Au Bangladesh, la révolte des damnés du textile

Dans le monde...

Message par jeug » 31 Juil 2010, 17:37

(FranceInfo 31/07/10 a écrit :Au Bangladesh, la révolte des damnés du textile

Des affrontements entre des ouvriers du textile et la police au Bangaldesh ont fait plusieurs dizaines de blessés. Ces ouvriers, les moins payés du monde dans leur secteur, travaillent en partie pour des grandes marques occidentales. Après des mois de grèves et de manifestations, le gouvernement a accepté d’augmenter de 80% le salaire minimum, mais les ouvriers jugent la somme encore insuffisante.
Wal-Mart, Zara, Marks § Spencer, Gap, H§M, Carrefour, Levi Strauss, Tommy Hilfiger, Tesco, Metro, JCPenny, Khol’s, la liste est longue des grandes marques internationales qui font fabriquer leurs vêtements dans certaines des 4.000 fabriques textiles du Bangladesh, qui emploient environ deux millions d’ouvriers et - surtout - d’ouvrières. Une habitude qui s’explique par les conditions sociales déplorables dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres du monde, qui permettent d’obtenir un coût du travail très bas, qui va de pair avec une rentabilité très haute.

Mais ces derniers mois, la machine bien huilée de la mondialisation s’est quelque-peu grippée. Et ce sont les plus petits rouages qui ont cessé de tourner : les ouvriers se sont révoltés. Il faut dire que si le modèle économique en place permet à certains de s’offrir du bon temps à Saint-Jean-Cap-Ferrat, sur la French Riviera ou ailleurs, d’autres en revanche, ne parviennent même pas loger et nourrir correctement leurs familles.

Jusqu’à il y a deux jours, un ouvrier du textile au Bangladesh touchait un salaire minimum de 1.662 takas par mois (19,1 euros). Triste record, il s’agissait là du plus petit salaire minimum de la planète. Mais depuis plusieurs mois, les damnés du textile en ont assez. Des grèves et des manifestations se sont multipliées dans le pays, particulièrement aux abords de la capitale, Dacca. Le gouvernement a fini par céder et a relevé le salaire minimum de 80%, c’est à dire 3.000 takas (34,5 euros) par mois. Insuffisant estiment les ouvriers du textile, qui réclament 5.000 takas par mois (55,9 euros).

C’est dans ce contexte que se sont produits les affrontements de ce samedi, entre la police et des manifestants à Ashulia, ville proche de Dacca, qui abrite 300 fabriques. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées et les policiers ont chargé à la matraque et aux gaz lacrymogènes des manifestants qui leur jetaient des sandales.

L’enjeu est de taille car les exportations de textiles du Bangladesh s’élèvent à 12 milliards de dollars (9,1 milliards d’euros) soit 80% des exportations du pays. Et le gouvernement craint que l’économie du textile n’en souffre. Les commanditaires cherchant toujours moins cher pour préserver et améliorer leur rentabilité. Et tant pis pour la misère.

Grégoire Lecalot, avec agences
jeug
 
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Message par quijote » 01 Août 2010, 00:16

La résignation ça n 'a qu 'un temps .. c'est une belle leçon à retenir . Vive la lutte des travailleurs du Bangladesh !
quijote
 
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Message par shadoko » 01 Août 2010, 11:10

Oui, par contre, je m'interroge sur l'efficacité du lancé de sandales face à la police. D'où vient cet usage original?
Est-ce qu'ils produisent aussi des chaussures? Est-ce que ce sont les seuls projectiles qu'ils avaient à disposition?
shadoko
 
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Message par yannalan » 01 Août 2010, 18:28

C'est possible que ce soit injurieux, il y a des civilisations ou regarder les pieds ou les montrer est très mal vu... Mais là-bas,j'en sais rien
yannalan
 
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Message par Wapi » 01 Août 2010, 18:33

Ne serait-ce pas en référence à ce qu'avait fait ce journaliste irakien qui avait lancé ses chaussures sur Bush ?
Wapi
 
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Message par jeug » 12 Août 2010, 16:16

Dans LO

(Lutte Ouvrière n°2193 du 13 août 2010 a écrit :Bangladesh : des milliers d'ouvriers du textile en grève
De violents affrontements, pierres contre grenades lacrymogènes et balles en caoutchouc, ont opposé des milliers d'ouvriers de l'industrie du textile, en lutte pour des augmentations de salaire, aux policiers à Dacca, la capitale du Bangladesh.

