Un vent de panique s'abat sur l'économie

Dans le monde...

Message par Proculte » 16 Sep 2008, 06:56

LEMONDE.FR


Les places financières asiatiques, dont les plus importantes étaient fermées lundi 15 septembre en raison d'un jour férié et avaient donc échappé à la tourmente qui s'était emparée des marchés boursiers mondiaux à cause de la quasi-faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, dégringolaient mardi.



A Tokyo, deuxième place financière mondiale, l'indice Nikkei a terminé la mi-séance sur un plongeon de 5,10 % tandis qu'à Hongkong, le Hang Seng dégringolait de 5,9 % dans les premiers échanges. L'indice de la Bourse de Bombay a pour sa part chuté de 3,54 %.

A la mi-journée, l'indice composite de Shanghaï perdait 3,16 %, quand, à Séoul, l'indice Kospi chutait de 5,51 % vers 5 heures du matin, heure de Paris.

La Bourse de Singapour a également ouvert en fort recul (-2,31 %), de même que celles de Taïwan (- 3,88 %), Manille (- 4,26 %) et Nouvelle-Zélande (- 2,30 %).

"FUIR LES RISQUES"

Partout, les valeurs bancaires étaient les plus malmenées. A Tokyo, les titres des principales banques japonaises comme Mizuho, Mitsubishi UFJ, Sumitomo Mitsui ou Resona Holdings, dont certaines sont d'importantes créancières de Lehman Brothers, subissaient des chutes de plus de 10 %.

Aozora Bank, présentée dans les documents de dépôt de bilan de Lehman Brothers comme le principal créancier de la banque avec un prêt de 463 millions de dollars, a chuté jusqu'à 25 %.

Le dépôt de bilan de la banque américaine "a constitué un choc pour les participants sur les marchés d'actions et les pousse à fuir davantage les risques", a commenté Kazuhiro Takahashi, gérant chez Daiwa Securities SMBC. Selon lui, les investisseurs espéraient que d'autres banques viendraient à la rescousse de Lehman Brothers ou que la Réserve fédérale ou le gouvernement américain concocterait un compromis, comme celui qui avait abouti quelques semaines plus tôt à la vente de Bear Stearns à JPMorgan pour un prix modique. "Les investisseurs se sentent trahis, même si le gouvernement fédéral pense probablement qu'il a fait ce qu'il y avait de plus logique", a-t-il ajouté.

Lundi à Wall Street, l'indice Dow Jones avait chuté de 4,42 % et le Nasdaq, à dominante technologique, de 3,60 %.

Les places européennes avaient quant à elles perdu entre 3 % et 5 % de leur valeur en fin de journée.

APPELS AU CALME

Les banques centrales du Japon et de Corée du Sud ont lancé des appels au calme, promettant de faire leur possible pour assurer la stabilité des marchés.

La Banque du Japon a d'ailleurs injecté mardi 1 500 milliards de yens (10 milliards d'euros) dans le système bancaire, après des mesures similaires prises la veille par ses homologues américaine, européenne et britannique.

Les gouvernements ont eux aussi cherché à apaiser les esprits. "La réaction à ce qui se passe aux Etats-Unis semble excessive, et une réaction aussi excessive peut déclencher une rapide correction", a averti Choi Jong-Ku, un haut responsable du ministère des finances sud-coréen.

Sur le marché des changes, le dollar pâtissait de la crise aux Etats-Unis. Le billet vert valait 104,30 yens mardi matin, contre 104,89 yens lundi soir à New York. L'euro se renforçait pour sa part à 1,4238 dollar, contre 1,4227 dollar la veille au soir. "Les craintes pour l'ensemble du système financier minent le marché", a expliqué Satoru Ogasawara, stratège des changes au Crédit suisse à Tokyo.
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Message par Jacquemart » 16 Sep 2008, 20:00

Un extrait croustillant du chat dans Le Monde avec C. de Boissieu, un digne économiste (c'est moi qui souligne) :
a écrit : Jean_Omer : Les soubresauts répétés du système financier mondial dénotent-ils les limites du capitalisme ? Le retour à un interventionnisme massif des Etats (pouvoirs publics) est-il envisageable, voire inévitable ?

Christian de Boissieu : Le capitalisme est bien sûr confronté à un certain nombre de défis de l'intérieur, puisqu'il a perdu depuis 1989 et la chute du mur de Berlin son ennemi de l'extérieur... Cette crise doit déboucher à mon avis sur une régulation bancaire et financière plus adaptée au nouveau contexte.

La réponse n'est pas nécessairement PLUS, mais MIEUX de réglementation. Car je suis persuadé que si nous augmentons massivement la dose réglementaire, nous allons encourager les banques et les autres opérateurs à introduire une nouvelle vague d'innovations financières visant justement à contourner le durcissement réglementaire. Or nous avons aujourd'hui suffisamment de ces innovations financières et suffisamment de complexité financière ! Donc, en résumé, il nous faut trouver la bonne parade pour améliorer le fonctionnement des agences de notation, pour renforcer la transparence de l'information, pour limiter les conflits d'intérêt, pour mieux surveiller la titrisation et l'utilisation des instruments dérivés, pour conduire les fonds souverains à être plus transparents, etc. Et tout cela ne passe pas nécessairement par des milliers de pages supplémentaires de réglementation prudentielle.

