L'armée turque traque le PKK dans le nord de l'Irak

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Message par Proculte » 22 Fév 2008, 19:14

a écrit :22.02.08 | 17h33



ANKARA (Reuters) - L'infanterie turque a pénétré dans le nord de l'Irak pour traquer les séparatistes kurdes du PKK, annonce l'armée turque, avant d'être fermement invitée à la retenue par ses alliés occidentaux.

Selon la télévision turque, 3.000 à 10.000 militaires sont entrés en territoire irakien mais Bagdad a minimisé la portée de l'opération, déclarant que seules quelques centaines de troupes étaient impliquées.


La chaîne de télévision CNN Turk a rapporté, en citant des sources proches des forces de sécurité, que l'offensive devrait durer quinze jours.

L'Union européenne et les Etats-Unis n'ont pas caché leur inquiétude en raison des risques de déstabilisation de la région.

La Maison blanche a invité la Turquie à limiter son offensive à des "cibles précises", le Pentagone à la "conclure rapidement" et l'UE à éviter toute action "disproportionnée".

Le gouvernement irakien a quant à lui protesté contre cette infraction de souveraineté "contraire au souhait des Irakiens et des Turcs d'entretenir de bonnes relations".

"Les forces armées turques, qui attachent la plus grande importance à l'intégrité territoriale et à la stabilité de l'Irak, regagneront la Turquie dans les plus brefs délais possibles, une fois leurs objectifs atteints", a promis l'état-major turc dans un communiqué, sans donner de détails sur l'ampleur de l'opération.

Les rebelles kurdes, qui dans un premier temps ont démenti la réalité de cette offensive, ont fait état de "graves affrontements" dans les monts Zagros, aux confins de la Turquie, de l'Irak et de l'Iran, au cours duquel deux soldats turcs ont selon eux été tués et huit autres blessés.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan ne déplore aucune victime dans ses rangs, a ajouté d'un lieu tenu secret Ahmed Danees, responsable des relations internationales pour le PKK, interrogé par Reuters au téléphone.

"DURÉE LIMITÉE"

Joint par Reuters, un haut responsable militaire basé dans le sud-est de la Turquie a déclaré que plusieurs milliers de soldats participaient à cette opération et que plusieurs milliers d'autres se tenaient prêts à les rejoindre.

Mais le ministre irakien des Affaires étrangères Hochiar Zebari a assuré que la Turquie n'avait pas lancé d'incursion "majeure" et que l'opération n'impliquait que quelques centaines de soldats. Un officier supérieur des forces de la coalition internationale en Irak a estimé lui aussi le nombre de troupes impliquées à "quelques centaines, au plus".

Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a dit avoir prévenu le président George Bush par téléphone de cette offensive déclenchée jeudi à 19h00 (17h00 GMT).

L'état-major des forces américaines en Irak a déclaré avoir été informé qu'il s'agissait d'une opération à "durée limitée" visant spécifiquement les rebelles séparatistes.

La Turquie, membre de l'Otan, affirme que le droit international l'autorise à frapper les séparatistes du PKK dans leurs caches du nord de l'Irak, d'où ils planifient des attaques menées sur son sol. Selon Ankara, 3.000 combattants du PKK se trouveraient sur le sol irakien.

Pour Ankara, le PKK est responsable de la mort de près de 40.000 personnes depuis le déclenchement de sa lutte armée, en 1984. La Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne classent le PKK comme organisation terroriste.

Les médias turcs rapportent que l'infanterie, soutenue par des avions de combat et des hélicoptères d'attaque Cobra, a pénétré à 10 kilomètres à l'intérieur de l'Irak. La télévision a montré plusieurs dizaines de chars roulant à vive allure le long de la frontière.

"PAS LA MEILLEURE NOUVELLE"

A Bruxelles, un haut responsable du département d'Etat américain a réagi vendredi matin en estimant que cette incursion n'était pas "la meilleure nouvelle". "Une opération terrestre représente un tout autre niveau", a ajouté Matthew Bryza.

Ces deux derniers mois, l'armée turque n'avait mené que des raids aériens ou des pilonnages limités de l'autre côté de la frontière, tacitement acceptés par Washington et Bruxelles.

Javier Solana, porte-parole de la politique étrangère de l'UE, a dit "comprendre les inquiétudes de la Turquie" mais jugé que "cette action n'est pas la meilleure réponse". Londres a invité Ankara à quitter le territoire irakien dès que possible.

L'un des risques pointés par les observateurs serait un affrontement entre les troupes turques et les peshmergas, les forces de sécurité du Kurdistan irakien, que la Turquie accuse de protéger le PKK.

Le porte-parole du gouvernement irakien Ali Dabbagh a déclaré que les peshmergas avaient bloqué vendredi la progression de certains éléments de l'armée turque "sans qu'il y ait confrontation".

Le président turc Abdullah Gül a téléphoné à son homologue irakien, le Kurde Djalal Talabani, pour l'informer de cette incursion après son déclenchement.

L'Irak a réclamé à plusieurs reprises une solution diplomatique pour régler la question du PKK.

La Turquie a lancé plusieurs grandes offensives terrestres contre le PKK dans le nord de l'Irak dans les années 1990, sans parvenir à déloger la rébellion kurde.

