Révolte en birmanie ?

Dans le monde...

Message par Louis » 24 Sep 2007, 20:05

a écrit :L'"armée safran" inquiète la junte birmane
Bangkok FRÉDÉRIQUE MARTIN. LE FIGARO


Samedi, sous les yeux des forces de l'ordre, Aung San Suu Kyi est sortie brièvement de la maison délabrée où elle est assignée à résidence pour saluer un cortège de manifestants. Cela faisait quatre ans que la silhouette fragile du Prix Nobel de la paix n'était pas apparue en public.AFP
Samedi, sous les yeux des forces de l'ordre, Aung San Suu Kyi est sortie brièvement de la maison délabrée où elle est assignée à résidence pour saluer un cortège de manifestants. Cela faisait quatre ans que la silhouette fragile du Prix Nobel de la paix n'était pas apparue en public.


Lundi, quelque 100.000 Birmans emmenés par des moines bouddhistes, manifestaient à Rangoun dans ce qui apparaît comme le plus important défilé depuis 1988 contre la junte militaire .

LA RECLUSE de Rangoun, l'héroïne des manifestations prodémocratiques de 1988, celle que tous les Birmans vénèrent comme la « lumière dans les ténèbres », en larmes sous les averses de la mousson : dans un pays étouffé par quarante-cinq années de répression kafkaïenne, la scène est inouïe.

Cela faisait quatre ans que la silhouette fragile du Prix Nobel de la paix n'était pas apparue en public. Mais, samedi, Aung San Suu Kyi sort brièvement de la maison délabrée, rongée par l'humidité et les termites, où elle est confinée, pour saluer un cortège de 2 000 moines bouddhistes et de civils qui manifestent contre la junte.

Autorisée à franchir les barrières qui bloquent la célèbre avenue de l'Université, la longue colonne de religieux en robe carmin psalmodie sous les trombes d'eau qui dégringolent : « Faisons en sorte d'être totalement libérés de tout danger, de toute douleur, de la pauvreté et que la paix soit dans nos coeurs et dans nos esprits ». « Longue vie à Aung San Suu Kyi, qu'elle soit libérée bientôt », scandent ensuite plusieurs voix. « La Dame » éclate en sanglots. Dans les milieux d'opposition en exil en Thaïlande, c'est l'effervescence. « Et si les larmes d'Aung San Suu Kyi faisaient vaciller la junte », rêve Aung Naing Oo.

Aujourd'hui, une répétition des manifestations monstres de 1988, quand des millions de personnes fustigeaient le régime militaire dans tout le pays, n'est plus inimaginable. Les manifestants sont chaque jour plus nombreux. 10 000 samedi à Mandalay, 20 000 hier à Rangoon.

Les généraux hésitent sur la parade

Les généraux semblent bien embarrassés par ces moines qui déambulent d'un pas égal et récitent la Metta Sutta, les paroles du Bouddha sur l'amour bienveillant. Dans un pays aussi emprunt de ferveur bouddhique, la révolte des bonzes pourrait être contagieuse. 85 % des Birmans sont bouddhistes. La plupart ont fait au moins une fois dans leur vie un passage au monastère, ne serait-ce que pour y apprendre à lire et à écrire. Habituellement prompts à réprimer tout mouvement de contestation, les généraux hésitent encore sur la parade.

En liant samedi leur sort à l'icône de la lutte pour la démocratie, les bonzes poussent les généraux à trancher : transiger avec les manifestants ou réprimer en prenant le risque de jeter dans les rues la population qui, hantée par le bain de sang de 1988, est restée jusque-là en marge des manifestations.

Win Min, spécialiste birman proche de l'opposition, prédit une fin tragique. « Tôt ou tard, il y aura une répression. L'armée est toujours parvenue à contrôler les éruptions populaires. »

Depuis sa nouvelle capitale, Naypidaw, bunker entouré de missiles sol-air et doté d'un réseau de galeries souterraines, le généralissime Than Shwe aurait donné l'ordre hier de recourir à la violence pour disperser les bonzes. La rumeur parle d'un plan diabolique : 200 hommes de la division 77, responsable de la sécurité à Rangoun, se déguisent en moines, multiplient les provocations et se débrouillent pour que cela ressemble à des querelles internes. Les divisions 577 et 44 sont prêtes à intervenir. Les analystes les plus optimistes tablent sur les réticences des hommes de troupes, bouddhistes pour la plupart, à toucher une institution sacrée. L'« armée safran », comme l'on surnomme les 500 000 bonzes du pays, n'a pas dit son dernier mot.

