La guerre contre l'Iran ?

Dans le monde...

Message par Wapi » 05 Nov 2011, 18:29

Sur l'intéressant blog de georges malbrunot

a écrit :La France ne croit pas à des frappes préventives contre l'Iran

Par Georges Malbrunot le 5 novembre 2011 10h00 | 6 Commentaires

« Nous ne croyons pas aux déclarations américaines et israéliennes sur des frappes militaires préventives contre l’Iran », nous a confié une source militaire de haut-rang au ministère de la Défense.

« Nous n’avons pas été informés de préparatifs qui auraient pu se tenir ici ou là, et de notre côté, nous n’avons pas commencé de planification », affirme ce responsable, qui voit dans ces déclarations « la volonté américaine et israélienne de remettre la pression » sur Téhéran, avant la publication du prochain rapport de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) sur le nucléaire iranien, et dans la foulée des accusations américaines contre un « complot iranien » contre l’ambassadeur saoudien à Washington.

Sur cette dernière affaire, notre source affiche également le plus grand scepticisme : « Cela nous apparait comme un coup monté. L’affaire nous a paru trop cousue de fil blanc. Les Américains ont tout de suite livré des preuves, comme s’ils avaient très bien préparé leur coup », ajoute notre interlocuteur.

La semaine prochaine, l’AIEA devrait publier un rapport, qui pour la première fois, prouverait la militarisation du programme nucléaire iranien. C’est en tout cas ce qu’espèrent Washington, Tel Aviv, Londres et Paris, ouvrant ainsi la voie à des sanctions accrues contre l’Iran.

« Régulièrement depuis cinq ou six ans, le ton monte côté occidental et l’intox avec », affirme l’expert militaire. « Mais une attaque occidentale contre l’Iran ne me parait guère d’actualité. En tout cas, je ne vois pas la France s’y associer. S’il y a une chose qui est redoutée par le pouvoir politique actuellement c’est la perte de soldats français sur des théâtres d’opérations extérieures, ce fut une obsession en Libye - Dieu merci, il n’y en eut aucune - et ca l’est encore ailleurs aujourd'hui. Donc, ce n’est pas le moment à six mois d’une présidentielle de prendre des risques à ce niveau-là ».

En clôture vendredi du sommet du G-20 à Cannes, Nicolas Sarkozy a certes été moins explicite mais son refus d’envisager des frappes préventives contre l’Iran était clair. Il existe encore « un chemin » entre ce scénario et les sanctions restées jusque-là largement vaines, a affirmé le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse.

"Des frappes préventives, vous allez vite. Ca ne se passe pas comme ça. Il y a le dialogue, quand le dialogue n'aboutit pas il y a les sanctions, et si les sanctions ne suffisent pas il y a encore des sanctions, la communauté internationale ne peut pas régler tout par les armes", a déclaré Nicolas Sarkozy. "Ce sont des idées très graves, ce ne sont pas des choses dont on parle comme ça entre chefs d'Etat +ah, si on faisait une frappe préventive+", a poursuivi le président de la République.
Wapi
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2005, 16:30

Message par Wapi » 06 Nov 2011, 11:22

Sarkozy pas au courant mais mais Shimon Peres qui la juge "inévitable" ... des fuites dans la presse qui provoquent la colère de Netanyahou. Tout ceci pue très fort même si la crise financière préoccupe davantage les medias ces jours-ci :

a écrit :Pour Shimon Péres, une attaque contre l'Iran est de plus en plus vraisemblable

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 06.11.11 | 09h29   •  Mis à jour le 06.11.11 | 11h10

Le président israélien Shimon Peres a indiqué, samedi, qu'une attaque était "de plus en plus vraisemblable" contre l'Iran. "Les services de renseignements des divers pays qui surveillent [l'Iran] s'inquiètent et pressent leurs dirigeants d'avertir que l'Iran est prêt à obtenir l'arme atomique", a affirmé M. Peres à la seconde chaîne privée de la télévision israélienne. "Il faut se tourner vers ces pays pour qu'ils remplissent leurs engagements (...) Ce qui doit être fait, et il y a une longue liste d'options", a-t-il encore dit. M. Peres a tenu ces propos alors que l'AIEA doit publier le 8 novembre un rapport sur le programme nucléaire de l'Iran, que les experts israéliens jugent "alarmant".

