Réforme des retraites au Brésil

Dans le monde...

Message par pelon » 17 Août 2003, 12:38

La bourgeoisie brésilienne ne s'est pas trompé. Ils ont leur homme capable de faire passer des réformes que les politiciens bourgeois traditionnels n'avaient pas osé engager. Les travailleurs laisseront-ils passer cette agression sans riposte ?

CITATION
Lula et les retraites
Thomas Coutrot, Politis n°761, 24 juillet 2003
Une réforme des retraites au nom de la justice sociale pour réduire les privilèges des fonctionnaires…
Un gouvernement qui proclame à grand renfort de spots télévisés vouloir « sauver les retraites » du
choc démographique et ouvre la voie aux fonds de pension.  Des syndicats de fonctionnaires qui
décrètent la grève reconductible pour exiger le retrait du projet de réforme. Le FMI et le patronat
qui se réjouissent (discrètement) du « courage » du gouvernement. Non, nous ne sommes pas en
France mais au Brésil c'est le gouvernement dirigé par le PT, et non Raffarin, qui va présenter ce
projet au Parlement. Lula, comme Chirac, veut faire voter une contre-réforme que ses prédécesseurs
n'avaient pu imposer.
Certes le régime de retraite des fonctionnaires brésiliens instauré par la Constitution de 1988 a de quoi
faire rêver : retraite à 53 ans avec 100% du traitement, sous condition d'avoir cotisé 20 ans. La presse
brésilienne se repaît depuis de nombreuses années du « scandale des maharadjahs », ces juges ou hauts
fonctionnaires dont les pensions atteignent cinq voire dix mille dollars mensuels. L'instauration d'un
plafond (une pension maximum de 800 ) et le report du départ à 60 ans pour les femmes et 65 ans
pour les hommes (comme dans le privé) n'apparaissent donc pas scandaleux à l'opinion publique
brésilienne. Les économies attendues ne seront pas colossales : seulement 0,3% du PIB alors que le
déficit des retraites des fonctionnaires est officiellement de 4% du PIB. Mais le gouvernement entend
démontrer sa capacité à « réformer ».
C'est là que le bât blesse, bien évidemment. Car à qui s'adresse la démonstration de Lula ? Pas aux
dizaines de millions de chômeurs, de travailleurs au noir ou de paysans sans terre qui l'ont élu. Certes
au passage le gouvernement ne recule pas devant la démagogie, en invoquant les humbles qui aspirent
à la justice sociale contre la résistance des fonctionnaires « privilégiés ». (Encore un refrain connu).
Mais les vrais destinataires de la réforme des retraites sont les investisseurs financiers et le FMI.
Depuis sa prise de fonction le 1
er
janvier, toute la politique économique de Lula et de son ministre des
finances Antonio Palocci est tournée vers un seul objectif : rassurer les milieux financiers. Il s'agit
d'éviter à tout prix une crise de défiance des investisseurs internationaux, qui se traduirait par une fuite
des capitaux, un effondrement du real et de nouvelles menaces inflationnistes. Réduction des dépenses
publiques, accroissement de l'excédent budgétaire, hausse des taux d'intérêt (qui atteignent
aujourd'hui 26% par an pour le taux de base !) : bref un super-plan d'ajustement structurel, allant au
delà des accords déjà signés par le gouvernement précédent avec le FMI.
Résultat mécanique : l'économie s'enlise, le chômage et la précarité s'accroissent de jour en jour. Sous
l'impact des taux d'intérêts exorbitants destinés à attirer les capitaux spéculatifs, le service de la dette
publique s'envole (il s'élève à six fois le fameux déficit des retraites publiques !). Ce n'est pas le
programme « Faim Zéro », lancé à grand bruit par le gouvernement pour éradiquer la faim dans les
campagnes, qui va modifier le tableau, tant l'effort financier consenti est faible. Alors que les
gouvernements états-unien et européens font plus que des entorses aux dogmes néo-libéraux, Lula
essaie de jouer les bons élèves d'un catéchisme déjà démodé.
C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la réaction du mouvement syndical brésilien et d'une
large part du PT lui-même. Ainsi de nombreux économistes proches du PT, et même l'association
professionnelle des économistes, ont récemment publié des manifestes réfutant que cette politique soit
« la seule possible » et exigeant un changement de cap, à commencer par l'instauration de contrôles
sur les mouvements de capitaux. Mettre de l'ordre dans les finances publiques brésiliennes est certes
nécessaire : mais pas pour alimenter de nouvelles ponctions de la finance internationale. La pression
sociale et populaire monte, pour rappeler Lula à cette réalité d'évidence: on ne peut pas plaire à tout le
monde, la politique est l(art des choix. Rassurer la finance ou satisfaire les attentes de la société, il
faudra choisir, et vite.[/quote]

"L'instauration d'un plafond (une pension maximum de 800 ) et le report du départ à 60 ans pour les femmes et 65 ans
pour les hommes (comme dans le privé) n'apparaissent donc pas scandaleux à l'opinion publique
brésilienne. " ... ni même peut-etre au rédacteur de Politis. Par contre aux hommes qui devront travailler 12 ans de plus (et les femmes 7 ans), comment le prennent-ils ? L'article ne le dit pas, pas plus que le montant de ces retraites pour les simples fonctionnaires.
pelon
 
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