"D'un point de vue militaire, même 50.000 hommes dans les années 1990 n'ont pas réussi à détruire le PKK mais d'un point de vue psychologique, l'opération pourrait être très efficace. Elle a pris le PKK par surprise", analyse Gareth Jenkins, un expert des questions de défense en Turquie qui vit à Istanbul.

"Par temps hivernal, une opération terrestre de cette ampleur sera très difficile, les voies de ravitaillement seront difficiles à sécuriser", ajoute-t-il.

Version française Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse
Proculte
 
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Message par Puig Antich » 24 Fév 2008, 23:36

Il est bien triste de voir que la seule perspective qu'offre le PKK aux jeunes prolétaires kurdes de Turquie est de brûler des voitures
Puig Antich
 
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Message par Proculte » 01 Mars 2008, 10:22

AFP - vendredi 29 février 2008, 21h56
La Turquie met fin à son incursion en Irak et menace d'y retourner


La vaste offensive de l'armée turque visant les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de Irak s'est achevée et les unités qui y étaient engagées ont regagné vendredi leurs bases, a annoncé l'état-major turc, menaçant d'y retourner si besoin est.

Dans la soirée, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a appelé Bagdad à coopérer avec Ankara pour chasser le PKK du nord de l'Irak, et il a exhorté les rebelles kurdes à déposer les armes.

"Il a été conclu que l'opération avait atteint ses objectifs et nos troupes ont regagné leurs bases dans le pays (...) le 29 février au matin", indique un communiqué mis en ligne par l'état-major de l'armée turque.

"Cette décision est indépendante d'une quelconque influence étrangère", souligne l'armée. La veille, les Etats-Unis avaient invité la Turquie, pays membre de l'Otan, à mettre un terme rapide à cette opération.

Le président américain George W. Bush et son secrétaire à la Défense Robert Gates, qui s'est rendu brièvement à Ankara, avaient appelé les Turcs à quitter l'Irak "le plus vite possible".

La Maison Blanche a qualifié vendredi de "ciblée et relativement courte" l'offensive turque et a averti que le PKK pourrait être la cible de nouvelles attaques.

"Une chose reste certaine, c'est que les Etats-Unis, la Turquie et l'Irak vont continuer à considérer le PKK comme une organisation terroriste dont on a besoin de s'occuper", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Gordon Johndroe.

Washington, qui fournit depuis plusieurs mois des renseignements en temps réel à la Turquie sur les rebelles dans le nord de l'Irak, s'inquiétait de l'éventualité d'un conflit entre ses deux alliés régionaux, les Turcs et les Kurdes d'Irak, en cas d'enlisement de l'opération turque.

Le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari avait indiqué auparavant que l'incursion turque était terminée. "La Turquie a mis fin à son opération militaire ce matin et a commencé à retirer ses troupes", a déclaré le ministre à l'AFP.

L'armée turque affirme qu'au moins 240 rebelles du PKK ont été abattus en huit jours d'offensive. Côté turc, 27 personnes ont été tuées, selon ce décompte.

L'armée menace en outre de réinvestir le nord de l'Irak.

"Les activités des terroristes dans le nord de l'Irak seront suivies de près et aucune menace depuis ce territoire contre la Turquie ne sera tolérée", précise le texte qui dit : "La lutte anti-terroriste dans le pays et à l'étranger sera poursuivie avec détermination".

Un photographe de l'AFP à Cukurca, petite ville stratégique turque située à quelques kilomètres de la frontière irakienne, a constaté le retour de leur mission périlleuse en plein hiver des troupes vêtues de tenues de camouflage blanches et visiblement fatiguées à bord de véhicules militaires.

Les convois militaires turcs rentrant en Turquie se poursuivaient en début de soirée.

L'armée turque indique aussi que cette incursion, lancée le 21 février au soir et menée avec des milliers de commandos, "ne va pas mettre l'organisation terroriste (PKK) entièrement hors d'état de nuire", mais a montré que "la zone n'était plus un sanctuaire pour les terroristes".

Au total 272 cibles ont été pilonnées par air et 517 autres ont été attaquées par terre lors de l'offensive qui visait surtout la région de Zap, où se trouvait une importante base du PKK, ajoute le document.

La Turquie estimait, avant cette opération, à 4.000 le nombre de rebelles retranchés dans les montagnes enneigées du nord de l'Irak.

Le PKK, qui réclame l'autonomie de la région à majorité kurde du sud-est de la Turquie, mène depuis 1984 une lutte armée contre l'Etat turc qui a fait quelque 37.000 morts.

Dans une allocution télévisée à la nation turque diffusée quelques heures après l'annonce de la fin de l'opération turque, M. Erdogan a appelé les autorités de Bagdad à la coopération.

"Nous ne devons pas laisser la présence de l'organisation terroriste dans cette région empoisonner nos relations", a déclaré le Premier ministre. Le PKK "n'est pas seulement l'ennemi de la Turquie, mais aussi un ennemi de l'Irak, un facteur de déstabilisation et une menace pour la région", a-t-il dit.

"La Turquie et l'Irak doivent travailler ensemble pour se débarrasser de ce problème, il n'y a pas d'autre voie", a-t-il déclaré.

Le Premier ministre a appelé les rebelles du PKK à renoncer à la lutte armée. "On ne peut arriver nulle part par la voie de la terreur. Vous ne pouvez rien obtenir de cette manière (...) Abandonnez cette voie erronée (...)", a lancé M. Erdogan.
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