DÉSTABILISATION DE LA RÉGION, SELON ALAIN JUPPÉ

Une telle intervention serait "totalement déstabilisatrice" pour la région, a estimé dimanche le ministre des affaires étrangères français, qui juge nécessaire de durcir les sanctions. "On peut encore les durcir pour faire pression sur l'Iran et nous allons continuer dans cette voie", a déclaré Alain Juppé sur Europe 1 et iTélé. "Une intervention militaire pourrait créer une situation totalement déstabilisatrice dans la région, il faut tout faire pour éviter l'irréparable", a-t-il souligné. "Je souhaite que nous n'en arrivions pas là", a ajouté le chef de la diplomatie française.

Selon le quotidien israélien Haaretz, le rapport de l'AIEA aura "une influence décisive" sur le gouvernement israélien. Selon Haaretz, la majorité des 15 membres du cabinet israélien de sécurité est pour l'heure opposée à une attaque contre l'Iran. Seule cette instance peut arrêter une décision aussi grave.

ACCORD AMÉRICAIN NÉCESSAIRE

Nombre de responsables israéliens soulignent qu'Israël n'est pas en mesure de lancer une telle opération sans la coordonner préalablement avec les Etats-Unis et sans le feu vert de ces derniers. Haaretz indique dimanche que lors de la dernière visite en Israël le 3 octobre du secrétaire d'Etat américain à la défense Leon Panetta, MM. Netanyahu et Barak s'étaient contentés de répondre "en termes vagues" lorsque ce dernier leur a demandé de s'engager à coordonner avec Washington toute action contre l'Iran.

L'hypothèse d'une frappe préventive d'Israël contre les installations nucléaires de l'Iran a repris corps ces derniers jours, à la faveur de fuites organisées vers les médias d'un débat qui divise les membres du cabinet de M. Benyamin Nétanyahou. L'opinion israélienne est divisée pratiquement à égalité entre partisans (41 %) et opposants (39 %) d'une attaque contre les installations nucléaires iraniennes, selon un sondage.

TÉHÉRAN DÉMENT

"La propagande [occidentale] commence à dire que le prochain rapport de l'AIEA va présenter des documents sur une activité de l'Iran en matière de missiles, mais l'agence l'a déjà dit auparavant en présentant de tels documents et nous y avons répondu", a déclaré le ministre des affaires étrangères iranien Ali Akbar Salehi  selon l'agence Isna. "Nous estimons que ces documents sont des faux et nous avons répété qu'ils sont sans fondement", a ajouté le ministre qui s'exprimait en marge d'une rencontre samedi avec son homologue du Burundi. "Mais si (l'AIEA) persiste à vouloir les utiliser, nous sommes prêts à y faire face une fois pour toutes", a ajouté M. Salehi.


a écrit :M. Nétanyahou attaque la presse après des fuites sur d'éventuelles frappes contre l'Iran

| 05.11.11 | 14h08  •  Mis à jour le 05.11.11 | 20h02


Et maintenant, la théorie du complot ! Après un étonnant silence de plus de cinq jours, pendant lesquels la plupart des ministres israéliens ont fait chorus dans le débat très public sur l'opportunité ou non, pour Israël, d'envisager des frappes militaires contre les installations nucléaires iraniennes, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a demandé au Shin Bet, le service de renseignement intérieur, de diligenter une enquête sur l'origine des fuites concernant une discussion censée rester confinée au cénacle du cabinet restreint.
Haro donc sur la presse, coupable d'avoir rendu compte des états d'âme de ministres qui se sont notamment exprimés... à la Knesset, le Parlement israélien ! Mais comme les médias peuvent rendre des services, c'est par le biais du quotidien koweïtien Al-Jarida que le gouvernement israélien a choisi de faire part de la saisie du Shin Bet et de ses soupçons. Le bureau du premier ministre n'a ni confirmé ni démenti les informations d'Al-Jarida, un journal très souvent utilisé par l'exécutif israélien pour distiller informations, rumeurs et ballons d'essai.



