La visite de Chavez: le diable à Paris

Dans le monde...

Message par Sterd » 22 Nov 2007, 21:43

("Lutte Ouvrière n°2051 du 22 novembre 2007" a écrit :La visite de Chavez: le diable à Paris

Le président vénézuélien Hugo Chavez était à Paris, mardi 20 novembre, pour une visite de 24 heures. À l'ordre du jour officiel le sort de la franco-colombienne Ingrid Betancourt, enlevée par les guerilleros des FARC de Colombie, dont la famille n'a plus de nouvelles depuis 2003, et espère que le président vénézuélien pourra intervenir pour sa libération.

Mais aux yeux de la presse française, la personnalité d'Hugo Chavez sent le soufre et cette visite s'est accompagnée de commentaires dont elle se dispense habituellement quand l'Elysée reçoit les dictateurs « amis de la France ». La récente vente d'un Airbus transformé en palais flottant à un prince saoudien n'avait engendré, par exemple, que des propos ébahis sur la décoration intérieure de l'appareil et aucune critique contre le régime de ce féodal.

Mais l'Arabie saoudite, où une jeune femme vient d'être condamnée à deux cents coups de fouet et à six mois de prison, après avoir été violée par sept hommes, parce qu'elle avait parlé publiquement de son cas, est un pays très respectable aux yeux de la grande presse occidentale.

En vrac, on reproche à Chavez de ne pas être un grand démocrate (en déniant toute valeur aux multiples élections et référendums qu'il a gagnés), de ne pas s'être intéressé prioritairement aux otages des FARC (ce qu'aucun ne reproche au gouvernement français, dont le bilan dans cette affaire n'est pas très glorieux), de se livrer à une course aux armements (ce qui est risible quand on s'accomode de l'arsenal des principaux fauteurs de guerre que sont les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et beaucoup d'autres bien plus puissants et surarmés que le Venezuela).

On a même osé reprocher à Chavez de ne pas utiliser la manne pétrolière pour résoudre les problèmes sociaux de la population vénézuélienne, alors qu'il est l'un des rares dirigeants d'Amérique latine à l'utiliser au moins en partie, en faveur des plus déshérités.

Certains commentaires étaient, involontairement, savoureux. Tel adversaire de Chavez qui critique sa proposition actuelle de réforme constitutionnelle est applaudi de l'appeler la « mal nommée réforme ». La fraction des étudiants qui en sont adversaires est saluée pour avoir traité Chavez de « président qui refuse d'écouter ceux qui ne sont pas d'accord avec lui ». Enfin, il y a la liberté de la presse. Figurez-vous qu'au Venezuela, « le chef de l'État exerce un contrôle sur le paysage médiatique »...

Le régime de Chavez n'est sans doute pas un modèle de démocratie. Mais ses censeurs ont bonne mine. Car une presse aux ordres, une « réforme mal nommée » parce qu'elle est une vraie régression, et un chef d'État qui n'écoute pas ceux qui ne sont pas d'accord avec lui, il n'est pas besoin de traverser l'Atlantique pour trouver ça !

J. F.

http://www.lutte-ouvriere-journal.org/inde...&num=2051&id=18
Sterd
 
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Message par abounouwas » 22 Nov 2007, 21:55

Ce qui a été mis en avant aussi dans le Monde c'est le choix des journalistes pour les questions avec la presse, mais là aussi, il serait bon de balayer devant la porte. A quand des interviews de présidents par Le Canard Enchaîné ou LO... ?
abounouwas
 
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Message par Zimer » 22 Nov 2007, 22:01

:33: ouais enfin c'est pas pour la ramener et faire le gauchiste :whistling_notes: mais quand même choisir comme réserve sur Chavez "ce n'est pas un modèle de démocratie " qui fait mieux sur ce plan là ???, je pense qu'utiliser le thèrme de démocratie sans caractérisation de classe amène souvent à dire des banalités et sur Chavez les critiques peuvent être mises sur d'autres points ( son penchant pour le soutien militaire plus tôt que sur la classe ouvrière )
Zimer
 
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Message par manitas » 22 Nov 2007, 22:12