Le mouvement dure depuis des mois, attisé par de fortes hausses de prix qui prennent les ouvriers à la gorge. Il avait entraîné des dizaines de milliers d'ouvriers en juin dernier, contraignant 700 usines, employant au total 800 000 salariés, à fermer un temps leurs portes.

Les propositions gouvernementales de faire passer le salaire mensuel de 19 euros à seulement 34,5 euros, un montant jugé « bas de façon insultante » alors que les syndicats réclament 56 euros, ont soulevé la colère. Vendredi 31 juillet, plus de 20 000 ouvriers ont quitté le travail à Dacca, allant d'usine en usine, bloquant des routes vers le nord et vers le sud, occupant des rues du centre de la ville, contraignant parfois la police à reculer.

L'industrie textile au Bangladesh emploie environ 3,5 millions de salariés, essentiellement des femmes, les moins payés du monde. Cette industrie concentre 80 % des rentrées en devises du pays et travaille pour de très grandes firmes et marques occidentales comme Wal-Mart, Tesco, H&M, Zara, Carrefour, Gap, Marks & Spencer, Levi Strauss... des firmes pas précisément pauvres. L'association humanitaire Action Aid précise à ce propos que « le seul chiffre d'affaires de H&M est supérieur au budget annuel total du gouvernement bangladais ». C'est d'ailleurs dans une entreprise travaillant pour H&M qu'un incendie avait fait vingt et un morts en février dernier.

Non contentes de surexploiter les ouvriers, ces entreprises se comportent de façon cynique, menaçant d'aller en Chine ou au Vietnam, où elles ont aussi des sous-traitants. Mais depuis des mois ces menaces, relayées par le gouvernement et le patronat bangladais, sont inopérantes. Les ouvriers bangladais doivent bien savoir qu'en Chine aussi il y a des grèves.

Pierre LEMAIRE
jeug
 
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Message par quijote » 12 Août 2010, 21:53

comme quoi la résignation , ça n 'a qu 'un temps ..
quijote
 
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Message par Crockette » 13 Août 2010, 15:20

le système débile auquel je suis forcé de participer :

je vais dans une boutique de vêtement et je veux m'acheter un jean "normal" : ben j'ai pas le choix je regarde toutes les marques, et tous proposent des jeans abîmés, délavés...

donc je dois non seulement payer plus cher pour ces jeans (le processus de fabrication est beaucoup plus long car le jean une fois fabriqué, passe dans des machines spéciales et il se fait sabler)
mais enplus je mets en danger les ouvriers qui participent à ce processus de fabrication...(risque pour leurs poumons)

cerise sur le gateau pour les capitalistes : ces jeans sont sur-facturés (en plus du cout et de l'énergie pour les faire) car ils sont étiquetés au top de la mode...

bref les travailleurs comme les clients, dans le baba...

les propriétaires des magasins comme les propriétaires de ces marques : c'est restaurants à gogo, fetes sur les yacht en pagaille, grands hotels à profusion...
jolies filles etc. c'est la fete quoi... :sleep:
Crockette
 

