
La fin de l'hypocrisie des années 70 quant au bilan franquiste, et peut-être un affaiblissement de l'hypocrisie persistante sur la prétendue neutralité de la science historique...
a écrit :Le Parlement espagnol approuve la "loi de mémoire historique"
AP | 31.10.2007 | 17:00
Le Parlement espagnol a approuvé mercredi un projet de loi très controversé condamnant la dictature franquiste et réhabilitant les victimes de la guerre civile. A droite, le Parti populaire accuse le Premier ministre socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, dont le grand-père avait été fusillé en 1936 par les troupes franquistes, de rouvrir de vieilles blessures.
L'adoption de la "Loi de mémoire historique" était pratiquement assurée aux Cortes, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) ayant conclu un accord avec plusieurs autres formations. Son passage au Sénat ne devrait être qu'une formalité avant la promulgation.
Le projet de loi condamne officiellement, et pour la première fois, le régime du général Franco, et prévoit le retrait de tous ses symboles, dont les statues et les noms de rue. Le texte déclare illégitime les condamnations contre les opposants à la dictature, ouvrant la voie à des révisions de procès. Il contraint les administrations locales à financer l'exhumation des fosses communes.
La loi prévoit également une indemnisation symbolique de toutes les victimes de la guerre, y compris les membres du clergé exécutés par des républicains, dont environ 7.000 auraient été tués entre 1931 et 1939. On estime à 500.000 le nombre de victimes pendant le conflit.
Le général Francisco Franco s'était hissé au pouvoir à la faveur de la guerre civile espagnole (1936-39), durant laquelle il joua un rôle majeur en menant les forces nationalistes contre la jeune République espagnole. Le Caudillo a ensuite dirigé le pays d'une main de fer jusqu'à sa mort, le 20 novembre 1975.
"C'est un moment très important pour l'Espagne", a salué Emilio Silva, président de l'Association pour le recouvrement de la mémoire historique, qui recherche les corps des civils dans des fosses communes. "Mais cette loi n'est qu'un début, et non la fin, et elle n'a que trop tardé. Beaucoup, beaucoup de victimes et de proches de ceux qui ont été tués sont morts sans que justice leur soit rendue."
Un argument rejeté par le Parti populaire, qui accuse Zapatero d'être "obsédé par la vengeance". Le Premier ministre espagnol avait fait de cette loi un des grands chantiers de son mandat. Eduardo Zaplana, un porte-parole du PP, a dénoncé le texte mercredi, le qualifiant d'"inutile" et de "préjudiciable à l'harmonie nationale".
La vice-Première ministre Maria Teresa Fernandez de la Vega a dénoncé la position de la droite. "Il n'y a pas une ligne de cette loi qui ne pourrait pas être pleinement soutenue par un démocrate!", a-t-elle lancé.
Durant la transition démocratique, entre la mort du général Franco en 1975 et l'adoption de la nouvelle Constitution en 1978, un accord tacite entre les partis prévoyait d'éviter le sujet de la guerre, dans l'intérêt du pays. Ainsi, aucun procès pour des crimes commis durant le conflit n'a jamais été organisé. AP