L'aveu vaut la peine d'être noté : plus on met de règles contre la finance, plus elle trouve le moyen de les contourner en faisant courir des dangers supplémentaires au système. A faire lire aux altermondialistes émus par les thèses d'ATTAC sur le gentil capitalisme et la méchante finance : s'il y a un gentil capitalisme, c'est toujours la méchante finance qui gagne à la fin, c'est un expert qui le dit...
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Message par jeug » 16 Sep 2008, 20:47

En gros, on s'aperçoit que plus on contrôle, plus ils inventent pour tricher.
Alors, c'est quoi la solution proposée ?
Ben c'est très simple :
a écrit :il nous faut trouver la bonne parade pour améliorer le fonctionnement des agences de notation, pour renforcer la transparence de l'information, pour limiter les conflits d'intérêt, pour mieux surveiller la titrisation et l'utilisation des instruments dérivés, pour conduire les fonds souverains à être plus transparents, etc.
C'est à dire qu'au lieu "des milliers de pages supplémentaires de réglementation prudentielle" il faut tout simplement leur demander gentiment, c'est tout ! Juste faire un peu de pédagogie. Ce ne sont pas des brutes.
:rofl:
jeug
 
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Message par pedro » 17 Sep 2008, 11:26

Combien de milliard de dollars et d'euros injectés, depuis quelques semaines, par les banques centrales? Ca doit faire un sacré paquet, non? Et ça commence furieusement à ressembler à Titanic...
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Message par Jacquemart » 17 Sep 2008, 11:30

Je recommande vivement, à ce sujet, de regarder cette interview de B.Maris à propos de la crise financière actuelle.

Maris est un "keynésien", c'est-à-dire un partisan du capitalisme qui pense qu'on peut le réguler en limant les crocs de la méchante finance. Et toutes les limites, pour ne pas dire plus, de sa position se font sentir lorsqu'on lui demande quelles solutions il préconise.

Mais pour le reste, ses explications de la situation actuelle et sa manière de parler des financiers sont très réjouissantes et largement instructives.
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Message par quijote » 17 Sep 2008, 12:28

Une réflexion .Tous ces économistes tournent autour du pot .Le caitalisme est mauvais ..: réponse : aménageons le .
Aucun ne va jusqu 'au bout
On croirait que Marx n ' a jamais existé .
En fait , tous qu'ils soient Keynesiens ou comme ils disent " libéraux" ils font bien leur travail idéologique de justification du système
C'est eux qu 'on entend .
Ces soi- disant "experts"
Quand l'interviewer demande à Marie .
Voyez-vous une autre alternative à ce système?
La réponse est : "Aucune".

Aucune autre vraiment ?

Mais après tout quoi de plus normal dans cette période ..
quijote
 
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Message par Apfelstrudel » 17 Sep 2008, 12:36

(Jacquemart @ mardi 16 septembre 2008 à 21:00 a écrit :Un extrait croustillant du chat dans Le Monde avec C. de Boissieu, un digne économiste (c'est moi qui souligne) :
a écrit : Jean_Omer : Les soubresauts répétés du système financier mondial dénotent-ils les limites du capitalisme ? Le retour à un interventionnisme massif des Etats (pouvoirs publics) est-il envisageable, voire inévitable ?

Christian de Boissieu : Le capitalisme est bien sûr confronté à un certain nombre de défis de l'intérieur, puisqu'il a perdu depuis 1989 et la chute du mur de Berlin son ennemi de l'extérieur... Cette crise doit déboucher à mon avis sur une régulation bancaire et financière plus adaptée au nouveau contexte.

La réponse n'est pas nécessairement PLUS, mais MIEUX de réglementation. Car je suis persuadé que si nous augmentons massivement la dose réglementaire, nous allons encourager les banques et les autres opérateurs à introduire une nouvelle vague d'innovations financières visant justement à contourner le durcissement réglementaire. Or nous avons aujourd'hui suffisamment de ces innovations financières et suffisamment de complexité financière ! Donc, en résumé, il nous faut trouver la bonne parade pour améliorer le fonctionnement des agences de notation, pour renforcer la transparence de l'information, pour limiter les conflits d'intérêt, pour mieux surveiller la titrisation et l'utilisation des instruments dérivés, pour conduire les fonds souverains à être plus transparents, etc. Et tout cela ne passe pas nécessairement par des milliers de pages supplémentaires de réglementation prudentielle.

L'aveu vaut la peine d'être noté : plus on met de règles contre la finance, plus elle trouve le moyen de les contourner en faisant courir des dangers supplémentaires au système. A faire lire aux altermondialistes émus par les thèses d'ATTAC sur le gentil capitalisme et la méchante finance : s'il y a un gentil capitalisme, c'est toujours la méchante finance qui gagne à la fin, c'est un expert qui le dit...

