par Barnabé » 15 Août 2003, 21:25
Donc voilà rapidement un petit compte rendu dudit camp:
Le camp de jeunesse du SUQI rassemblait des délégations du Portugal, de France, d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne, de Belgique, de Suisse, du Danemark, des Pays-Bas et de Grande-Bretagne, pour un total d’environ 500 participants. J’était associé à la délégation française, une des plus grosse du camps (environ 150) composée de jeunes militants et sympathisants LCR et/ou JCR ainsi que d’une quinzaine de militants de Socialisme Par En Bas (invités dans le cadre des discussions en cours sur l’intégration de SPEB à la ligue).
Sur le déroulement du camp, chaque journée était centré sur un thème, dans l’ordre : la guerre, l’écologie, le mouvement LGBT (lesbien-gay-bi-transsexuel), le féminisme, l’europe et la mondialisation, avec en général le matin des « commissions » sur ce thème (plusieurs réunions simultanées en petit groupe avec introduction par un militant et discussion), puis un topo de formation sur un cycle d’introduction au marxisme (l’exploitation, les classes sociales, l’état, l’impérialisme, pourquoi militer) l’après-midi un forum sur le thème de la journée(avec trois ou quatre intervenants de pays différents et pas de discussions), une autre formation ( actualité du marxisme, introduction à l’écologie, introduction à la théorie LGBT, critique féministe du marxisme, révolution permanente et autodétermination des peuples), et enfin le soir des réunions de délégation avec (en tout cas dans la délégation française) une discussion politique (féminisme et non mixité, le projet communiste, la rentré sociale ...). En plus de ces activités durant le camp il y a eu 2 réunions de rencontre inter-délégation (je n’ai assisté qu’à celle entre les français et les allemands) essentiellement de témoignage réciproque sur la situation dans les différents pays, plus que de discussion de la politique des uns et des autres. De plus, la délégation française a tenu a organiser (sur l’après-midi de repos vu que cela avait été refuser par la direction du camp) une discussion ouverte à toutes les délégations sur le mouvement de mai-juin dernier en France. Je n’ai malheureusement pas pu assisté à la dernière journée du camp où les débats étaient consacrés à la question du parti (avec notamment une discussion sur le Brésil).
Ce qui en ressort d’abord, c’est la profonde hétérogénéité politique de ce rassemblement. A coté de sections (essentiellement les JCR, le RSB allemand, et le MPS suisse) se posant globalement le problème de discuter de la lutte des classes et d’intervenir dans la jeunesse travailleuse, d’autres apparaissaient profondément « mouvementistes » mettant en avant l’intervention dans tout ce qui bouge, en particulier dans les luttes « périphériques » (écologie, féminisme, lutte contre l’homophobie …) indépendamment de (voire contre) la lutte des classes et développait des conceptions difficilement qualifiables de marxiste révolutionnaires. L’exemple emblématique étant la section portugaise (qui est fondue dans le « bloc des gauches » avec des réformistes de tous acabits), qui, par exemple, en commission sur la guerre avançaient leur refus de toute violence disant textuellement qu’il fallait faire la révolution « avec des fleurs et des chansons », ou en forum avançant que la solution au problème du socialisme ou de la barbarie résidait dans la construction d’une Europe « vraiment démocratique avec deux parlements élus à la proportionnelle, un par région, un par pays ». Cette tendance se retrouvait dans les discussions sur le féminisme où nombre de militants (y compris français) mettaient en avant la nécessité de la lutte des femmes contre les hommes indépendamment de la lutte des classes, avec la nécessité y compris dans les organisations révolutionnaires (et au camp) de réunions non mixtes ou les militantes peuvent discuter de leur oppression spécifique. Cette question a d’ailleurs pris une ampleur considérable dans la délégation française avec l'histoire de l'exclusion suite à insulte.
A coté de cela un certain nombre de militants défendaient tout de même une approche « lutte de classes » et souhaitaient axer les discussions sur l’intervention dans les luttes de la classe ouvrière. C’est quand même ceux-là (en particulier les militants de Débat Militant) qui donnaient le ton dans la délégation française et cela semblait refléter les préoccupation d’un bon nombre de jeunes présents (dont la petite dizaine de jeunes travailleurs de la délégation française). D’où une hétérogénéité dans les sujets de commissions (sur l’écologie par exemple, il y avait à la fois une discussion présentée par un français de DM sur écologie et mouvement ouvrier centré sur l’exemple d’AZF et discutant de la nécessité de mettre en avant des revendications tenant compte à la fois des intérêts des travailleurs de l’usine et des aspirations des habitants du quartier à la sécurité industrielle, et une autre commission sur … le droit et la libération des animaux !).
Ce sont aussi les français avec le RSB qui ont poussé pour la tenue d’un cycle de formation sur les bases du marxisme. Les topos étaient dans l’ensemble assez semblable (au style près) à ce que l’on peut faire sur les mêmes sujets (le topo sur l’état était d’ailleurs présenté par un camarade de F du RSB de Berlin), à l’exception notable du topo su l’impérialisme présenté par Achcar (un universitaire de la ligue) dont l’axe était que l’analyse de Lénine ne valait plus pour aujourd’hui et que vu que la révolution aujourd’hui n’était pas possible (!) il fallait parfois faire appel à des « interventions extérieures qui ne défendent pas les intérêts des grandes puissances impérialistes » (sic), c'est-à-dire par exemple l’ONU au Liban dans les années 80, ou … les forces africaines sous égide de l’ONU au Rwanda ! Et par ailleurs, bien que n'étant pas là le dernier jour, j'ai appris par une camarade des JCR que le dernier topo, sur "réforme et révolution" était catastrophique (je n'en sais pas plus), et que les JCR ont fait pour leur délégation un "contre-topo".
Bref, au final, un rassemblement hétérogène avec tous les aspect folkloriques des pires errements du SU, mais aussi avec bon nombre de discussions intéressantes (notamment sur l'intervention des révolutionnaires dans la lutte de classe, et sur les rapports LO-LCR).