
LE MONDE | 08.01.10 | 15h37 • Mis à jour le 08.01.10 | 15h37
Le projet Le pouvoir russe s'attaque aux syndicats, sous couvert de lutte antiterroriste
de loi a été présenté en lecture à la Douma, la Chambre basse du Parlement, quelques jours avant la période de vacances annuelles, début janvier. Sous couvert de protection antiterroriste, le gouvernement russe entend punir sévèrement les personnes qui bloquent les voies publiques, routes ou chemins de fer. Cet acte législatif semble s'adresser directement aux manifestants, notamment dans les villes mono-industrielles particulièrement frappées par la crise économique.
le vice-premier ministre Sergueï Ivanov, est particulièrement répressif. Le contrevenant qui bloque un grand axe routier ou ferroviaire risque jusqu'à deux ans de prison et l'équivalent de 2 300 euros d'amende. Les fonctionnaires qui ne respectent pas la procédure lors de tels incidents sont également passibles d'amendes et de peines d'emprisonnement. Avec une célérité surprenante, la Cour suprême a donné son aval aux articles du projet de loi en moins d'une semaine.
L'exemple de Pikaliovo
Quelques semaines à peine après l'attentat contre le train rapide Nevski-Express entre Moscou et Saint-Pétersbourg, le 27 novembre 2009, le gouvernement russe présente cette mesure comme une réponse à la "menace croissance d'actes de malfaisance, notamment de nature terroriste". Depuis 2005, il y aurait eu officiellement près de 4 000 actes de dégradation de matériel sur les routes et voies ferrées, parmi lesquels près de 400 gestes "à caractère terroriste, factice ou avéré".
La presse russe a cependant trouvé une autre interprétation au projet législatif, baptisé par ses détracteurs "loi anti-Pikaliovo". A Pikaliovo, petite ville mono-industrielle de la région de Saint-Pétersbourg, les ouvriers d'une usine de ciment frappée par la crise avaient bloqué la voie d'accès au bourg en juin 2009.
L'affaire avait fait grand bruit dans le pays. Le premier ministre, Vladimir Poutine, avait dû se rendre sur place pour présenter à la hâte un projet de redressement de la région et rappeler à l'ordre actionnaire et fonctionnaires. Le "précédent" de Pikaliovo a ensuite essaimé, à moindre échelle, à travers le pays ; les menaces de blocage des grands axes routiers et ferroviaires sont devenues à la mode. A Baïkalsk, en Sibérie, des grévistes envisageaient d'interrompre le parcours du Transsibérien qui passe à proximité. A Kirov, dans l'Altaï, à Ivanovo, des petits groupes de travailleurs bloquaient des axes de circulation afin d'attirer l'attention sur des arriérés de salaire de plusieurs mois ou sur un passage forcé au travail à temps partiel, en raison de la crise.
Le projet de loi, qui devrait être adopté sans difficulté en janvier par la Douma, prévoit que ces délits relèveront du code pénal. Les autorités s'inquiéteraient-elles d'une montée de fièvre sociale ? A l'automne 2009, la presse évoquait des manoeuvres policières à grande échelle. En guise d'entraînement, les forces de l'ordre simulaient une importante manifestation de retraités dans un faubourg de Moscou. Ce scénario rappelle la dernière grande vague de manifestations similaire, en 2005, qui avait connu un certain succès. Les grands axes de circulation avaient alors été bloqués.
Alexandre Billette
Le projet Le pouvoir russe s'attaque aux syndicats, sous couvert de lutte antiterroriste
de loi a été présenté en lecture à la Douma, la Chambre basse du Parlement, quelques jours avant la période de vacances annuelles, début janvier. Sous couvert de protection antiterroriste, le gouvernement russe entend punir sévèrement les personnes qui bloquent les voies publiques, routes ou chemins de fer. Cet acte législatif semble s'adresser directement aux manifestants, notamment dans les villes mono-industrielles particulièrement frappées par la crise économique.
le vice-premier ministre Sergueï Ivanov, est particulièrement répressif. Le contrevenant qui bloque un grand axe routier ou ferroviaire risque jusqu'à deux ans de prison et l'équivalent de 2 300 euros d'amende. Les fonctionnaires qui ne respectent pas la procédure lors de tels incidents sont également passibles d'amendes et de peines d'emprisonnement. Avec une célérité surprenante, la Cour suprême a donné son aval aux articles du projet de loi en moins d'une semaine.
L'exemple de Pikaliovo
Quelques semaines à peine après l'attentat contre le train rapide Nevski-Express entre Moscou et Saint-Pétersbourg, le 27 novembre 2009, le gouvernement russe présente cette mesure comme une réponse à la "menace croissance d'actes de malfaisance, notamment de nature terroriste". Depuis 2005, il y aurait eu officiellement près de 4 000 actes de dégradation de matériel sur les routes et voies ferrées, parmi lesquels près de 400 gestes "à caractère terroriste, factice ou avéré".
La presse russe a cependant trouvé une autre interprétation au projet législatif, baptisé par ses détracteurs "loi anti-Pikaliovo". A Pikaliovo, petite ville mono-industrielle de la région de Saint-Pétersbourg, les ouvriers d'une usine de ciment frappée par la crise avaient bloqué la voie d'accès au bourg en juin 2009.
L'affaire avait fait grand bruit dans le pays. Le premier ministre, Vladimir Poutine, avait dû se rendre sur place pour présenter à la hâte un projet de redressement de la région et rappeler à l'ordre actionnaire et fonctionnaires. Le "précédent" de Pikaliovo a ensuite essaimé, à moindre échelle, à travers le pays ; les menaces de blocage des grands axes routiers et ferroviaires sont devenues à la mode. A Baïkalsk, en Sibérie, des grévistes envisageaient d'interrompre le parcours du Transsibérien qui passe à proximité. A Kirov, dans l'Altaï, à Ivanovo, des petits groupes de travailleurs bloquaient des axes de circulation afin d'attirer l'attention sur des arriérés de salaire de plusieurs mois ou sur un passage forcé au travail à temps partiel, en raison de la crise.
Le projet de loi, qui devrait être adopté sans difficulté en janvier par la Douma, prévoit que ces délits relèveront du code pénal. Les autorités s'inquiéteraient-elles d'une montée de fièvre sociale ? A l'automne 2009, la presse évoquait des manoeuvres policières à grande échelle. En guise d'entraînement, les forces de l'ordre simulaient une importante manifestation de retraités dans un faubourg de Moscou. Ce scénario rappelle la dernière grande vague de manifestations similaire, en 2005, qui avait connu un certain succès. Les grands axes de circulation avaient alors été bloqués.
Alexandre Billette