DÉSIR DE REVANCHE

Que dit Al-Jarida ? Que ces fuites sont la manifestation du désir de revanche des anciens chefs du Mossad (renseignement extérieur) et du Shin Bet Meir Dagan et Youval Diskin, le premier n'ayant pas apprécié de ne pas être renouvelé dans ses fonctions, et le second de ne pas lui avoir succédé. Les deux hommes auraient "recruté" des journalistes pour nuire au premier ministre et au ministre de la défense, Ehoud Barak, et torpiller l'intention prêtée aux deux hommes de pousser les feux en faveur d'une intervention militaire contre l'Iran.

Mais Meir Dagan est du genre combatif : "Je suis un criminel qui viole les règles de sécurité ? Qu'ils me jugent donc ! Ceux qui ont poussé la question iranienne au centre de l'actualité, ce sont le premier ministre et le ministre de la défense", a ajouté l'ancien patron du Mossad. Dans cette ambiance de règlement de comptes, Moshé Yaalon, le ministre des affaires stratégiques, a dénoncé le comportement " cynique et irresponsable" de son collègue de la défense, par ailleurs soupçonné d'exagérer à dessein les menaces contre Israël pour obtenir des rallonges financières pour son ministère.

La plupart des éditorialistes de la presse israélienne dénoncent l'hypocrisie du gouvernement, qui, n'ayant pas fait usage de la censure militaire (une pratique pourtant courante sur des sujets sensibles), a laissé le débat prendre de l'ampleur, avant de désigner un bouc émissaire : la presse.

Que la tentation de frappes préventives contre l'Iran existe en Israël, nul ne peut en douter. La preuve : le débat s'est transporté, vendredi 4 novembre, de Jérusalem à... Cannes. Lors du sommet du G20, Nicolas Sarkozy s'est refusé à envisager une hypothèse guerrière, insistant au contraire sur la nécessité de multiplier les sanctions contre Téhéran. Le ton se voulait apaisant, mais non dénué d'une menace à peine voilée : "Si Israël était menacé dans son existence, la France ne resterait pas les bras croisés", a souligné le président français.

Laurent Zecchini (Jérusalem, correspondant)
Wapi
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2005, 16:30

Message par Sinoue » 29 Nov 2011, 15:42

a écrit :Iran : des manifestants saccagent l'ambassade britannique à Téhéran
LEMONDE.FR avec AFP | 29.11.11 | 14h11  •  Mis à jour le 29.11.11 | 15h36

Des dizaines de manifestants iraniens ont pénétré dans l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran, le 29 novembre 2011.REUTERS/STRINGER/IRAN

Deux complexes diplomatiques britanniques, dont l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran, ont été la cible, mardi 29 novembre, d'attaques de la part de manifestants iraniens qui protestaient contre les sanctions décidées par Londres contre l'Iran à cause de son programme nucléaire controversé.
La Grande-Bretagne, comme une grande partie de la communauté internationale, a pris des sanctions contre la République islamique à la suite de la publication, le 8 novembre, d'un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui établit que l'Iran travaille à la conception d'une bombe nucléaire. L'Iran a rejeté les conclusions du document, le jugeant "politique".

L'AMBASSADE ATTAQUÉE

Des dizaines de manifestants ont pénétré dans l'enceinte de l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran où ils ont commis des déprédations pendant plus d'une demi-heure avant que la police n'intervienne pour les déloger, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ils ont escaladé le mur d'enceinte du parc où se trouve l'ambassade et brisé les vitres de la chancellerie avant d'y pénétrer et de jeter des objets par les fenêtres, selon des images retransmises en direct par la télévision d'Etat. Ils ont ensuite enlevé le drapeau britannique pour le remplacer par le drapeau iranien, a constaté un journaliste de l'AFP. Les manifestants ont également brûlé des drapeaux britanniques et israéliens, selon des images retransmises en direct par la télévision d'Etat.

