Journée de colère en Egypte

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Message par abounouwas » 07 Avr 2008, 08:59

a écrit :
Tensions sociales et politiques en Egypte à la veille des municipales
LE MONDE | 07.04.08 | 09h34  •  Mis à jour le 07.04.08 | 09h37
Mahallah El Kubra,envoyé spécial

Déploiements policiers massifs, gaz lacrymogènes, bastonnades, arrestations : dimanche 6 avril, la "Journée de colère" doublée d'une grève générale à laquelle une myriade d'activistes et de mouvances antigouvernementales avaient appelé les Egyptiens, via Internet, le site Facebook, le bouche-à-oreille et des milliers de SMS, n'a pas eu le succès escompté.

Sous un ciel ocre voilé d'un gros nuage de poussière annonciateur d'une tempête de sable, des groupes de plusieurs centaines de manifestants se sont heurtés, en différents points de la capitale et ailleurs dans le pays, à des forces anti-émeutes cent fois plus nombreuses, casquées, bottées et harnachées comme pour prévenir une révolution. Quelques milliers de travailleurs ne se sont pas présentés à leurs postes et la plupart des écoles et des universités du Caire étaient quasi désertes.

Au total, il y a eu une centaine de blessés dans des échauffourées et environ 250 protestataires arrêtés. La journée "laissera des traces" espèrent les opposants. Mais il faut reconnaître au régime autocratique du raïs Hosni Moubarak que le contrôle qu'il exerce depuis un quart de siècle sur les 80 millions d'Egyptiens demeure total. Ou presque.

Une nouvelle démonstration en a été faite dimanche, quarante-huit heures avant des "élections" municipales dont les résultats sont d'autant plus acquis d'avance que, sur les 7 754 candidats que les Frères musulmans, la principale formation d'opposition, entendaient présenter, 20 seulement ont été autorisés à participer au scrutin, en tant qu'"indépendants" puisque la mouvance, qui ne participait pas à la "Journée de colère", est officiellement interdite. Un millier d'autres opposants, non étiquetés "islamistes", devaient également concourir. Le parti au pouvoir (Parti national démocratique, PND) se réservant d'en présenter, lui, 53 000 dans l'ensemble des localités du pays.

1,5 EURO PAR JOUR

Apathie ou dégoût des citoyens confrontés à un système impossible à changer par les urnes : personne, en Egypte, ne croit sérieusement que le scrutin réunira plus de 10% des 38 millions d'électeurs de ce pays.

"Clientélisme, intimidation et répression restent les bases de l'incontestable mais fragile stabilité du régime", explique un professeur de sciences politiques qui tient à sa liberté, donc à l'anonymat. La forte hausse récente des prix des produits de base, subie en premier lieu par les 30 millions d'Egyptiens qui survivent avec moins de 1,5 euro par jour, pourrait cependant enrayer cette mécanique. Et le régime Moubarak, qui vient d'annuler les droits de douane sur l'importation de certains de ces produits, à commencer par la farine de blé et l'huile de cuisine – dont les subventions publiques ont été augmentées – ne l'ignore pas.

"En 2007, indique Amer Al-Shoubaki, chercheur au Centre d'études politiques d'Al-Ahram, 222 grèves et protestations diverses ont été enregistrées. Nous en sommes déjà à 389 depuis le début de l'année." Les syndicats officiels n'étant que des courroies de transmission du pouvoir, les mouvements sociaux sont devenus plus spontanés. Et imprévisibles.

Le pouvoir en a eu une nouvelle démonstration, dimanche, dans la ville industrielle de Mahallah Al-Kubra, à 120 km au nord du Caire, dans le delta du Nil. Annoncée depuis une semaine, la grève des 24 000 ouvriers des Filatures et Tissages Misr, une entreprise publique devenue un haut lieu de la contestation en raison de mouvements sociaux à répétition depuis la fin 2006, n'a pas pu avoir lieu.

"Tout est calme, il n'y a pas de grève, pas d'agitation, pas de problème", déclarait Mansour Chalabi, directeur des relations extérieures de l'entreprise, vers 13 heures. La veille, quelques "meneurs" avaient été convoqués par la Sûreté intérieure et prévenus de ce qui leur arriverait s'ils s'agitaient.

D'autres, "environ 3 000", confie Moustafa Fodda, l'un de ces activistes, ouvrier depuis vingt-cinq ans dans l'usine, avaient été "achetés par des versements cash de 25 livres" (3 euros, soit environ 7 % du salaire mensuel moyen). La direction avait également fait droit à l'une des neuf revendications ouvrières, en annonçant un doublement de la prime d'alimentation, désormais fixée à 90 livres par mois. La promesse du gouvernement de fixer "prochainement" le salaire minimum national à 450 livres devait achever de convaincre les mécontents.

