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Tchad: N'Djamena tombée aux mains des rebelles, Deby à la présidence
02/02/2008 11h59
Des soldats tchadiens le 6 décembre 2007 au Tchad
©AFP/archives - Sonia Rolley
N'DJAMENA (AFP) - Les rebelles tchadiens se sont emparés samedi de la capitale N'Djamena après seulement trois heures d'affrontements avec les troupes gouvernementales, mais le président Idriss Deby Itno était toujours en fin de matinée dans le palais présidentiel, selon une source militaire.
"Toute la ville est entre les mains des rebelles. Il n'y a plus que des combats de nettoyage", a indiqué cette source, précisant que le président Deby était "toujours à la présidence".
Le ministre français de la Défense Hervé Morin a confirmé à l'AFP que "les rebelles s'approchent du palais présidentiel" à N'Djamena où ils affrontent l'armée nationale tchadienne.
La maison d'arrêt de N'Djamena a été prise par les rebelles et tous les prisonniers ont été libérés samedi, ont rapporté des témoins. Des scènes de pillages ont été enregistrées dès l'arrivée des rebelles tchadiens à N'Djamena, selon des responsables de services de sécurité d'organisme internationaux, et une colonne de fumée noire s'élevait dans le secteur de la présidence.
Dans certains quartiers la population a accueilli par des cris de joie l'arrivée des rebelles, ont indiqué des témoins. Les rebelles, en treillis vert olive et portant des brassards blancs, circulent dans la capitale dans des pick-up camouflés.
Les tirs intenses enregistrés au cours de matinée étaient d'ailleurs devenus "beaucoup plus sporadiques" peu avant 12H00 (11H00 GMT), a constaté un journaliste de l'AFP.
L'Union africaine a mandaté le président congolais Denis Sassou Nguesso et le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi pour "trouver une solution négociée à la crise actuelle" au Tchad, selon le communiqué final du sommet de l'UA à Addis Abeba.Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Amad Allam-Mi, a confirmé pour sa part à Addis Abeba, en marge du 10e sommet de l'Union africaine (UA), qu'Idriss Deby Itno était bien "à la présidence", tout en niant une situation militaire défavorable.
Idriss Deby le 4 novembre 2007 à N'Djamena
©AFP - Issouf Sanogo
Les affrontements ont commencé peu après 08H00 (07H00 GMT) à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, avant de s'étendre rapidement à toute la ville.
Une source militaire française a indiqué à l'AFP qu'environ 2.000 rebelles tchadiens, dans trois colonnes, avaient pénétré dans la capitale à bord de 4X4, équipés de mitrailleuses, de lance-roquettes et de fusils d'assaut Kalachnikov.
"Deby et ses troupes sont en débandade. Il va tomber aujourd'hui (samedi) c'est sûr", avait affirmé samedi matin Abakar Tollimi, l'un des chefs de l'alliance des trois principales rébellions tchadiennes, formée à la mi-décembre après de premiers combats menés par ces groupes en ordre dispersé dans l'est du pays.
Depuis lundi, une colonne rebelle composée de quelque 300 véhicules pick-up pouvant transporter dix à quinze hommes chacun, a traversé le Tchad sur 800 km à partir du Soudan, où les groupes avaient établi leurs bases.
Leur progression n'avait pas rencontré de résistance jusqu'à vendredi vers la localité de Massaguet, à 50 km à vol d'oiseau au nord-est de la capitale, où l'ANT était allée vainement tenter de la bloquer avec à sa tête le président Deby. Le chef militaire était arrivé au pouvoir par les armes en 1990, depuis le Soudan lui aussi, en renversant Hissène Habré.
Face à l'intensification des combats, le ministère français des Affaires étrangères a appelé les résidents français dans le pays, dont 85% sont à N'Djamena, à "s'abriter dans leurs habitations".
Le commandant Christophe Prazuck, de l'état-major des armées, a de son côté indiqué à l'AFP que "600 des 1.500 ressortissants français au Tchad ont été regroupés dans trois points de la capitale" pour une éventuelle opération d'évacuation.
Hervé Morin à bord d'un hélicoptère le 31 décembre 2007 dans le sud duTchad
©AFP/Archives - Fred Dufour
"150 soldats sont arrivés ce matin de Libreville, ce qui porte à 1.450 le nombre des soldats français" au Tchad dans le cadre du dispositif Epervier, a-t-il ajouté.
L'armée française, présente dans ce pays depuis 1986 avec les 1.100 hommes du dispositif Epervier, a sécurisé les centres de regroupement et les grands hôtels de la capitale.
"Pour le moment, on est bloqué à l'hôtel, on n'a pas le droit de sortir. Il y a l'armée française qui nous protège", a indiqué à la radio RMC André, un Français vivant dans le centre de la capitale.
Le président Nicolas Sarkozy s'est "entretenu longuement avec le président Déby", a par ailleurs déclaré le porte-parole de l'Elysée David Martinon.
La chute de N'Djamena coïncide avec le lancement de la force européenne dans l'est du Tchad et en Centrafrique. Les 3.700 hommes de la force, dont 2.100 Français, sont censés d'ici à fin mai protéger les réfugiés du Darfour (ouest du Soudan) ainsi que les déplacés internes tchadiens et centrafricains, soit 450.000 personnes au total.
Plusieurs experts, ainsi que les autorités tchadiennes, estiment que le Soudan, parrain des rebelles tchadiens, les a incités à attaquer pour perturber ce déploiement à ses portes.
Samedi, dans un communiqué clôturant son sommet en Ethiopie, l'Union africaine "condamne" l'attaque et exige la fin des combats.