Tchad

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Message par abounouwas » 02 Fév 2008, 13:09

a écrit :

Tchad: N'Djamena tombée aux mains des rebelles, Deby à la présidence

02/02/2008 11h59
Des soldats tchadiens le 6 décembre 2007 au Tchad
©AFP/archives - Sonia Rolley

N'DJAMENA (AFP) - Les rebelles tchadiens se sont emparés samedi de la capitale N'Djamena après seulement trois heures d'affrontements avec les troupes gouvernementales, mais le président Idriss Deby Itno était toujours en fin de matinée dans le palais présidentiel, selon une source militaire.

"Toute la ville est entre les mains des rebelles. Il n'y a plus que des combats de nettoyage", a indiqué cette source, précisant que le président Deby était "toujours à la présidence".

Le ministre français de la Défense Hervé Morin a confirmé à l'AFP que "les rebelles s'approchent du palais présidentiel" à N'Djamena où ils affrontent l'armée nationale tchadienne.

La maison d'arrêt de N'Djamena a été prise par les rebelles et tous les prisonniers ont été libérés samedi, ont rapporté des témoins. Des scènes de pillages ont été enregistrées dès l'arrivée des rebelles tchadiens à N'Djamena, selon des responsables de services de sécurité d'organisme internationaux, et une colonne de fumée noire s'élevait dans le secteur de la présidence.

Dans certains quartiers la population a accueilli par des cris de joie l'arrivée des rebelles, ont indiqué des témoins. Les rebelles, en treillis vert olive et portant des brassards blancs, circulent dans la capitale dans des pick-up camouflés.

Les tirs intenses enregistrés au cours de matinée étaient d'ailleurs devenus "beaucoup plus sporadiques" peu avant 12H00 (11H00 GMT), a constaté un journaliste de l'AFP.

L'Union africaine a mandaté le président congolais Denis Sassou Nguesso et le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi pour "trouver une solution négociée à la crise actuelle" au Tchad, selon le communiqué final du sommet de l'UA à Addis Abeba.Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Amad Allam-Mi, a confirmé pour sa part à Addis Abeba, en marge du 10e sommet de l'Union africaine (UA), qu'Idriss Deby Itno était bien "à la présidence", tout en niant une situation militaire défavorable.
Idriss Deby le 4 novembre 2007 à N'Djamena
©AFP - Issouf Sanogo

Les affrontements ont commencé peu après 08H00 (07H00 GMT) à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, avant de s'étendre rapidement à toute la ville.

Une source militaire française a indiqué à l'AFP qu'environ 2.000 rebelles tchadiens, dans trois colonnes, avaient pénétré dans la capitale à bord de 4X4, équipés de mitrailleuses, de lance-roquettes et de fusils d'assaut Kalachnikov.

"Deby et ses troupes sont en débandade. Il va tomber aujourd'hui (samedi) c'est sûr", avait affirmé samedi matin Abakar Tollimi, l'un des chefs de l'alliance des trois principales rébellions tchadiennes, formée à la mi-décembre après de premiers combats menés par ces groupes en ordre dispersé dans l'est du pays.

Depuis lundi, une colonne rebelle composée de quelque 300 véhicules pick-up pouvant transporter dix à quinze hommes chacun, a traversé le Tchad sur 800 km à partir du Soudan, où les groupes avaient établi leurs bases.

Leur progression n'avait pas rencontré de résistance jusqu'à vendredi vers la localité de Massaguet, à 50 km à vol d'oiseau au nord-est de la capitale, où l'ANT était allée vainement tenter de la bloquer avec à sa tête le président Deby. Le chef militaire était arrivé au pouvoir par les armes en 1990, depuis le Soudan lui aussi, en renversant Hissène Habré.

Face à l'intensification des combats, le ministère français des Affaires étrangères a appelé les résidents français dans le pays, dont 85% sont à N'Djamena, à "s'abriter dans leurs habitations".

Le commandant Christophe Prazuck, de l'état-major des armées, a de son côté indiqué à l'AFP que "600 des 1.500 ressortissants français au Tchad ont été regroupés dans trois points de la capitale" pour une éventuelle opération d'évacuation.
Hervé Morin à bord d'un hélicoptère le 31 décembre 2007 dans le sud duTchad
©AFP/Archives - Fred Dufour

"150 soldats sont arrivés ce matin de Libreville, ce qui porte à 1.450 le nombre des soldats français" au Tchad dans le cadre du dispositif Epervier, a-t-il ajouté.

