ. On veut respirer car on étouffe dans ce pays. Aujourd'hui, on se bat avec des moyens dérisoires, juste avec notre corps, notre cœur, pour sortir dans la rue et avoir le courage de dire : « On veut la liberté, on ne veut plus de ce régime. »

Mais vous utilisez aussi Facebook ou YouTube pour crier votre colère…

Internet est notre unique arme, mais ce n'est pas suffisant. On veut que les médias viennent pour montrer ce qui se passe. Car il n'y a personne ici. Où est la presse internationale ? Pourquoi ne venez-vous pas dans ce pays pour témoigner ?

Où est l'Europe, l'Amérique ? Pourquoi vous n'essayez pas de rentrer pour casser cet embargo sur l'information ? Où sont les agences de presse ? Où sont les ONG ?

On est sorti pacifiquement pour demander notre liberté et les forces de l'ordre nous chargent, tirent à balles réelles sur nous. Ils nous terrorisent.

Le monde s'est solidarisé avec les Egyptiens et les Tunisiens. Et pourquoi pas pour les Libyens ? On veut que l'Amérique dise qu'il ne faut pas toucher à ce peuple qui demande la liberté. On est peut-être le peuple au monde qui en a le plus besoin.

Le peuple égyptien a pu s'appuyer sur l'armée en Egypte. Les Libyens peuvent-ils espérer qu'une partie de l'armée se retourne et soutienne la population ?

Le point faible du régime de Kadhafi, c'est qu'entre les forces spéciales de Kadhafi et les unités de l'armée qui sont issues du peuple, il y a de grandes failles. On espère que les militaires, qui sont les enfants du pays, vont écouter l'appel à l'aide du peuple. On va réussir. Je l'espère.


URL source: http://www.rue89.com/node/191320

Links:
[1] http://www.laliberte.ch/
[2] http://www.rue89.com/neo-arabia/2011/02/16...lutionne-190825
[3] http://www.rue89.com/2011/02/17/et-si-la-t...t-fausse-190984
[4] http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/m...e-securite.html
[5] http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011...82742_3212.html


C'est très chaud en Libye ces heures-ci comme témoigne cette habitante de Tripoli.
black-out total et répression enclenchée.
à mort les bouchers de ce régime honni !
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 20 Fév 2011, 16:05

les flics et les milices de Qaddafi tirent à balles réelles.
des militaires qui refusaient d'abattre les manifestants ont été exécutés.
ce régime infect aura la punition qu'il mérite, à la hauteur de son abjection.
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 20 Fév 2011, 16:27

http://www.youtube.com/watch?v=q9Bw45P2zGs&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=JDfVWc7Gbkk&NR=1
des mercenaires sont amenés par cette pourriture de Qaddafi via Tripoli pour tuer les opposants
entre autres (aljazeera anglais)
abounouwas
 
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