Les forces anti-émeutes qui protégeaient l'ambassade ne sont pas intervenues pour empêcher cette attaque qui s'est produite alors que plusieurs centaines de manifestants, qualifiés d"étudiants" par la télévision, étaient rassemblés devant la mission diplomatique pour réclamer sa fermeture et l'expulsion "immédiate" de l'ambassadeur. Plusieurs dizaines de policiers en tenue anti-émeute ont finalement pénétré à leur tour dans l'enceinte de l'ambassade, une demi-heure après les manifestants, pour leur faire évacuer les lieux, selon les images de la télévision.

Moins d'une heure plus tard, quelque deux cents étudiants de la milice islamiste des bassidjis ont pénétré dans un deuxième complexe diplomatique britannique dans le nord de Téhéran, a rapporté l'agence officielle Irna. Les étudiants ont "saisi des documents confidentiels et d'espionnage" dans les locaux de cette ancienne résidence diplomatique, "où ils protègent des ressortissants étrangers", a ajouté Irna sans autre précision.

VIVES TENSIONS BILATÉRALES


La police anti-émeute iranienne déloge les manifestants ayant pénétré dans l'ambassade britannique à Téhéran, le 29 novembre 2011.AFP/ATTA KENARE
Le Foreign office britannique s'est déclaré "scandalisé" par "l'intrusion inacceptable" des manifestants dans son ambassade à Téhéran, survenant dans un contexte de vive tension diplomatique entre les deux pays. "Nous sommes scandalisés. Cela est parfaitement inacceptable et nous le condamnons", a déclaré le ministère des affaires étrangères dans un communiqué.

"En vertu des lois internationales, y compris la Convention de Vienne, le gouvernement iranien a la claire obligation de protéger les diplomates et les ambassades sur son territoire, et nous attendons de lui qu'il agisse au plus vite pour reprendre le contrôle de la situation et assurer la sécurité de nos employés et de nos locaux", poursuit le texte.

Dimanche, un projet de loi iranien abaissant le niveau des relations diplomatiques et économiques entre l'Iran et la Grande-Bretagne avait été entériné. Cette décision, prise au lendemain d'un vote au Parlement, entraînera l'expulsion de l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Téhéran dans un délai de deux semaines.
Sinoue
 
Message(s) : 142
Inscription : 25 Déc 2008, 13:10

Message par Sinoue » 21 Fév 2012, 13:16

a écrit :Iran : le spectre d'une nouvelle "guerre médique" en 2012
Point de vue | LEMONDE.FR | 21.02.12 | 10h17  •  Mis à jour le 21.02.12 | 12h06