L'armée française, présente dans ce pays depuis 1986 avec les 1.100 hommes du dispositif Epervier, a sécurisé les centres de regroupement et les grands hôtels de la capitale.

"Pour le moment, on est bloqué à l'hôtel, on n'a pas le droit de sortir. Il y a l'armée française qui nous protège", a indiqué à la radio RMC André, un Français vivant dans le centre de la capitale.

Le président Nicolas Sarkozy s'est "entretenu longuement avec le président Déby", a par ailleurs déclaré le porte-parole de l'Elysée David Martinon.

La chute de N'Djamena coïncide avec le lancement de la force européenne dans l'est du Tchad et en Centrafrique. Les 3.700 hommes de la force, dont 2.100 Français, sont censés d'ici à fin mai protéger les réfugiés du Darfour (ouest du Soudan) ainsi que les déplacés internes tchadiens et centrafricains, soit 450.000 personnes au total.

Plusieurs experts, ainsi que les autorités tchadiennes, estiment que le Soudan, parrain des rebelles tchadiens, les a incités à attaquer pour perturber ce déploiement à ses portes.

Samedi, dans un communiqué clôturant son sommet en Ethiopie, l'Union africaine "condamne" l'attaque et exige la fin des combats.
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 02 Fév 2008, 13:13

a écrit :
02/02/2008 10:33:09 - PARIS (AFP)   
Paris piégé dans le "bourbier tchadien"
La France est piégée politiquement et militairement dans le "bourbier tchadien", qu'elle décide de soutenir jusqu'au bout le régime d'Idriss Deby Itno ou au contraire de le laisser se déliter, estiment des experts.

Les rebelles venus de l'est du Tchad sont, comme en 2006, aux portes de N'Djamena, et des combats avec l'armée tchadienne ont éclaté vendredi à une cinquantaine de kilomètres de la capitale.

Avec plus d'un millier de soldats sur le territoire et quelque 1.500 ressortissants français vivant à N'Djamena, Paris peut difficilement ne pas s'impliquer dans la crise tchadienne, souligne le journaliste Antoine Glaser. L'armée française est présente depuis 20 ans au Tchad, aux termes d'accords militaires qui prévoient un soutien logistique et en matière de renseignement à l'armée tchadienne.

Sur le plan politique, si les relations entre Nicolas Sarkozy et son homologue tchadien ne sont pas aussi bonnes qu'elles l'étaient du temps de Jacques Chirac, la récente affaire de l'Arche de Zoé a "scellé" des liens, poursuit M. Glaser. Selon lui, "on peut imaginer que le président français est lié à Deby après la diplomatie secrète qui a permis le transfèrement extrêmement rapide en France des humanitaires" condamnés au Tchad à huit ans de travaux forcés pour tentative d'enlèvement d'enfants.

"La France est totalement piégée sur les plans politique et militaire au Tchad" et se trouve "dans une position qui la contraint" à intervenir, résume-t-il.

Roland Marchal, chercheur au CNRS, estime lui aussi que la France continuera à "soutenir jusqu'au bout" le régime en place, car elle n'a pas de solution alternative.

"Le problème du Tchad n'est pas Deby, c'est tout un système", assure-t-il. Or, selon lui, "la France n'a jamais rien proposé" face à un régime qui "incarne le contraire de tout ce que l'Union européenne s'est engagée à mettre en oeuvre" lors du sommet Europe-Afrique de Lisbonne en décembre. Problème supplémentaire pour l'ancienne puissance coloniale, elle doit aussi tenir compte de ses alliés européens.

Philippe Hugon, chercheur à l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), souligne que la politique française au Tchad est désormais liée au déploiement de la force européenne Eufor, un projet que Paris a porté contre vents et marées et dont la France constitue l'ossature. "Les Européens étaient déjà très réticents à participer à Eufor. Si la France soutient Deby de façon trop appuyée, elle n'aura plus aucune légitimité aux yeux de ses partenaires", pour qui la "neutralité" de la force est une condition sine qua non, déclare M. Hugon.

Chargée de se déployer dans l'est du Tchad et le nord de la Centrafrique pour sécuriser les camps de réfugiés du Darfour et les populations locales déplacées, l'Eufor est censée arriver sur place dans les jours qui viennent. Mais l'envoi de troupes autrichiennes et irlandaises a été repoussé vendredi en raison de la situation.