Les moines bouddhistes ont derrière eux une longue tradition d'activisme politique remontant au combat pour l'indépendance sous la domination coloniale britannique. Lors du soulèvement populaire réprimé dans le sang en 1988, ils avaient joué un rôle de coordination et des centaines d'entre eux avaient été arrêtés. Aujourd'hui encore, ils pourraient être le fer de lance d'une révolte puissante contre le régime. Ils attendent de la population qu'elle « se libère de la peur », selon la formule la plus connue d'Aung San Suu Kyi.
Louis
 
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Message par Matrok » 24 Sep 2007, 21:09

L'un des articles que Libé consacre à ce sujet (les autres articles valent également la peine d'être lus) :

a écrit :L’armée des bonzes rouges se lève contre la dictature birmane

Les moines manifestent depuis une semaine et boycottent les offrandes aux militaires.
Par Max Constant
QUOTIDIEN : lundi 24 septembre 2007
Rangoun (Birmanie)  de notre envoyé spécial

Les pluies de la mousson humide, qui s’abattent sans discontinuer depuis plusieurs jours sur Rangoun, ne les effraient pas. Marchant dans les rues inondées, le regard déterminé, certains brandissant des drapeaux, les bonzes de Birmanie, qui manifestent quotidiennement contre le régime militaire depuis mardi, donnent l’impression d’être parfaitement organisés. Parfois, en tête de cortège, un des moines bouddhistes porte un bol à aumônes renversé. C’est le symbole du boycott. Les bonzes refusent les offrandes des militaires et de leurs familles, tant que les hauts dirigeants du régime ne se seront pas excusés pour les violences commises contre certains des leurs début septembre.
 
Surprise.. La première manifestation, le 18 septembre, avait rassemblé 400 de ces religieux revêtus de leur robe rouge. Hier, ils étaient 10 000 à traverser Rangoun, accompagnés d’un nombre égal de laïcs venus les encourager. Du jamais vu depuis les grandes manifestations antimilitaires de 1988, lesquelles avaient renversé le régime du dictateur Ne Win. Un coup d’Etat le 18 septembre de cette année-là, accompagné d’une féroce répression (3 000 morts), avait réinstallé une junte à la tête du pays.

Les manifestations contre le régime avaient été lancées à la mi-août par un groupe d’anciens étudiants qui avaient été impliqués dans la révolte de 1988 : ils dénonçaient la hausse brutale du prix du carburant, qui a rendu les transports collectifs inaccessibles pour une grande majorité de Birmans. L’arrestation de 150 de ces leaders avait stoppé net le mouvement après quelques jours. C’est alors que la vague rouge s’est levée : l’armée des bonzes - 500 000 dans le pays - s’est mise en marche, à la surprise de la junte au pouvoir. «Les généraux n’avaient pas prévu l’implication des bonzes. Avec le mécontentement qui s’étend dans la sangha [la communauté monastique, ndlr], cela devient très risqué pour le régime. Les militaires savent bien que les gens écoutent les moines», explique le directeur d’une ONG à Rangoun.

Comme dans tous les pays du bouddhisme du petit véhicule, les bonzes sont au cœur de la vie sociale. Pour les Birmans, ils ne sont pas seulement des religieux, mais aussi des guides spirituels, des ­conseillers avisés qui les aident dans leurs tracas quotidiens. Faisant tous les matins leur tournée pour recueillir les offrandes des fidèles, les moines sont conscients des difficultés économiques des Birmans. «Les bonzes dépendent des offrandes de la population. Si elle est affectée, ils en subissent le contrecoup. C’est pour cela que les jeunes bonzes sont très impatients et en colère», explique un journaliste économique birman.

Rôle pivot.  L’activisme politique de la communauté monastique n’est pas nouveau. Les bonzes avaient joué un rôle pivot contre l’occupant colonial britannique avant l’indépendance en 1948. En 1988, ils avaient gonflé de leur nombre les cortèges qui avaient pris possession des rues de Rangoun jusqu’au coup d’Etat du 18 septembre. Deux ans après, ils avaient lancé une campagne de boycott des offrandes des militaires, parce que ceux-ci avaient ignoré la victoire massive de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi aux élections de mai 1990. Conscients du pouvoir immense des religieux sur le peuple, les généraux avaient réagi en imposant un contrôle étroit de la sangha par les organes administratifs locaux. Le régime avait également abreuvé de cadeaux et d’argent les abbés des pagodes les plus influentes. Ce n’est pas donc l’ensemble de la communauté monastique qui est descendue dans la rue, mais les jeunes bonzes en formation qui résident dans les «monastères d’enseignements».