par David Rigoulet-Roze, chercheur à l'IFAS


Alors que vient d'être adopté par les pays Occidentaux le principe d'un embargo pétrolier sans précédent associé à un gel des transactions avec la Banque centrale iranienne (BCI) pour faire plier l'Iran sur la poursuite de son programme nucléaire manifestement à vocation militaire, il est permis, sinon souhaitable, de se poser une question inconfortable entre toutes : celle de son efficacité putative. Une question régulièrement soulevée d'ailleurs par Israël – qui voit la possibilité d'une bombe iranienne comme une "menace existentielle" et pas seulement comme un risque pour l'équilibre international – au regard du résultat plus qu'incertain des précédents trains de sanctions votés depuis fin 2006. Sans invalider a priori le bien-fondé de la démarche ayant présidé à la mise en oeuvre de ce processus des sanctions, présentée comme l'unique – et ultime ? – alternative à des frappes militaires, s'engage-t-on nolens volens dans une voie susceptible de déboucher sur une issue militaire à la crise ? Il semble en effet peu probable que l'Iran, par fierté nationale perse, capitule sans conditions. Et ce, d'autant moins que les radicaux au pouvoir à Téhéran, sont convaincus, à tort ou à raison, que les Occidentaux, et plus précisément les Etats-Unis, ont une stratégie de regime change comme pour l'Irak au printemps 2003.
Or, cette crise que nombre d'experts qualifiés n'hésitent pas à considérer comme la crise internationale probablement la plus grave par ses enjeux mondiaux depuis celle des missiles de Cuba en octobre 1962 a, ceteris paribus, d'étranges points communs avec celle-là dont les termes de sa résolution à l'époque pourraient être utiles aujourd'hui. En effet, on peut rappeler que son dénouement au profit de la paix mondiale reposait sur un accord "donnant-donnant" : le retrait des missiles fut décidé par Khrouchtchev le 26 octobre après engagement écrit de non-invasion de Cuba par le président Kennedy. Cette clause de non-invasion est vue aujourd'hui comme un point très important, sinon crucial, de la négociation : il aurait accéléré la sortie de crise en permettant aux Soviétiques d'éviter l'humiliation.


Rappeler ces éléments n'est pas sans intérêt au regard de la crise actuelle avec l'Iran et des objectifs fondamentaux des parties en présence : du fait du syndrome obsidional qui affecte l'Iran depuis l'avènement de la République islamique en 1979, Téhéran a une obsession, celle de sa "sanctuarisation". Une obsession considérablement renforcée après 2001 par l'encerclement militaire américain à la fois en Afghanistan (renversement des Talibans en décembre 2001) et en Irak (renversement de Saddam Hussein en mai 2003). Quoiqu'on puisse penser de la nature actuelle éminemment problématique du régime iranien, cet argument stratégique d'une "sanctuarisation" ne se balaie pas d'un simple revers de main. L'histoire récente – notamment la guerre Iran-Irak – a probablement conduit Téhéran à conclure que la possession par l'Iran de la bombe atomique aurait évidemment dissuadé le dictateur baathiste de faire usage de ses armes chimiques – portant prohibées au niveau international – sans jamais avoir à rendre de comptes. Cela sous-tend certainement cette volonté farouche affichée par Téhéran de poursuivre son programme d'enrichissement d'uranium, par nature dual, en fonction précisément du degré d'enrichissement atteint : à vocation civile, si l'on n'excède pas 20 %, mais potentiellement militaire dès lors qu'on le fait passer à 90 %. Rappeler ces éléments permet de comprendre l'attitude iranienne, sans en accepter pour autant les attendus éminemment dangereux.

Alors, comment sortir de cette aporie stratégique. Quel est l'objectif essentiel des Occidentaux ? Empêcher l'Iran de produire la bombe faute de quoi cela aurait des conséquences dévastatrices pour l'équilibre international : cela signifierait en effet que l'Iran condamnerait à terme la pérennité du TNP (Traité de non-prolifération) mis en œuvre au début des années 1970 précisément dans le prolongement de la crise de Cuba, avec l'idée que contenir le nombre de détenteurs de la bombe réduirait d'autant le risque démultiplicateur d'un dérapage incontrôlé. Or, l'Iran en est Etat-partie depuis qu'il l'a signé en 1968, avec tous les engagements que cela induit de sa part. Faute de quoi cela risquerait de pousser tous les autres pays de la région – qui ne s'en sont pas cachés du reste – à se lancer dans une course folle de prolifération. Sans parler de l'immunité géopolitique que conférerait la détention de la bombe par l'Iran de la République islamique d'Iran, laquelle aurait alors toute latitude pour faire aboutir ses menées potentiellement déstabilisatrices sans risquer d'avoir à en payer le prix.