Les rebelles tchadiens ont à plusieurs reprises mis en doute les objectifs réels d'Eufor, en raison de la forte implication militaire de la France (2.100 soldats sur 3.700 hommes), qu'ils accusent de vouloir sauver Deby envers et contre tout.

"Il est temps que la France comprenne enfin que ce régime est fini", a déclaré vendredi à l'AFP Mansour Abbas, un représentant à Paris de l'UFDD (Union des Forces pour la démocratie et le développement).

La porte-parole du quai d'Orsay, Pascale Andreani, a assuré pour sa part que Paris ne se situait pas en l'état actuel des choses dans "l'hypothèse" d'un changement de régime à N'Djamena.
abounouwas
 
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Message par yannalan » 02 Fév 2008, 13:41

Il semble pour le moment que les français aient décidé de ne pas intervenir, comme on peut le voir. Avec une activité aérienne offensive, les rebelles ne seraient jamais arrivés si près et si aisément.
On peut observer que les "Zoé" ont fait un mauvais calcul en se faisant rapatrier en France, au Tchad les rebelles ont vidé la prison !
Faut voir maintenant qui sont les rebelles, déjà le fait qu'il y ait trois fractions n'est pas rassurant pour les populations civiles a priori....
yannalan
 
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Message par artza » 02 Fév 2008, 13:54

Et qui paie tout ça, les véhicules, le carburant, armes et munitions, battle-dresses et rata :33:
artza
 
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Message par Vérié » 02 Fév 2008, 14:31

Ben côté gourvenement tchadien, c'est l'Etat français, non ? De l'autre côté, il semble que ce soient les Soudanais soutenus par les Chinois...
Vérié
 
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Message par yannalan » 02 Fév 2008, 15:26

Le Tchad a quelques revenus pétroliers et Deby a puisé dans le fonds de réserve qu'il constituait pour acheter des armes, mais l'armée française donne un soutien logistique, bien sur.
Pour l'autre côté, d'accord avec Vérié.Pour les véhicules,les ONG amènent suffisamment de 4/4 pour équiper du monde....
yannalan
 
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Message par abounouwas » 05 Fév 2008, 15:42

a écrit :
Des opposants politiques auraient été arrêtés
LE MONDE | 05.02.08 | 14h38

a chasse aux opposants politiques, à la faveur d'une offensive de l'armée contre des rebelles ou d'une prise du pouvoir, n'est pas une nouveauté dans l'histoire récente du Tchad. L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a affirmé, mardi 5 février à New York, avoir reçu des informations selon lesquelles, depuis trois jours, "les forces de sécurité du gouvernement tchadien sont impliquées dans l'arrestation d'hommes politiques de l'opposition".

"Au moins sept responsables politiques tchadiens ont été arrêtés depuis dimanche soir", a affirmé, lundi, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho). "Des militaires les ont conduits vers des endroits inconnus", précise cette organisation basée à Dakar. Les personnalités visées seraient accusées d'avoir préparé un accueil favorables aux rebelles à N'Djamena. Ces arrestations auraient notamment concerné Ngarleji Yorongar, député et coordinateur général de la Fédération Action pour la République (FAR), Mahamat Saleh Ibni Oumar, président du Parti pour les libertés et le développement (PLD) et Lol Mahamat Choua, président du Rassemblement démocratique pour le progrès (RDP).

Tous sont signataires de l'"accord politique global visant à renforcer le processus démocratique au Tchad" paraphé par l'ensemble des partis politiques tchadiens, le 14 août 2007 à N'Djamena, sous les auspices de l'Union européenne. Ce texte, salué par la France, était considéré comme un premier pas vers la normalisation de la vie politique au Tchad. L'opposition armée n'y était pas associée.

La porte-parole du Quai d'Orsay, Pascale Andréani, interrogée lundi 4 février sur ces informations, a répondu : "La situation étant confuse à N'Djamena, il n'est pas possible de confirmer ces enlèvements. S'ils devaient l'être, nous ne manquerions pas de nous enquérir du sort des personnes enlevées."

Pour sa part, Georgette Gagnon, directrice par intérim de la section africaine de HRW, s'inquiète : "Nous craignons que le gouvernement tchadien ne prenne prétexte des combats pour régler ses comptes avec l'opposition non armée."