Message par Maxence » 29 Août 2010, 04:42

Le journal patronal Les Echos écrit : "Ces événements peuvent nous paraître lointains, mais ils nous concernent pourtant directement."
On peur lire également dans la presse :
Après la Chine où l’on a vu apparaître des mouvements de grève très durs notamment dans les usines de construction automobile c’est le Bangladesh qui s’enflamme.Les 800 000 ouvriers travaillant dans 700 usines textiles situées au Bangladesh, qui étaient en grève depuis le 19 juin pour réclamer des salaires plus élevés, ont repris le travail mercredi 23 juin. Le mouvement avait provoqué de violentes manifestations, rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes et réprimées par les forces de l’ordre.
Mardi, dans la zone industrielle d’Ashulia, au nord de Dacca, la police anti-émeute a tiré des balles en caoutchouc et des bombes lacrymogènes sur les manifestants pour les disperser. Pour la quatrième journée consécutive, ils avaient érigé des barricades avec de vieux pneus, mis le feu à des camions, et lancé des projectiles sur les forces de l’ordre.
Ces mouvements ont créé un "climat de panique et d’anarchie", avec le saccage d’une cinquantaine d’usines, empêchant de livrer des commandes à temps, selon le patronat des fabricants et des exportateurs de textile (BGMEA). Celui-ci avait décidé le même jour la fermeture de ces usines jusqu’à nouvel ordre.
Après des mois de grèves et de manifestations pour réclamer l’augmentation de leurs salaires, ces ouvriers, les moins payés du monde dans leur secteur, et qui travaillent pour des grandes marques occidentales, le gouvernement, après une longue sourde oreille, a fini par leur proposer une légère augmentation qu’ils refusent d’emblée.
Sous la pression d’un conflit qui dure et des manifestations violentes qui commencent à s’étendre à l’extérieur de Dacca, le gouvernement, patronat et syndicats ont décidé, à l’issue d’une négociation, de faire passer le salaire mensuel de ces ouvriers du textile de 1.662 takas par mois (19,1 euros) , salaire le plus bas du monde encore une fois, à 3.000 takas (34,5 euros). Décision jugé insuffisante à la fois par les ouvriers et les syndicats, et ils réclament 5.000 takas par mois (55,9 euros) pour « faire face à l’augmentation du coût de la vie ». Et ils menacent d’appeler à une grève générale dans pays.
Durant les manifestations de samedi, des milliers d’ouvriers, principalement des ouvrières, ont bloqué les autoroutes, attaqué des usines et saccagé des commerces de Dacca. La police, qui a fait usage de gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants a fait au moins 50 blessés et plus de 100 manifestants arrêtés, selon les syndicats.
« Plus de 20.000 ouvriers ont quitté leur travail et nombre d’entre eux ont affronté la police à coups de pierres. Nous avons tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour les disperser » a indiqué à l’AFP un responsable de la police Nasir Ahmed. « Les manifestants ont également brûlé des pneus, bloqué la route une importante route reliant Dacca au nord du pays, s’en sont pris à des usines et ont contraint des policiers à reculer, au moins 10.000 ouvriers ont bloqué une route au sud de Dacca à Narayanganj ». Les propriétaires d’usines étaient obligés de fermer leurs portes, expliquant que « la violence était quelque peu retombée mais que la situation était toujours tendue ».
« Le gouvernement a simplement fait ce que les propriétaires des usines veulent, déclare Mosherafa Mishu, représentante du Forum des ouvriers du textile, cette offre n’est pas acceptable » indique la même source.
« Ces chaînes occidentales comme Wal-Mart, Tesco, H&M, Zara, Carrefour, Gap, Marks & Spencer, Levi Strauss, importent l’essentiel de leurs produits textiles du Bangladesh, où l’industrie emploie 3,5 millions de personnes, tout en bénéficiant d’incitations fiscales extrêmement généreuses du coût de production très bas et seul un très faible pourcentage du capital investi profite finalement au pays », constate l’association humanitaire Action Aid. « Le seul chiffre d’affaires d’H&M est supérieur au budget annuel total du gouvernement bangladais » souligne encore cette ONG.
La pauvreté et les conditions sociales déplorables dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres du monde expliquent en effet cette attraction des grandes marques internationales qui font fabriquer leurs vêtements dans certaines des 4.000 fabriques textiles au Bangladesh. Coût du travail très bas va de fait avec une rentabilité très haute.
Et comme pour le Bangladesh le travail du textile représente 80% des ses devises, environ 12 milliards de dollars (9,1 milliards d’euros) ce qui est une quasi sinon une totale dépendance économique du pays, étant donné qu’il n’a pas une autre ressource équivalente, alors, des industriels du textile « branché », se permettent en toute conscience d’exploiter des ouvriers, la majorité des ouvrières, à 19 euros par mois, sous le prétexte que la concurrence entre multinationales est très rude dans ce secteur.
En juin dernier uniquement, même si la machine bien rodée de la mondialisation s’est quelque-peu affaiblie ces temps-ci avec « la crise », qui en réalité, il n’y a que les rouages périphériques qui ont cessé de chauffer comme avant, les exportations ont battu un record, en atteignant 1,72 milliard de dollars, un niveau jamais réalisé depuis quarante ans.
Le ministre du travail, Mosharraf Hossain, avait alors promis, à l’issue d’une réunion d’urgence avec le patronat du textile, des hausses de salaires, mais avait aussi menacé de "mesures énergiques" les manifestants. Mercredi 23 juin, après avoir reçu l’assurance du gouvernement que la sécurité serait garantie pour entamer des négociations, le BGMEA a décidé de rouvrir les usines. Celles-ci travaillent aussi bien pour les enseignes Walmart, H&M, Tesco, Carrefour, Metro que pour de grandes marques comme Tommy Hilfiger, Gap ou Levi Strauss.