(Zimer @ jeudi 22 novembre 2007 à 22:01 a écrit : :33: ouais enfin c'est pas pour la ramener et faire le gauchiste :whistling_notes: mais quand même choisir comme réserve sur Chavez "ce n'est pas un modèle de démocratie " qui fait mieux sur ce plan là ???, je pense qu'utiliser le thèrme de démocratie sans caractérisation de classe amène souvent à dire des banalités et sur Chavez les critiques peuvent être mises sur d'autres points ( son penchant pour le soutien militaire plus tôt que sur la classe ouvrière )
Certes, mais le sujet de l'article était le traitement de la visite par les médias français. Qui ne sont pas avares de commentaires sur le "manque de démocratie" de tel dirigeant qui fait mine de s'opposer circonstanciellement à l'impérialisme, mais qui se fichent éperdument que Chavez soit soutenu par l'armée. Et qui se fichent encore plus de la classe ouvrière.
manitas
 
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Message par artza » 23 Nov 2007, 07:46

Alors la moi j'en sais rien.

Qu'en est-il de la démocratie pour les travailleurs, au sein de la classe ouvrière, dans les organisations etc, j'en sais rien.

Ceci dit, un gouvernement peut jouir d'un soutien populaire immense, d'un soutien populaire actif, militant, il n'en découle pas automatiquement "la démocratie".

Peron en Argentine a joui tout un temps d'une énorme popularité et d'un énorme soutien dans la classe ouvrière.
Dire qu'il y avait la démocratie pour les travailleurs ou que la CGT était un syndicat démocratique c'est une autre paire de manches.
artza
 
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Message par pelon » 23 Nov 2007, 11:40

Oui, Chavez me fait penser à Peron. La même grande gueule populiste. Peron aussi déplaisait à la bourgeoisie qui applaudit (avec le PC argentin d'ailleurs) au coup d'Etat de 1955.
Donc face à l'impérialisme on est bien entendu solidaire de Chavez mais ne surévaluons pas le personnage.
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Message par Vérié » 23 Nov 2007, 14:23

Bon, l'expression "modèle de démocratie" utilisée dans l'article de LO est en effet un peu équivoque. C'est un peu se placer sur le terrain des commentateurs bourgeois. Néanmoins, d'une part nous défendons tout de meme les libertés démocratiques, donc la démocratie, meme dans les Etats bourgeois, d'autre part l'axe et le contenu général de l'article sont tout à fait juste face aux déluge de critiques hypocrites de la presse bourgeoise.

Quant à savoir ce que donnera dans l'avenir le pouvoir de Chavez, qui est de toute évidence un démagogue parfois un peu allumé, c'est un autre sujet. Et ça dépendra évidmement de beaucoup de facteurs, dont en premier lieu l'attitude de l'impérialisme et celle des travailleurs vénézueliens.
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Message par jeug » 23 Nov 2007, 16:37

Vérié, je te lis la plupart du temps avec beaucoup de plaisir.
Et ça m'énerve donc d'autant quand tu fais feu de ce bois-là.
Cet article s'est fixé un objectif : dénoncer l'hypocrisie et le peu de fondement des attaques de la part de la presse bourgeoise. Et en premier, on le sait, concernant la démocratie.
Et il tient bien cet objectif.
Ce n'est pas une thèse sur Chavez.
jeug
 
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Message par Vérié » 23 Nov 2007, 17:18

(jeug @ vendredi 23 novembre 2007 à 16:37 a écrit : Vérié, je te lis la plupart du temps avec beaucoup de plaisir.
Et ça m'énerve donc d'autant quand tu fais feu de ce bois-là.
Cet article s'est fixé un objectif : dénoncer l'hypocrisie et le peu de fondement des attaques de la part de la presse bourgeoise. Et en premier, on le sait, concernant la démocratie.
Et il tient bien cet objectif.
Ce n'est pas une thèse sur Chavez.
Là, Jeug, on s'est vraiment mal compris, car c'est exactement ce que je dis :33: Et je suis glolbalement OK avec cet article. Es-tu certain de ne pas avoir confondu mon post avec un autre ?
Vérié
 
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Message par Indesit » 26 Nov 2007, 19:59

(pelon @ vendredi 23 novembre 2007 à 10:40 a écrit : Oui, Chavez me fait penser à Peron. La même grande gueule populiste. Peron aussi déplaisait à la bourgeoisie qui applaudit (avec le PC argentin d'ailleurs) au coup d'Etat de 1955.
Donc face à l'impérialisme on est bien entendu solidaire de Chavez mais ne surévaluons pas le personnage.


Très représentatif de l'état d'esprit dénoncé par l'article, la tribune suivante, co-signée par les inévitables BHL, Glucksmann et Finkelkraut.