Déjà, après l'offensive rebelle d'avril 2006, HRW avait accusé les forces tchadiennes de s'être livrées à "des arrestations arbitraires, des actes de torture et des exécutions sommaires de civils soupçonnés d'être affiliés aux rebelles, ainsi que de membres de leurs familles".

Philippe Bernard et Philippe Bolopion
Article paru dans l'édition du 06.02.08
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 07 Fév 2008, 10:38

sur Jeune Afrique aujourd'hui:

a écrit :
Deby affirme contrôler la capitale et n'exclut pas de gracier les Français de l'Arche de Zoé

TCHAD - 7 février 2008 - AFP

Le président tchadien Idriss Deby Itno a affirmé mercredi que ses forces avaient le "contrôle total" de la capitale et du pays après la bataille de N'Djamena qui a tué au moins 160 personnes.

Il a également entrouvert la porte de la grâce pour les six membres de l'Arche de Zoé, emprisonnés en France pour "tentative d'enlèvement d'enfants" au Tchad, suscitant un espoir prudent des avocats et des proches des condamnés.
Au moins 160 personnes ont été tuées et un millier blessées le week-end dernier au cours de la bataille entre les forces rebelles et gouvernementales, a annoncé à l'AFP mercredi soir le Comité international de la Croix rouge (CICR) à N'Djamena.

"Quatre-vingt corps ont été collectés par la Croix Rouge tchadienne, et il en reste au moins autant, sans doute un peu plus", a déclaré le chef de la délégation, Thomas Merkelbach. Il a indiqué que le bilan tournait toujours "autour de mille" personnes pour les blessés.



Auparavant, le chef de l'Etat dans sa première conférence de presse depuis la fin de la bataille avait déclaré, satisfait et en treillis militaire de combat : "Nous avons le contrôle total non seulement de la capitale mais du pays". "Il (des rebelles) y en a qui ont fui, il y en a qui sont encore dans N'Djamena déguisés en civil, il y en a qui tentent de rejoindre la frontière (soudanaise)", a-t-il ajouté

Cette proclamation de victoire d'un chef d'Etat assiégé dans la présidence pendant tout le week-end intervenait à l'issue d'un entretien avec le ministre français de la Défense Hervé Morin, venu à N'Djamena lui apporter un soutien "sans faille". "Ce que j'ai pu lui dire a démontré à quel point notre soutien était sans faille", a déclaré M. Morin à la presse. M. Morin a rappelé à M. Deby Itno "le soutien du gouvernement français au gouvernement légitime du Tchad ainsi que la volonté de la France de préserver l'intégrité et la stabilité de ce pays".
Après la multiplication des marques de soutien de la France à son encontre, le président tchadien n'a pas exclu de gracier les six Français de L'Arche de Zoé condamnés à huit ans de prison pour "tentative d'enlèvement d'enfants" au Tchad. "A partir du moment où la Constitution tchadienne me donne le droit d'élargir qui que ce soit, tchadien ou étranger (...), ce n'est pas impossible, si la France le demande bien sûr, que j'examine cette question", a-t-il dit.
Sur le plan militaire, l'horizon semble s'éclaircir pour l'Armée nationale tchadienne (ANT).



L'alliance rebelle partie le 28 janvier du Soudan, selon N'Djamena, pour attaquer la capitale, a dit mercredi s'être "un peu retirée" à "environ 70 kilomètres" de la capitale tchadienne. Une colonne rebelle a été repérée à 200 kilomètres de la frontière soudanaise en direction de N'Djamena, selon une source militaire. M. Morin a confirmé "l'existence d'une colonne" de rebelles qui "se déplace lentement" vers la capitale.

Les rebelles refusent de baisser pavillon. Leur alliance a ainsi mis "en garde" la France "contre toute intervention directe", en assurant que les menaces de Paris ne les "dissuadaient pas" de repasser à l'offensive. Dans certains quartiers de N'Djamena, un peu d'animation commençait à regagner les rues, avec quelques commerces qui ouvraient. Hors du centre, les traces des combats se manifestaient par des véhicules calcinés, détruits ou renversés, entourés de cadavres calcinés ou en état de décomposition avancée.



Au total, 1.231 personnes - 491 Français et 740 étrangers - ont été évacuées depuis samedi vers Libreville, selon Paris. Les combats ont poussé 20.000 à 30.000 personnes vers le Cameroun voisin. Paris a affrété deux avions pour transporter 80 tonnes d'aide humanitaire d'urgence au Cameroun pour ces réfugiés. Mais, à pied ou à moto, des centaines de Tchadiens s'empressaient mercredi de franchir dans une énorme cohue le pont N'Gueli pour regagner N'Djamena, qu'ils avaient fuie pour se réfugier au Cameroun.