Les ouvriers exigent un salaire d’au moins 5 000 takas (60 euros) par mois ; l’actuel salaire minimum, fixé en 2006, n’est que de 2 000 takas. Le Bangladesh est le pays où les ouvriers du textile sont le moins bien payés de la planète, selon l’International Trade Union Confederation, spécialisée dans le droit du travail et basée à Vienne (Autriche).
Les ouvriers affirment qu’ils ne peuvent plus subvenir aux besoins de leurs familles, en raison de la récente hausse des prix des biens de consommation. Rashida Akter, une jeune couturière de 23 ans employée sur un site de Dacca, dit ainsi qu’il lui "est devenu impossible de payer, comme par le passé, toutes ses factures avec un salaire de 1 200 takas".
Au Bangladesh, l’industrie du textile représente 80 % des exportations et pèse, dans la balance commerciale, 12 milliards de dollars (9,8 milliards d’euros). Elle emploie quelque 2 millions de personnes, soit 40 % de la main-d’oeuvre nationale, réparties dans 4 000 usines. La plupart des employées sont des femmes.
Wal-Mart, Zara, Marks § Spencer, Gap, H§M, Carrefour, Levi Strauss, Tommy Hilfiger, Tesco, Metro, JCPenny, Khol’s, la liste est longue des grandes marques internationales qui font fabriquer leurs vêtements dans certaines des 4.000 fabriques textiles du Bangladesh, qui emploient environ deux millions d’ouvriers et - surtout - d’ouvrières. Une habitude qui s’explique par les conditions sociales déplorables dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres du monde, qui permettent d’obtenir un coût du travail très bas, qui va de pair avec une rentabilité très haute.
Mais ces derniers mois, la machine bien huilée de la mondialisation s’est quelque-peu grippée. Et ce sont les plus petits rouages qui ont cessé de tourner : les ouvriers se sont révoltés. Il faut dire que si le modèle économique en place permet à certains de s’offrir du bon temps à Saint-Jean-Cap-Ferrat, sur la French Riviera ou ailleurs, d’autres en revanche, ne parviennent même pas loger et nourrir correctement leurs familles.
Le mouvement de protestation, qui dure depuis le mois de juin, a de quoi inquiéter le gouvernement. De 1995 à 2010, le chiffre d’affaire du secteur est passé de 2 à 12,3 milliards de dollars (de 1,5 à 9,3 milliards d’euros) et il représente à lui seul 7 % du produit national brut (PNB). Cette croissance est due à l’augmentation des salaires en Chine et à "un vaste réservoir de main-d’oeuvre à bas coût et aux doigts fins", explique Munsur Khaled, porte-parole de la puissante Association des exportateurs et des fabricants bangladais de vêtements (BGMEA).
Depuis vingt ans, le gouvernement du Bangladesh a tout misé sur l’"eldorado du textile". Plus de six zones franches dédiées à l’exportation ont été créées. Le gouvernement a même inventé le statut de "commercially important people" réservé aux principaux exportateurs du pays, qui bénéficient, entre autres, de coupe-file à l’aéroport et du droit au port d’arme. Et puisque la survie du Bangladesh semble passer par les exportations, les petites fourgonnettes qui portent l’inscription officielle "Urgent. Livraison pour exportations" sont prioritaires dans le trafic congestionné de Dacca.
Quelque 80 % des exportations du pays dépendent du secteur de l’habillement, qui a créé plus de 3,5 millions d’emplois. "Jusqu’à présent, la main-d’oeuvre était surtout composée de femmes, réputées plus dociles. Avec l’arrivée des hommes, les revendications sont apparues. Et l’absence de dialogue social, en raison de l’interdiction des syndicats, conduit à la violence", explique Mustafizur Rahman, économiste, directeur du Centre for Policy Dialogue, un centre de recherche basé à Dacca.
Les syndicats ne sont autorisés que dans les usines, hors des zones franches, si au moins 30 % des salariés en font la demande. Autant dire qu’ils sont quasi inexistants, même si 28 fédérations de travailleurs, à la frange de la légalité, se sont créées. "Si nous autorisons les syndicats, les travailleurs dépendront d’éléments extérieurs qui perturberont le travail", explique Shamsuz Zaman, le directeur des opérations de l’usine Gildan.
Au Bangladesh, ce sont donc les acheteurs internationaux qui jouent le rôle des syndicats. Les distributeurs, comme H&M ou Zara, viennent inspecter les usines chaque mois pour vérifier leur conformité à des cahiers des charges très stricts : respect des horaires de travail, présence d’une infirmerie, sécurité anti-incendie et nombre de travailleurs au mètre carré.
"Ce ne sont que des apparences, maugrée Arjun, qui fabrique plus de 150 tee-shirts par jour, notamment pour H&M, lorsqu’ils viennent inspecter l’usine, on nous prévient à l’avance. Et on doit leur mentir sur nos salaires et nos horaires de travail." Arjun, âgé de 20 ans, gagne environ 54 euros par mois. Il réclame la création de dortoirs, pour économiser les coûts de transport, et surtout des jours de congé, pour ne pas être licencié lorsqu’il doit s’absenter quelques jours. Avec sa soeur et ses parents, il vit dans une petite pièce à peine plus grande que le lit, sur lequel tous dorment entassés. La cuisine, un point d’eau partagé avec les autres habitants du bidonville, se trouve à l’extérieur. Sous la pression de sa famille, qui a besoin de son salaire pour survivre, Arjun s’est résigné à ne pas rejoindre le mouvement de grève.
D’autres, souvent très jeunes, ont été arrêtés pour avoir manifesté. "Il suffit que les patrons les accusent d’incitation à la violence pour que tous soient mis en prison", explique Rafiqul. Islam, par exemple, a été libéré sous caution, il y a un mois. "Je demandais juste qu’on me rémunère mes heures supplémentaires. Les patrons nous disent qu’ils sont pauvres mais pourquoi ils construisent des usines partout et roulent en Mercedes s’ils n’ont pas d’argent ?", s’agace-t-il.
L’usine où il travaille désormais produit des tee-shirts pour l’étranger mais aucun inspecteur ne vient la contrôler. Car elle ne reçoit ses commandes que des usines voisines "homologuées", lorsque ces dernières sont en surcapacité. Ici, les réprimandes sont sévères. Un contremaître hurle, la main levée, sur une ouvrière, tandis qu’à ses côtés, d’autres cousent à un rythme effréné des tee-shirts dans une chaleur étouffante. Tous sont payés à la quantité produite
Maxence
 