Le meilleur est quand même les vénézuéliens ont vécu en démocratie depuis 1958 ; oui à condition d'aoublier la répression des émeutes de 1989 qui ont fait entre 300 morts et 3 000 selon les sources.

C'est n'importe quoi !

a écrit :L’opportunisme humanitaire de Chávez

Víctor Rodríguez Cedeño, ancien ambassadeur du Venezuela à l’ONU.Mario Vargas Llosa, écrivain ; Carlos Alberto Montaner, écrivain ; Diego Arria, ancien ambassadeur du Venezuela à l’ONU ; Jesús Torrealba, Radar de los Barrios (association des bidonvilles) ; Bernard-Henri Lévy, philosophe ; Pascal Bruckner, écrivain ; Alain Finkielkraut, philosophe ; André Glucksmann, philosophe ; Simón Alberto Consalvi, éditeur, écrivain, diplomate ; Pierre-André Taguieff, directeur de recherche au CNRS ; Manuel Caballero, membre de l’Académie d’histoire au Venezuela ; Mortimer Zuckerman, US News & World Report ; Asdrúbal Aguiar, ancien membre de la Cour interaméricaine des droits de l’homme ; Ilios Yannakakis,historien-politologue ; Teodoro Petkoff, directeur du journal Tal Cual ; Pierre Rigoulot, directeur de l’Institut d’histoire sociale ; Athaualpa Litchy, cinéaste ; Alberto Schlesinger Vélez, académicien et homme politique colombien ; Carlos Cruz-Diez, artiste plasticien ; Michael Prazan, écrivain, réalisateur ; Benjamín R. Scharifker, président de l’université Simón-Bolívar de Caracas ;
QUOTIDIEN : lundi 19 novembre 2007

La France, fidèle à sa tradition du pays des droits de l’homme, a invité le président vénézuélien Hugo Chávez, dans le cadre de son intervention en faveur de la libération d’Ingrid Betancourt et des otages détenus par les Farc. Nous saluons cette initiative éminemment humanitaire. Cependant, cette action donne au président Chávez l’occasion de tenter d’améliorer son image et distraire l’attention de l’opinion publique internationale.

La visite du président Chávez à Paris intervient douze jours avant le référendum sur une nouvelle Constitution, projet de réforme rédigé sans consultation et sans respecter la procédure établie par la Constitution en vigueur. Rejeté par la majorité des Vénézuéliens, et à l’intérieur même du camp du président, ce nouveau texte constitutionnel propose la réélection indéfinie du président. Il entend supprimer tout contrôle des pouvoirs de l’État sur les actions de l’éxécutif.

Il constitue une véritable entorse aux principes fondamentaux de la démocratie et de l’État de droit. La tenue d’un référendum ne garantira pas l’expression d’un suffrage impartial car, depuis des années déjà, le Conseil national électoral, instance chargée de superviser les processus électoraux au Venezuela, est placé sous la coupe du gouvernement et de ses partisans. Quant au vote électronique, instauré dans le pays depuis 2004, il se prête à toutes les manipulations.

Nous tenons à rappeler : que pendant des années, le président Chávez a ignoré le sort des Vénézuéliens otages des Farc et ne s’est nullement soucié de leur famille. Que le Président se livre à une course aux armements que rien ne justifie, mettant en péril la paix et la sécurité du pays et de la région, au lieu d’utiliser les ressources pétrolières pour un développement durable du pays et résoudre les graves problèmes économiques et sociaux du peuple vénézuélien. Que le Président a créé une milice civile armée de plusieurs centaines de milliers d’hommes, dépassant en nombre les effectifs de la Force armée nationale, dans le but de contrôler la société vénézuélienne. Que l’instauration d’un État socialiste, dans le cadre du prétendu «socialisme du XXIe siècle», prévu dans la future Constitution «réformée», ne fera qu’entériner la violation des principes fondamentaux des droits de l’homme. Nous lançons un appel au gouvernement français et à l’ensemble des démocrates en France pour qu’ils prennent conscience de la dérive antidémocratique d’un régime qui, quoi qu’il en dise, est sur la voie du totalitarisme. Un chemin emprunté pour le plus grand malheur des peuples qui y sont soumis, comme c’est le cas de Cuba aujourd’hui.

Les Vénézuéliens ont vécu en démocratie depuis 1958 et font face aujourd’hui à la disparition de l’État de droit et du respect des libertés. Nous demandons aux démocrates du monde de ne pas laisser mourir l’une des plus anciennes démocraties d’Amérique latine !
Indesit
 
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