Enfin, "la planification du déploiement" de l'Eufor Tchad-RCA a repris avec pour objectif de ne pas accuser plus d'un mois et demi de retard, selon M. Morin.
L'opération Eufor commençait à se déployer au moment où les rebelles ont lancé, le 28 janvier, leur attaque contre le pouvoir de N'Djamena depuis la frontière soudanaise.
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 07 Fév 2008, 10:50

et pour un autre son de cloche...

interview de Kochi

a écrit :

Rebelles du Tchad : « Si les troupes françaises s’interposent, nous nous battrons contre elles »

Exclusif | mercredi, 6 février 2008 | par Eric Laffitte

Interview de Brahim Kochi, conseiller spécial du général Noury, le principal chef des rebelles au Tchad. Selon lui, les Français auraient d’abord négocié avec les rebelles, avant de les bombarder. Ils contrôleraient tout le pays, à l’exception de la capitale. Et il lance des avertissements à Paris en cas d’intervention dans le conflit

Joint au téléphone ce mercredi 6 février, Brahim Kochi est le conseiller spécial du général Noury, le principal chef des rebelles au Tchad. Bakchich l’avait déjà rencontré, il y a 3 mois, lors d’une tournée européenne et notamment en France, visite au cours de laquelle il avait tenté, sans succès, de prendre contact avec les autorités françaises.

Il livre à Bakchich son analyse de la situation politique et militaire au Tchad, très instable après plusieurs jours de combats et surveillée de très près à Paris, qui soutient le régime du président Idriss Deby.

Bakchich : Quelle est aujourd’hui la situation militaire ?

Brahim Kochi : à l’exception de la capitale N’Djamena, nous contrôlons tout le pays. Nous avons écrasé les troupes de Déby et seule la présence des troupes françaises et le souci d’éviter un bain de sang parmi les civils nous a momentanément conduit à nous retirer de N’Djamena .

Le Président tchadien affirme le contraire et explique que vos troupes sont en déroute… Selon certaines sources, le général Noury serait lui-même blessé.

Brahim Kochi : Je viens d’avoir le général Noury au téléphone, je démens formellement qu’il soit blessé. Lorsque nous avons investi la capitale, la stratégie que nous avons adoptée a été de faire « le moins de casse » possible. Nous aurions pu investir la Présidence et même, dans les premières heures, l’aéroport. Les autorités françaises ont alors négocié avec nous en laissant entendre qu’elles allaient exfiltrer Déby. Ils nous ont aussi demandé de conserver l’aéroport afin de pouvoir évacuer les ressortissants français. Ce que nous avons accepté en signe de bonne volonté.

Le deuxième jour, nous avons constaté que les militaires français laissaient décoller des hélicoptères, lesquels ensuite nous bombardaient. Par ailleurs, les Français ont rapatrié d’Abéché, dans l’est du pays, via un avion Transall, des soldats rebelles soudanais lesquels sont donc venus prêter main-forte à Déby. Ce sont les seules troupes dont il dispose aujourd’hui et c’est contre eux que nous sommes battus.

Paris a démenti formellement toute intervention militaire.

Brahim Kochi : Je maintiens mes affirmations, j’affirme par ailleurs que nos troupes ont également été bombardées lundi soir par un hélicoptère Puma de l’armée française.

Selon vous, comment va évoluer la situation dans les jours à venir ?

Brahim Kochi : Nos troupes ont subi très peu de pertes et sont actuellement en position à l’extérieur de la ville. Elles vont lancer une nouvelle offensive. Dès lors il y a deux possibilités. Soit la France redevient raisonnable et n’intervient pas dans le conflit, soit les troupes françaises s’interposent et cette fois, c’est sûr, nous nous battrons contre elles.

Avez –vous actuellement des contacts avec les autorités françaises ?

Brahim Kochi : En dehors de ceux évoqués lors de l’investissement de la capitale, nous avons essayé de prendre contact avec les autorités politiques françaises, mais sans succès. Les autorités ont refusé. Je vous précise que nous ne sommes pas opposé au déploiement de l’Eufor et que nous sommes prêts à contribuer à son déploiement dans de bonnes conditions.