Environ 1 500 ouvriers manquaient pourtant à l'appel dimanche matin, premier jour ouvré de la semaine en Egypte. Des centaines de policiers anti-émeutes, dépêchés du Caire par camions, avaient pris position autour du complexe et dans différents points de la ville. La moitié environ des commerces avaient tiré leurs rideaux, mais le calme semblait régner.

A 15 heures, pourtant, à la sortie des employés des Filatures, l'émeute a éclaté. Deux mille manifestants, faisant écho aux appels des "blogueurs", ont commencé une marche en criant des slogans antigouvernementaux. Ils se sont heurtés aux policiers. Il y a eu une cinquantaine de blessés légers et 150 interpellations.

Patrice Claude
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 07 Avr 2008, 18:45

Pris dans Jeune Afrique du 7 avril 2008

a écrit :
EGYPTE - 6 avril 2008 - AFP

Le régime du président égyptien Hosni Moubarak a fait échec à des appels à une grève générale dimanche contre la vie chère, qui s'étaient propagés sur internet comme une traînée de poudre.

Alors qu'une dizaine de contestataires, bloggeurs et activistes, avaient été arrêtés samedi soir, le quadrillage policier de lieux "stratégiques" du Caire était total dimanche.

Le gouvernement, via un communiqué du ministère de l'Intérieur, avait averti qu'il prendrait des "mesures immédiates et fermes" contre quiconque manifesterait ou suivrait un ordre de grève, fustigeant des "provocateurs".



Une grève que devaient lancer, selon la presse d'opposition, les ouvriers de l'usine textile de Mahallah, dans le delta du Nil, foyer de la contestation sociale, a aussi fait long feu sous la pression des autorités et en raison de divisions internes.

Une manifestation d'une trentaine de personnes a été organisée devant le syndicat des avocats, au centre de la capitale, encadrée par dix fois plus de policiers anti-émeutes, selon un correspondant de l'AFP.

Plusieurs cours ont été suspendus à la prestigieuse Université américaine du Caire (AUC).

"Tout le monde a rejoint son poste de travail, il n'y a pas de manifestations, pas de grèves", a affirmé un responsable de la sécurité à l'AFP, annonçant l'arrestation de "neuf personnes qui incitaient aux troubles".

Parmi eux figurent trois bloggeurs, dont Mohammed Charkaoui et Mohamed al-Achkal, selon des blogs, ainsi que deux membres du parti libéral Ghad, un membre du parti nassérien et trois de la nébuleuse d'opposition Kefaya.

Une flambée des prix met l'Egypte, où s'est accrue la fracture sociale, sous forte tension. Le prix du "panier" en nourriture d'un ménage s'est accru de 50% depuis le début de l'année, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

C'est la pénurie du pain subventionné qui a cristallisé le mécontentement. Elle s'explique par la hausse des cours du blé, que doit importer l'Egypte pour couvrir 55% de ses besoins, et la corruption.

C'est dans ce contexte qu'avait circulé un appel sans précédent à la grève générale contre la vie chère qui est passé de blog en blog ou s'est transmis par SMS. Aucun parti d'opposition n'en a revendiqué la paternité.

Ils seraient 64.000 membres du site Facebook à s'être inscrit dans un groupe nommé "6 avril" appelant les Egyptiens à protester par tous les moyens ce dimanche et à ne pas aller au travail.

De nombreux policiers, y compris des forces anti-émeutes, avaient pris position dimanche à Mahallah autour de l'usine de la compagnie publique Misr Filature et Tissage, centre de la nouvelle contestation sociale en Egypte depuis deux ans.

Relayé par la presse d'opposition de gauche, un appel à la cessation du travail dans cette usine avait circulé, laissant entendre que ses 24.000 ouvriers seraient en grève.

Mais les deux plus importants leaders locaux de la contestation, Sayyid Habib et Mohammed Atta, ont affirmé que "les revendications ayant déjà été satisfaites, il y a une semaine, ce mouvement n'avait pas lieu d'être".

Dans son communiqué, le ministère de l'Intérieur avait mis en cause des "professionnels de la provocation et des courants illégaux", les accusant d'"avoir propagé de fausses rumeurs et appelé" à divers mouvements de protestation, dont la grève.

Ecartés des municipales de mardi par le pouvoir, qui a effectué quelque 800 arrestations dans leurs rangs, les Frères musulmans, principale force d'opposition, avaient affirmé qu'ils ne se joignaient pas à l'appel à la grève.

Seuls 20 candidats de la confrérie islamiste, tolérée quoique interdite, se présenteront lors de ce scrutin sans le moindre suspens, alors que le parti au pouvoir, en alignera 53.000 à travers le pays.
abounouwas
 
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