Brève rencontre.  A l’évidence, la revendication de départ - réclamer des excuses des hauts dirigeants pour les violences commises début septembre - est maintenant dépassée. Les moines appellent désormais les laïcs à se joindre aux défilés, donnant l’impression qu’ils veulent forcer la main de la junte pour un changement de nature du régime politique. Samedi, la dirigeante de l’opposition assignée à résidence, Aung San Suu Kyi, a pu sortir de son domicile pour la première fois depuis quatre ans pour saluer respectueusement, les larmes aux yeux, les bonzes qui défilaient devant chez elle. Cette brève rencontre chargée d’émotion symbolise la jonction entre deux forces puissantes qui irriguent la société birmane : la communauté ­monastique et le mouvement prodémocratique.

Répression.  Sur quoi peut déboucher cette révolte des bonzes ? Certains brandissent le spectre du massacre de 1988, quand l’armée avait tiré dans la foule, y compris sur les moines, après avoir laissé les manifestations se développer pendant plusieurs semaines. «Tôt ou tard, il y a aura une répression. Les généraux ne feront jamais de compromis et n’ouvriront jamais de dialogue», affirme Aung Zaw, rédacteur en chef d’ Irrawaddy, un magazine birman basé en Thaïlande. Le contexte international est toutefois différent. Même la Chine, alliée fidèle de la Birmanie, a fait connaître publiquement son impatience devant l’attitude bornée des généraux. Utiliser des méthodes violentes contre des religieux risquerait d’éroder les ­quelques soutiens dont la Birmanie ­dispose encore dans la communauté ­internationale.
Matrok
 
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Message par Zimer » 26 Sep 2007, 20:39

:wavey: :wavey: Bah voilà je voulais lancé le sujet et c'est déjas fait ; perso je trouve cela bien difficile d'avoir une "position " sur ce genre de situation : il semble bien que ce soit une révolte populaire contre une des pires dictature de la planète , une des plus liées à l'impérialisme aussi ( Total..) alors bien sûr on ne peu que se réjouir et soutenir
les manifestants Birmans , mais la présence des Bonzes en tête de manif et de la seule perspective apparente de la très bourgeoise Ang San SU KYE laisse perplexe mais surtout les menaces de BUSH , Sarkosy et co qui préparent peut être une intervention rende plus que méfiant ....Votre avis ??
Zimer
 
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Message par colbleu » 26 Sep 2007, 22:04

A mon avis les discours humaniste mis en avant par les différents chefs d’Etat ne sont que pure hypocrisie. Je crois qu’ils en ont rien à cirer de la population et de la classe ouvrière en Birmanie. Ce qui me fait dire cela c’est que ça fait des années qu’est présente la junte militaire, que la classe ouvrière, la population vit dans des conditions digne du 19éme siècle et cela n’a jamais empêché ces différents Etats de faire du commerce avec la Birmanie.
A mon avis si il y a tant d’agitation de la part des différents Etats (Sarkozy reçoit l’opposition en exil, les USA parle d’augmenter les sanctions financière etc..) c’est qu’ils entrevoient peut être la fin de la junte militaire et qu’ils veulent commencer a se placer pour l’après. Quand on regarde une carte, la Birmanie à une position stratégique importante (elle est placé entre l’Inde et la Chine)
A travers les reportages, les lectures de journaux ils ne semblent pas que la classe ouvrière soit présente (Je n’ai pas lu qu’il y avait des grèves contre les augmentations d’essence et de transports) mais plutôt noyé dans la population et sur des revendications démocratiques que porte les moines bouddhistes.
colbleu
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Message par yannalan » 27 Sep 2007, 08:45

Si, apparemment le doublement du prix de l'essence énerve beaucoup les gens, et ça aide à réunir du monde autour des bonzes
Ceux-ci sont la seule structure présente partout, et impossible à détruire pour l'Etat; ça explique qu'ils soient là
Intervention extérieure, ça m'étonnerait franchement, on est en pleine zone d'influence chinoise. il semblerait par contre possible que les chinois exigent d ela Junte un effort de replâtrage qui essie de la rendre présentable, mais là, il y a du boulot !
yannalan
 
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Message par jeug » 27 Sep 2007, 14:42

Si les USA, la France, la Chine ou l'ONU intervenaient militairement, ce ne serait pas pour "défendre la démocratie" mais pour jouer les gendarmes une fois de plus.
Pour éviter qu'une révolte de grande ampleur n'aboutisse justement à l'instauration d'une véritable démocratie, par le biais d'une révolution. Sans compter l'effet de contagion sur les peuples alentours.