Propos recueillis par Eric Laffite
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Message par abounouwas » 07 Fév 2008, 10:52

sur Bakchich

a écrit :

Tchad : la France maintient le Déby
Diplomatie | mercredi, 6 février 2008 | par Xavier Monnier

Hervé Morin, le ministre de la défense, est arrivé à N’Djamena ce mercredi matin, pour une visite de quelques heures. La France ne lâchera pas Idriss Déby… du moins tant que le Soudan se mêlera de ce qui ne le regarde pas.

Ça y est, le gouvernement tchadien est de retour. Et ses jolies déclarations avec. Très discret le week-end dernier, alors qu’une colonne de 2 000 rebelles ont pris d’assaut N’Djamena, la capitale du pays, et failli faire tomber le palais présidentiel, les hommes d’Idriss Déby Itno ont recouvré la parole, mardi. Et bombé le torse bien fort. Ils devaient avoir eu vent de la visite prévue pour le lendemain du ministre français de la défense, Hervé Morin.

« Cessez-le-feu pourquoi ? Ils (les rebelles) n’existent plus. On fait signer un cessez le feu avec qui ? (…) Nous les avons matés », a affirmé le chef du gouvernement tchadien Nourredine Delwa Kassiré Coumakoye à la chaîne d’information en continu France 24.

Pas question de voir un gouvernement soudanais à N’Djaména, dixit Paris

Des déclarations que ne renieraient pas l’ancien ministre de l’information irakien, lors de la dernière invasion américaine. Mieux, le garçon s’est porté garant devant les confrères de France 24. « Il n’y a plus aucune rébellion. Ils ont été tous décimés. Le reliquat est en train d’être poursuivi à une cinquantaine de km ». Un brin matamores, les fidèles d’Idriss Déby, l’éthylique président tchadien, voire sûrs de la force de leurs blindés ? En réalité, ils paraissent plutôt revigorés par les multiples coups de fil et signaux venus de la France, toujours bonne mère avec son allié africain.

Si, contrairement à 2006 (cf. Idriss, un dictateur à Haut Déby), l’aviation française n’a pas fait donner le canon, les divers échos diplomatiques venus de Paris ont tous rasséréné Idriss Déby. « Pas question de voir s’installer un gouvernement soudanais à N’Djaména », traduit, pour Bakchich, une vieille concierge des Palais africains. Mais cette dernière peut-elle ignorer que Déby recourt souvent à de bonnes vieilles milices… soudanaises ?

Car, au Quai d’Orsay comme à l’Elysée, l’origine des armes, des 4x4 Toyota flambant neufs de la rébellion et de leur ravitaillement ne souffre aucun doute : Khartoum et le Soudan voisin. « Aucun camp d’entraînement rebelle n’a d’ailleurs jamais été localisé à l’intérieur des frontières tchadiennes », pointe une barbouze, sollicitée par Bakchich.

Le conflit du Darfour, à la frontière tchado-soudanaise, a en effet quelque peu crispé depuis de longs mois maintenant les relations entre les deux voisins… Que l’ethnie Zaghawa, à cheval sur la frontière, soit aussi l’ethnie de Déby n’est pas tout à fait étranger aux tensions
Si Déby tombe, ce sera le bordel au Tchad

Si bien que Khartoum ne rêve plus que d’une chose, renverser Déby, coupable, à leurs yeux, de soutenir les rebelles du Darfour contre le pouvoir central soudanais. Une analyse loin d’être évidente, mais qui a le don de conforter la diplomatie française dans sa ligne. « Si Déby tombe, ce sera un encore plus gros bordel au Tchad, tous les mouvements armés par les Soudanais vont s’entre-déchirer », prédit une Cassandre des coulisses franco-africaines, « les projecteurs seraient braqués sur le Tchad et les Soudanais nettoieraient tranquilles le Darfour ». Sans oublier que le beau dispositif français de l’opération Epervier, vigie de la diplomatie française sur le continent, poste stratégique du déploiement militaire tricolore en Afrique, serait gêné aux entournures.

Bref, entre Déby et Paris, une jolie convergence d’intérêts pointe son nez. Au moins tant que la seule opposition/rébellion sera armée par le Soudan. Traduit dans la langue du bon président Sarkozy, cela donne : « Si la France doit faire son devoir, elle le fera ».

Qui a dit que Sarko Ier n’était pas un fin diplomate ?



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