C'est peut-être croustillant pour un initié, mais je ne vois pas trop ce que cet aveu a d'original : cet économiste défend l'idée que les réglementations ne servent pas à grand chose, même en période de crise. Quand aux altermondialistes, ils disent justement l'inverse, non ?
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Message par Jacquemart » 17 Sep 2008, 13:04

Je ne le vois pas comme ça. Les "libéraux" disent que les réglementations sont néfastes. Les "antilibéraux", qu'elles sont nécessaires. Mais il est plutôt rare de voir un économiste reconnu expliquer qu'elles sont inefficaces, car elles seront tournées de toutes les manières.
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Message par Vérié » 17 Sep 2008, 15:09

L'interview de Bernard Maris est en effet très intéressant. BM a beau être keyneisien (et sans doute alter genre Attac), il n'y crois pas beaucoup, du moins il donne l'impression de ne pas y croire beaucoup. Quant à parler de socialisme et de planification, ou pire de révolution, même s'il y songe peut-être, c'est impossible pour lui, sous peine de perdre son statut d'expert, et sans doute son boulot de journaliste.

A ce propos, il dit en substance une chose qui me semble fausse : "Les banquiers sont des crétins et des nuls qui ne remettent pas leur système en question une seconde". Ce qui est vrai, c'est que, eux non plus ne peuvent pas remettre en question leur fonction et les privilèges qui vont avec. Mais certains sont très lucides, j'ai eu l'occasion de rencontrer un analyste de Paribas qui expliquait à peu près la même chose que Bernard Maris - voici quelques années - et disait que la seule solution était une planification mondiale organisée par les Etats. Mais, évidemment, il ne défendait pas ce point de vue publiquement de façon très virulente...
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Message par Matrok » 17 Sep 2008, 21:06

(Vérié @ mercredi 17 septembre 2008 à 15:09 a écrit :Quant à parler de socialisme et de planification, ou pire de révolution, même s'il y songe peut-être, c'est impossible pour lui, sous peine de perdre son statut d'expert, et sans doute son boulot de journaliste.

Bof. Le journaliste qui l'interroge insiste et sa seule réponse c'est "non, j'y crois pas, en fait on va vers une crise mondiale, vers une guerre mondiale peut-être..."

Par contre, cet article du Blog "les cordons de la bourse" (hébergé par Libé) nous renseigne sur un point : certains économistes croient voir le spectre du socialisme partout...

a écrit :USA ou USSRA (United Socialist State Republic of America)?
Deuxième nationalisation en dix jours. Comme ironisent de plus en plus d'observateurs, ce n'est plus les USA, mais les USSRA (United Socialist State Republic of America)! (voir blog du professeur d'économie Nouriel Roubini). Car, il ne faut pas se tromper, même si le sauvetage d'AIG est présenté par la Federal Reserve comme un prêt sur deux ans de 85 milliards de dollars, en échange le Trésor détiendra 80% des actions d'AIG. L'Etat américain est donc désormais le propriétaire d'American International Group, comme il est le propriétaire de Fannie Mae et Freddie Mac. Et tant pis pour les déclarations d'Henry Paulson, le secrétaire au Trésor, qui promettait lundi de ne plus "mobiliser de l'argent du contribuable pour soutenir un établissement", dans la mesure où "l'aléa moral est quelque chose" qu'il ne prenait pas "à la légère".

La leçon de ces dix jours de folie à Wall Street, c'est que, quoi qu'en disent les responsables, la seule certitude qui tient encore, c'est "too big to fail". Un message adressé à tous les établissements financiers en difficulté. Si vous êtes suffisamment gros pour que votre faillite entraîne un risque systémique, alors le gouvernement vous sauvera. Sinon, tant pis pour vous. Lehman Brothers peut mourir, pas AIG.

C'est ce que dit le communiqué de la Fed: "dans les circonstances actuelles, une faillite non contrôlée d'AIG pourrait accroître la fragilité déjà significative des marchés financiers et provoquer une hausse substantielle des coûts du crédit, une réduction de la richesse des ménages et un affaiblissement de la performance économique".

Un tel message a été compris par Merrill Lynch. Rappelons que, dimanche, la banque d'affaire s'est vendue à Bank of America. On ne sait pas si cette opération permettra d'améliorer ses comptes. Elle va surtout probablement affaiblir Bank of America, qui est déjà occupé à absorber Countrywide, le leader du crédit immobilier américain, aussi très affaibli par la crise des subprimes. Mais si Bank of America -maintenant la première banque américaine- connaît des difficultés, on sait déjà que le Trésor viendra à sa rescousse.

Question: le capitalisme financier ultralibéral est-il est train de disparaître sous nos yeux ou est-ce un replâtrage de fortune qui ne durera que le temps de sauver les établissements phares de Wall Street?
Matrok
 
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