Comment alors parvenir au but précité d'empêcher l'Iran d'accéder au statut de puissance nucléaire militaire ? Certainement en convaincant Téhéran que cette "sanctuarisation" recherchée pourrait être obtenue sans nécessairement passer par l'acquisition de la bombe. En faisant valoir à Téhéran que l'Iran est d'ores et déjà une "puissance du seuil" – à l'instar du Japon qui pourrait faire la bombe en un mois mais qui s'y refuse par esprit de responsabilité historique – depuis que le président Mahmoud Ahmadinejad a ostensiblement déclaré le 11 avril 2009 que son pays maîtrisaît le "cycle complet de l'enrichissement d'uranium". Il ne s'agit pas de faire preuve ici de naïveté ni de complaisance. Mais comme l'avait déclaré feu Yitzhak Rabin à ses opposants au dialogue avec le dirigeant palestinien Yasser Arafat : "C'est avec les ennemis les plus farouches que vous faites la paix, pas avec des amis." Et c'est là que l'on retrouve l'affaire de la crise des missiles avec la promesse américaine de ne jamais attaquer Cuba, si La Havane renonçait définitivement à accueillir sur son sol des missiles nucléaires russes. Dans la crise actuelle sur le nucléaire iranien, cela supposerait de mettre tout le passif sur la table en proposant à l'Iran un Great bargain ne couvrant pas uniquement la question nucléaire mais aussi la place de l'Iran dans l'architecture régionale. Cela est envisageable dès lors que toutes les parties en présence feraient preuve de réalisme et de transparence sur leurs buts respectifs, ce qui suppose pour les Occidentaux de certifier qu'ils ne visent pas un regime change et pour Téhéran de renoncer à sa stratégie de la taqqiya (dissimulation) propre à la culture chiite appliquée à la problématique nucléaire.

Alors pourraient être posés les termes de la résolution de cette crise : l'engagement explicite de la part de l'Iran d'un renoncement à produire la bombe avec la ratification du protocole additionnel de l'AIEA relatif aux inspections intrusives en échange d'une assurance fournie par les Occidentaux en général, et les Etats-Unis en particulier. Un engagement contractuel qui pourrait même être cautionné par les Brics dont deux d'entre eux ont officiellement et effectivement renoncé au nucléaire militaire – le Brésil en 1990, l'Afrique du Sud après la fin de l'Apartheid en 1989 avant d'adhérer au TNP en 1991 – de garantir la "sanctuarisation" de l'Iran nonobstant la nature du régime. Une fois les termes de la question posés, si l'objectif de l'Iran devait finalement s'avérer être autre que celui d'une "sanctuarisation" stratégique, alors la Communauté internationale n'aurait d'autre choix que d'en assumer les attendus en poussant jusqu'au bout la logique des sanctions et ce qu'elle peut éventuellement induire en termes militaires.

David Rigoulet-Roze est l'auteur de L'Iran pluriel : regards géopolitiques (L'Harmattan, 2011).
Sinoue
 
Message(s) : 142
Inscription : 25 Déc 2008, 13:10

Message par Vania » 02 Oct 2012, 21:56

Je fais remonter ce fil pour ne pas en ouvrir un autre sur l'Iran. L'article concerne la guerre économique qui est menée contre ce pays, ses conséquences sur la monnaie iranienne, et sur les prix à l'intérieur du pays.

a écrit :Le rial glisse et savonne la planche au gouvernement iranien

Une longue glissade sur le marché des changes. La monnaie iranienne a poursuivi mardi 2 octobre sa chute face au dollar, une tendance imputée par le gouvernement à des spéculateurs. Lundi, le mouvement du rial s'était emballé avec une chute d'environ 17 % en une journée, celui-ci atteignant son niveau historique le plus bas, selon l'AFP.
Le rial a perdu encore au moins 9 % mardi, à 37 500 rials pour un dollar contre 34 200 la veille au soir, a déclaré à Reuters un cambiste de Téhéran. D'autres traders de devises ont fait état d'une baisse plus marquée, entre 38 000 et 40 000 rials pour un dollar.