Si Sarkozy, Bush et d'autres, menacent d'intervenir pour "défendre la démocratie", c'est pour préparer l'opinion publique à cette éventualité, mais dans le sens de leurs intérêts non pour "défendre la démocratie".

Que le régime en place soit une dictature ou une "démocratie" au sens capitaliste du terme, ça leur importe peu, du moment que les peuples gouvernés continuent d'être exploités pour le plus grand profit des pays riches, au travers des mécanismes de ce que l'on appelle l'impérialisme.

Et la Chine, idem.
jeug
 
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Message par colbleu » 27 Sep 2007, 20:39

Yannalan tu dit:
'Si, apparemment le doublement du prix de l'essence énerve beaucoup les gens, et ça aide à réunir du monde autour des bonzes'

Ok avec toi que ça enerve beaucoup de gens, mais les gens c'est vague,moi comme je l'ai dit plus haut je ne voit pas la classe ouvriére

Je ne pense pas qu'il y aura une intervention extérieur. Je voit plutôt un soutien de la part de la France et des USA a la LDN (ligue nationale pour la démocratie). Soutien qui ne semble pas faire plaisir a la Chine et à la Russie. Je pense qu'on s'achemine vers une confrontation entre la LDN et la junte. Dans cette confrontation je pense que la classe ouvriére ne doit pas choisir de camp.
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Message par com_71 » 28 Sep 2007, 08:11

(colbleu @ jeudi 27 septembre 2007 à 21:39 a écrit : Je pense qu'on s'achemine vers une confrontation entre la LDN et la junte. Dans cette confrontation je pense que la classe ouvriére ne doit pas choisir de camp.

:altharion: :altharion:
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par yannalan » 28 Sep 2007, 08:23

(colbleu @ jeudi 27 septembre 2007 à 20:39 a écrit : Yannalan tu dit:
'Si, apparemment le doublement du prix de l'essence énerve beaucoup les gens, et ça aide à réunir du monde autour des bonzes'

Ok avec toi que ça enerve beaucoup de gens, mais les gens c'est vague,moi comme je l'ai dit plus haut je ne voit pas la classe ouvriére

Je ne pense pas qu'il y aura une intervention extérieur. Je voit plutôt un soutien de la part de la France et des USA a la LDN (ligue nationale pour la démocratie). Soutien qui ne semble pas faire plaisir a la Chine et à la Russie. Je pense qu'on s'achemine vers une confrontation entre la LDN et la junte. Dans cette confrontation je pense que la classe ouvriére ne doit pas choisir de camp.
Colbleu

Ca me paraît un peu irréaliste que la classe ouvrière reste là à regarder les gens se faire tuer en comptant les coups. Je ne connais pas du tout le degré d'organisation de la classe ouvrière birmane, ni son importance statistique, mais de toute façon, entre la dictature et la démocratie bourgeoise, c'est tout de meêm pas tout à fait pareil, ne serait-ce que pour militer
Evidemment ce serait sudper que la classe ouvrière prenne la tête du mouvment
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Message par Ottokar » 28 Sep 2007, 12:51

Moi ce que je pense surtout c'est que col bleu est sans pouvoir aucun sur la classe ouvrière birmane, comme nous autres sans doute... c'est ce qui rend un peu ridicule l'affirmation péremptoire
a écrit :Dans cette confrontation je pense que la classe ouvriére ne doit pas choisir de camp.

A moins qu'il ne s'agisse d'une maladresse de formulation et d'un commentaire sur le fait que nous serions indifférents aux affrontements actuels. Ce ne serait pas plus juste à mon avis et des militants birmans pourraient difficilement rester chez eux, regardant passivement des démocrates comme Aung San Suu Kyi i se faire arrêter et les bonzes se faire fusiller. Même si ce sont des bonzes...
Ottokar
 
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