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Message par Maxence » 29 Août 2010, 06:01

(shadoko @ dimanche 1 août 2010 à 12:10 a écrit :Oui, par contre, je m'interroge sur l'efficacité du lancé de sandales face à la police. D'où vient cet usage original?
Est-ce qu'ils produisent aussi des chaussures? Est-ce que ce sont les seuls projectiles qu'ils avaient à disposition?

« Où va l’argent du commerce extérieur, et qui en bénéficie ? »,demandait, dès 2000, Manik Chandra Saha, jeune journaliste de Khulna, en constatant que l’aquaculture avait ruiné des centaines de milliers de ses compatriotes. En janvier 2004, il a été assassiné par un groupe armé connu pour louer ses tueurs au plus offrant. Dans la seule région de Khulna, treize confrères de Chandra Saha ont été abattus depuis 1990. Une violence qui fait du Bangladesh, où la presse est théoriquement libre, l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes.

Cette ouvrière risque donc sa vie en lançant cette chaussure, au même titre que les ouvriers précédés du pope Gapone ont risqué et perdu la leur en allant porter une pétition au tsar de Russie en 1905. L'efficacité d'une action ponctuelle est une chose, la révolte et l'ouverture d'une période révolutionnaire se voient souvent au changement d'attitude des femmes...comme en février 1917.
Maxence
 
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