Parallèlement au taux variable du marché libre, l'Iran maintient un taux officiel, en principe réservé à l'importation de produits de première nécessité ou essentiels pour l'économie, et accessible seulement aux administrations d'Etat et à quelques entreprises privilégiées. Ce taux bancaire fixe tourne lui aux alentours de 12 000 rials pour un dollar, après un très net décrochage en février.

Mais cette fixation d'un taux de change n'a semble-t-il pas suffi. Le gouvernement a alors ouvert un "bureau de change" censé stabiliser le rial en fournissant des dollars – à un prix inférieur au prix du marché – aux importateurs.

Ces derniers sont en effet en difficulté, les Etats-Unis et l'Union européenne ayant renforcé leurs sanctions en raison du programme nucléaire iranien. Ces sanctions pénalisent fortement le secteur pétrolier, essentiel pour les exportations de la République islamique, et excluent quasiment le pays du système bancaire international.

Résultat, la monnaie iranienne a cédé environ un tiers de sa valeur en à peine plus d'une semaine. L'ouverture du "bureau de change", au lieu de stabiliser la devise, a renforcé la demande de dollars et rapproché le taux de change de celui pratiqué sur le marché.

CRITIQUE DU PRÉSIDENT

Le ministre de l'industrie, des mines et du commerce, Mehdi Ghazanfari, s'est voulu rassurant. "Nous nous attendons grandement à ce que les services de sécurité maîtrisent les sources de ces perturbations sur le marché des changes", a-t-il déclaré, cité par l'agence de presse Fars. Il n'en a pas dit davantage sur l'identité des spéculateurs ni sur la manière dont les autorités pourraient les contrôler.

Le rial se déprécie depuis plus d'un an et a perdu depuis juin 2011 les deux tiers de sa valeur. Cette crise de la monnaie alimente les critiques au Parlement contre le président Mahmoud Ahmadinejad, accusé d'atermoiements et d'incompétence.

Mehdi Mohammadi, une figure proche du Conseil suprême de la sécurité nationale, en charge du dossier nucléaire, l'a mis en cause dans un éditorial publié par le quotidien Vatan Emrouz : "Est-ce que la situation du marché de devises est due aux sanctions ? Non ce n'est pas le cas et ce n'est pas comme si les revenus en devises n'étaient pas suffisants pour répondre aux besoins du pays."

"Le problème n'est pas un manque de devises. Le problème vient de la gestion de l'exécutif qui est le principal fournisseur de devises sur le marché [...] et d'un climat psychologique créé pour que les gens qui n'ont jamais vu un dollar soient poussés à penser qu'il faut tout vendre pour acheter des dollars", a-t-il ajouté.

AMINCISSEMENT DES RÉSERVES EN DEVISES

Hors du pays, certains analystes jugent que les réserves en devises étrangères de l'Iran ont commencé à diminuer, ce qui pourrait compliquer le financement par Téhéran de ses importations et expliquer que la banque centrale ait, semble-t-il, hésité à mettre davantage de dollars sur le marché au cours de la semaine écoulée.

Lors d'une conférence de presse, le président Mahmoud Ahmadinejad a démenti en bloc ce scénario, assurant que l'Iran était capable de faire face aux sanctions économiques occidentales et que sa banque centrale avait suffisamment de devises pour payer la facture des importations. Le chef de l'Etat a accusé des pays ennemis de mener une "guerre psychologique" à la République islamique, ajoutant : "Les ennemis ont réussi à réduire nos ventes de pétrole mais heureusement, nous compenserons ce manque à gagner."

Dimanche, le ministre des finances israélien, Yuval Steinitz, a déclaré que l'économie iranienne était "au bord de l'effondrement", estimant que Téhéran a perdu 45 à 50 milliards de dollars en revenus pétroliers du fait des sanctions. Pour les Iraniens, la chute du rial alourdit dramatiquement l'inflation, qui est officiellement de 23 %.


Le lien : http://www.lemonde.fr/economie/article/201...68925_3234.html
Vania
 
Message(s) : 27
Inscription : 19 Fév 2011, 01:21

Précédent

Retour vers Actualités internationales

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 7 invité(s)